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La rénovation du Louvre : objectifs et enjeux

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La rénovation du Louvre : objectifs et enjeux

Comment le Louvre peut-il relever les défis climatiques, numériques et sécuritaires tout en préservant son héritage ?

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Quand les écrivains racontent - Anthologie

Téléchargez  gratuitement le livret pédagogique de l'anthologie Quand les écrivains racontent : souvenirs de lecteurs pour accompagner vos élèves dans l’étude de ces témoignages inspirants.

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Conseil ciné : « La ferme des Bertrand »

Conseil ciné : « La ferme des Bertrand »

Une enquête sociale au coeur du monde paysan.

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Information et médias dans la guerre d’Ukraine

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Information et médias dans la guerre d’Ukraine

Anna Colin Lebedev explique comment la manipulation de l’information est devenue une arme dans la guerre d’Ukraine.

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Les sandales blanches de Malika

Les sandales blanches de Malika

« Les sandales blanches », le téléfilm inspiré de la vie de la cantatrice Malika Bellaribi-Le Moal, auteur du coffret « Le chant pour mieux apprendre », est diffusé le 25 janvier à 21h05 sur France 2 . Elle est interprétée à l’écran par la chanteuse Amel Bent. L’équipe de Lea.fr était allé en septembre dernier sur le tournage, où les deux artistes avaient discuté en toute complicité d’éducation et de transmission. En savoir plus sur Lea.fr Synopsis du film Début des années 1960, dans le bidonville algérien de Nanterre. Malika a cinq ans. Sa mère vient de lui acheter une paire de sandales neuves. Des sandales si blanches que la fillette ne les quitte pas des yeux et ne voit pas le camion qui recule. C’est le début d’années d’hôpital, d’opérations à répétition, de souffrance et de lutte. Des années loin des siens durant lesquels la petite musulmane, aux mains de bonnes sœurs et d’infirmières catholiques, va, à la messe, découvrir la musique et le chant. Dès lors, affrontant le racisme d’une société française qui peine à se remettre de la Guerre d’Algérie, mais butant aussi contre les aprioris tenaces de sa propre communauté, Malika va suivre son rêve et déplacer des montagnes pour devenir celle que toutes et tous appelleront un jour " la Diva des banlieues ". En savoir plus © Rémy Grandroques - FTV - ELOA PROD Retour sur le parcours de Malika "J’ai été renversée par un camion à l’âge de trois ans, ce qui a nécessité plusieurs années de soins intensifs. J’ai passé beaucoup de temps sur un lit d’hôpital, en maison de repos… sans pouvoir bouger. Neuf années de ma vie ont été mises entre parenthèses, j’étais isolée. Ma scolarité mise en attente, je n’ai repris l’école qu’à l’âge de douze ans. J’avais accumulé un retard considérable, j’étais la dernière de la classe et j’en souffrais énormément. J’ai réussi à surmonter ces épreuves grâce à : ma volonté et ma persévérance, qui m’ont appris très jeune à me battre pour vivre, pour marcher, pour apprendre ; grâce aussi au travail sur la respiration qui m’a permis de gérer la douleur, de m’apaiser, d’entrer en contact avec mes sensations et à contrôler mes émotions ; et grâce, enfin, à l’aide, précieuse, d’institutrices bienveillantes qui se sont révélées de formidables pédagogues et ont perçu ma soif d’apprendre. Elles ont certainement joué un rôle crucial dans mon envie de transmission des savoirs. Vers 22 ans, je me suis découvert une passion pour le chant lyrique. Retour aux sources avec la respiration qui est l’instrument essentiel des chanteurs. Cet univers m’invitait à un nouveau langage, la musique devenait ma seconde langue, pleine d’harmonie, d’histoire, de théâtre, d’imagination… et enfin, la possibilité de m’exprimer. C’est donc tout naturellement, qu’à travers le chant, j’ai élaboré mes ateliers pédagogiques, une méthode d’enseignement différente s’appuyant sur mon expérience, la rigueur, les codes et les valeurs de la musique classique (technique, répétition, ténacité, posture, respiration, discipline, persévérance et endurance), et les bienfaits de l’art-thérapie(1), pour aider les autres à trouver leur « voix ». La pédagogie que je pratique et que j’ai développée durant ces vingt dernières années a été la clé de ma réussite personnelle et professionnelle. Elle fait appel à l’intelligence du corps et plus particulièrement à l’intelligence émotionnelle. Elle permet de transmettre et d’expliquer ma vision de l’apprentissage par les sens, que j’ai acquis pour surmonter les traumatismes à répétition que j’ai subis suite à mon accident. Il me tient à cœur de montrer à ceux qui pensent qu’apprendre pour certains enfants est difficile, qu’une pédagogie de l’écoute permet d’obtenir des résultats. Chacun de nous rencontre des freins à l’apprentissage, des difficultés pour avoir confiance en soi et envers les autres. Nous ressentons tous le besoin de sécurité pour avancer. Je me suis investie de la mission d’aider les autres à s’apaiser, se détendre, prendre conscience du corps, apprendre à gérer les sensations, les émotions et changer profondément d’état d’esprit." Malika (1) art-thérapie : création artistique pour prendre contact avec sa vie intérieure, l’exprimer et se transformer A propos du coffret du coffret « Le chant pour mieux apprendre - cycles 2 & 3 » Le chant pour mieux apprendre, un dispositif de Malika Bellaribi Le-Moal, propose aux enseignants de revêtir le costume de chef d’orchestre et de transformer leurs élèves en instruments de musique pour leur apprendre à gérer leurs émotions, à maitriser leur corps, à les sensibiliser à la musique et à travailler sur la cohésion de groupe. En savoir plus  

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Les dossiers pédagogiques de l’Institut de France
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Les dossiers pédagogiques de l’Institut de France

Lieux de transmission et de savoir depuis le XVII e siècle, l’ Institut de France et les cinq Académies comptent parmi leurs missions d’offrir au public scolaire un peu de leur riche patrimoine. L’Institut propose aujourd’hui six dossiers pédagogiques complets regroupant documentations d’archive et pistes de travail autour de thèmes allant du Roi Soleil jusqu’à Napoléon, en passant par Léonard de Vinci et La Fontaine. Ce catalogue est amené à se développer au fil du temps. Comme exemple de la richesse du contenu, le dossier « Léonard de Vinci, les carnets de l’institut » propose une reproduction de trois des carnets du génie de la Renaissance. Difficile de ne pas être fasciné par ce morceau d’Histoire ! Le document est associé à des fiches à destination des élèves. Dans le cadre de la classe de Lettres et en complément avec des articles de la NRP, trois dossiers ont attiré notre attention. En lien avec des séquences autour des Fables de Jean de La Fontaine, vous pourrez exploiter les dossiers Nuit de fête dans les jardins du Roi-Soleil et La Fontaine, Fables et images . Le premier propose un petit film documentaire, des documents iconographiques et une fiche d’exploitation. Il peut être envisagé dans le cadre d’une étude sur la satire de la Cour. Le second pourra compléter les numéros de janvier 2018, « La fable dans tous ses états » et de novembre 2014, « Le loup dans les fables ». L’exposition virtuelle Napoléon, apologie et satire confronte propagande impériale et caricatures anti-napoléoniennes avec plusieurs fiches thématiques. Elle pourra accompagner la séquence sur Napoléon dans les arts parue en janvier 2016, ou la séquence de septembre 2022 sur les Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand dont une partie est consacrée au regard sur Napoléon.

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Un distanciel à visage humain : promouvoir la réciprocité des échanges par un blogue de classe
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Un distanciel à visage humain : promouvoir la réciprocité des échanges par un blogue de classe

Par Anthony Soron Quand le confinement a été établi en mars 2020, certains élèves ont ressenti comme une déferlante tomber sur eux. Force est de constater que la conscience professionnelle des professeurs les a conduits, malgré eux, à tendre jusqu’à la rupture le principe de la continuité pédagogique. Or, à rebours de cette transmission de savoirs et d’exercices, un manque s’est rapidement fait sentir sur lequel la communauté éducative continue de réfléchir. La qualité de cette continuité pédagogique ne dépend-elle pas fondamentalement de la mise en place d’un espace numérique ergonomique propice à l’instauration d’une réciprocité des échanges ? Le blogue* de la classe ou l’œuvre collective ouverte On comprendra dès lors que bon nombre de professeurs ont pris l’initiative de créer des blogues de classe en privilégiant des « blogues académiques » à partir de leur adresse professionnelle, d’abord pour déposer des éléments de cours, proposer des liens internet d’approfondissement (extraits de documentaires audiovisuels, articles en ligne, etc.) voire pour engager des activités ludiques. Pour autant, il est apparu à quelques-uns que cette transmission à sens unique avait ses limites. Le blogue ne pouvant être réellement celui d’une classe qu’à la condition que les élèves y jouent un rôle actif, non pas simplement en tant que récepteurs mais aussi comme dépositaires. Un professeur stagiaire (2019-2020 : donc confiné en mars) nous a d’ailleurs fait part de ce qui l’a conduit à concevoir un blogue pour chacune de ses deux classes. Tout a commencé par son questionnement sur l’intérêt qu’un élève puisse, par le biais de l’Espace Numérique de Travail, « mettre à jour son humeur ». Cette action instinctive ne lui semblait pas inintéressante, mais finalement assez peu productive d’un point de vue pédagogique. D’où sa démarche, en classe virtuelle, de demander aux élèves de commenter et d’expliciter leurs changements d’humeur. La réponse de l’élève lui indiquant que son « smiley » était lié au visionnage d’un film comique qui l’avait beaucoup fait rire, a constitué un déclic, d’autant plus vibrant que d’autres élèves se sont pris au jeu, et se sont mis à raconter ce qu’ils percevaient pour expliquer ce qu’ils ressentaient. Et si la conception d’un blogue permettait, du point de vue du professeur, une meilleure connaissance de la culture de ses élèves, et du point de vue de ces derniers, la reconnaissance des goûts de chacun par ses pairs ? C’est à partir de cette problématique que ce professeur s’est pris au jeu, devenant, pour ainsi dire, un « blogueur », ou plus rigoureusement, un directeur de publication du blogue de classe. Le travail de conception l’a conduit ensuite à une réflexion pédagogique afin que le blogue de classe lié à sa discipline ne perde pas toute cohérence et reste corrélé aux apprentissages scolaires qu’il souhaite mettre en pratique. Quoi de neuf docteur ? La structuration d’un blogue de classe reste évidemment très libre et dépend des objectifs qu’on lui confère. Une « norme » semble toutefois s’installer, celle de le concevoir comme un journal de bord partagé. Ainsi, parmi les expériences concrètes mises en œuvre depuis le mois de mars, certains professeurs ont retenu une pratique existant déjà depuis longtemps en présentiel à l’école primaire. Le vendredi au plus tard, les élèves s’inscrivent à un « Quoi de neuf ? » qui donnera lieu le lundi matin à une chronique, si besoin en classe virtuelle, au cours de laquelle chacun évoque dans un temps court un sujet qui lui tient à cœur ou ayant marqué sa semaine. Il peut s’agir d’un livre dont l’élève a envie de parler, ou d’une chanson qu’il ou elle a découverte ou a eu plaisir à réentendre, d’un film ou d’un épisode d’une série. Cela peut aussi impliquer une situation vécue, une rencontre, un imprévu qui mérite d’être raconté. Pendant la période de confinement, cette modalité d’échanges a connu un franc succès. Pour éviter que cela ne dévie vers un forum fourre-tout, il faut en définir les règles. Soit, d’abord, évoquer un sujet susceptible d’intéresser les autres et d’éveiller la curiosité de tous ; ensuite, opter pour une présentation à la fois courte et explicite : le format d’un « tweet » de 120 caractères pouvant être privilégié pour la proposition, et une durée de 4 minutes pour la chronique elle-même. Il est indispensable de passer du temps à la fois pour décider quels sujets peuvent faire l’objet d’une chronique, et pour donner un cadre formel aux interventions tant écrites qu’orales (sur le niveau de langage à employer, ainsi que le ton approprié et la correction indispensable de la langue). En fonction de ces critères établis et par le biais de commentaires, les autres élèves de la classe doivent donc déterminer l’intérêt et la pertinence de chaque proposition, le blogue devenant un support de communication à questionner, et le cas échéant à critiquer, afin d’en optimiser la fonction et la forme. Il est conseillé aux élèves d’écrire leur chronique avant de la dire, un peu comme cela se ferait à la radio. Ces « brèves de quotidien », recueillies de façon hebdomadaire, peuvent être regroupées dans un recueil annuel. Le(s) mot(s) de la semaine Le blogue peut également servir de support à des exercices ritualisés, par exemple pour des observations et une étude du lexique. La période que nous traversons appelle beaucoup d’interrogations chez les élèves. Comme les adultes, ils se trouvent contraints de vivre une situation pour le moins anxiogène. Depuis le mois de mars, nous sommes confrontés à une quantité non négligeable d’expressions et de mots nouveaux, qui, au fur et à mesure de leur emploi et de leur répétition dans les médias deviennent les marqueurs lexicaux d’une situation de crise durable. « Crise sanitaire », « distanciation sociale », « gestes barrière », sans parler des dérivés du verbe « confiner », sont devenus de véritables signes du temps. Tous ces mots nouveaux ou remis au goût du jour pour nommer la situation actuelle ne renvoient pas qu’à la crise du Covid-19. Le néologisme « trumpisme » est ainsi employé en référence à l’idéologie singulière de l’ex-président étatsunien. En tout état de cause, la façon individuelle avec laquelle les élèves s’emparent du sens des mots a pu aboutir à des interprétations intéressantes : « la distanciation sociale, c’est la mise à distance des gens », « la distanciation sociale ? Elle était là avant le Covid, non ? » ou encore « La distanciation sociale, seul un SDF peut en parler ! ». Les blogues de classe rendent possible une segmentation à la fois hebdomadaire et thématique avec des rubriques régulières comme « Le mot de la semaine », « Le livre de la semaine », « L’anecdote de la semaine » ou encore « Le film » ou « Le fait d’actualité » de la semaine. Ils peuvent constituer des espaces interactifs d’échanges impliquant activement les élèves. Depuis les premières heures du premier confinement, ils se sont multipliés et ont progressivement muté du point de vue de leurs enjeux et de leurs finalités. Désormais, beaucoup sont devenus tout autre chose qu’un simple espace de travail valorisant le contenu des cours et proposant des prolongements à ces derniers. Le blogue « nouvelle génération », ou si l’on préfère « post confinement », permet de rendre compte de la relation que les élèves entretiennent avec le monde qui les entoure et avec leur propre culture. Dans un environnement virtuel un peu glacial, on se réjouit de trouver des espaces où chacun peut laisser une trace et faire entendre sa voix. ADOPTONS L’ORTHOGRAPHE QUÉBÉCOISE ! Le terme « blogue* » correspond à une francisation proposée par l’Office québécois de la langue française en 2000, visant à remplacer l’anglicisme « blog » (« journal personnel sur internet »). CRÉER UN BLOGUE EN TOUTE SÉCURITÉ La création d’un blogue impliquant différentes contraintes notamment en termes de droit, il est vivement conseillé d’en saisir les enjeux d’utilisation. Pour répondre à la majorité des questions, voici trois liens utile. - Un support de réflexion sur le site de l’académie de Paris - Des réponses aux questions d’ordre juridique - Un mode d’emploi pour démontrer, si c’était nécessaire, que la création d’un blogue demeure un jeu d’enfants même pour un « non-millénial »  NRP- mars 2021 Lire d'autres articles sur l'enseignement à distance

