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La Folie dans les nouvelles fantastiques - Maupassant

Téléchargez gratuitement le livret pédagogique pour accompagner vos élèves dans l’étude de ces nouvelles saisissantes.

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La Vénus d'Ille - Mérimée

Téléchargez gratuitement le livret pédagogique de La Vénus d'Ille de Mérimée pour accompagner vos élèves dans l’étude de cette œuvre troublante et fascinante.

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Les registres littéraires

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Fiche élève

Les registres littéraires

Une série de six fiches pour explorer les registres littéraires au collège.

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Le Horla et autres nouvelles - Guy de Maupassant

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La Dame de pique - Alexandre Pouchkine

Téléchargez gratuitement le livret pédagogique de La Dame de pique d' Alexandre Pouchkine pour accompagner vos élèves dans l’étude de cette œuvre intense et captivante.

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Quand le quotidien devient étrange...

Téléchargez gratuitement le livret pédagogique pour accompagner vos élèves dans l’étude de ces textes intrigants et surprenants.

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Le Chef-d'oeuvre inconnu - Honoré de Balzac

Téléchargez gratuitement le livret pédagogique pour accompagner vos élèves dans l’étude de cette œuvre captivante et intemporelle.

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Le Cas étrange du Dr Jekyll et de M. Hyde - R.L Stevenson

Téléchargez  gratuitement le livret pédagogique de Le Cas étrange du Dr Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson pour accompagner vos élèves dans l’étude de ce classique du fantastique.

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Figure de Monstres - Anthologie

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La morte amoureuse - Théophile Gautier

Téléchargez  gratuitement le livret pédagogique de La Morte amoureuse de Théophile Gautier pour accompagner vos élèves dans l’étude de cette œuvre captivante.

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Les frères corses - Alexandre Dumas

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Réorganiser le fonds de romans d’un CDI de collège - Lire au CDI
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Réorganiser le fonds de romans d’un CDI de collège - Lire au CDI

Par Catherine Rigout, professeure documentaliste membre de l’A.P.D.E.N. Pour le professeur documentaliste, comment rendre les œuvres visibles, afin de devenir, véritablement, un médiateur ? Comment inviter les élèves à se plonger dans un livre ? Une solution a été trouvée ici, inspirée par un livre : La Carte des 100 incontournables de ma littérature ado . Quelles lectures choisir ? Chaque année, je constate le poids des fictions dans les prêts des élèves et la part grandissante des BD et mangas dans ces prêts. J’observe aussi des élèves perdus, parfois effrayés, devant les rayonnages des romans, ne sachant quel titre choisir. La découverte de La Carte des 100 incontournables de la littérature ado réalisée par Tom et Nathan Lévêque en 2022 m’a aidée à envisager une réorganisation du fonds au service des élèves. J’ai alors retenu 9 catégories : romance , comédie , vraie vie , aventure/voyage , historique , policier/thriller , science-fiction/dystopie , fantastique/ fantasy , classiques . Deux semaines – avec l’aide d’une stagiaire – ont été nécessaires en fin d’année scolaire pour mener à bien cette réorganisation. Il nous a fallu vider les étagères, associer chacun des 2000 titres à sa catégorie, faire figurer cette catégorisation dans la base de données, remettre les titres en rayon, trouver une logique à la localisation des catégories, imaginer une signalétique et y associer un code couleur. Mission accomplie pour la rentrée 2022 ! « C’est mieux comme ça ! » Plusieurs élèves ont manifesté leur satisfaction devant cette organisation, plus lisible. Ils sont attirés par les catégories policier/thriller et fantastique/fantasy . Ils imaginent aussi des possibles par la découverte des autres catégories. Les conseils en direct sont facilités. Il est plus aisé d’aider un élève cherchant un roman sur la Seconde Guerre mondiale, un roman amusant ou une histoire qui fait peur. Et les liens entre les différentes catégories sont possibles : l’histoire qui fait peur peut se trouver en fantastique/fantasy mais aussi en policier/thriller . Chaque choix est l’occasion d’un échange. Et en classe ? Dans le cadre des séances d’EMI, les élèves de 6 e se familiarisent avec cette organisation et s’approprient les catégories définies par la professeure documentaliste. Le travail est ensuite repris avec le professeur de lettres. Une sélection de 10 romans est ainsi proposée à une classe de 6 e . Chaque titre est disponible en plusieurs exemplaires. Lors d’une première séance, les élèves découvrent la sélection. En s’aidant du titre, de la 1 re et de la 4 e de couverture, ils doivent rattacher chaque roman à la catégorie correspondante. Une mise en commun permet ensuite de valider leurs hypothèses. Puis chaque élève choisit un titre à lire intégralement. À l’issue de la période de lecture, les élèves, regroupés en fonction du roman lu, complètent une fiche-enquête qui les aidera à réaliser un bandeau permettant la mise en valeur des romans dans les rayonnages. NOTION INFO-DOCUMENTAIRE : CLASSEMENT Un classement désigne l'ensemble des opérations de mise en ordre qui permettent de situer physiquement les documents d'un fonds dans un espace. Il désigne le rangement matériel des documents sur un rayonnage. Un classement donne généralement lieu à la constitution d'une cote apposée au dos d'un livre et à une signalétique explicite pour l'usager. À consulter ici BIBLIOGRAPHIE Tom Lévêque / Nathan Lévêque. La Carte des 100 incontournables de la littérature ado . Grand Peut-être, 2022 Sélection proposée en 6 e Timothée de Fombelle et Isabelle Arsenault, Capitaine Rosalie , Gallimard Jeunesse, 2018. Historique Kate Klise et Sarah Mary Klise, 43, rue du Vieux- Cimetière. 1, Trépassez votre chemin , Albin Michel-Jeunesse, 2012. Fantastique/fantasy Agnès Laroche, Better world , Magnard jeunesse, 2019. Science-fiction/dystopie Hervé Mestron, Mystérieux voisins , Oskar éditeur, 2016. Policier/thriller Fabrice Nicolino et Catherine Meurisse, Ma tata Thérèse , éd. Sarbacane, 2012. Comédie Cassandra O'Donnell, La nouvelle , Flammarion-Jeunesse, 2019. Vraie vie Xavier-Laurent Petit, Mission mammouth : histoires naturelles , École des loisirs, 2020. Aventure/voyage Isabelle Renaud, Baby-sittor , Thierry Magnier, 2016. Vraie vie Éric Senabre, Megumi et le fantôme , Didier Jeunesse, 2017. Fantastique/fantasy Nathalie Somers, L'herboriste de Hoteforais , Didier Jeunesse, 2020. Fantastique/fantasy

