Résultat de recherche pour "folie"

Filtrer
Vous avez vu 1 résultats sur 1
Filtrer
Voir l'article

1

Ressources
complémentaires

La Folie dans les nouvelles fantastiques - Maupassant

Téléchargez gratuitement le livret pédagogique pour accompagner vos élèves dans l’étude de ces nouvelles saisissantes.

Voir l'article
Joker: Folie à Deux - A Dance with Madness
Logo de la revue d'appartenance Speakeasy

Sélection culturelle

Joker: Folie à Deux - A Dance with Madness

Joker: Folie à Deux, the sequel to the 2019 Oscar-winning film, was released in theaters October 2, 2024. Set outside the mainstream DC Universe, Todd Phillips'  Joker: Folie à Deux  continued the story of Joaquin Phoenix's Arthur Fleck, a troubled failed comedian who is loosely based on DC Comics' Clown Prince of Crime. https://youtu.be/zAGVQLHvwOY?si=ja9bfArq-eQ4Au7z A Transformed Arthur Fleck Two years after the events of the first film, we find Arthur Fleck, played by Joaquin Phoenix, committed to Arkham Psychiatric Hospital. The character, who had descended into murderous madness, now appears as a shadow of his former self, often mute and slow under the effect of heavy medication. https://youtu.be/_OKAwz2MsJs?si=-KtRiyk6wt5n3yUD The Arrival of Harley Quinn The arrival of Harleen "Lee" Quinzel, portrayed by Lady Gaga, brings a new dimension to the story. This encounter between two tormented souls within the psychiatric facility explores themes of shared madness and toxic love. Lady Gaga offers a rawer version of Harley Quinn, departing from previous representations of the character. A Daring Musical Comedy Director Todd Phillips takes a creative risk by transforming this new opus into a musical comedy. This shift in tone contrasts with the dark and violent atmosphere of the first film. The musical sequences, sometimes baroque, serve to illustrate the mental state of the protagonists. Lady Gaga, with her musical experience, adds a vocal dimension to the film. The narrative structure of  Folie à Deux  also differs from its predecessor. A large part of the film takes place in the courthouse, where the Joker's trial is filmed like a reality show. This approach allows the director to question the voyeurism and sensationalism of contemporary society. Visually, the film alternates between gloomy scenes in the asylum and flamboyant musical moments, creating an eclectic style that blends reality and illusions. Unlike the first film, which was criticized for its violence,  Folie à Deux  has almost entirely removed on-screen violence, with the exception of an animated opening scene. A Striking Performance Joaquin Phoenix delivers another intense performance, adapted to this new version of the character. The duo he forms with Lady Gaga is a highlight of the film. Joker: Folie à Deux is shaping up to be a divisive film, both in its stylistic approach and its themes. It pushes further the deconstruction of superhero film codes while offering a reflection on contemporary society. With an estimated budget of $150 million, nearly three times that of the first film, Joker: Folie à Deux is already generating diverse reactions among viewers and critics. One thing is certain: this film will leave no one indifferent. In 2019, Joker won a total of 122 awards and was nominated 361 times in various categories. Among its most notable distinctions: Golden Lion at the 2019 Venice Film Festival. Two Oscars at the 92nd Academy Awards, Best Actor for Joaquin Phoenix and Best Original Score for Hildur Guðnadóttir. The film also received other prestigious awards, such as the Golden Globe for Best Actor for Joaquin Phoenix, as well as several accolades at the Critics' Choice Movie Awards and the Screen Actors Guild Awards.

Voir l'article

Le Horla et autres nouvelles - Guy de Maupassant

Téléchargez  gratuitement le livret pédagogique du livre Le Horla et autres nouvelles pour accompagner vos élèves dans l’étude de ces récits marquants.

Voir l'article

1

Ressources
complémentaires

Adieu - Honoré de Balzac

Téléchargez  gratuitement le livret pédagogique de Adieu de Balzac pour accompagner vos élèves dans l’étude de cette nouvelle émouvante.