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Un distanciel à visage humain : promouvoir la réciprocité des échanges par un blogue de classe
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Un distanciel à visage humain : promouvoir la réciprocité des échanges par un blogue de classe

Par Antony Soron Quand le confinement a été établi en mars 2020, certains élèves ont ressenti comme une déferlante tomber sur eux. Force est de constater que la conscience professionnelle des professeurs les a conduits, malgré eux, à tendre jusqu’à la rupture le principe de la continuité pédagogique. Or, à rebours de cette transmission de savoirs et d’exercices, un manque s’est rapidement fait sentir sur lequel la communauté éducative continue de réfléchir. La qualité de cette continuité pédagogique ne dépend-elle pas fondamentalement de la mise en place d’un espace numérique ergonomique propice à l’instauration d’une réciprocité des échanges ? Le blogue* de la classe ou l’œuvre collective ouverte On comprendra dès lors que bon nombre de professeurs ont pris l’initiative de créer des blogues de classe en privilégiant des « blogues académiques » à partir de leur adresse professionnelle, d’abord pour déposer des éléments de cours, proposer des liens internet d’approfondissement (extraits de documentaires audiovisuels, articles en ligne, etc.) voire pour engager des activités ludiques. Pour autant, il est apparu à quelques-uns que cette transmission à sens unique avait ses limites. Le blogue ne pouvant être réellement celui d’une classe qu’à la condition que les élèves y jouent un rôle actif, non pas simplement en tant que récepteurs mais aussi comme dépositaires. Un professeur stagiaire (2019-2020 : donc confiné en mars) nous a d’ailleurs fait part de ce qui l’a conduit à concevoir un blogue pour chacune de ses deux classes. Tout a commencé par son questionnement sur l’intérêt qu’un élève puisse, par le biais de l’Espace Numérique de Travail, « mettre à jour son humeur ». Cette action instinctive ne lui semblait pas inintéressante, mais finalement assez peu productive d’un point de vue pédagogique. D’où sa démarche, en classe virtuelle, de demander aux élèves de commenter et d’expliciter leurs changements d’humeur. La réponse de l’élève lui indiquant que son « smiley » était lié au visionnage d’un film comique qui l’avait beaucoup fait rire, a constitué un déclic, d’autant plus vibrant que d’autres élèves se sont pris au jeu, et se sont mis à raconter ce qu’ils percevaient pour expliquer ce qu’ils ressentaient. Et si la conception d’un blogue permettait, du point de vue du professeur, une meilleure connaissance de la culture de ses élèves, et du point de vue de ces derniers, la reconnaissance des goûts de chacun par ses pairs ? C’est à partir de cette problématique que ce professeur s’est pris au jeu, devenant, pour ainsi dire, un « blogueur », ou plus rigoureusement, un directeur de publication du blogue de classe. Le travail de conception l’a conduit ensuite à une réflexion pédagogique afin que le blogue de classe lié à sa discipline ne perde pas toute cohérence et reste corrélé aux apprentissages scolaires qu’il souhaite mettre en pratique. Quoi de neuf docteur ? La structuration d’un blogue de classe reste évidemment très libre et dépend des objectifs qu’on lui confère. Une « norme » semble toutefois s’installer, celle de le concevoir comme un journal de bord partagé. Ainsi, parmi les expériences concrètes mises en œuvre depuis le mois de mars, certains professeurs ont retenu une pratique existant déjà depuis longtemps en présentiel à l’école primaire. Le vendredi au plus tard, les élèves s’inscrivent à un « Quoi de neuf ? » qui donnera lieu le lundi matin à une chronique, si besoin en classe virtuelle, au cours de laquelle chacun évoque dans un temps court un sujet qui lui tient à cœur ou ayant marqué sa semaine. Il peut s’agir d’un livre dont l’élève a envie de parler, ou d’une chanson qu’il ou elle a découverte ou a eu plaisir à réentendre, d’un film ou d’un épisode d’une série. Cela peut aussi impliquer une situation vécue, une rencontre, un imprévu qui mérite d’être raconté. Pendant la période de confinement, cette modalité d’échanges a connu un franc succès. Pour éviter que cela ne dévie vers un forum fourre-tout, il faut en définir les règles. Soit, d’abord, évoquer un sujet susceptible d’intéresser les autres et d’éveiller la curiosité de tous ; ensuite, opter pour une présentation à la fois courte et explicite : le format d’un « tweet » de 120 caractères pouvant être privilégié pour la proposition, et une durée de 4 minutes pour la chronique elle-même. Il est indispensable de passer du temps à la fois pour décider quels sujets peuvent faire l’objet d’une chronique, et pour donner un cadre formel aux interventions tant écrites qu’orales (sur le niveau de langage à employer, ainsi que le ton approprié et la correction indispensable de la langue). En fonction de ces critères établis et par le biais de commentaires, les autres élèves de la classe doivent donc déterminer l’intérêt et la pertinence de chaque proposition, le blogue devenant un support de communication à questionner, et le cas échéant à critiquer, afin d’en optimiser la fonction et la forme. Il est conseillé aux élèves d’écrire leur chronique avant de la dire, un peu comme cela se ferait à la radio. Ces « brèves de quotidien », recueillies de façon hebdomadaire, peuvent être regroupées dans un recueil annuel. Le(s) mot(s) de la semaine Le blogue peut également servir de support à des exercices ritualisés, par exemple pour des observations et une étude du lexique. La période que nous traversons appelle beaucoup d’interrogations chez les élèves. Comme les adultes, ils se trouvent contraints de vivre une situation pour le moins anxiogène. Depuis le mois de mars, nous sommes confrontés à une quantité non négligeable d’expressions et de mots nouveaux, qui, au fur et à mesure de leur emploi et de leur répétition dans les médias deviennent les marqueurs lexicaux d’une situation de crise durable. « Crise sanitaire », « distanciation sociale », « gestes barrière », sans parler des dérivés du verbe « confiner », sont devenus de véritables signes du temps. Tous ces mots nouveaux ou remis au goût du jour pour nommer la situation actuelle ne renvoient pas qu’à la crise du Covid-19. Le néologisme « trumpisme » est ainsi employé en référence à l’idéologie singulière de l’ex-président étatsunien. En tout état de cause, la façon individuelle avec laquelle les élèves s’emparent du sens des mots a pu aboutir à des interprétations intéressantes : « la distanciation sociale, c’est la mise à distance des gens », « la distanciation sociale ? Elle était là avant le Covid, non ? » ou encore « La distanciation sociale, seul un SDF peut en parler ! ». Les blogues de classe rendent possible une segmentation à la fois hebdomadaire et thématique avec des rubriques régulières comme « Le mot de la semaine », « Le livre de la semaine », « L’anecdote de la semaine » ou encore « Le film » ou « Le fait d’actualité » de la semaine. Ils peuvent constituer des espaces interactifs d’échanges impliquant activement les élèves. Depuis les premières heures du premier confinement, ils se sont multipliés et ont progressivement muté du point de vue de leurs enjeux et de leurs finalités. Désormais, beaucoup sont devenus tout autre chose qu’un simple espace de travail valorisant le contenu des cours et proposant des prolongements à ces derniers. Le blogue « nouvelle génération », ou si l’on préfère « post confinement », permet de rendre compte de la relation que les élèves entretiennent avec le monde qui les entoure et avec leur propre culture. Dans un environnement virtuel un peu glacial, on se réjouit de trouver des espaces où chacun peut laisser une trace et faire entendre sa voix. Adoptons l'orthographe québéquoise !  Le terme « blogue* » correspond à une francisation proposée par l’Office québécois de la langue française en 2000, visant à remplacer l’anglicisme « blog » (« journal personnel sur internet »). Créer un blogue en toute sécurité La création d’un blogue impliquant différentes contraintes notamment en termes de droit, il est vivement conseillé d’en saisir les enjeux d’utilisation. Pour répondre à la majorité des questions, voici trois liens utile. - Un support de réflexion sur le site de l’académie de Paris - Des réponses aux questions d’ordre juridique - Un mode d’emploi pour démontrer, si c’était nécessaire, que la création d’un blogue demeure un jeu d’enfants même pour un « non-millénial »  Consulter d'autres articles sur l'enseignement à distance Vers une redécouverte des QCM en français Développer l'écriture collaborative : un mur pour partager ses écrits Éloge paradoxal de la classe virtuelle : quand le distanciel interroge le présentiel Apprendre à distance Un collectif de professeurs « Corps enseignant – Corps apprenant », a mis au point une série de 5 fiches alliant humour et pédagogie pour aider les élèves à travailler à distance. Chaque fiche est accompagnée de conseils et exercices pour se détendre, se motiver, se déconnecter, etc. Et à y regarder de plus près, nous pouvons tous y trouver de l’inspiration… même en présentiel. NRP- mars 2021

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Nathan partenaire de la charte éthique QWANT Junior

Nathan partenaire de la charte éthique QWANT Junior

Qwant Junior est le premier moteur de recherche consacré aux enfants qui leur permet d'apprendre en toute sécurité. QWANT Junior ne collecte aucune donnée sur ses jeunes utilisateurs et ne contient pas de publicité. Les résultats de recherche y sont filtrés pour écarter tout contenu inapproprié : pornographie, violence, consommation de drogues ou incitation à la haine. La vocation de Qwant Junior est de mettre en avant des résultats à vocation éducative. « Qwant Junior est bien plus qu’un moteur de recherche sécurisé pour les plus jeunes. Au cœur de l’écosystème numérique de l’enfance, il a la responsabilité de lancer des initiatives pour créer un Web mieux adapté aux plus jeunes. Ainsi, la Charte Éthique Qwant Junior permet aux parents et aux enseignants d’avoir davantage confiance dans les services utilisés par leurs enfants », explique Jean-Baptiste Piacentino, DG adjoint de Qwant. En savoir plus sur QWANT Junior Les engagements-clés de Nathan avec la charte QWANT Junior Nathan signataire de la Charte Éthique s’engage à travers ses sites et services à  promouvoir et respecter les principes d’un Internet éducatif responsable, et notamment à : Proposer un contenu adapté aux enfants Respecter la vie privée des enfants  Respecter la vie privée des parents Refuser la marchandisation de l’enfant En savoir plus sur la Charte éthique QWANT Junior Nathan s'engage pour la protection des droits de l'enfant et de la vie privée des internautes La protection des droits de l’enfant est un axe de développement éditorial majeur chez Nathan. Les auteurs, spécialistes de l’éducation et de la petite enfance, les éditeurs et l’ensemble des collaborateurs œuvrent chaque jour pour proposer des contenus adaptés à nos publics, dont les enfants. Notre mission d’éditeur est aussi et surtout de faciliter la transmission des savoirs et de porter les valeurs de citoyenneté au cœur de nos publications pour le progrès de tous les enfants. Nos sites et nos ouvrages, qu’ils soient papiers ou numériques visent notamment à faire apprendre à l'élève et à l'enfant, les valeurs du « Vivre ensemble », en mettant en avant les notions de liberté, d'égalité, de laïcité, de solidarité et de respect de l’autre, des autres. Les équipes de Nathan veillent ainsi à lutter contre les stéréotypes et la discrimination sous toutes ses formes et ont également à cœur de favoriser toute forme de bienveillance dans l’éducation et veillent à enrichir les connaissances des enfants pour les aider à grandir, leur permettre de comprendre le monde et de s’y ouvrir. Les Éditions Nathan accordent également une grande importance à la protection des données des internautes qui visitent nos sites et utilisent nos contenus numériques.  Les mesures prises en la matière reposent sur les principes du consentement explicite des données personnelles, la transparence et la pertinence quant à la finalité du traitement envisagé de ces mêmes données, nous évitons donc toute forme de marchandisation de l’enfant par quelqu’action de démarchage commercial inappropriée. A propos de Qwant et de Qwant Junior Lancé par la société Qwant en 2015, Qwant Junior est un moteur de recherche spécialement conçu pour les enfants de 6 à 12 ans. Qwant Junior filtre les contenus choquants (pornographie, violence, consommation de drogues, incitation à la haine), ne collecte aucune donnée sur ses jeunes utilisateurs et ne contient pas de publicité. Développé en collaboration avec l’Éducation Nationale, il est maintenant utilisé tant dans les écoles que dans les foyers. Qwant est le premier moteur de recherche européen, à la fois performant et éthique. Il repose sur deux piliers fondamentaux : protéger votre vie privée en ne collectant aucune donnée personnelle liée à vos requêtes et garantir neutralité et impartialité des résultats. Lancé en 2013, il reçoit aujourd’hui plus de 60 millions de visites par mois.