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Monstres & cie au CDI ! - Lire au CDI
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Monstres & cie au CDI ! - Lire au CDI

Par Claire Rouveron, professeure documentaliste dans l’académie de Limoges, membre de l’A.P.D.E.N. « Faut-il avoir peur des livres qui font peur ? ». À l’instar d’Antonin, le jeune héros du roman de Marie-Aude Murail, Amour, vampire et loup-garou 1 , le professeur documentaliste est amené à s’interroger sur les limites à ne pas franchir dans la découverte des livres. Comment accompagner les jeunes lecteurs dans la découverte de ce genre encore peu visible dans le milieu scolaire ? Quelles pratiques pédagogiques mettre en œuvre, en coopération avec le professeur de français ? « Le monstre, aux limites de l’humain » Le programme de français de la classe de 6 e permet une entrée dans le monde des créatures horrifiques en tout genre qui peuplent les contes et autres récits de notre enfance en s’interrogeant sur la figure du monstre. Qu’est-ce qu’un monstre ? Comment le définir ? Quel rôle va-t-il jouer dans l’histoire ? Quelles émotions ressent le lecteur ? Les réponses apportées à ces questions lors du cours de français permettent de s’approprier cette monstruosité et de maîtriser sa peur. Un travail plus particulier peut être mené au CDI sur la lecture d’albums et la représentation illustrée de ces figures monstrueuses. Il est intéressant de comparer par exemple l’histoire de Barbe Bleue, illustrée par Sébastien Mourrain chez Glénat 2 , et celle imaginée par Elsa Oriol pour l’École des Loisirs 3 . Les élèves réalisent à leur tour un portrait littéraire et plastique d’un monstre né de leur imagination ; leurs productions sont réunies afin de réaliser un « bestiaire monstrueux » sous format papier mais aussi numérique. Un prolongement de ce travail est mené dans le cadre de recherches sur les créatures monstrueuses, mythologiques et légendaires.  Un corpus d’ouvrages documentaires est mis à disposition des élèves incluant, au vu de l’appétence grandissante des jeunes lecteurs pour le manga, les Yokai, ces esprits qui peuplent le folklore japonais. Pour découvrir l’offre actuelle en mangas, l’accompagnement par le professeur documentaliste est nécessaire, violence et horreur pouvant être au rendez-vous dans la bande dessinée japonaise. Le travail de médiateur est ici primordial. Quand le fantastique flirte avec l’horreur Les élèves sont invités à découvrir plus particulièrement ce genre en classe de 4e et vont, avec leur professeur de français, questionner « la fiction pour interroger le réel ». Un corpus de nouvelles est proposé, mêlant les « incontournables » et des auteurs contemporains de littérature jeunesse. Suite à la lecture et l’étude de ces nouvelles, les élèves restituent leur lecture sous une forme originale qu’est la boîte de lecture. Le principe ? Les élèves doivent utiliser une boîte à chaussures dont ils décorent l’extérieur et l’intérieur sur le thème du fantastique et sur le livre retenu. Ils placent ensuite dans la boîte une dizaine d’objets rencontrés au cours de la lecture puis rédigent une fiche récapitulative dressant un inventaire des objets sélectionnés, la raison de leur présence dans la boîte et leur importance dans l’histoire. Le dernier travail demandé est la rédaction de leur avis personnel argumenté sur le livre 4 . Les élèves endossent ainsi le rôle de prescripteurs auprès de leurs camarades : une exposition des boîtes au CDI suscite nécessairement la curiosité des autres élèves qui sont alors enclins à emprunter les ouvrages ainsi mis à l’honneur. 1. Marie-Aude Murail, Amour, vampire et loup-garou, L’Ecole des loisirs, 2016 2. Jean-Pierre Kerloch’, Sébastien Mourrain, Barbe-Bleue, Glénat, 2007 3. Charles Perrault, Elsa Oriol, La Barbe bleue, L’Ecole des loisirs, 2007 4. Exemples de réalisations d’élèves visibles sur ce site.   NOTION INFO-DOCUMENTAIRE : NATURE PHYSIQUE DE L’INFORMATION La nature physique de l'information désigne les signes utilisés dans un document pour y inscrire des informations. Ces signes peuvent être textuels, iconiques ou sonores. Ils dépendent de la structure du document. Définition complète à consulter ici. Bibliographie Fictions 10 nouvelles fantastiques : de l’Antiquité à nos jours , Castor Poche Flammarion, 2005 Anthony Horowitz, La photo qui tue : neuf histoires à vous glacer le sang , Hachette jeunesse, 2007 Jean-Pierre Kerloch’, Mourrain Sébastien, Barbe-Bleue , Glénat, 2007 Charles Perrault, Elsa Oriol, La Barbe bleue , L’Ecole des loisirs, 2007 Stéphane Chomienne, Histoires de vampires , Belin / Gallimard, 2010 Marie-Aude Murail, Amour, vampire et loup-garou , L’École des loisirs, 2016 Cécile Pelissier-Folcolini, Le veston ensorcelé : et autres nouvelles inquiétantes : anthologie , Hatier, 2018 Bertrand Puard, Série Trouille académie , Poulpe Fictions Vincent Villeminot, Série Hôtel des frissons , Nathan Livres documentaires Judy Allen, L'encyclopédie de la fantasy. Dans le monde des créatures imaginaires, Rouge et or, 2010. Erich Ballinger, ABC des monstres , École des loisirs, 1998. Sylvie Baussiere et Nicolas Martelle, Animaux et créatures de la mythologie , Milan jeunesse, 2015. Émilie Beaumont, Sabine Boccador,  Créatures fantastiques. Fleurus, 2010. Archibald Brooks, Joshua Kraik, Vampirologie : la véritable histoire des âmes déchues , Milan jeunesse, 2010. Daugey, Fleur / Thommen, Sandrine. Yôkai ! le monde étrange des monstres japonais . Actes Sud junior, 2017. 51 p. Delaroche, Jack. Les monstres . Fleurus, 2021. 32 p. La grande imagerie. ISBN 978-2215158066 Duprat, Guillaume. Dans la peau des monstres. Saltimbanque, 2019. 28 p. Frattini, Stéphane. La vie des monstres : sorcières, vampires, loups-garous ... Milan, 2002. 37 p. Les essentiels Milan junior, 31. ISBN 2-7459-0704-2 Lécuyer, Philippe. Diable, zombies, monstres et compagnie . La Martinière jeunesse, 2011. ISBN  978-2-7324-4343-0 Loon, Paul van / Brébisson, Florence de. Tout savoir sur les vampires, les monstres, etc. Le Livre de poche jeunesse, 2010,Le livre de poche jeunesse.  