Voir l'article
François Alu, transmettre et partager
Logo de la revue d'appartenance NRP

François Alu, transmettre et partager

Sur la scène de l’Opéra de Paris, au sein des Joyaux du Ballet ou de la compagnie 3 e étage, à travers ses propres créations, François Alu a l’art de raconter des histoires dansées et de captiver l’audience. C’est dans un mélange de générosité, de réflexions, de folie et de rigueur qu’il évolue dans son métier, s’inspirant aussi de son quotidien, des super-héros et de ses souvenirs d’enfance. Qu’est-ce qui pour vous est essentiel pour comprendre une œuvre chorégraphique ? L’essence de la danse, surtout en danse classique, c’est le mouvement, ce que l’on dégage, l’énergie qui va émaner de notre corps, c’est ça qui va être pertinent. Donc, la ou je mettrais vraiment l’accent, et c’est ce que je transmets aux plus jeunes quand je dois les aider, c’est le haut du corps, avec une rigueur très solide en bas. On regarde beaucoup le visage, les bras, les mains, cela exprime énormément de choses. On a une position de base ou il faut baisser le majeur et rentrer le pouce, mais parfois il faut savoir délier sa main complètement, ou avoir sa main crochue, ou entre les deux. Ce sont des détails qui pour moi sont importants et qui vont donner la teinte a un personnage ou a ce que l’on incarne, un cygne, un guerrier, un héros. Comment expliquez-vous le mouvement ? Ce que l’on explique partiellement dans Les Joyaux du Ballet , c’est que l’on passe d’une position A à une position B, et entre les deux il y a comme des vibrations qui donnent de la saveur, de la texture. C’est l’entre-deux des mouvements. En hip-hop par exemple, on est obligé de passer par cet entre-deux, et il y a beaucoup de façon de passer d’un mouvement A à un mouvement B, c’est très riche. On doit générer une onde, pas une position. Sinon autant aller voir une exposition de photos. Comment cela se traduit-il quand vous interprétez un rôle ? Comment construisez-vous vos personnages ? Quand je travaille un personnage, j’écoute d’abord beaucoup la musique, j’ai des images qui viennent de la musique, puis je réfléchis à l’état de mon personnage. Lors d’un concours 1 , j’ai présenté un solo du Fantôme de l’Opéra , le moment où le Fantôme arrive. Il n’y a personne, et à la fin, il entend un bruit et veut se cacher, car si quelqu’un le voit, c’est le drame... Il a ce côté furtif et très sombre, c’est comme s’il apparaissait de nulle part, sentait une présence, s’énervait, paniquait en se disant « je sens que l’on me veut du mal ». En fait, j’essaie de mettre en mouvement les pensées qui me traversent. Je réfléchis au personnage, je me demande ce qu’il fait, j’imagine ce qu’il ressent, ensuite j’essaie de le mettre en place. Et pour les rôles où il n’y a pas de narration ? Ce sont des humeurs : quand on écoute de la musique, on a des émotions qui viennent. J’essaie juste de retranscrire ce que la musique raconte. J’ai l’impression d’être un peu un passeur. La musique, c’est pour moi quelque chose de sacré, et je suis l’espèce de tube qui vient transmettre ça, qui vient donner dans un nouveau langage ce que la musique dit. Vous avez eu aussi l’occasion de danser dans des pièces où le texte remplaçait la musique, comment donnez-vous vie au mouvement dans ce cas ? Sur des textes, c’est bien d’avoir une première écoute pour savoir de quoi il s’agit, comprendre ce que cela veut dire, l’état dans lequel je dois être, la partie psychologique. Mais quand je suis en scène, même quand ce sont des textes, j’entends une musique. Dans Body and Soul 2 ou le texte n’avait pour moi pas vraiment de sens, j’entendais un rythme. L’énergie qui va être transmise dans la voix d’une personne en dit long. L’intonation, la façon dont la personne va prononcer le texte va être plus important que ce qui est dit. La nappe de son plus la vibration de la voix créent un climat et va impacter toute la gestuelle. Après, dans certaines pièces comme Me2 3 , le personnage mime dans certains passages exactement ce que le narrateur dit. Il faut aussi avoir un chorégraphe pertinent qui retranscrit visuellement ce que dit le texte, chaque mot doit être illustré subtilement. Et en tant que chorégraphe, comment abordez-vous ces problématiques ? Déjà, il faut réfléchir, au sens et ne