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Le Groupe IGS, en partenariat avec Nathan, réinvente le BTS en alternance

Le Groupe IGS, en partenariat avec Nathan, réinvente le BTS en alternance

My e-BTS développe une expérience inédite qui s’appuie sur la combinaison de différents modes d’apprentissage : un cross-apprentissage avec des classes virtuelles, des manuels interactifs, des entraînements en ligne, des regroupements en présentiel, un coaching personnalisé et renforcé.  La   pédagogie multi-modale/blended learning correspond à un jour dédié au e-learning (à distance) avec un accès, espace en ligne 24h/24h. «  My e-BTS correspond à une volonté commune, avec Nathan, de trouver une solution adaptée pour des jeunes qui se trouvent à distance des centres de formation » souligne Jean-Philippe Leroy, Directeur Général Adjoint en charge de l’alternance et de l’apprentissage du Groupe IGS. Le Groupe IGS collabore aujourd’hui avec plus de 9 000 entreprises. Plus de 89% de celles-ci sont prêtes à recruter un apprenant du Groupe IGS. «  Nous sommes fiers du lancement de "My e-BTS" qui concrétise l'aboutissement d'un projet pour lequel les équipes du Groupe IGS et Nathan ont œuvré de concert pendant plusieurs mois.  Cette nouvelle offre s'inscrit parfaitement dans l'esprit des réformes en cours, et nous sommes convaincus que "My e-BTS" saura séduire aussi bien les étudiants que les entreprises à la recherche d'un modèle d'apprentissage différent et novateur. "My e-BTS" est aussi l'occasion pour Nathan d'aller plus loin encore dans l’accompagnement et la digitalisation des enseignements dispensés, tout en s’appuyant sur des contenus de qualité qui ont déjà fait de notre maison d'édition la référence leader en BTS »  explique Sylvain Fayol, Directeur de Nathan Technique Supérieur Formation Adultes. « Nathan apporte toutes les ressources dont il dispose pour l’enseignement des BTS à distance en phase avec la dernière réforme de la formation professionnelle, et nous, notre connaissance du dispositif de l’alternance. Ce travail mené en commun nous a permis de donner à nos enseignants des cours de référence adaptés à la réforme des BTS et de se servir de cet enseignement en ligne pour aider aussi nos apprenants présents sur nos campus à avoir un support disponible à tout moment. Nous nous engageons par ce dispositif à maximiser leur réussite aux examens » précise Jean-Philippe Leroy, Directeur général adjoint en charge de l’apprentissage et de l’alternance. Catherine Lapouge, directrice du CIEFA du Groupe IGS renchérit : «  Ce dispositif fonctionne car on investit beaucoup en suivi et en coaching des apprenants qui inclut une pédagogie de classe inversée avec la mise en place de la plateforme distancielle EMA (Environnement Médiatisé d’Apprentissage), sous système LMS moodle. On gagne un temps précieux qui est réinvesti dans une approche individualisée centrée sur l’efficacité et l’évaluation permanente des acquis plutôt que sur la transmission. En entreprise, ce dispositif ouvre la porte aux développements de la formation dans des territoires négligés parce qu’isolés.  » Pour plus d’informations et candidater : www.ciefa.com Contact presse Groupe IGS : Axelle Guilmault Mob. :  + 33 (0)6 86 90 84 12. aguilmault@groupe-igs.fr Contact  presse Nathan :  Xavier Comte Tél. : +33 (0)1 45 87 52 32. xcomte@nathan.fr   A propos du Groupe IGS  : Fondé en 1975, le Groupe IGS est une fédération d’associations indépendantes à but non lucratif (loi 1901) qui a pour vocation la formation initiale et continue, l’alternance, l’apprentissage et l’insertion professionnelle dans 8 filières de compétences et d’expertise métiers. Cet acteur majeur de la formation de l’emploi et du développement des savoir-faire et savoir-être bénéficie d’une triple implantation en France – Paris, Lyon, Toulouse – et à l’international – Dublin, Shanghai, Casablanca. Le Groupe IGS forme chaque jour et par an 14 200 personnes dont 7 200 apprentis et contrats en alternance. 3 000 diplômés rejoignent chaque année un réseau d’alumni (67 000 en 2018) et 9 000 entreprises partenaires. En savoir plus : www.groupe-igs.fr

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Projet du souvenir: les champs de bataille de la Première guerre mondiale
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Projet du souvenir: les champs de bataille de la Première guerre mondiale

Un projet autour des champs de bataille de la Première guerre, qui peut former la bas d'un EPI mêlant anglais, français et histoire-géographie.

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L’IA générative : une révolution technologique qui devient pédagogique ?
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L’IA générative : une révolution technologique qui devient pédagogique ?

Par Emmanuel Pasquier, Directeur du développement institutionnel et des partenariats stratégiques On parle beaucoup d’IA générative, de son utilisation par les enseignants, et de la façon dont les élèves peuvent l’utiliser. De nombreuses craintes accompagnent cette évolution, qui ressemble davantage à une révolution. On s’inquiète : quel sera le travail de l’enseignant si l’IA sait générer des leçons, corriger des copies, suivre individuellement chaque élève ? Les étudiants deviendront-ils passifs, perdront-ils la curiosité d’apprendre laissant ChatGPT chercher les informations et écrire à leur place ? Sans nier le bouleversement que suppose l’accès à des IA de plus en plus puissantes, ni le vertige qu’une IA omnisciente peut entraîner, on peut aussi envisager ces outils avec lucidité, sans passion. Un outil pour tous, et pour les enseignants Sachant qu’on peut leur demander d’inventer une chanson dans le style de Claude François aussi bien que d’analyser et d’interpréter des images médicales, on ne peut douter de l’aide que les IA peuvent apporter aux enseignants dans leur travail préparatoire. Qui voudrait faire progresser ses élèves en orthographe en leur proposant un petit rituel de dictée peut demander à l’IA de générer des textes de plus en plus longs, de plus en plus en plus complexes, voire d’échanger avec des agents conversationnels. Ces IA contiennent aussi très clairement un volet de facilitation des tâches préparatoires, qu’elles soient administratives ou pédagogiques. Une IA peut par exemple envoyer des alertes automatiques selon des paramètres définis par le professeur principal (absence, note, comportement), fluidifier la communication avec les parents, faciliter le remplissage du cahier de textes en faisant une synthèse de documents ou encore planifier et faciliter les périodes où l’activité administrative se densifie, comme celle des conseils de classes. Les enseignants et les autres membres du personnel éducatif ne sont pas toujours conscients que, comme dans d’autres professions, l’adoption des approches proposées par l’intelligence artificielle deviendra inévitable, et les résistances céderont, comme en d’autres temps elles ont cédé face à l’usage des outils informatiques. L’École ne pourra pas rester hermétique à ce bouleversement. Ces évolutions présentent des enjeux significatifs en matière de formation et d’acculturation, et il y aura là forcément quelque chose d’un peu coercitif. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que l’IA peut représenter un gain considérable de temps et d’énergie, permettant ainsi de se recentrer sur le coeur de la mission éducative. En ce sens, l’IA constitue une réelle opportunité. La qualité d’une IA repose sur deux choses. La puissance et l’intelligence de la machine d’une part, et la quantité et la qualité de données auxquelles elle a accès de l’autre. Cet avantage peut s’avérer un frein dans le domaine de l’éducation, quand le plus important demeure la transmission de savoirs fiables et vérifiés. ChatGPT répond à une question, souvent sans modalisation, et peut donner pour vraie une réponse absolument fausse. Si on le lui fait remarquer, l’IA présente de plates excuses et tente de se corriger. C’est d’ailleurs d’abord comme ça que les IA ChatGPT et Bard se sont fait connaître : de manière un peu scandaleuse, parce qu’elles véhiculaient sous la forme d’informations des erreurs, des fautes ou des mensonges, comme le Pape et sa doudoune blanche, ou des biographies d’hommes et de femmes publics truffées d’inexactitudes. La palme va d’ailleurs à ChatGPT, grand baratineur, qui se montre toujours très persuasif, quelles que soient les âneries qu’il profère. Cette méfiance bien légitime à l’égard des contenus générés via une IA ne doit pas nous priver d’une technologie qui permet d’ouvrir de nouvelles possibilités éditoriales, créatives et pédagogiques. Encore faut-il, pour en faire bon usage, en maîtriser les grands principes, et les contenus sources sur laquelle elle s’appuie. La grande question inhérente à celle de l’IA est relative aux contenus sources. Si les IA produisent des fake news, si des erreurs se glissent dans leurs réponses, c’est que les contenus dans lesquels elles vont moissonner les ont nourries de ces erreurs. Un usage éducatif d’intelligences artificielles requiert des garanties, une transparence sur les fonds documentaires dans lesquels vont puiser ces IA, contrairement à ce que font Bard ou ChatGPT par exemple. Si l’on circonscrit les ressources à partir desquelles l’IA est invitée à générer du contenu, leur utilisation devient extrêmement intéressante et précise. Dans la tech, de nombreuses entreprises françaises s’y intéressent, avec une IA capable de puiser dans les contenus d’un manuel par exemple pour produire de nouveaux cours, des quiz, des exercices, des réponses à des questions, des diaporamas… ou bien associer des thèmes, des concepts liés à la requête de l’utilisateur pour favoriser la découvrabilité* des contenus. L’enseignant, qui serait alors aux commandes, pourrait, en fonction de ses besoins, personnaliser son manuel de manière extrêmement fine. Il peut non seulement réorganiser les ressources comme c’est déjà le cas avec les outils de granularisation*, mais encore demander à l’IA de s’adapter à sa situation d’enseignement. Il peut lui demander de simplifier si sa classe rencontre des difficultés ou d’approfondir si, au contraire, les élèves sont à l’aise avec une notion. L’IA peut en quelques secondes produire un parcours d’apprentissage adapté aux contraintes, aux besoins d’un élève ou en créer deux ou trois qui traitent du même sujet à des rythmes différents, pour la différenciation. Plateformes « classiques » vs IA générative Ce que fait l’IA, d’une certaine manière, le numérique « classique » le faisait déjà, à partir de graphes, d’inférences, d’algorithmes* de web sémantique* (on parle d’IA symbolique*). L’IA est guidée, orientée avec des limitations plus fortes certes, mais souvent « à la main » de l’enseignant qui pilote, déclenche ou stoppe le support de l’IA. Ces plateformes imposent des réflexions qualitatives beaucoup plus profondes sur la didactique, sur l’usage qui en sera fait et par qui, en relation avec l’acquisition des notions (connaissances et compétences). Elles répondent donc fortement à des critères éthiques (by design*), de transparence, de confidentialité et de sécurité. Elles imposent en revanche des temps de développement et des moyens plus conséquents pour aboutir à de véritables bénéfices pédagogiques. D’un autre côté, le machine learning – et l’IA générative est une de ses branches – vient bouleverser cette approche en offrant des capacités de traitement gigantesque, d’amélioration en continu des modèles, de précision des résultats voire de prédiction. L’addition des 2 voies de l’IA (IA symbolique d’un côté et machine learning de l’autre) permet d’entrevoir des bénéfices très intéressants pour l’utilisateur. À la fois une « usine à production » basée sur l’IA générative qui vient compléter, enrichir, ouvrir de nouveaux territoires de création en puisant dans des corpus de données fiables et reconnus, et de l’autre l’IA symbolique, « un GPS » qui vient créer le parcours le plus adapté et direct vers la réussite. Sous la supervision de l’enseignant. Reste un impératif et un défi : l’IA explicable. Assurer la confiance dans ces nouveaux outils, a fortiori dans l’Éducation, passe par une IA compréhensible dont les choix sont transparents. La vérification de la provenance des données, l’analyse des données d’entrées et de sorties, et le caractère déterministe ou non de l’algorithme utilisé sont des leviers majeurs d’adoption. La collaboration ici entre les laboratoires, les développeurs, les entreprises et les utilisateurs est indispensable. Les enseignants ont un grand rôle à jouer pour bâtir ces outils qui pourront mieux les aider encore au quotidien. Quel que soit le chemin, le corps enseignant doit comprendre ces nouveaux enjeux car ils vont structurer à terme nos façons de produire, de communiquer, d’interagir, qu’on le veuille ou non. Ni technophile, ni technophobe : juste un principe de réalité qui peut, si nous le prenons à bras-le-corps, ouvrir de nouvelles voies (et vocations ?) pour la réussite de chaque élève. Lexique *Découvrabilité : capacité d’un contenu à être découvert sur Internet, au sein d’une base de données, d’un catalogue par exemple. *Granularisation : procédé visant à découper un contenu en plusieurs petits grains indépendants qui peuvent être ensuite réassemblés au sein d’un parcours pédagogique. *Algorithme : ensemble de règles, d’instructions informatiques permettant de systématiser une tâche et de résoudre un problème défini. *IA symbolique ou « rule based AI » : branche de l’intelligence artificielle basée sur des suites logiques de règles prédéfinies. *Web sémantique : communément appelé le Web 3.0, le web sémantique est un Internet où les informations ne sont pas seulement liées, mais où leur sens est aussi traité. *Ethic by design : fait d’intégrer, dès la conception d’un nouveau produit ou service, des valeurs et des principes déontologiques. *Prédiction : action de prévoir, annoncer par avance.

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L’IA générative : une révolution technologique qui devient pédagogique ?