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Gothic Nightmares: Fuseli
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Gothic Nightmares: Fuseli

Under the pseudonym Henry Fuseli, Swiss artist Johan Heinrich Füssli, became one of the leading lights of the 19th-century British art world and a popular proponent of Romanticism and the Gothic. His many depictions of Shakespearean scenes, the supernatural, dreams and nightmares are rich food for the imagination. A new exhibition at the Musée Jacquemart André in Paris would be a great outing for classes studying Romanticism and the Gothic.  Fuseli was born in Zurich in 1741 and followed paternal instructions to study theology. Despite studying theology, his real passions were art and literature. He toured Europe learning to paint. He settled permanently in London in 1780  and in 1782 exhibited the first version of his emblematic work The Nightmare at the Royal Academy (above). Fuseli was fascinated by myths and tales from Greek, Roman and Nordic traditions but the enigmatic Nightmare is an invention all his own. (And shows his love of language with the presence of a horse (a mare?) in the background.) It chimed perfectly with the Romantic movement with its Gothic atmosphere. Fuseli aspired to attain the sublime in his work, following the philosophy of Edmund Burke. The new exhibition gives a thematic overview of his famous works and Shakespeare is the opening theme.  Fuseli was a great admirer of Shakespeare and attempted a translation of Macbeth into German while still a student. He was a keen theatregoer and lived in London in a period when some of the greatest Shakespearean actors were active. Fuseli painted David Garrick, Sarah Siddons and Hannah Pritchard many times. Nine of his paintings were included in the Shakespeare Gallery that opened in London in 1786.  Macbeth was a repeated inspiration for Fuseli, here "Lady Macbeth Seizing the Daggers" from her husband after he has followed her prompting to kill King Duncan. In this version of a painting he revisited several times the actors are believed to be David Garrick and Hannah Pritchard. The exhibition then moves on to mythological and biblical tales, the female figure, nightmares and their polar opposites, dreams and apparitions. The supernatural is a frequent presence in Fuseli's work. Another of his great literary inspirations was John Milton's Paradise Lost, of which he did almost 50 paintings. . The Shepherd's Dream illustrates a scene in which fairy elves. "on their mirth and dance Intent, with jocund music charm his ear; At once with joy and fear his heart rebounds." Füssli, entre rêve et fantastique Musée Jacquemart André Till 23 January 2023  

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Crime et Châtiment de Dostoïevski, adapté par H. Iwashita - Pédagogie
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Crime et Châtiment de Dostoïevski, adapté par H. Iwashita - Pédagogie