pas se dire juste « je vais faire un piqué, un coupé jeté, une glissade et un saut de chat », mais se demander « qu’est-ce que mon personnage raconte, quelle est sa psychologie, qu’est-ce que l’on veut transmettre au spectateur ? ». Avec mon frère [Thibaut Alu, danseur de hip-hop, ndlr], on travaille pendant ce confinement sur une pièce sur l’éducation. On est partis de l’image que nous avions du professeur, quelqu’un de très strict, de très rigide et face à lui un élève est très créatif, très actif ce qui va le rendre fou. Il va donc falloir travailler par le physique, avec le corps, sur la rigidité mentale. Il lui dit d’aller au tableau, l’élève ne veut pas, il n’arrive pas à résoudre son problème, il joue avec la craie et au bout d’un moment, ça c’est le côté absurde que l’on aime bien avec mon frère, le professeur n’en peut tellement plus, il a poussé sa colère a son paroxysme, il éclate de rire, devient fou et se met à jouer avec l’élève. Puis ils se retrouvent tous les deux au tableau, leur zone de conflit, et là l’élève prend la craie et de façon très carrée résout le problème. Pour la colère et la folie, on va trouver une succession de mouvements très secs, mais comme je le disais, une suite de mouvements, ce n’est pas très intéressant. Il faudra peut-être mettre des petits pop-up sur des gestes figés, ce qui va les faire exploser. Puis le professeur va se détendre, et on va arrondir le mouvement. Je pars toujours de ce qui existe pour ensuite les remodeler et leur donner une nouvelle nature. Quand on crie sur quelqu’un, on lève la main et cela peut constituer un premier mouvement ; si on l’articule, on peut ajouter la tête, et puis souvent on s’avance vers la personne. Pour rajouter une troisième dimension, on peut sortir le coude et la tète va aller en arrière, et là d’un coup on a un dessin qui commence à se créer avec de la vibration, de la vie, et c’est à partir de ça qu’une réaction est générée en face. Je pense que l’essentiel c’est de partir de quelque chose de cohérent qui a un sens. Pour vous, c’est important d’aller vers des thèmes plus actuels ? Aujourd’hui, les directeurs de théâtre ont la responsabilité de programmer des œuvres ou de faire venir des chorégraphes en leur faisant des vraies commandes « j’aimerai que tu me fasses une pièce sur comment les hommes et les femmes trouvent leur place aujourd’hui dans la société, avec ce nouvel équilibre qui est en train de se créer ». C’est notamment ce que fait Samuel Murez, avec des pièces qui ont du sens, sur la mort, le temps qui passe, la séduction, le couple, la place du danseur dans la société, etc. J’aime quand une œuvre a du sens, c’est pour ça qu’avec mon frère, on s’est lancé sur le thème de l’éducation. Pourquoi ce thème ? Je n’ai pas eu une relation très facile avec l’école. Ce qui manquait profondément et que j’aurais aimé, c’est la connexion avec le présent. Que l’on me dise, « ce que telle personne, tel artiste, a fait, écrit, pensé avant a des répercussions sur la société d’aujourd’hui ». J’aimerais que chaque individualité soit prise en compte, tout en gardant un cadre, une méthode et une discipline qui sont nécessaires. Chaque élève aurait un rôle : l’élève bavard pourrait être fédérateur, l’élève plus timide mais réfléchi chef de groupe, etc. Beaucoup de choses se jouent à l’école. Dans de bonnes conditions, cela peut permettre de développer un esprit de groupe et de cohésion, et ce qui s’inscrit dans la classe est reproduit ensuite à l’échelle de la société. Un professeur c’est essentiel. Si on revalorisait aussi les professeurs et qu’on leur donnait de meilleures conditions de travail, cela irait peut-être mieux. 1. Le concours de promotion interne de l’Opéra de Paris permet aux danseurs de monter de grade. F. Alu a présenté la variation du Fantôme de l’Opéra , lors du concours lui ayant permis d’accéder au grade de premier danseur. 2. Body and Soul est un ballet de Crystal Pite, créé à l’Opéra de Paris en novembre 2019. 3. Me2 est une piece de S. Murez sur un texte de Raymond Federman. - Retrouvez la variation Le Fantôme de l’Opéra , chorégraphie Roland Petit, sur la chaîne Youtube de François Alu . - Des extraits de ballets classiques, contemporains ou de ses chorégraphies sont également disponibles sur sa page Instagram .