Par Emmanuel Pasquier, Directeur du développement institutionnel et des partenariats stratégiques On parle beaucoup d’IA générative, de son utilisation par les enseignants, et de la façon dont les élèves peuvent l’utiliser. De nombreuses craintes accompagnent cette évolution, qui ressemble davantage à une révolution. On s’inquiète : quel sera le travail de l’enseignant si l’IA sait générer des leçons, corriger des copies, suivre individuellement chaque élève ? Les étudiants deviendront-ils passifs, perdront-ils la curiosité d’apprendre laissant ChatGPT chercher les informations et écrire à leur place ? Sans nier le bouleversement que suppose l’accès à des IA de plus en plus puissantes, ni le vertige qu’une IA omnisciente peut entraîner, on peut aussi envisager ces outils avec lucidité, sans passion. Un outil pour tous, et pour les enseignants Sachant qu’on peut leur demander d’inventer une chanson dans le style de Claude François aussi bien que d’analyser et d’interpréter des images médicales, on ne peut douter de l’aide que les IA peuvent apporter aux enseignants dans leur travail préparatoire. Qui voudrait faire progresser ses élèves en orthographe en leur proposant un petit rituel de dictée peut demander à l’IA de générer des textes de plus en plus longs, de plus en plus en plus complexes, voire d’échanger avec des agents conversationnels. Ces IA contiennent aussi très clairement un volet de facilitation des tâches préparatoires, qu’elles soient administratives ou pédagogiques. Une IA peut par exemple envoyer des alertes automatiques selon des paramètres définis par le professeur principal (absence, note, comportement), fluidifier la communication avec les parents, faciliter le remplissage du cahier de textes en faisant une synthèse de documents ou encore planifier et faciliter les périodes où l’activité administrative se densifie, comme celle des conseils de classes. Les enseignants et les autres membres du personnel éducatif ne sont pas toujours conscients que, comme dans d’autres professions, l’adoption des approches proposées par l’intelligence artificielle deviendra inévitable, et les résistances céderont, comme en d’autres temps elles ont cédé face à l’usage des outils informatiques. L’École ne pourra pas rester hermétique à ce bouleversement. Ces évolutions présentent des enjeux significatifs en matière de formation et d’acculturation, et il y aura là forcément quelque chose d’un peu coercitif. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que l’IA peut représenter un gain considérable de temps et d’énergie, permettant ainsi de se recentrer sur le coeur de la mission éducative. En ce sens, l’IA constitue une réelle opportunité. La qualité d’une IA repose sur deux choses. La puissance et l’intelligence de la machine d’une part, et la quantité et la qualité de données auxquelles elle a accès de l’autre. Cet avantage peut s’avérer un frein dans le domaine de l’éducation, quand le plus important demeure la transmission de savoirs fiables et vérifiés. ChatGPT répond à une question, souvent sans modalisation, et peut donner pour vraie une réponse absolument fausse. Si on le lui fait remarquer, l’IA présente de plates excuses et tente de se corriger. C’est d’ailleurs d’abord comme ça que les IA ChatGPT et Bard se sont fait connaître : de manière un peu scandaleuse, parce qu’elles véhiculaient sous la forme d’informations des erreurs, des fautes ou des mensonges, comme le Pape et sa doudoune blanche, ou des biographies d’hommes et de femmes publics truffées d’inexactitudes. La palme va d’ailleurs à ChatGPT, grand baratineur, qui se montre toujours très persuasif, quelles que soient les âneries qu’il profère. Cette méfiance bien légitime à l’égard des contenus générés via une IA ne doit pas nous priver d’une technologie qui permet d’ouvrir de nouvelles possibilités éditoriales, créatives et pédagogiques. Encore faut-il, pour en faire bon usage, en maîtriser les grands principes, et les contenus sources sur laquelle elle s’appuie. La grande question inhérente à celle de l’IA est relative aux contenus sources. Si les IA produisent des fake news, si des erreurs se glissent dans leurs réponses, c’est que les contenus dans lesquels elles vont moissonner les ont nourries de ces erreurs. Un usage éducatif d’intelligences artificielles requiert des garanties, une transparence sur les fonds documentaires dans lesquels vont puiser ces IA, contrairement à ce que font Bard ou ChatGPT par exemple. Si l’on circonscrit les ressources à partir desquelles l’IA est invitée à générer du contenu, leur utilisation devient extrêmement intéressante et précise. Dans la tech, de nombreuses entreprises françaises s’y intéressent, avec une IA capable de puiser dans les contenus d’un manuel par exemple pour produire de nouveaux cours, des quiz, des exercices, des réponses à des questions, des diaporamas… ou bien associer des thèmes, des concepts liés à la requête de l’utilisateur pour favoriser la découvrabilité* des contenus. L’enseignant, qui serait alors aux commandes, pourrait, en fonction de ses besoins, personnaliser son manuel de manière extrêmement fine. Il peut non seulement réorganiser les ressources comme c’est déjà le cas avec les outils de granularisation*, mais encore demander à l’IA de s’adapter à sa situation d’enseignement. Il peut lui demander de simplifier si sa classe rencontre des difficultés ou d’approfondir si, au contraire, les élèves sont à l’aise avec une notion. L’IA peut en quelques secondes produire un parcours d’apprentissage adapté aux contraintes, aux besoins d’un élève ou en créer deux ou trois qui traitent du même sujet à des rythmes différents, pour la différenciation. Plateformes « classiques » vs IA générative Ce que fait l’IA, d’une certaine manière, le numérique « classique » le faisait déjà, à partir de graphes, d’inférences, d’algorithmes* de web sémantique* (on parle d’IA symbolique*). L’IA est guidée, orientée avec des limitations plus fortes certes, mais souvent « à la main » de l’enseignant qui pilote, déclenche ou stoppe le support de l’IA. Ces plateformes imposent des réflexions qualitatives beaucoup plus profondes sur la didactique, sur l’usage qui en sera fait et par qui, en relation avec l’acquisition des notions (connaissances et compétences). Elles répondent donc fortement à des critères éthiques (by design*), de transparence, de confidentialité et de sécurité. Elles imposent en revanche des temps de développement et des moyens plus conséquents pour aboutir à de véritables bénéfices pédagogiques. D’un autre côté, le machine learning – et l’IA générative est une de ses branches – vient bouleverser cette approche en offrant des capacités de traitement gigantesque, d’amélioration en continu des modèles, de précision des résultats voire de prédiction. L’addition des 2 voies de l’IA (IA symbolique d’un côté et machine learning de l’autre) permet d’entrevoir des bénéfices très intéressants pour l’utilisateur. À la fois une « usine à production » basée sur l’IA générative qui vient compléter, enrichir, ouvrir de nouveaux territoires de création en puisant dans des corpus de données fiables et reconnus, et de l’autre l’IA symbolique, « un GPS » qui vient créer le parcours le plus adapté et direct vers la réussite. Sous la supervision de l’enseignant. Reste un impératif et un défi : l’IA explicable. Assurer la confiance dans ces nouveaux outils, a fortiori dans l’Éducation, passe par une IA compréhensible dont les choix sont transparents. La vérification de la provenance des données, l’analyse des données d’entrées et de sorties, et le caractère déterministe ou non de l’algorithme utilisé sont des leviers majeurs d’adoption. La collaboration ici entre les laboratoires, les développeurs, les entreprises et les utilisateurs est indispensable. Les enseignants ont un grand rôle à jouer pour bâtir ces outils qui pourront mieux les aider encore au quotidien. Quel que soit le chemin, le corps enseignant doit comprendre ces nouveaux enjeux car ils vont structurer à terme nos façons de produire, de communiquer, d’interagir, qu’on le veuille ou non. Ni technophile, ni technophobe : juste un principe de réalité qui peut, si nous le prenons à bras-le-corps, ouvrir de nouvelles voies (et vocations ?) pour la réussite de chaque élève. Lexique *Découvrabilité : capacité d’un contenu à être découvert sur Internet, au sein d’une base de données, d’un catalogue par exemple. *Granularisation : procédé visant à découper un contenu en plusieurs petits grains indépendants qui peuvent être ensuite réassemblés au sein d’un parcours pédagogique. *Algorithme : ensemble de règles, d’instructions informatiques permettant de systématiser une tâche et de résoudre un problème défini. *IA symbolique ou « rule based AI » : branche de l’intelligence artificielle basée sur des suites logiques de règles prédéfinies. *Web sémantique : communément appelé le Web 3.0, le web sémantique est un Internet où les informations ne sont pas seulement liées, mais où leur sens est aussi traité. *Ethic by design : fait d’intégrer, dès la conception d’un nouveau produit ou service, des valeurs et des principes déontologiques. *Prédiction : action de prévoir, annoncer par avance.

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Rencontre avec Florian Zeller
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Rencontre avec Florian Zeller

Dans l’œuvre romanesque et théâtrale de Florian Zeller , très appréciée en France comme à l’étranger, trois pièces qui se font écho par leur titre générique – La Mère (2010), Le Père (2012), Le Fils (2018) – explorent la dimension tragique des liens familiaux lors de moments de rupture où les rôles vacillent. Découvrez aussi l'interview que Florian Zeller nous a accordé à l'occasion de la sortie du Carré Classique Le Fils >   Voir l'interview Comment interprétez-vous le succès de la figure du père dans la littérature contemporaine ? Il me semble que c’est une figure qui a toujours traversé la littérature, et pas seulement la littérature contemporaine. C’est encore plus vrai pour la littérature dramatique. Ce que je trouve mystérieux, en ce qui concerne le théâtre, c’est qu’il s’agit d’une forme artistique qui existe depuis l’Antiquité et qui ne cesse, à chaque époque, d’interpeler ses contemporains. Cela signifie que l’on vient bien chercher quelque chose de nécessaire dans ces salles obscures. Qu’est-ce que cela peut être ? Je me dis souvent que le théâtre se présente à nous comme une sorte de miroir. Un miroir dans lequel nous pouvons regarder la vie des hommes. Dans ce reflet, parfois déformant, nous venons nous observer, nous reconnaître, nous comprendre. À cet égard, ce n’est pas très surprenant que la figure du père occupe une place centrale, comme d’ailleurs la notion de famille. C’est notre vie que nous voyons sur scène, et notre vie se structure inévitablement autour des notions de transmission, de filiation, d’identité, de trahisons… Pourquoi avez-vous choisi le théâtre plutôt que le genre romanesque pour écrire La Mère , Le Père et Le Fils ? Ces trois pièces sont assez différentes, mais elles ont en commun d’explorer, avec des moyens propres au théâtre, des moments de rupture avec le réel. Le Père traite, disons, de la démence sénile. La Mère de la dépression nerveuse. Et Le Fils du trouble de l’adolescence. Ce qui m’intéressait, dans ces pièces (et notamment dans les deux premières), c’était de bâtir des labyrinthes dans lesquels le spectateur était censé se perdre, et vivre ainsi l’expérience troublante que les personnages étaient censés traverser. Au cours de la représentation du Père , par exemple, nous ne savions plus ce qui était vrai ou ce qui était faux, nous perdions la capacité à distinguer ce qui était réel de ce qui ne l’était pas. En somme, c’était comme si nous étions projetés dans la boîte crânienne de ce personnage. C’était une aventure purement subjective et déroutante. Je ne sais pas comment un roman aurait pu traiter de ce sujet de façon comparable. Ou plutôt comment il aurait pu mettre le lecteur dans un tel état d’incertitude. Or moi, c’est ce qui m’intéresse : inviter le spectateur à être dans une position très active dans la recherche de la vérité. Le Fils est-il né du désir de clore une sorte de trilogie familiale ou bien, comme pour les deux autres pièces, d’écrire pour un(e) comédien(ne) ? Il est vrai que j’ai écrit Le Père pour Robert Hirsch et La Mère pour Catherine Hiegel. Si j’ai écrit ensuite Le Fils, ce n’était pas pour former une trilogie. Mais parce que je voulais plus que tout écrire cette pièce-là en particulier. Elle me tenait extrêmement à cœur, notamment à cause du sujet qu’elle aborde. Le Fils raconte l’histoire d’un garçon de 17 ans qui n’arrive plus à vivre. Il est pris de phobie scolaire et, sans que l’on comprenne bien pourquoi, il est comme écrasé par l’angoisse et le mal-être. C’est aussi l’histoire de ses parents qui font tout ce qu’ils peuvent pour le sauver et le réconcilier avec la vie, et qui découvrent, à leurs dépens, leur impuissance fondamentale face à ce type de situation. C’est un sujet qui concerne énormément de monde et devant lequel beaucoup de gens sont désemparés. Le fait de mettre ce sujet en lumière, et notamment dans sa dimension psychiatrique, me semblait avoir beaucoup de sens. Parce qu’il y a, en France, une sorte d’ignorance et de honte de la maladie mentale ou psychique. Il y a tellement de jeunes qui ne sont ni accompagnés ni traités, et qui se retrouvent dans des situations de souffrance extrême. En général, ce sont des histoires qui se finissent mal. Les figures parentales que vous mettez en scène ont-elles pour modèle ou contre-modèle des archétypes littéraires ? Dans Le Fils , justement, le personnage qui me touche le plus, c’est celui du père. Il voit que son enfant ne va pas bien et, parce qu’il s’est séparé de sa femme plusieurs années auparavant et qu’il a ainsi détruit la cellule familiale pour refaire sa vie avec une autre femme, est persuadé qu’il est responsable de la situation. Il prend alors son fils chez lui et il entrevoit une possibilité de réparer tout ce qu’il croit avoir abîmé. Il voudrait être un père idéal. Pourtant, au fur et à mesure des scènes, on pressent que « le mal vient de plus loin », comme disait Phèdre. Mais il est tellement habité par sa propre culpabilité qu’il ne voit pas ce qui se passe sous ses yeux et il se révèle incapable de concevoir que le problème de Nicolas est peut-être d’un autre ordre. Il va prendre les mauvaises décisions, qui vont aboutir au suicide de son fils. C’est à cause de son sentiment de culpabilité qu’il va devenir réellement coupable. C’est en ce sens qu’il est un personnage tragique, au sens archétypal du terme : en luttant de toutes ses forces contre son destin, il l’accomplit plus certainement. La Mère, dans votre pièce éponyme, dit à son mari que leur fils l’a toujours « pris comme contre-exemple. Pour lui, rater sa vie, ça voulait direte ressembler. » Faut-il encore aujourd’hui tuer le père pour réussir sa vie ? Si « réussir sa vie » signifie être pleinement soi, indépendamment des attentes et des jugements des autres, alors oui, cela passe certainement par cet affranchissement symbolique. C’est d’ailleurs un passage obligé d’une extrême ingratitude. On n’en prend conscience qu’avec le recul – quand on devient soi-même père. Mais le plus douloureux, je crois, vient quand l’image du père s’anéantit d’elle-même. C’est un peu le sujet de ma pièce Le Père : le personnage traversait ce qu’on appelle l’extrême vieillesse et devenait, sous les yeux désolés de sa fille, un autre être, qui avait plus à voir avec un petit enfant dont il faudrait s’occuper qu’avec le souvenir de la figure paternelle qui l’avait structurée jusque-là. En un sens, cette pièce raconte ce moment où nous devenons les parents de nos propres parents. Le non-dit joue un rôle important dans votre art du dialogue. Savez-vous ce qui ne se dit pas entre le Père et sa fille, entre le Fils et son père ? Non, je ne le sais pas. Le matériau littéraire que j’utilise est volontairement très simple. C’est une écriture presque blanche. Ce qui m’importe, c’est en effet ce qui tient derrière les mots et, à cet égard, il m’a toujours semblé que l’extrême simplicité de la langue préserve l’énigme de ce qui se tient dans l’ombre et le silence. L’auteur qui m’a mis sur cette voie et qui, à cet égard, a eu une véritable influence sur moi, c’est Pinter. À travers son œuvre, j’ai réalisé que ce qui compte – au théâtre comme d’ailleurs dans la vie – c’est moins ce qui est dit que ce qui ne l’est pas. En écrivant, d’une certaine façon, je me contente de retranscrire ce que disent mes personnages. Quand ils acquièrent un degré d’existence suffisamment fort, j’ai presque l’impression qu’ils existent en dehors de moi. Je ne sais d’eux que ce qu’ils veulent bien m’en dire. Je peux pressentir ce qui ne se dit pas, mais je n’ai pas besoin de le nommer, de le figer, de le conscientiser. Et lors des répétitions, j’encourage souvent les acteurs à oser rester dans l’inconfort de cette incertitude. Et quand bien même je le saurais, ce qui compte, ce n’est pas ce que je sais, moi. C’est ce que les spectateurs vont pouvoir projeter dans ces espaces. Chacun entre dans une salle de théâtre avec sa propre histoire, et c’est avec cette histoire propre qu’une pièce rentrera en résonance. Tout cela se fait dans l’intimité entre le texte et le spectateur, et tout ceci s’opère magiquement, comme en dehors de l’intention de l’auteur. À moins de 40 ans, pourquoi et comment avez-vous exploré dans plusieurs pièces la « farce tragique » du grand âge ? Ce n’était pas mon intention initiale, du moins pas consciemment. À titre personnel, ayant été élevé en partie par ma grand-mère qui a été frappée d’une dégénérescence sénile alors que j’étais adolescent, je me sens concerné par ce sujet – mais qui ne l’est pas aujourd’hui ? Pour autant, je n’avais pas le désir particulier d’écrire à ce propos. Mon point de départ, c’était davantage le désir d’écrire pour Robert Hirsch. Il était à mes yeux le plus grand acteur français. C’est lui – c’est sa voix, son corps, sa façon si singulière d’être au monde – qui m’ont emmené sur ce territoire abîmé et tragique. Je me rappelle très précisément qu’en écrivant la pièce, je ne savais pas vraiment de quoi elle parlait. J’écris souvent comme on ferait un rêve : en me laissant entraîner par des forces que je ne maîtrise pas. Ce n’est qu’après l’avoir terminée que j’ai pu la regarder différemment, et me dire : « ah, c’est donc de ça qu’il s’agit… »   NRP - 30 octobre 2018