Par Clément Hummel, professeur de Lettres modernes Séquence réalisée en partenariat avec les éditions Kurokawa Est-il raisonnable de donner à lire et à étudier à des élèves de lycée un texte aussi vaste et aussi complexe que Crime e t Châtiment de Fiodor Dostoïevski ? Si on omet la longueur du roman pour lui préférer une lecture par extraits, celle-ci pourra dérouter des élèves aux capacités de lecture très hétérogènes, pas tant pour son style en réalité plutôt accessible, qu’en ce qui concerne la puissance conceptuelle de l’œuvre : ce roman développe des propos philosophiques complexes qui méritent un accompagnement, et un temps d’étude. L’adaptation en manga rend les idées exprimées à travers le parcours et la philosophie de Rodion Raskolnikov accessibles à des adolescents dont le regard sur le monde prend de l’ampleur et se construit à partir d’expériences personnelles comme de la fréquentation des œuvres de fiction, qu’elles soient littéraires ou cinématographiques. Cette œuvre peut ainsi trouver sa place en 2 de , en lecture cursive en 1re dans le parcours « Personnages en marge, plaisirs du romanesque » et pourquoi pas également en HLP.   Lire Dostoïevski ? Pour contourner les principales difficultés de l’œuvre – sa longueur, l’exposition de doctrines philosophiques abstraites, l’arrière- plan historique et religieux – il serait tout à fait envisageable de proposer une version abrégée de l’oeuvre à destination d’un public scolaire, expurgée de passages descriptifs dont les enjeux littéraires et culturels – la Russie à la fin de l’époque des tsars – peuvent paraître éloignés de ceux de la France du XXI e siècle. Or, il n’existe pas, pour l’heure, d’édition abrégée de Crime et Châtiment . Plusieurs fois adapté au cinéma, notamment par Georges Lampin en 1956 avec Jean Gabin et Robert Hossein, l’histoire reste accessible de façon condensée sur d’autres supports. Néanmoins, l’étude d’un film mobilise d’autres compétences de lecture et d’analyse que celles que l’on peut chercher à développer chez des lycéens, d’autant plus que l’effet de séduction de l’œuvre risque d’être mineur. Alors, de la même manière que la lecture des Misérables en 4 e se conçoit difficilement sans le recours à la version abrégée, lire Crime et Châtiment au lycée peut-il s’envisager par le biais du manga ? Évitons le débat sur la légitimité de présenter en lecture cursive ou en œuvre intégrale une œuvre « librement inspirée », pour reprendre les mots de l’éditeur, du matériau d’origine, qui plus est quand celle-ci réduit le texte littéraire pour offrir un support visuel avec ses codes spécifiques, et posons la question dans l’autre sens : que peut apporter à des lycéens la lecture de l’adaptation en manga de Crime et Châtiment , réalisée par Hiromi Iwashita 1 ? Le manga comme nouvel avatar du mythe littéraire Plutôt que de considérer l’adaptation comme une réduction ou une trahison du roman de Dostoïevski, voyons celle-ci comme une nouvelle hypothèse de lecture. Dans une lettre envoyée à Mikhaïl Katkov, fondateur du Messager russe, datée du 25 septembre 1865, Dostoïevski décrit un projet de nouvelle, annonciateur des grands thèmes de Crime et Châtiment : déjà, les ambitions de Dostoïevski étaient de présenter une œuvre dans l’immédiateté de son époque. Bien que les errances philosophiques de Raskolnikov confèrent au roman la forme de l’apologue, l’action décrit essentiellement un monde urbain en pleine transformation architecturale, politique et sociale, dont le grand paradoxe est que pour se rendre à la prestigieuse université où ont lieu les enseignements et débats d’idées tirés des Lumières, les étudiants comme Raskolnikov habitent en périphérie de la ville, dans de minuscules chambres crasseuses et misérables, et vivent dans une grande solitude. Ces deux mondes sont partagés par une frontière elle-même paradoxale, la majestueuse mais dangereuse Neva : son omniprésence à Saint-Pétersbourg est l’occasion de nombreuses inondations, mais c’est en la contemplant symbole si romantique, que