Voir l'article
Molière sans frontières Grand Dictionnaire Molière - Culture
Logo de la revue d'appartenance NRP

Molière sans frontières Grand Dictionnaire Molière - Culture

sous la direction de Jean-Pierre Aubrit et Martial Poirson – Armand Colin, 65 € 2022 a été l’année Molière. Le quatre-centième anniversaire de la naissance du dramaturge a été salué par nombre d’ouvrages et de manifestations. Mais sur cet écrivain inépuisable il manquait encore une somme qui permette d’en aborder tous les aspects. C’est chose faite aujourd’hui grâce au Grand Dictionnaire Molière qui vient de paraître. Travail titanesque conduit sur plus de dix ans, réunissant une quarantaine de contributeurs sous la direction éclairée de Jean-Pierre Aubrit et Martial Poirson, il traite, en presque mille pages, toutes les questions que pose cette création véritablement fascinante. Aux entrées attendues sur les pièces, les personnages, et la vie de l’auteur, s’adjoignent des vues passionnantes sur les metteurs en scène, les acteurs, la lecture des pièces à travers le temps. Sans oublier les aspects historiques, esthétiques, politiques, philosophiques, sociologiques, le tout abordé avec une érudition claire et élégante, en tous points digne de l’idéal de l’honnête homme . Les deux directeurs de l’ouvrage répondent à nos questions. Quelle est l’originalité de ce Dictionnaire par rapport à l’immense production d’études critiques sur cet auteur ? Ce dictionnaire vise à la fois à proposer un inventaire raisonné des grands thèmes, sujets, personnages du théâtre de Molière, mais aussi à accorder une importance particulière à la fortune de son œuvre jusqu’à nos jours, à ses transpositions dans différentes formes d’expression, et surtout, à sa diffusion sans égale sur les cinq continents. Un Molière sans frontières dont l’influence s’exprime bien au-delà des scènes de théâtre et des salles de classe, en somme. Ce volume introduit le lecteur dans la presque totalité de l’univers culturel, politique et historique du XVII e siècle. Molière est-il l’écrivain le plus représentatif de son temps ? Il est en tout cas l’écrivain le plus divers de son temps, par sa capacité à embrasser l’ensemble des registres de langue, les tonalités les plus variées (de la farce la plus débridée à ce « rire dans l’âme » dont on a qualifié Le Misanthrope ), et surtout à s’adresser à un ensemble très vaste de spectateurs, qui le reçoivent à différents titres et selon différentes modalités. Sa plasticité est sans doute l’une des explications de la place qu’il a acquise dans notre société et dans notre culture. Molière, rappelez-vous dans l’Avant-propos, est l’écrivain français le plus lu, traduit, et joué dans le monde entier. Comment expliquer une telle audience universelle ? D’abord par l’incroyable diversité d’une œuvre qui parcourt tous les registres du comique et fait jaillir la source d’une pure joie théâtrale. Molière est également utilisé dans une partie du monde comme un auteur de combat, posant des questions que le théâtre aujourd’hui ne peut ou n’ose pas poser. Cet auteur français du XVII e siècle qui interroge des questions aussi brûlantes que le mariage sans consentement, l’emprise de la religion ou la place des femmes apparaît comme une source nonpareille de subversion. Cette variété dont vous parlez a-t-elle eu un héritage ? Et les questions actuelles de dramaturgie trouvent-elles des échos dans l’œuvre de Molière ? Entre reprise de l’héritage farcesque et invention de formes nouvelles comme la comédie-ballet, Molière a sans doute rêvé un théâtre total. Mais cela en a fait un génie tutélaire au prestige un peu paralysant, et ce sont plutôt les metteurs en scène qui ont honoré la richesse polyphonique de son héritage. Notre Dictionnaire leur accorde d’ailleurs une large place. Entre référence et irrévérence, Molière aiguise des gestes artistiques souvent contradictoires. Référence incontournable, il inspire et féconde tous les détournements, autorise toutes les actualisations, dans un rapport ludique aux traditions qui s’en réclament. L’œuvre et l’homme : vous semblez avoir tranché dans ce vieux débat, en récusant les lectures biographiques de l’œuvre de Molière. Nous avons surtout voulu prendre les légendes et mythes qu’il a inspirés post-mortem au pied de la lettre, en les constituant en véritable sujet pour l’historiographie théâtrale. À la suite des travaux de Roger Duchêne et Georges Forestier, nous avons porté une attention particulière aux idées fausses, croyances mal fondées colportées pendant des siècles, y compris par l’institution théâtrale ou scolaire – des raccourcis biographiques qui ont motivé des interprétations fallacieuses de son œuvre et contribué à considérablement rétrécir ses lectures. Quelle est la pièce de Molière dont vous conseilleriez la lecture à un élève de lycée encore non averti ? L’Avare , sans doute (si ce lycéen y a échappé au collège) : la pièce est à la fois drôle et féroce, et traversée par une forme de folie très peu moralisante. La liberté un peu lâche de sa construction a également quelque chose d’assez moderne. Propos recueillis par Daniel Bergez