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Développer l'écriture collaborative : un mur pour partager ses écrits
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Développer l'écriture collaborative : un mur pour partager ses écrits

Par Antony Soron Il s’agit de deux modalités discursives parmi d’autres impliquées dans les échanges numérisés entre adolescents. Pourquoi ne pas s’appuyer sur ces deux modes de communication afin de réinvestir le champ littéraire et de corréler le sujet « lecteur » et le sujet « commentateur » et/ou « producteur » ? L’œuvre patrimoniale : un objet intemporel de discussion Le pari consiste à remettre la littérature au centre du jeu, ou si l’on préfère au cœur de la discussion. Les Fables de La Fontaine ont été retenues en tant qu’œuvre de référence. Il s’agit d’investir cette œuvre patrimoniale par des activités écrites et orales selon une modalité collaborative, et en ayant recours à l’outil numérique mis à disposition notamment dans les espaces numériques de travail propres à chaque établissement. Un des avantages des Fables de La Fontaine reste également leur brièveté. L’apport du « mur collaboratif » dans la confrontation des points de vue Pendant la période de confinement, une modalité de travail en lien avec la contrainte des cours à distance a commencé de s’imposer : le professeur poste un texte sur l’espace de travail privilégié (blog, padlet…) sous forme écrite ou audio (voire les deux) et demande aux élèves de réagir par rapport au texte qu’ils ont découvert. Il allait de soi que cette réaction du sujet lecteur/auditeur ne devait pas limiter à un « like » ou inversement à un tout aussi péremptoire, « je n’aime pas ». Il s’agissait d’émettre un point de vue sur la situation, le caractère d’un ou des personnages, voire sur le déroulement des évènements mis en récit par le fabuliste à partir de ses différentes sources antiques. Le cas des Fables est intéressant de ce point de vue car elles ont la vertu de faire réagir les élèves. « Le Corbeau et le Renard » fait partie, comme « La Cigale et la Fourmi », de ces récits qui appellent naturellement le jugement du lecteur, les élèves n’hésitant pas à condamner le corbeau qui, s’il se fait dépouiller, a auparavant volé le formage, ou la fourmi qui oublie complètement que dans la vie, il faut aussi s’amuser. Dans le cadre d’une classe virtuelle, on mesure l’avantage d’une telle collation d’appréciations sur un mur collaboratif. Les élèves sont alors placés dans une logique d’appropriation de la fable qu’ils tendent spontanément à actualiser et à décoder en fonction de leur expérience propre. Du « virtuel » au « présentiel », cette modalité de travail demeure productive dans la mesure où la somme de ces écrits courts peut servir d’embrayeur à la séance, sans parler de l’intérêt du point de vue du matériau linguistique qu’ils proposent. On peut partir de tel ou tel jugement, dégager diverses tendances appréciatives ou mettre en débat deux positions particulièrement contradictoires. Certains professeurs ont eu l’idée de demander à leurs élèves d’émettre une nouvelle appréciation de la fable – ou tout au moins un aspect qu’il leur a semblé essentiel – une fois qu’elle a été étudiée en classe : ce qui a permis à certains de revisiter le commentaire formulé en amont lors de leur première lecture. Réécrire la morale de l’histoire La fable a aussi pour caractéristique de soumettre au lecteur une morale pouvant tenir souvent en une seule phrase : « En toute chose il faut considérer la fin » (« Le Renard et le Bouc »). Une activité consiste à demander aux élèves de poster sur le mur collaboratif une autre morale en fonction de l’interprétation qu’ils ont de la fable, notamment après une séance ayant porté sur elle. Le « post » sur lequel est noté la « morale » de l’élève s’inscrit dans une perspective de confrontation. En effet, on peut demander aux élèves de critiquer la morale d’un de leurs camarades, à la condition d’expliquer pourquoi elle ne leur semble pas convenir à la fable étudiée. L’objectif demeure, au fil d’une séquence, de recentrer le débat sur l’objet littéraire et les réactions qu’il est à même de susciter. On verra ainsi, toujours en se focalisant sur les Fables , que les morales créées par les élèves penchent généralement soit du côté du blâme, soit du côté de la compassion. Pour varier, on peut d’abord éliminer la morale du fabuliste pour laisser les élèves imaginer la leur. Par exemple, dans le cas du « Cheval et l’Âne », on expurge la fable des trois vers initiaux : « En ce monde il se faut l’un l’autre secourir, / Si ton voisin vient à mourir,/ C’est sur toi que le fardeau tombe ». L’élève n’a plus ici à se confronter à un modèle mais simplement à faire une proposition personnelle. Les morales originales ne seront qu’ensuite confrontées à la morale originelle. Le défi de l’écriture collaborative Les fables reposent pour la plupart sur un scénario déclinant le triomphe du rusé sur le naïf ou du fort sur le faible. En ce sens, toute fable peut être détournée avec, par exemple, la consigne d’en modifier le dénouement. Une classe virtuelle observée qui concernait des élèves de 6e, dans le cadre de l’axe thématique « Résister au plus fort », a ainsi eu pour objectif le renversement narratif de la fable « Le Loup et l’Agneau ». Après une explication assez classique, il a été demandé aux élèves de mettre dans la bouche de l’agneau un autre propos que « Mais plutôt qu’elle considère / Que je me vas désaltérant/ Dans le courant, / Plus de vingt pas au-dessous d’Elle ». La chétive créature devait trouver un moyen de défense au travers d’autres arguments que ceux développés dans le texte de La Fontaine. Chaque élève devait poster sa proposition, qui pouvait à son tour être reprise et améliorée par un autre élève. Un élève a d’abord posté « Si tu me laisses en vie, je t’aiderai à trouver d’autres proies », et ses propos ont été repris par un autre sous la forme suivante : « Si tu m’épargnes, je te présenterai de grosses et grasses créatures bien plus appétissantes que moi ! ». L’écriture collaborative ouvre aussi la possibilité de travailler sur le matériau linguistique en observant les différents apports de chaque version. Dans l’exemple précédent, le commentaire des autres élèves a bien mis en évidence l’intérêt de la seconde version, à savoir son pouvoir de persuasion en lien avec le désir du loup. Réactiver la production audiovisuelle par le numérique La période de confinement a été propice à un questionnement sur la fluctuation de l’investissement des élèves hors de la classe et sur les différents blocages qui pouvaient l’expliquer. Le numérique a permis d’élargir le champ des possibles avec des transmissions de productions orales et non plus exclusivement écrites. Pour répondre à l’exercice précédent, ils pouvaient aussi poster une proposition audio ou audio-visuelle s’ils souhaitaient dévoiler leur visage. Et cette possibilité alternative a souvent l’heure de « faire le buzz » dans certaines classes. Pouvoir donner son « avis » oralement a souvent stimulé des élèves rétifs à toute production écrite. Ce fut le cas en particulier avec « Le Lion et le Moucheron » qui a suscité un flot de commentaires. D’aucuns blâmant la vantardise du moucheron et se félicitant qu’il ait reçu une correction à la hauteur de son outrecuidance. Avec les outils numériques, la parole est libérée, sans être complètement libre, car elle est soumise à des impératifs techniques : chacun s’enregistre et s’écoute généralement avant d’être entendu par les autres. La prise de parole y trouve donc un cadre, et elle permet à tous les élèves de s’inscrire dans une dynamique interprétative. On n’oubliera pas que les programmes de collège invitent, en fonction des entrées qu’ils proposent, à susciter la réflexion d’ordre existentiel. Or chaque fable suggère implicitement son actualisation. Pourquoi un membre du couple formé par « Les Deux Pigeons » se décide-t-il à aller vers l’inconnu ? Sa décision risquée relève-t-elle d’une faute morale vis-à-vis de l’autre ? Ainsi problématisée en même temps qu’actualisée, cette fable a suscité un enthousiasme interprétatif notable dans le cas des élèves de 5 e observés dans le contexte d’une classe virtuelle. La capsule audio-visuelle comme ressort de créativité Une bonne partie des élèves demeurent capables de réaliser des choses intéressantes à l’aide du numérique, en concevant par exemple des capsules audio-visuelles. La mise en débat de certaines fables de La Fontaine a rendu possible la captation de véritables joutes verbales mises en scène par les élèves (ces joutes ne devant pas excéder une à deux minutes). Le récit du « Corbeau voulant imiter l’Aigle » a ainsi fait l’objet d’un authentique débat interprétatif régulé entre deux contradicteurs, pondéré par un modérateur qui avait en outre la charge en début de séance de lire le texte à haute-voix. La dialectique entre « blâme » et « compassion » a conservé toute son importance dans la discussion, tout en laissant entrevoir un bénéfice du point de vue de l’analyse littéraire. En effet, les contradicteurs ont malgré eux été mis en situation, pour appuyer leur argumentaire, de revenir à la lettre du texte. Un exemple de ce qu’on a pu entendre : « Tu ne trouves pas ridicule de toujours chercher l’exploit ou le défi ! Regarde le corbeau. C’est n’importe quoi, il ne cherche pas le petit exploit, il prend le “ plus gras “ des moutons ! » L’exercice proposé se veut à la fois modeste et progressif. Il ne s’agit pas de poser cette expérimentation comme un gage absolu de réussite en matière de production. L’enjeu reste que chaque professeur, en fonction des objectifs qu’il s’est fixé, exploite l’outil numérique et ses potentialité collaboratives de façon raisonnée. Cependant, le retour sur expériences montre qu’il ne faut pas être trop pusillanime en la matière. Au-delà du confinement Pour ne pas en rester aux constats alarmistes de l’insuffisance linguistique des élèves, il convient de rechercher des embryons de solutions en commençant par se convaincre que la base de toute progression reste la ritualisation des écrits courts. La pratique régulière d’exercices collaboratifs contribue à « casser » l’idée que l’on écrit toujours seul, alors que des productions classiques telle que des exposés supposent également une collaboration. Enfin, il importe de provoquer la réalisation d’écrits par la confrontation avec des textes patrimoniaux qui d’abord font parler. Au lieu d’en rester à un jugement de valeur sur les nouveaux modes de communication, pourquoi ne pas en retourner la finalité en y remettant un contenu pertinent, en l’occurrence littéraire, qui comme on le sait, au moins pour les grands textes, sera toujours capable de faire couler beaucoup d’encre. Consulter d'autres articles sur l'enseignement à distance Vers une redécouverte des QCM en français Éloge paradoxal de la classe virtuelle : quand le distanciel interroge le présentiel Un distanciel à visage humain : promouvoir la réciprocité des échanges par un blogue de classe Apprendre à distance Un collectif de professeurs « Corps enseignant – Corps apprenant », a mis au point une série de 5 fiches alliant humour et pédagogie pour aider les élèves à travailler à distance. Chaque fiche est accompagnée de conseils et exercices pour se détendre, se motiver, se déconnecter, etc. Et à y regarder de plus près, nous pouvons tous y trouver de l’inspiration… même en présentiel. NRP- Novembre 2020