Raskolnikov échafaude sa philosophie. Dans le manga, Raskolnikov a deux scènes d’épiphanie quand il la traverse. Une première fois, après avoir caché les bijoux volés, la vue de la Neva apaisée lui inspire un profond sentiment de nostalgie : « Quand j’allais à l’université, je traversais ce pont tous les jours. Revoir la majestueuse Neva me fait quelque chose. J’ai souvent eu des idées révolutionnaires ou ai réfléchi à des questions philosophiques en contemplant ce paysage, mais j’ai fini par cesser de penser. » La seconde précède sa recherche d’expiation, faisant face au fleuve déchaîné sous la pluie : « Ce que je crains le plus c’est de connaître la honte. Je ne supporte pas de voir les inégalités de la société. Je ne peux plus faire semblant de ne rien voir. […] Je voulais qu’il soit plus fort que celui de quiconque ! Mon orgueil !! » Si le passage au support graphique éloigne le narrateur dostoïevskien, la focalisation se fait sur Raskolnikov qui devient narrateur-personnage et amène plus naturellement le lecteur à comprendre sa pensée, ses actes. On échappe de cette manière au risque d’une première lecture manichéenne du récit, dans laquelle le lecteur ne pourrait moralement se ranger du côté du personnage. Cette simplification permet au contraire de nuancer la lecture et on accompagne de cette manière Raskolnikov dans sa solitude, sa misère, ses égarements, sa folie et sa recherche de rédemption. En toile de fond se trouve représentée Saint-Pétersbourg dans un style semi-réaliste dont l’architecture et l’urbanisme sont assez fidèlement reproduits, parvenant à rendre sensibles l’extrême pauvreté de certains quartiers et la beauté architecturale de la ville, qui s’industrialise au début des années 1860. Cette précision du style graphique illustre le propos de Bakhtine à propos du roman, que l’on pourrait rapprocher d’un effet de réel chez Barthes : « Le seuil, l’entrée, le couloir, le palier, l’escalier, ses marches, les portes ouvertes sur l’escalier, les porches dans les cours puis, au-delà, la ville, les places, les rues, les façades, les cabarets, les bouges, les ponts, les fossés, voilà l’espace de ce roman. En fait, on n’y trouve jamais les intérieurs qui ont oublié le seuil (salons, salles à manger, salle de fête, cabinets de travail, chambres à coucher) et où se déroulent les événements et la vie biographique dans les romans de Tourgueniev, Tolstoï, Gontcharov, etc. Nous découvrons évidemment la même organisation de l’espace dans les autres romans de Dostoïevski 2 . » Pour Maria Gal, qui travaille sur la représentation du mythe urbain de Saint-Pétersbourg chez Dostoïevski, « Crime et Châtiment, publié en 1866, est considéré comme le plus pétersbourgeois des romans dostoïevskiens, à tel point qu’il est devenu l’un des emblèmes de la ville, et a été intégré à son patrimoine culturel. Aujourd’hui, le Saint-Pétersbourg de Crime et Châtiment est valorisé, et organisé en circuits touristiques de manière à répondre à la demande du touriste-lecteur venu parfois de loin pour parcourir les itinéraires de Raskolnikov. » La description de la ville oscille sans cesse entre écriture réaliste et fantastique : réalisme car Dostoïevski y peint à la fois la physionomie de la ville et celle de la population péterbourgeoise ; fantastique pour les nombreuses évocations oniriques qui parcourent le roman. Il y a donc une ville « vraisemblable, typographiquement exacte » et une autre avec laquelle elle coexiste en contradiction qui se présente comme une « entité vivante et néfaste » 3 . La richesse de la description de la ville permet au roman de ne pas se réduire à l’exposition de ses théories philosophiques. 1. L’orthographe des noms propres utilisée dans l’article reprend celle du manga. 2. Mikhaïl Bakhtine, La Poétique de Dostoïevski , chapitre 2, Paris, Le Seuil, 1970. 3. Maria Gal, « Le Saint-Pétersbourg de Dostoïevski : de la généralisation du mythe urbain à l’individualisation de l’espace vécu », Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement, 31 | 2016.