Voir l'article
Crime et Châtiment de Dostoïevski, adapté par H. Iwashita - Pédagogie
Logo de la revue d'appartenance NRP

Crime et Châtiment de Dostoïevski, adapté par H. Iwashita - Pédagogie

Par Clément Hummel, professeur de Lettres modernes Séquence réalisée en partenariat avec les éditions Kurokawa Est-il raisonnable de donner à lire et à étudier à des élèves de lycée un texte aussi vaste et aussi complexe que Crime e t Châtiment de Fiodor Dostoïevski ? Si on omet la longueur du roman pour lui préférer une lecture par extraits, celle-ci pourra dérouter des élèves aux capacités de lecture très hétérogènes, pas tant pour son style en réalité plutôt accessible, qu’en ce qui concerne la puissance conceptuelle de l’œuvre : ce roman développe des propos philosophiques complexes qui méritent un accompagnement, et un temps d’étude. L’adaptation en manga rend les idées exprimées à travers le parcours et la philosophie de Rodion Raskolnikov accessibles à des adolescents dont le regard sur le monde prend de l’ampleur et se construit à partir d’expériences personnelles comme de la fréquentation des œuvres de fiction, qu’elles soient littéraires ou cinématographiques. Cette œuvre peut ainsi trouver sa place en 2 de , en lecture cursive en 1re dans le parcours « Personnages en marge, plaisirs du romanesque » et pourquoi pas également en HLP.   Lire Dostoïevski ? Pour contourner les principales difficultés de l’œuvre – sa longueur, l’exposition de doctrines philosophiques abstraites, l’arrière- plan historique et religieux – il serait tout à fait envisageable de proposer une version abrégée de l’oeuvre à destination d’un public scolaire, expurgée de passages descriptifs dont les enjeux littéraires et culturels – la Russie à la fin de l’époque des tsars – peuvent paraître éloignés de ceux de la France du XXI e siècle. Or, il n’existe pas, pour l’heure, d’édition abrégée de Crime et Châtiment . Plusieurs fois adapté au cinéma, notamment par Georges Lampin en 1956 avec Jean Gabin et Robert Hossein, l’histoire reste accessible de façon condensée sur d’autres supports. Néanmoins, l’étude d’un film mobilise d’autres compétences de lecture et d’analyse que celles que l’on peut chercher à développer chez des lycéens, d’autant plus que l’effet de séduction de l’œuvre risque d’être mineur. Alors, de la même manière que la lecture des Misérables en 4 e se conçoit difficilement sans le recours à la version abrégée, lire Crime et Châtiment au lycée peut-il s’envisager par le biais du manga ? Évitons le débat sur la légitimité de présenter en lecture cursive ou en œuvre intégrale une œuvre « librement inspirée », pour reprendre les mots de l’éditeur, du matériau d’origine, qui plus est quand celle-ci réduit le texte littéraire pour offrir un support visuel avec ses codes spécifiques, et posons la question dans l’autre sens : que peut apporter à des lycéens la lecture de l’adaptation en manga de Crime et Châtiment , réalisée par Hiromi Iwashita 1 ? Le manga comme nouvel avatar du mythe littéraire Plutôt que de considérer l’adaptation comme une réduction ou une trahison du roman de Dostoïevski, voyons celle-ci comme une nouvelle hypothèse de lecture. Dans une lettre envoyée à Mikhaïl Katkov, fondateur du Messager russe, datée du 25 septembre 1865, Dostoïevski décrit un projet de nouvelle, annonciateur des grands thèmes de Crime et Châtiment : déjà, les ambitions de Dostoïevski étaient de présenter une œuvre dans l’immédiateté de son époque. Bien que les errances philosophiques de Raskolnikov confèrent au roman la forme de l’apologue, l’action décrit essentiellement un monde urbain en pleine transformation architecturale, politique et sociale, dont le grand paradoxe est que pour se rendre à la prestigieuse université où ont lieu les enseignements et débats d’idées tirés des Lumières, les étudiants comme Raskolnikov habitent en périphérie de la ville, dans de minuscules chambres crasseuses et misérables, et vivent dans une grande solitude. Ces deux mondes sont partagés par une frontière elle-même paradoxale, la majestueuse mais dangereuse Neva : son omniprésence à Saint-Pétersbourg est l’occasion de nombreuses inondations, mais c’est en la contemplant symbole si romantique, que Raskolnikov échafaude sa