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Les neurosciences : les émotions au service des apprentissages
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Les neurosciences : les émotions au service des apprentissages

Par Violaine Carry Depuis une dizaine d’années, l’éducation positive connaît un certain succès : il est de bon ton « d’accueillir » les émotions de l’élève, de le « ménager », afin de permettre à tous les étudiants de « s’épanouir ». Seulement, ces injonctions autant sociales qu’institutionnelles mènent à de nombreux malentendus. Certains enseignants éprouvent des réticences vis-à-vis de pédagogies qui, pensent-ils, enjoignent d’« aimer » et de (sur)protéger les élèves au lieu de les instruire. L’influence de Descartes… et l’éclairage de Damasio Il faut dire qu’en tant que Français, notre méfiance des émotions vient de loin : Descartes, en faisant du cœur l’ennemi de l’esprit, nous a conduits à rejeter toute manifestation émotionnelle à l’école, lieu de la raison par excellence. Nous entendions sans doute alors dispenser un enseignement pur, non biaisé par le jugement des tripes, pour former ainsi des « têtes bien faites ». C’est de l’autre côté de l’Atlantique, il y a quelques dizaines d’années, qu’Antonio Damasio, neurologue, décide de s’intéresser aux émotions et à leur rôle dans la prise de décision. Avec son équipe, il soumet un panel de patients, dont certains sont cérébrolésés et d’autres non, à un test : chacun a 2 000 dollars et peut augmenter ou diminuer son pactole en retournant les cartes des quatre paquets devant lui, A, B, C et D. Les règles ne sont pas données, mais elles existent. Seul l’expérimentateur, par moment, interrompt le patient pour lui attribuer une somme ou au contraire lui demander de payer « la banque ». Damasio observe que les patients « non malades » « apprennent » inconsciemment qu’il vaut mieux piocher dans les paquets C et D et s’y tiennent ; les autres, atteints de lésions cérébrales, s’obstinent dans une stratégie risquée et inefficace : ils paraissent ne pas prendre en compte les récompenses que constituent les gains et les punitions que sont les pertes d’argent. Compte tenu des lésions de ces patients, Damasio postule que le souvenir de la teinte émotionnelle d’un événement permet de prendre des décisions plus pertinentes quand on se retrouve confronté à des situations similaires. En clair, les émotions aident à raisonner, même si on n’en a pas conscience. Émotions et raisonnement : décryptage actuel Aujourd’hui, la communauté scientifique est plus ouverte à ce type d’hypothèse, et les dernières études du cerveau mettent en avant le rôle fondamental de l’aire tegmentale ventrale, une toute petite zone du cerveau qui attribue à une expérience une valence émotionnelle, positive ou négative. Lors de la confrontation avec un événement semblable, l’aire tegmentale ventrale, activée par l’empreinte de l’événement antérieur, va – ou non ! – décharger de la dopamine dans le cortex préfrontal, centre de la prise de décision, qui permettra à l’individu de s’impliquer dans la tâche. À défaut, ce dernier éprouvera de la réticence, voire de la répulsion, et dans tous les cas tendra à fuir ce genre de situations. Notons que ce phénomène agit bien souvent à notre insu… et explique aussi en grande partie le phénomène de « l’intuition » (et surtout de la « bonne » intuition), qui est en fait une compilation inconsciente de l’expérience croisée avec la valence émotionnelle de chacune d’entre elles. On comprend bien l’intérêt de ce circuit dans le cas où on est dans une situation de survie. Mais qu’en faire à l’école ? Et surtout au lycée ? En effet, nous venons de décrire grossièrement le fonctionnement de la motivation. Mais on peut difficilement accepter d’accueillir les émotions des élèves si celles-ci deviennent un prétexte pour ne pas faire une dissertation ou travailler sur Molière, parce qu’ils auraient eu une mauvaise note ou une mauvaise expérience antérieure… La question de la note : carotte et bâton à la fois ! Justement, la question de mauvaises notes antérieures est une des « explications » qui tendent à nous laisser démunis tout en nous culpabilisant en tant que membres d’une institution dite stigmatisante. La note joue en fait le même rôle que la somme d’argent gagnée ou perdue par les patients de Damasio : c’est une récompense extérieure, c’est-à-dire qu’elle n’est pas liée directement au plaisir ou au déplaisir que procure la tâche. Normalement, l’objectif de la note est de donner à l’élève et au professeur un retour d’information sur le succès de son action pour réajuster ses stratégies ou ses pratiques. Elle est un reflet, non pas du travail de l’élève, mais de l’efficacité de son travail. Et c’est là que réside un malentendu : beaucoup d’élèves s’imaginent que la note est un reflet de leur travail (souvent quantifié en terme de temps…) et finissent par ne plus comprendre la corrélation quand ils ont une bonne note alors qu’ils ont peu révisé (mais ils avaient compris le cours) et une mauvaise alors qu’ils avaient beaucoup révisé. Les repères sont alors brouillés, car beaucoup d’élèves travaillent pour obtenir une bonne note et ainsi être fiers d’eux-mêmes ou rendre fiers leurs proches. Le problème est le suivant : comment redonner à la note sa place, afin qu’elle ne soit plus une récompense qui paraisse « aléatoire » à certains, mais qu’elle retrouve son rôle de feedback ? Pour cela, une méthode efficace est sans doute d’avoir recours d’une part à la notation par des pairs (sur de petits exercices), d’autre part à l’autoévaluation. L’objectif sera, paradoxalement, d’ôter tout l’affect présupposé afin de rattacher la note exclusivement à la pertinence de la production de l’élève, avec des pistes de remédiation. En français, on peut utiliser la préparation à l’oral du Bac. On fait appel aux autres élèves pour évaluer l’explication orale ; c’est d’autant plus facile si on donne un objectif (aisance à l’oral, clarté et pertinence des commentaires, utilisation du vocabulaire spécifique, etc.). Après la prestation, pour évacuer la frustration liée au décalage entre le temps de travail et le résultat obtenu, on demande d’abord une autoévaluation. Là, on voit clairement ceux qui ont tendance à se dévaluer : il est plus facile de les détromper. Ensuite, quand on fait parler les camarades, on insiste sur le fait que c’est uniquement la performance qui est prise en compte. On décide ensuite d’une note indicative pour assurer un feedback . On peut enfin leur proposer un autre rendez-vous dans l’année, avec des objectifs d’amélioration. Cette méthode permet de dissocier la note de tout affect, de différencier la performance du travail qui a été fourni, de laisser les élèves s’exprimer sur leurs difficultés. L’objectif est avant tout de changer de regard sur la note. L’intérêt des théories de la motivation Notons que la recherche nous indique que nos encouragements auront un impact positif : les commentaires négatifs ou l’indifférence, au bout du compte, amènent au découragement. Les élèves, quel que soit leur âge, ont donc besoin qu’on les voie et surtout qu’on voie leurs atouts, même si on signale leurs défaillances.  Si on en croit Deci et Ryan, repris par Lieury et Fenouillet, la motivation intrinsèque pour les apprentissages (donc pour les apprentissages eux-mêmes, et non une récompense) serait dépendante du niveau d’autonomie, c’est-à-dire de liberté laissée dans ces apprentissages, et du niveau de compétence perçue, que Bandura, un autre chercheur dans le domaine, appelle « sentiment d’efficacité personnelle (SEP) ». Cette dernière donnée est très en accord avec une recherche récente qui indique qu’on est disposé à admettre 20% d’erreur pour progresser (en tant qu’individu), mais difficilement au-delà ! L’erreur est bonne, donc, mais à petite dose. Sinon, elle impacte trop le SEP, quels que soient les commentaires positifs qui l’accompagnent… Quelques pistes pour réinjecter de la motivation Comme le SEP est différent pour chaque individu, il est difficile, avec des classes de 30 et plus, de différencier. Plusieurs stratégies s’offrent néanmoins à nous, comme le travail en groupe, et plus particulièrement par projet. Dès que les élèves commencent à se connaître, on peut leur demander de se regrouper et compter sur leur intelligence pour former des équipes équilibrées. Cette liberté, comme celle de résoudre le problème qui leur sera imposé, intègre la dimension « autonomie » de Deci et Ryan. Pour les enseignants de Lettres, le « projet » peut être simplement de créer une fiche « synthèse » pour leurs camarades sur un contexte littéraire, un courant, un auteur, une œuvre. Il peut être aussi de rédiger la meilleure dissertation possible, autour de notions et de thèmes qu’ils auront eu à travailler chacun en amont. On leur laisse choisir librement leur méthode de préparation : seuls, en binômes ou en groupe ; debout ou assis ; avec des paperboard et marqueurs au mur, des feuilles A3, ou une simple feuille à carreaux. Cette liberté satisfait la dimension d’autonomie décrite par Deci et Ryan et on peut ensuite revenir avec les élèves sur l’efficacité de leurs méthodes de travail. Une autre piste est de faire créer un outil pédagogique pour les plus jeunes. Le principe est de trouver un point commun entre une entrée du programme de lycée et de celui du collège. On fait alors de nos élèves des experts, qui sont valorisés par leur position, mais qui devront s’emparer du sujet car ils se retrouvent responsables du contenu à transmettre. Ce statut renforce implicitement leur SEP car l’enseignant leur confie littéralement des élèves et leur fait confiance pour réussir l’exercice de transmission. Il s’agit dans ce cas pour l’enseignant de prévoir des étapes intermédiaires et de vérifier, non la pertinence du contenu, mais sa justesse : les lycéens se chargeront du reste ! Par exemple, pour travailler l’oral et plus particulièrement la lecture d’une poésie en vers, on peut demander à des élèves de 2 de de créer un tutoriel sur la gestion des « e » muets, sur le respect du mètre, la prononciation des enjambements, etc. On peut décliner le principe en faisant créer à des élèves de 1 re une chaîne YouTube sur des auteurs qu’ils rencontreront pendant l’année, ce qui est un moyen efficace pour les aider à réviser différemment : comme on croise beaucoup de ces auteurs au collège, on peut faire d’une pierre deux coups ! On peut bien sur trouver de nombreuses situations ou les élèves ont des choix à faire, par exemple celui du support, et ou la procédure permet de valoriser leurs compétences. Dans cette perspective, j’ai par exemple demandé à des latinistes de Tle de concevoir un outil ludique et pédagogique pour expliquer aux latinistes de 5 e le parcours d’un citoyen dans les thermes. Ils avaient carte blanche sur le moyen de le faire et sur la période envisagée. Certains sont revenus avec des jeux, d’autres des vidéos, d’autres encore un Prezi : tous se sont beaucoup investis. Ils se sont par ailleurs révélés plus intéressés par les retours de leurs camarades de 5 e (qu’ils ne connaissaient pas) que par la note. Surprise ! Autre moyen d’exploiter les émotions des élèves pour les apprentissages : la surprise. La surprise permet de mobiliser l’attention, mais aussi, si elle est bien gérée, de la maintenir. En effet, la surprise va rester dans les mémoires, et si l’expérience est positive, elle sera liée à un objet d’apprentissage qui n’était pas forcément très motivant pour certains élèves. Un exemple, vécu en collège mais facilement déclinable en lycée : lassée des erreurs sur les accords du participe passé, j’ai écrit au tableau « J’ai acheté des clémentines au marché : j’en ai mangé… sur le chemin ». Un élève devait compléter, puis argumenter, et aller dans un coin de la pièce : ceux qui étaient d’accord devaient le suivre. On reproduisait le scénario à chaque nouvelle proposition. Certains étaient un peu dubitatifs au début, puis ils se sont pris au jeu, sachant que ceux qui suivaient devaient aussi être capables de justifier leur choix. La séance suivante a été consacrée à une reformulation des cas découverts et a des exercices : tous se souvenaient de la séance de débat en mouvement. On peut décliner ce principe en demandant aux élèves qui font une proposition de se lever si on manque de places dans la classe : ça fonctionne aussi très bien. On l’aura compris, quand on nous parle de réintégrer les émotions à l’école, il s’agit de prendre davantage en compte le rôle de celles-ci pour les apprentissages, et de générer du désir d’apprendre. Plus on vit d’expériences positives en lien avec un type d’objets d’apprentissage, plus on aura envie d’apprendre de choses dans ce domaine. Et les facteurs qui favorisent ce type d’expériences sont essentiellement le besoin d’autonomie et le besoin de compétence. BIBLIOGRAPHIE Antonio Damasio, L’Erreur de Descartes , éd. Odile Jacob, 1995. Alain Lieury et Fabien Fenouillet, Motivation et réussite scolaire , éd. Dunod, 2006. L’essentiel Cerveau et Psycho n°11 , « Donner envie d’apprendre », août-octobre 2012. Consultez d'autres articles sur les neurosciences Apprendre en résistant Le silence est d’or : apprendre… par défaut ! Être attentif… ça s’apprend Des mémoires pour mieux apprendre L’éclairage des neurosciences en grammaire

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Les neurosciences : les émotions au service des apprentissages