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Quand la « critique policière » réinvente l’analyse des œuvres en classe
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Quand la « critique policière » réinvente l’analyse des œuvres en classe

Par Éric Hoppenot et Antony Soron, chercheurs en littérature et formateurs à l’INSPE Paris Sorbonne-Université Pierre Bayard développe, d’ouvrage en ouvrage, un discours de « sa » méthode. Autour de lui, des chercheurs ont fondé Intercripol 1 et s’intéressent à la littérature dans son ensemble, au-delà de la littérature policière : une enquête peut conduire, par exemple, à la conclusion que « Manon Lescaut n’est jamais allée en Amérique ». En enquêtant en classe sur « La Parure » de Maupassant, nous poursuivons, modestement, ce travail. Pour une nouvelle vigilance du lecteur Le parti pris de Pierre Bayard conduit à remettre en question les habitudes du lecteur « passif » qui accorde une créance quasi absolue aux conclusions de son auteur. Par définition et par accoutumance, il croit tout ce qu’on lui raconte, a fortiori quand il a affaire à des personnages enquêteurs aussi professionnels que Poirot et Holmes. Le procès en aveuglement du lecteur se complète par celui de la mauvaise foi du narrateur qui se réserve le droit de ne pas exposer tous les fils potentiels de l’intrigue. La critique policière se donne donc pour objectif de débusquer un réseau d’invraisemblances qui n’ont pas sauté aux yeux d’un lecteur finalement crédule, et ce en se montrant très sensible aux indices textuels. Pierre Bayard accorde par exemple beaucoup d’importance au rôle du « magnétophone » dans son enquête sur la mort suspecte de Roger Ackroyd. De là découlent d’autres interprétations du meurtre. Ainsi, dans ce cheminement qui transforme le lecteur expert en enquêteur expert, l’acte critique se corrèle nécessairement à une part d’imagination. Il s’agit alors pour le sujet commentateur d’engager un travail psychique lui réclamant de « poursuivre des pensées inachevées, inventer du passé et de l’avenir au texte ». Une enquête bayardienne « La Parure » de Maupassant : à qui profite le vol ? Cette étude de la nouvelle de Maupassant destinée à une classe de 2 de pourrait aussi être adaptée à des élèves de 4 e . Dans un premier temps, on s’assure de la compréhension globale de l’histoire. On fait un rappel sur le « portrait moral » d’un personnage et on précise que Maupassant s’inscrit dans deux courants complémentaires du réalisme et du fantastique. Dans un deuxième temps, on procède à un vote à bulletin secret à partir de la question fermée suivante : « L’histoire de “La Parure” vous apparaît-elle crédible ? ». En fonction des résultats, on pourra commencer à s’interroger sur ce qui, le cas échéant, cloche dans l’intrigue. C’est à ce moment-là qu’on introduit la notion de critique policière de même que le nom de Pierre Bayard 2 . L’idée est de montrer aux élèves que l’auteur privilégie un fil narratif qui n’est pas nécessairement le plus vraisemblable. On demande alors aux élèves de formuler une autre interprétation de l’histoire en faisant peser la responsabilité du drame sur tel ou tel personnage. Certains ont pu s’étonner, par exemple, que Madame Loisel ne découvre la disparition de la rivière de diamants qu’une fois rentrée chez elle. En fonction des hypothèses, des groupes ont pu se constituer. – Monsieur Loisel est de mèche avec Madame Forestier : ils sont amants – Madame Forestier a voulu se venger de son amie qu’elle considère comme naturellement trop belle. – Le couple a été victime d’un complot ourdi par Madame Forestier et le bijoutier. – Le couple a été victime d’une association de malfaiteurs. Quelle que soit la direction choisie, on invitera les élèves à structurer leur rapport d’enquête autour des étapes suivantes : – hypothèse d’enquête ; – identification du ou des présumé(s) coupable(s) ; – mobiles du « crime » ; – indices relevés dans le texte ; – conclusion de l’enquête. Un effet stimulant sur la relecture critique d’un texte L’expérience bayardienne sur « La Parure » a été menée avec des professeurs stagiaires de Lettres qui se sont rapidement pris au jeu. Le plus frappant a été la manière dont ils se sont saisis des différents indices pouvant conforter leurs hypothèses. Le texte a été passé au crible, de même que tous ses « trous ». Ce qui a permis incidemment de démontrer que l’enquête reste d’autant plus efficace que l’on a affaire à une nouvelle, elliptique par nature. Quel que soit le bénéfice que l’on peut tirer du travail de Pierre Bayard, il n’y a pas lieu de fétichiser la critique policière ni de l’appliquer à toutes les sauces. Cependant, les observations effectuées dans les classes tendent à montrer que beaucoup d’élèves, et pas nécessairement les plus scolaires, se montrent bayardiens sans le savoir. De là à imaginer qu’une internationale de la critique policière « élève » ne se mette ne place… L’hypothèse aurait en tout état de cause l’avantage de séduire un universitaire qui a su garder sinon son âme d’enfant, au moins l’idée en tête que la vérité ne sort que de leur bouche. * Nous rappelons que toute la critique policière est accessible aux Éditions de Minuit. Le site de l’éditeur permet en outre de feuilleter les premières pages des ouvrages. 1. http://intercripol.org/fr/thematiques/critique-policiere/theywerenone.html 2. Deux exemples d’études bayardiennes présentées à partir de La Vérité sur « Ils étaient dix » (2019) et de L’Affaire du chien de Baskerville (2008) sont disponibles dans la banque de ressources.