philosophie. Dans le manga, Raskolnikov a deux scènes d’épiphanie quand il la traverse. Une première fois, après avoir caché les bijoux volés, la vue de la Neva apaisée lui inspire un profond sentiment de nostalgie : « Quand j’allais à l’université, je traversais ce pont tous les jours. Revoir la majestueuse Neva me fait quelque chose. J’ai souvent eu des idées révolutionnaires ou ai réfléchi à des questions philosophiques en contemplant ce paysage, mais j’ai fini par cesser de penser. » La seconde précède sa recherche d’expiation, faisant face au fleuve déchaîné sous la pluie : « Ce que je crains le plus c’est de connaître la honte. Je ne supporte pas de voir les inégalités de la société. Je ne peux plus faire semblant de ne rien voir. […] Je voulais qu’il soit plus fort que celui de quiconque ! Mon orgueil !! » Si le passage au support graphique éloigne le narrateur dostoïevskien, la focalisation se fait sur Raskolnikov qui devient narrateur-personnage et amène plus naturellement le lecteur à comprendre sa pensée, ses actes. On échappe de cette manière au risque d’une première lecture manichéenne du récit, dans laquelle le lecteur ne pourrait moralement se ranger du côté du personnage. Cette simplification permet au contraire de nuancer la lecture et on accompagne de cette manière Raskolnikov dans sa solitude, sa misère, ses égarements, sa folie et sa recherche de rédemption. En toile de fond se trouve représentée Saint-Pétersbourg dans un style semi-réaliste dont l’architecture et l’urbanisme sont assez fidèlement reproduits, parvenant à rendre sensibles l’extrême pauvreté de certains quartiers et la beauté architecturale de la ville, qui s’industrialise au début des années 1860. Cette précision du style graphique illustre le propos de Bakhtine à propos du roman, que l’on pourrait rapprocher d’un effet de réel chez Barthes : « Le seuil, l’entrée, le couloir, le palier, l’escalier, ses marches, les portes ouvertes sur l’escalier, les porches dans les cours puis, au-delà, la ville, les places, les rues, les façades, les cabarets, les bouges, les ponts, les fossés, voilà l’espace de ce roman. En fait, on n’y trouve jamais les intérieurs qui ont oublié le seuil (salons, salles à manger, salle de fête, cabinets de travail, chambres à coucher) et où se déroulent les événements et la vie biographique dans les romans de Tourgueniev, Tolstoï, Gontcharov, etc. Nous découvrons évidemment la même organisation de l’espace dans les autres romans de Dostoïevski 2 . » Pour Maria Gal, qui travaille sur la représentation du mythe urbain de Saint-Pétersbourg chez Dostoïevski, « Crime et Châtiment, publié en 1866, est considéré comme le plus pétersbourgeois des romans dostoïevskiens, à tel point qu’il est devenu l’un des emblèmes de la ville, et a été intégré à son patrimoine culturel. Aujourd’hui, le Saint-Pétersbourg de Crime et Châtiment est valorisé, et organisé en circuits touristiques de manière à répondre à la demande du touriste-lecteur venu parfois de loin pour parcourir les itinéraires de Raskolnikov. » La description de la ville oscille sans cesse entre écriture réaliste et fantastique : réalisme car Dostoïevski y peint à la fois la physionomie de la ville et celle de la population péterbourgeoise ; fantastique pour les nombreuses évocations oniriques qui parcourent le roman. Il y a donc une ville « vraisemblable, typographiquement exacte » et une autre avec laquelle elle coexiste en contradiction qui se présente comme une « entité vivante et néfaste » 3 . La richesse de la description de la ville permet au roman de ne pas se réduire à l’exposition de ses théories philosophiques. 1. L’orthographe des noms propres utilisée dans l’article reprend celle du manga. 2. Mikhaïl Bakhtine, La Poétique de Dostoïevski , chapitre 2, Paris, Le Seuil, 1970. 3. Maria Gal, « Le Saint-Pétersbourg de Dostoïevski : de la généralisation du mythe urbain à l’individualisation de l’espace vécu », Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement, 31 | 2016.

Vous avez vu 10 résultats sur 10

Aucun résultat pour cette recherche

Vous avez vu 1 résultats sur 1

La Maison Nathan

En savoir plus

Découvrez les temps forts de notre histoire, nos missions et métiers ainsi que nos dernières actualités.