Par Violaine Carry Depuis une dizaine d’années, l’éducation positive connaît un certain succès : il est de bon ton « d’accueillir » les émotions de l’élève, de le « ménager », afin de permettre à tous les étudiants de « s’épanouir ». Seulement, ces injonctions autant sociales qu’institutionnelles mènent à de nombreux malentendus. Certains enseignants éprouvent des réticences vis-à-vis de pédagogies qui, pensent-ils, enjoignent d’« aimer » et de (sur)protéger les élèves au lieu de les instruire. L’influence de Descartes… et l’éclairage de Damasio Il faut dire qu’en tant que Français, notre méfiance des émotions vient de loin : Descartes, en faisant du cœur l’ennemi de l’esprit, nous a conduits à rejeter toute manifestation émotionnelle à l’école, lieu de la raison par excellence. Nous entendions sans doute alors dispenser un enseignement pur, non biaisé par le jugement des tripes, pour former ainsi des « têtes bien faites ». C’est de l’autre côté de l’Atlantique, il y a quelques dizaines d’années, qu’Antonio Damasio, neurologue, décide de s’intéresser aux émotions et à leur rôle dans la prise de décision. Avec son équipe, il soumet un panel de patients, dont certains sont cérébrolésés et d’autres non, à un test : chacun a 2 000 dollars et peut augmenter ou diminuer son pactole en retournant les cartes des quatre paquets devant lui, A, B, C et D. Les règles ne sont pas données, mais elles existent. Seul l’expérimentateur, par moment, interrompt le patient pour lui attribuer une somme ou au contraire lui demander de payer « la banque ». Damasio observe que les patients « non malades » « apprennent » inconsciemment qu’il vaut mieux piocher dans les paquets C et D et s’y tiennent ; les autres, atteints de lésions cérébrales, s’obstinent dans une stratégie risquée et inefficace : ils paraissent ne pas prendre en compte les récompenses que constituent les gains et les punitions que sont les pertes d’argent. Compte tenu des lésions de ces patients, Damasio postule que le souvenir de la teinte émotionnelle d’un événement permet de prendre des décisions plus pertinentes quand on se retrouve confronté à des situations similaires. En clair, les émotions aident à raisonner, même si on n’en a pas conscience. Émotions et raisonnement : décryptage actuel Aujourd’hui, la communauté scientifique est plus ouverte à ce type d’hypothèse, et les dernières études du cerveau mettent en avant le rôle fondamental de l’aire tegmentale ventrale, une toute petite zone du cerveau qui attribue à une expérience une valence émotionnelle, positive ou négative. Lors de la confrontation avec un événement semblable, l’aire tegmentale ventrale, activée par l’empreinte de l’événement antérieur, va – ou non ! – décharger de la dopamine dans le cortex préfrontal, centre de la prise de décision, qui permettra à l’individu de s’impliquer dans la tâche. À défaut, ce dernier éprouvera de la réticence, voire de la répulsion, et dans tous les cas tendra à fuir ce genre de situations. Notons que ce phénomène agit bien souvent à notre insu… et explique aussi en grande partie le phénomène de « l’intuition » (et surtout de la « bonne » intuition), qui est en fait une compilation inconsciente de l’expérience croisée avec la valence émotionnelle de chacune d’entre elles. On comprend bien l’intérêt de ce circuit dans le cas où on est dans une situation de survie. Mais qu’en faire à l’école ? Et surtout au lycée ? En effet, nous venons de décrire grossièrement le fonctionnement de la motivation. Mais on peut difficilement accepter d’accueillir les émotions des élèves si celles-ci deviennent un prétexte pour ne pas faire une dissertation ou travailler sur Molière, parce qu’ils auraient eu une mauvaise note ou une mauvaise expérience antérieure… La question de la note : carotte et bâton à la fois ! Justement, la question de mauvaises notes antérieures est une des « explications » qui tendent à nous laisser démunis tout en nous culpabilisant en tant que membres d’une institution dite stigmatisante. La note joue en fait le même rôle que la somme d’argent gagnée ou perdue par les patients de Damasio : c’est une récompense extérieure, c’est-à-dire qu’elle n’est pas liée directement au plaisir ou au déplaisir que procure la tâche. Normalement, l’objectif de la note est de donner à l’élève et au professeur un retour d’information sur le succès de son action pour réajuster ses stratégies ou ses pratiques. Elle est un reflet, non pas du travail de l’élève, mais de l’efficacité de son travail. Et c’est là que réside un malentendu : beaucoup d’élèves s’imaginent que la note est un reflet de leur travail (souvent quantifié en terme de temps…) et finissent par ne plus comprendre la corrélation quand ils ont une bonne note alors qu’ils ont peu révisé (mais ils avaient compris le cours) et une mauvaise alors qu’ils avaient beaucoup révisé. Les repères sont alors brouillés, car beaucoup d’élèves travaillent pour obtenir une bonne note et ainsi être fiers d’eux-mêmes ou rendre fiers leurs proches. Le problème est le suivant : comment redonner à la note sa place, afin qu’elle ne soit plus une récompense qui paraisse « aléatoire » à certains, mais qu’elle retrouve son rôle de feedback ? Pour cela, une méthode efficace est sans doute d’avoir recours d’une part à la notation par des pairs (sur de petits exercices), d’autre part à l’autoévaluation. L’objectif sera, paradoxalement, d’ôter tout l’affect présupposé afin de rattacher la note exclusivement à la pertinence de la production de l’élève, avec des pistes de remédiation. En français, on peut utiliser la préparation à l’oral du Bac. On fait appel aux autres élèves pour évaluer l’explication orale ; c’est d’autant plus facile si on donne un objectif (aisance à l’oral, clarté et pertinence des commentaires, utilisation du vocabulaire spécifique, etc.). Après la prestation, pour évacuer la frustration liée au décalage entre le temps de travail et le résultat obtenu, on demande d’abord une autoévaluation. Là, on voit clairement ceux qui ont tendance à se dévaluer : il est plus facile de les détromper. Ensuite, quand on fait parler les camarades, on insiste sur le fait que c’est uniquement la performance qui est prise en compte. On décide ensuite d’une note indicative pour assurer un feedback . On peut enfin leur proposer un autre rendez-vous dans l’année, avec des objectifs d’amélioration. Cette méthode permet de dissocier la note de tout affect, de différencier la performance du travail qui a été fourni, de laisser les élèves s’exprimer sur leurs difficultés. L’objectif est avant tout de changer de regard sur la note. L’intérêt des théories de la motivation Notons que la recherche nous indique que nos encouragements auront un impact positif : les commentaires négatifs ou l’indifférence, au bout du compte, amènent au découragement. Les élèves, quel que soit leur âge, ont donc besoin qu’on les voie et surtout qu’on voie leurs atouts, même si on signale leurs défaillances.  Si on en croit Deci et Ryan, repris par Lieury et Fenouillet, la motivation intrinsèque pour les apprentissages (donc pour les apprentissages eux-mêmes, et non une récompense) serait dépendante du niveau d’autonomie, c’est-à-dire de liberté laissée dans ces apprentissages, et du niveau de compétence perçue, que Bandura, un autre chercheur dans le domaine, appelle « sentiment d’efficacité personnelle (SEP) ». Cette dernière donnée est très en accord avec une recherche récente qui indique qu’on est disposé à admettre 20% d’erreur pour progresser (en tant qu’individu), mais difficilement au-delà ! L’erreur est bonne, donc, mais à petite dose. Sinon, elle impacte trop le SEP, quels que soient les commentaires positifs qui l’accompagnent… Quelques pistes pour réinjecter de la motivation Comme le SEP est différent pour chaque individu, il est difficile, avec des classes de 30 et plus, de différencier. Plusieurs stratégies s’offrent néanmoins à nous, comme le travail en groupe, et plus particulièrement par projet. Dès que les élèves commencent à se connaître, on peut leur demander de se regrouper et compter sur leur intelligence pour former des équipes équilibrées. Cette liberté, comme celle de résoudre le problème qui leur sera imposé, intègre la dimension « autonomie » de Deci et Ryan. Pour les enseignants de Lettres, le « projet » peut être simplement de créer une fiche « synthèse » pour leurs camarades sur un contexte littéraire, un courant, un auteur, une œuvre. Il peut être aussi de rédiger la meilleure dissertation possible, autour de notions et de thèmes qu’ils auront eu à travailler chacun en amont. On leur laisse choisir librement leur méthode de préparation : seuls, en binômes ou en groupe ; debout ou assis ; avec des paperboard et marqueurs au mur, des feuilles A3, ou une simple feuille à carreaux. Cette liberté satisfait la dimension d’autonomie décrite par Deci et Ryan et on peut ensuite revenir avec les élèves sur l’efficacité de leurs méthodes de travail. Une autre piste est de faire créer un outil pédagogique pour les plus jeunes. Le principe est de trouver un point commun entre une entrée du programme de lycée et de celui du collège. On fait alors de nos élèves des experts, qui sont valorisés par leur position, mais qui devront s’emparer du sujet car ils se retrouvent responsables du contenu à transmettre. Ce statut renforce implicitement leur SEP car l’enseignant leur confie littéralement des élèves et leur fait confiance pour réussir l’exercice de transmission. Il s’agit dans ce cas pour l’enseignant de prévoir des étapes intermédiaires et de vérifier, non la pertinence du contenu, mais sa justesse : les lycéens se chargeront du reste ! Par exemple, pour travailler l’oral et plus particulièrement la lecture d’une poésie en vers, on peut demander à des élèves de 2 de de créer un tutoriel sur la gestion des « e » muets, sur le respect du mètre, la prononciation des enjambements, etc. On peut décliner le principe en faisant créer à des élèves de 1 re une chaîne YouTube sur des auteurs qu’ils rencontreront pendant l’année, ce qui est un moyen efficace pour les aider à réviser différemment : comme on croise beaucoup de ces auteurs au collège, on peut faire d’une pierre deux coups ! On peut bien sur trouver de nombreuses situations ou les élèves ont des choix à faire, par exemple celui du support, et ou la procédure permet de valoriser leurs compétences. Dans cette perspective, j’ai par exemple demandé à des latinistes de Tle de concevoir un outil ludique et pédagogique pour expliquer aux latinistes de 5 e le parcours d’un citoyen dans les thermes. Ils avaient carte blanche sur le moyen de le faire et sur la période envisagée. Certains sont revenus avec des jeux, d’autres des vidéos, d’autres encore un Prezi : tous se sont beaucoup investis. Ils se sont par ailleurs révélés plus intéressés par les retours de leurs camarades de 5 e (qu’ils ne connaissaient pas) que par la note. Surprise ! Autre moyen d’exploiter les émotions des élèves pour les apprentissages : la surprise. La surprise permet de mobiliser l’attention, mais aussi, si elle est bien gérée, de la maintenir. En effet, la surprise va rester dans les mémoires, et si l’expérience est positive, elle sera liée à un objet d’apprentissage qui n’était pas forcément très motivant pour certains élèves. Un exemple, vécu en collège mais facilement déclinable en lycée : lassée des erreurs sur les accords du participe passé, j’ai écrit au tableau « J’ai acheté des clémentines au marché : j’en ai mangé… sur le chemin ». Un élève devait compléter, puis argumenter, et aller dans un coin de la pièce : ceux qui étaient d’accord devaient le suivre. On reproduisait le scénario à chaque nouvelle proposition. Certains étaient un peu dubitatifs au début, puis ils se sont pris au jeu, sachant que ceux qui suivaient devaient aussi être capables de justifier leur choix. La séance suivante a été consacrée à une reformulation des cas découverts et a des exercices : tous se souvenaient de la séance de débat en mouvement. On peut décliner ce principe en demandant aux élèves qui font une proposition de se lever si on manque de places dans la classe : ça fonctionne aussi très bien. On l’aura compris, quand on nous parle de réintégrer les émotions à l’école, il s’agit de prendre davantage en compte le rôle de celles-ci pour les apprentissages, et de générer du désir d’apprendre. Plus on vit d’expériences positives en lien avec un type d’objets d’apprentissage, plus on aura envie d’apprendre de choses dans ce domaine. Et les facteurs qui favorisent ce type d’expériences sont essentiellement le besoin d’autonomie et le besoin de compétence. BIBLIOGRAPHIE Antonio Damasio, L’Erreur de Descartes , éd. Odile Jacob, 1995. Alain Lieury et Fabien Fenouillet, Motivation et réussite scolaire , éd. Dunod, 2006. L’essentiel Cerveau et Psycho n°11 , « Donner envie d’apprendre », août-octobre 2012. Consultez d'autres articles sur les neurosciences Apprendre en résistant Le silence est d’or : apprendre… par défaut ! Être attentif… ça s’apprend Des mémoires pour mieux apprendre L’éclairage des neurosciences en grammaire

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Rencontre avec les enseignants-auteurs en histoire - Équipe de la collection Guillaume Le Quintrec

Rencontre avec les enseignants-auteurs en histoire - Équipe de la collection Guillaume Le Quintrec