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Écrire sur la photographie

Par Marie-Françoise Roger C'est un agent immobilier, John Maloof, qui, en 2007, retrouve la trace de Vivian Maier (1926-2009), nourrice qui toute sa vie multiplia les clichés de rue sans jamais dévoiler de son vivant sa production artistique. Il rencontre les enfants qu’elle a gardés et qui se sont occupés d’elle à la fin de sa vie. La nounou, autodidacte, passait ses jours à photographier Chicago, son Rolleiflex autour du cou. Un travail d’artiste. Une découverte miraculeuse Chicago, fin 2007, John Maloof, âgé de 25 ans, songe à écrire un livre sur le quartier de Portage Park. Pour illustrer l’ouvrage, il chine dans une salle de ventes un énorme lot de photos d’époque : plus de 30 000 négatifs, des dizaines de rouleaux de pellicules. Les photos sont belles, inhabituelles. Il y a, par exemple, ces portraits d’enfants noirs et blancs jouant ensemble alors que les temps étaient plutôt à la ségrégation. Des pauvres, des marginaux photographiés tels des rois. La photographie, un moyen d’appréhender le réel Toute photographie est un regard sur le monde, révèle un secret, un détail que l’on n’aurait peut-être pas vu. Les photos d’enfants de Vivian Maier évoquent celles d’Helen Lewitt (1913 2009), ses portraits cruels de la bourgeoisie rappellent ceux de Diane Arbus (1923-1971). On pense aussi à Weegee (1899-1958) pour les images des bas-fonds, à Robert Frank pour les cadrages inattendus ou les photos « bougées » ( Les Américains , 1958). Les photos de pieds de passants ou les jeux de reflets dans les vitrines renvoient, quant à eux, au travail de Lisette Model (1901-1983). En somme, « son style fait le lien entre la photographie humaniste française et la photographie américaine des années 1955-1960, qui préfère montrer les êtres avec leurs failles et leurs faiblesses plutôt que de les idéaliser. Elle embrasse tous les sujets, tous les genres : natures mortes, paysages, portraits, autoportraits, dans lesquels elle se dévoile à peine, corps androgyne, visage chapeauté, refusant toute forme de séduction » 1 . La photographie, point de jonction entre réel et hasard Dans son livre La Chambre claire , Roland Barthes distingue deux façons d’approcher la photographie : ce qu’il appelle le studium : « C’est par le studium que je m’intéresse à beaucoup de photographies, soit que je les reçoive comme des témoignages politiques, soit que je les goûte comme de bons tableaux historiques : car c’est culturellement (cette connotation est présente dans le studium ) que je participe aux figures, aux mines, aux gestes, aux décors, aux actions.» Le « second élément qui vient déranger le studium , je l’appellerai donc punctum ; car punctum , c’est aussi : piqûre, petit trou, petite tache, petite coupure – et aussi coup de dés. Le punctum d’une photo, c’est aussi ce hasard qui, en elle, me point (mais aussi me meurtrit, me poigne).» 2 . S’exercer En s’aidant des réflexions de Roland Barthes, ou de Georges Didi-Uberman dans Aperçues, 3 on invite les élèves à regarder quelques-unes des photos de rues de Vivian Maier. Beaucoup de ses photos sont disponibles en ligne sur le site « vivianmaier.com ». On peut également en observer un certain nombre au Musée du Luxembourg , lors d’une exposition hommage, du 15 septembre 2021 au 16 janvier 2022. Chaque élève choisit une ou deux photographies, décrit objectivement ce qu’il voit sur l’image, ce qu’il pense comprendre de ce qui se voit sur l’image, ce qu’elle révèle d’une époque ou d’un lieu. Il réfléchit également à la signification générale ou symbolique de l’image, en esquisse une interprétation imaginaire, humoristique, poétique. Il peut, en dernier lieu, se demander quel lien personnel il établit avec l’image, quel écho elle déclenche en lui. 1 Télérama , 30 avril 2011. 2 Roland Barthes, La Chambre claire , Gallimard, 1980. 3 Georges Didi-Huberman, Aperçues , éd. De Minuit, 2018. RESSOURCES LEXICALES POUR CET EXERCICE De mots pour décrire Hauteur de l’œil, plongée, contreplongée, plan d’ensemble, plan moyen, gros-plan, premier plan, arrière-plan, perspective, ligne de fuite, lumière, exposition, contraste, identifier, distinguer. Des mots pour fournir une interprétation et rendre compte de ses émotions Représenter, évoquer, traduire, déduire, métaphore, symbole, réaliste, fantastique, tonalité, message, effet produit, sentiment, point de vue, émouvoir, faire rire, informer, raconter, expliquer.

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Lycée : le retour de l’explication linéaire
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Lycée : le retour de l’explication linéaire