« L’histoire-géo peut donner aux élèves des outils pour comprendre nos sociétés actuelles. » Laurène Jacob , 28 ans, Lycée Frédéric Mistral à Fresnes (94) Auteur chez Nathan depuis quand ?  Juin 2018 Pourquoi avez-vous eu envie d’être auteur ? Pour diversifier mes activités, travailler dans un autre cadre et aborder le métier d'enseignant sous un autre angle. Qu’est-ce qui vous plaît dans cette activité ? Le travail de recherche à fournir, qui permet de se replonger dans les documents et les sources. Le plus difficile reste les délais à tenir. Qu’est-ce qui vous a surpris dans votre activité d’auteur de manuel ? Il est parfois difficile de concilier nos idées, un document par exemple, d'une certaine longueur ou d'une certaine taille, avec les exigences et contraintes d'un format manuel scolaire. Pourquoi avoir choisi le métier d’enseignant ?  L'histoire a toujours été une passion, déjà au collège. J'aime raconter l'histoire en mentionnant des anecdotes et en faisant des liens avec l'actualité pour susciter l'intérêt des élèves et leur faire comprendre que la discipline peut leur donner des outils pour comprendre nos sociétés actuelles. Votre plus beau souvenir en rapport avec l’enseignement ? Des élèves qui sont venus me remercier après l'intervention de Frania Haverland, rescapée de de la Shoah, devant la classe. Tous avaient été très émus et absorbés par son récit. Une perle de vos élèves ? « Madame, comment vous savez tout ça ? » Maintenant que vous avez pris connaissance des projets de programme, quel sera votre objectif prioritaire pour la rédaction du futur manuel ? ​ Proposer aux élèves des documents qui les transportent et les fassent voyager dans l'époque et le lieu étudiés. « J’ai atteint mes objectifs quand des élèves me disent que j’ai réussi à leur faire aimer ma matière » Mathias Burgé , 30 ans, 9 ans d’enseignement, Lycée Rabelais de Meudon (92) Auteur chez Nathan depuis quand ? 2015 Pourquoi avez-vous eu envie d’être auteur ? J’ai voulu être auteur chez Nathan pour travailler avec Guillaume Le Quintrec, qui m’a formé en Histoire et à qui je dois mon envie d’enseigner, et plus généralement pour transmettre d’une autre manière mon goût pour l’Histoire et ma passion d’enseigner. Qu’est-ce qui vous plaît dans cette activité ? Ce qui me plait : travailler en équipe avec d’autres enseignants, approfondir mes connaissances sur les chapitres que je rédige, rechercher de nouveaux documents pour pouvoir présenter aux élèves des études originales, chercher à innover pédagogiquement. C’est comment, d’être enseignant ? Je suis heureux de me lever tous les matins pour aller faire cours et retrouver mes élèves. J’ai atteint mes objectifs quand des élèves me disent à la fin de l’année que j’ai réussi à leur faire aimer ma matière ou que c’est en suivant mes cours qu’ils ont eu envie de suivre des études d’histoire et parfois de devenir professeur d’histoire-géographie. Maintenant que vous avez pris connaissance des projets de programme, quel sera votre objectif prioritaire pour la rédaction du futur manuel ? Comme pour les précédents manuels, écrire des chapitres à la fois solides au niveau des connaissances, clairs au niveau de la méthode et compréhensibles par tous les élèves. « Je suis prêt à (quasiment) tout pour susciter l’intérêt des élèves » Léo Cayeux , 28 ans ; 2 e année d’enseignement, Lycée Louise Weiss à Achères (78) Auteur chez Nathan depuis quand ? Cet été. Pourquoi avez-vous eu envie d’être auteur ? Le manuel Nathan était celui que je préférais quand j’enseignais au collège, j’ai donc été heureux que Guillaume Le Quintrec  me propose de rejoindre son équipe. Je trouve que c’est une bonne manière de réfléchir sur la pédagogie, de manière plus posée et plus approfondie que quand on prépare une séquence au cours de l’année. Je participe aussi à la rédaction d’un manuel universitaire chez Nathan ; je trouvais ça intéressant de travailler en parallèle sur un manuel du secondaire, pour prolonger l’effort de vulgarisation et de synthèse. Qu’est-ce qui vous plaît dans cette activité ? Qu’est-ce qui est le plus difficile ? Ce qui me plaît le plus : - travailler avec l’équipe pour trouver la meilleure manière possible de transmettre l’histoire. Ce qui est le plus difficile : - produire une leçon complète et compréhensible par tous dans un format très réduit. Qu’est-ce qui vous a surpris dans votre activité d’auteur de manuel ? Est-ce que la réalité correspond à ce que vous aviez imaginé ? Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait un cahier des charges aussi précis (nombre de caractères, nombre de boîtes par double page, nombre de documents iconographiques à intégrer à chaque page…). L’enseignement, une vocation ? L’an dernier, une excellente élève (18 de moyenne partout), qui était apparemment fâchée avec l’histoire-géo depuis l’entrée au collège, m’a remercié pour l’année passée dans ma classe en me disant qu’elle aimait enfin cette matière ! J’ai choisi ce métier car je crois que la personnalité du professeur et son investissement sont déterminants pour motiver les élèves. Je suis prêt à (quasiment) tout pour susciter l’intérêt des élèves et les aider à apprendre et à réussir ! Maintenant que vous avez pris connaissance des projets de programme, quel sera votre objectif prioritaire pour la rédaction du futur manuel ? ​ Produire une leçon intéressante et accessible pour les élèves.  « J’ai la volonté d’éveiller la curiosité et l’intérêt des élèves pour le monde actuel. » Julie Noesser , 45 ans / 20 e année d’enseignement, Lycée d’Arsonval à Saint-Maur-des-Fossés Auteur chez Nathan depuis quand ? Contribution aux Annales de Bac pendant quelques années, nouvelle dans l’équipe du manuel. Qu’est-ce qui vous plaît dans cette activité ? Qu’est-ce qui est le plus difficile ? L’opportunité de passer du côté des « concepteurs d’exercices » en ayant l’expérience de l’enseignant. Parvenir à synthétiser et rendre accessibles des concepts parfois compliqués, trouver des documents originaux. Qu’est-ce qui vous a surpris dans votre activité d’auteur de manuel ? Est-ce que la réalité correspond à ce que vous aviez imaginé ? Bien plus chronophage que prévu ! Mais stimulant intellectuellement. Pourquoi avoir choisi le métier d’enseignant ? Pour le plaisir de transmettre, la passion pour l’Histoire, la volonté d’éveiller la curiosité et l’intérêt pour le monde actuel, le rapport avec les adolescents… « C’est par un retour aux documents, à la confrontation directe avec les sources d’historien, que nous pouvons passionner les élèves. » Laurent Pech , 33 ans ; 10 ans d’enseignement dans le secondaire. Collège Victor Hugo, Cachan (94) Auteur chez Nathan depuis quand ? Auteur chez Nathan depuis 2012 : parascolaire et scolaire. Pourquoi avez-vous eu envie d’être auteur ? J’ai voulu devenir auteur afin de découvrir le monde de l’édition, ses exigences différentes et complémentaires de l’enseignement dans le secondaire. Qu’est-ce qui vous plaît dans cette activité ? Qu’est-ce qui est le plus difficile ? Ce qui me plaît le plus est sans doute le fait de passer de l’autre côté de la fabrication d’un manuel scolaire, de réfléchir à la fabrication d’un support que nous utilisons au quotidien en tant qu’enseignant. Qu’est-ce qui vous a surpris dans votre activité d’auteur de manuel ? Ce qui m’a le plus surpris, c’est sans doute le rapport aux sources et aux documents qu’on utilise : faire attention aux droits pour obtenir un document… Ce sont des démarches que nous n’avons que très peu dans une logique d’enseignement. Maintenant que vous avez pris connaissance des projets de programme, quel sera votre objectif prioritaire pour la rédaction du futur manuel ? Mon objectif est de proposer des documents riches et attractifs pour les élèves. Je pense que c’est par un retour aux documents, à la confrontation directe avec les sources d’historien, que nous pouvons passionner les élèves. « L’idée de travailler collectivement à la construction d’un support pédagogique m’intéresse depuis longtemps. » Valentin Chémery , 32 ans dont 4 d’enseignement dans le secondaire. Lycée Guillaume Apollinaire (94) Auteur chez Nathan depuis quand ? C’est mon premier manuel. Pourquoi avez-vous eu envie d’être auteur ? L’idée de travailler collectivement à la construction d’un support pédagogique m’intéresse depuis longtemps. Je trouve que les manuels scolaires sont de beaux objets, et des supports pédagogiques de qualité. J’ai toujours eu envie de participer à la création d’un livre comme celui que nous sommes en train d’écrire. Qu’est-ce qui vous plaît dans cette activité ? Qu’est-ce qui est le plus difficile ? La recherche de documents originaux voire inédits, l’exigence de synthèse, de lisibilité, de clarté, d’accessibilité mais aussi de qualité scientifique sont autant de sources de motivations que de défis. Qu’est-ce qui vous a surpris dans votre activité d’auteur de manuel ? Est-ce que la réalité correspond à ce que vous aviez imaginé ? J’ai beaucoup apprécié de pouvoir échanger avec les autres auteurs et les éditeurs aussi bien sur la forme que prendra le manuel que sur les questions de fond posées par les programmes. Maintenant que vous avez pris connaissance des projets de programme, quel sera votre objectif prioritaire pour la rédaction du futur manuel ? Proposer des documents riches et originaux, et pouvoir les faire découvrir aux élèves.   ​« Rendre les acquis de la recherche universitaire accessibles à des élèves de lycée. » Défendin Détard , 34 ans (11 ans d’enseignement), Lycée Évariste Galois Auteur chez Nathan depuis quand ? Depuis 2017. Pourquoi avez-vous eu envie d’être auteur ? Pour rencontrer des passionnés de pédagogie et débattre de la meilleure manière de transmettre le goût de l’histoire. Qu’est-ce qui vous plaît dans cette activité ? Qu’est-ce qui est le plus difficile ? J’aime échanger avec des collègues d’horizons différents à propos des questions de pédagogie, de transmission du savoir, du rôle de tel ou tel document pour donner à accès à telle notion par exemple. Le plus difficile est de devoir faire preuve d’un esprit de concision et de synthèse au moment de rédiger les cours du manuel ; c'est un vrai exercice intellectuel. Qu’est-ce qui vous a surpris dans votre activité d’auteur de manuel ? Est-ce que la réalité correspond à ce que vous aviez imaginé ? Je n’imaginais pas que l’activité d’auteur nécessitât autant de travail de relectures à chaque étape du projet. Une anecdote à partager ? Après un travail en classe avec mes élèves sur le groupe des résistants des FTP-MOI, nous nous sommes rendus au mont Valérien pour visiter ce haut lieu d’histoire et de mémoire de la Résistance. Mes élèves étaient émus de voir les lieux où furent emprisonnés puis fusillés les membres du groupe de Missak Manouchian. Arrivé devant le lieu où ils furent fusillés, un élève décide de son propre chef de lire la lettre de Missak Manouchain à sa femme. À l’issue de cette lecture, tous les élèves ont choisi de se recueillir en silence sans que je leur demande. Ils m’ont ce jour-là à la fois surpris et ému. Maintenant que vous avez pris connaissance des projets de programme, quel sera votre objectif prioritaire pour la rédaction du futur manuel ? Mon principal objectif sera de proposer des documents inédits et des éclairages utiles pour les élèves ; rendre les acquis de la recherche universitaire accessible à des élèves de lycée.   « C’est un peu le métier qui m’a choisie. J’ai essayé, j’ai aimé et je suis restée. » Juliette Hanrot , 44 ans, 21 années d’enseignement, Lycée Camille Sée Paris 15 e J’enseigne en 5 e , 3 e , 2 de , terminale, le tout en section internationale britannique : tous les cours sont en anglais pour des élèves qui arrivent déjà bilingues à l’entrée en 6 e . Auteur chez Nathan depuis quand ? Depuis le manuel de première sorti en 2011 Pourquoi avez-vous eu envie d’être auteur ? Je trouve que le défi de faire un manuel rigoureux scientifiquement, accessible aux élèves et pratique et utilisable par à la fois les professeurs et les élèves est un défi passionnant et toujours renouvelé. J’avais envie de faire quelque chose de nouveau aussi. De réfléchir entre adultes et avec des gens d’un autre milieu professionnel (les éditrices). Je dis entre adultes car finalement en tant que prof on réfléchit seul ou avec les élèves, et parfois cela me manque... J’avais besoin de plus d’exigence intellectuelle et de quelque chose qui me force à refaire de l’histoire. Enfin, j’avais envie de travailler en équipe, parce qu’on est très seul quand on fait ses cours dans son établissement. On partage avec ses collègues, mais il est rare qu’on produise un travail commun. Qu’est-ce qui vous plaît dans cette activité ? Qu’est-ce qui est le plus difficile ? L’équipe d’auteurs Nathan, ce sont plein de profs passionnés qui consacrent un temps fou à ces manuels tout en étant très investis dans leur enseignement. Nos réunions sont toujours passionnantes, et on s’amuse bien aussi, même si parfois les débats sont houleux ! C’est très intéressant de discuter des choix des documents ensemble, de réfléchir à comment le questionner. Le plus difficile, c’est de tenir les délais. Bien que je n’ai encore jamais rien rendu en retard… Concilier le métier de prof, toutes les activités dans lesquelles on est investis dans notre établissement et être auteur, ça fait beaucoup. Sans compter les 3 enfants, le chat et le chien ! Qu’est-ce qui vous a surpris dans votre activité d’auteur de manuel ? Est-ce que la réalité correspond à ce que vous aviez imaginé ? Ce qui m’a surpris, c’est le plaisir mais aussi la difficulté à s’adapter aux contraintes éditoriales. Parfois on est très content d’un document mais il n’est pas au bon format, ou bien on ne peut pas avoir les droits de reproduction… Il faut respecter un nombre de signes très précis, c’est comme faire un poème en alexandrins ! On est très libre mais avec des contraintes très fortes. Ce qui m’a surpris aussi, c’est la rigueur intellectuelle et l’efficacité de l’équipe chez Nathan ainsi que celle de Guillaume Le Quintrec. Bien sûr, je m’attendais à cette rigueur, mais j’ai découvert que c’est incroyablement stimulant intellectuellement.  Et aussi, l’extrême gentillesse et bienveillance des éditrices et de Guillaume. Même quand quelque chose n’est pas bon, c’est toujours dit avec beaucoup de gentillesse et le positif est toujours mis en valeur.  J’ai aussi été surprise de l’accueil positif fait aux propositions et nouveautés, comme par exemple les pages travailler autrement, j’étais heureuse que Nathan veuille bien se lancer avec moi là-dedans. Pourquoi le métier d’enseignant ? C’est un peu le métier qui m’a choisie. J’ai essayé, j’ai aimé et je suis restée. Sinon je dirais qu’enseigner en anglais, dans une section où on me demande d’avoir une approche anglo-saxonne, m’a forcée à aller voir ce qui se passait de l’autre côté de la Manche et de l’Atlantique. Cela m’a énormément apporté en tant que prof et auteur. J’essaye d’utiliser cela quand j’écris pour Nathan. Maintenant que vous avez pris connaissance des projets de programme, quel sera votre objectif prioritaire pour la rédaction du futur manuel ? Joindre l’utile à l’agréable. Faire accessible et exigeant à la fois ; sérieux, et ludique aussi un peu.

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