Après des années où le commentaire dit « composé » était roi, c’est désormais une explication de texte linéaire qui sera demandée aux élèves à l’oral. Daniel Bergez, auteur de plusieurs ouvrages consacrés à cet exercice, le défend, et esquisse une méthode. Signalons ici que les nouveaux manuels de Français 2 de et 1 re Nathan issus de la collection « Horizons Pluriels » donnent à lire aux classes, en version numérique, des textes littéraires enrichis de leur analyse linéaire. Des ressources interactives qui proposent une autre manière de s’emparer du texte. Explication vs commentaire • Qu’appeler « explication de texte » ? Pour certains anciens élèves, l’expression peut rappeler des souvenirs d’ennui liés à une paraphrase qui ne faisait que redoubler le texte sans lui faire gagner en signification. Pour d’autres à l’inverse, l’explication de texte s’est révélée la meilleure porte d’accès à la richesse d’un texte littéraire. C’est bien sûr à cela qu’il faut viser. • La circulaire ministérielle précise, entre parenthèses, que « la méthode est laissée au choix du professeur ». Mais il est par ailleurs fait mention d’un autre exercice, le « commentaire de texte ». Ce que l’on entend par « explication de texte » se déduit a contrario de la différence entre les deux expressions : le commentaire considère le texte globalement, sous l’angle de plusieurs thèmes, ou questions (la conduite du récit ; l’évolution d’un personnage ; l’atmosphère fantastique…), en collectant dans l’ensemble de l’extrait les occurrences qui leur correspondent. En revanche, l’explication de texte (qui vise le même but : éclairer la teneur littéraire du passage) en suit la chronologie ; le début de l’explication commence par le début du passage, et s’achève par la fin de celui-ci. Origine et nature de l’explication de texte • Cette démarche, qui pourrait par caricature s’apparenter à un mot à mot un peu fastidieux, repose sur toute une tradition qui la légitime : elle prolonge le travail d’herméneutique (art de l’interprétation), qui s’origine dans la Grèce ancienne, et s’est pendant des siècles appliquée au commentaire de la Bible (dont on distinguait plusieurs niveaux de signification). On la retrouve, pratiquée librement et avec éclat, dans Mimésis d’Eric Auerbach (Gallimard, coll. « Tel ») : formé à l’école de la philologie allemande, le critique y travaille sur des extraits successifs de toute la littérature occidentale, de Homère à Virginia Woolf ; sur les passages qu’il cite en premier, il déploie d’abord une approche linguistique, grammaticale, interrogeant le sens des mots, montrant la résonance des expressions, avant de déboucher à chaque fois sur des interprétations globales très fécondes de la vision du monde et de l’esthétique des auteurs. • La difficulté de l’explication réside dans l’ambiguïté de la position du commentateur : il se laisse guider par le texte, qu’il suit dans son déroulement, tout en l’éclairant par des analyses qui dépassent le point précis du texte où il se trouve. C’est une position à la fois passive et active, qui mêle ce que le critique Jean Starobinski appelait l’attitude de sympathie et l’attitude de surplomb. Elle a l’avantage d’accompagner le mouvement naturel, linéaire, de la lecture, et de rendre compte des effets de sens au fur et à mesure de leur apparition dans le texte. Elle a néanmoins l’inconvénient, si le commentateur n’est pas bien inspiré, ou suffisamment habile, de frôler parfois la paraphrase ; et l’élève se demande alors : « à quoi bon redire ce que le texte formule déjà ? ». Pour éviter cet écueil, il faut bien sûr se fixer successivement sur les points saillants du texte (mots, expressions, syntaxe, « thèmes » apparaissant, ponctuation même, rythmes, etc.), et à chaque fois les mettre en rapport avec des enjeux majeurs du texte. Déroulement de l’explication de texte Concrètement, dans la pratique, l’exercice obéit au schéma traditionnel, lui-même tiré de la rhétorique antique, qui vaut tout autant pour une dissertation ou un commentaire  : L’introduction Comme le terme l’indique, elle présente le texte, le situe (dans une œuvre, dans la vie d’un auteur, dans un courant littéraire, etc.), et en indique rapidement la teneur, et les centres d’intérêts importants. La lecture du texte Comme l’indiquent les instructions officielles, elle doit être « expressive ». Une excellente lecture, qui sait faire « respirer » un texte, met en valeur ses aspects importants, varie éventuellement les tons (comme on le ferait au théâtre) signifie déjà une excellente compréhension du texte, et dispose l’auditeur à entendre attentivement la suite. Une réflexion sur la composition du texte La composition n’est pas seulement un plan descriptif, mais une compréhension de l’organisation du passage, éclairant sa construction. Une définition de grands axes de réflexion Ces axes sont l’équivalent de ce que seraient les titres des parties d’un commentaire composé ; cela permet de cadrer par avance les analyses, qu’on rattachera à ces enjeux au cours de l’explication. L’explication proprement dite On prend le texte dans son déroulement, phrase après phrase, en relevant les éléments importants qui construisent le  sens, et appellent un commentaire (mots à double sens, étymologies, figures de style, motifs thématiques, etc.). C’est la partie proprement explicative, qui est à la fois la plus intéressante et la plus difficile, car elle nécessite d’utiliser en permanence une double focale : en commentant et éclairant un détail, on n’oublie pas de le rattacher à l’ensemble de la page. Et l’on progresse de plus en plus dans la compréhension de celle-ci en approfondissant la réflexion sur les enjeux définis initialement. La conclusion Elle fait le bilan de l’explication, en reformulant les enjeux initiaux à la lumière des explications qu’on a données. Elle montre la progression qu’on a accomplie dans la compréhension des effets de sens et des centres d’intérêt du passage. Elle peut bien sûr s’achever, si l’on a le temps, en élargissant la réflexion à l’esthétique d’ensemble ou à la vision du monde de l’écrivain. Difficultés et démarche La grande difficulté, et aussi le plus grand intérêt, de l’explication de texte, résident dans le moment central, où l’on suit le déroulement du passage. Il faut à la fois choisir successivement les éléments que l’on va expliquer et commenter, et les raccorder les uns aux autres, pour construire à terme une vision d’ensemble du texte. Pour y parvenir, le mieux est de bien choisir, à chaque fois : - la partie du texte sur laquelle on travaille ; ce peut être une phrase ou deux, une strophe, un ou deux vers, formant une unité de sens ; on peut relire chacun de ces ensembles avant de le commenter ; - ce que l’on va commenter dans la partie choisie. Comme il est bien sûr exclu de tout analyser, il faut retenir uniquement les éléments importants : un syntagme, une mage, un effet d’allitération, etc. La bonne explication, comme le bon commentaire, évite naturellement la paraphrase, qui n’apporte rien, et redouble inutilement le texte. Il faut donc à chaque fois poser la question du sens et des effets produits sur le lecteur, en même temps que celle des intentions de l’auteur : c’est en croisant, ou alternant, ces différentes perspectives, que l’on est fidèle à la nature d’un texte littéraire. En rester à une taxinomie qui identifie les figures de rhétorique, par exemple, n’apporte guère : encore faut-il se demander pourquoi l’auteur a choisi une métaphore (et non pas une comparaison par exemple), pourquoi il l’a choisie dans tel champ lexical, ce que cela apporte à cet endroit du texte, les échos qu’on peut y trouver ailleurs, etc. De la sorte on fait apparaître la profondeur et l’épaisseur d’un texte littéraire, qui croise les significations, comme l’indique l’étymologie du mot « texte » (qui vient du latin textum , littéralement « tissé »). En révélant cette richesse et ce maillage de significations et d’effets divers, l’explication justifie également son étymologie : « expliquer » (du latin ex-plicare ), c‘est d’abord déplier, faire apparaître à la surface ce qui est contenu dans l’épaisseur et les plis de ce tissage de mots qu’est un texte littéraire.

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