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Utopie et dystopie : une certaine vision de la société et de l'individu

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La Ferme des animaux - George Orwell

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Réorganiser le fonds de romans d’un CDI de collège - Lire au CDI
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Réorganiser le fonds de romans d’un CDI de collège - Lire au CDI

Par Catherine Rigout, professeure documentaliste membre de l’A.P.D.E.N. Pour le professeur documentaliste, comment rendre les œuvres visibles, afin de devenir, véritablement, un médiateur ? Comment inviter les élèves à se plonger dans un livre ? Une solution a été trouvée ici, inspirée par un livre : La Carte des 100 incontournables de ma littérature ado . Quelles lectures choisir ? Chaque année, je constate le poids des fictions dans les prêts des élèves et la part grandissante des BD et mangas dans ces prêts. J’observe aussi des élèves perdus, parfois effrayés, devant les rayonnages des romans, ne sachant quel titre choisir. La découverte de La Carte des 100 incontournables de la littérature ado réalisée par Tom et Nathan Lévêque en 2022 m’a aidée à envisager une réorganisation du fonds au service des élèves. J’ai alors retenu 9 catégories : romance , comédie , vraie vie , aventure/voyage , historique , policier/thriller , science-fiction/dystopie , fantastique/ fantasy , classiques . Deux semaines – avec l’aide d’une stagiaire – ont été nécessaires en fin d’année scolaire pour mener à bien cette réorganisation. Il nous a fallu vider les étagères, associer chacun des 2000 titres à sa catégorie, faire figurer cette catégorisation dans la base de données, remettre les titres en rayon, trouver une logique à la localisation des catégories, imaginer une signalétique et y associer un code couleur. Mission accomplie pour la rentrée 2022 ! « C’est mieux comme ça ! » Plusieurs élèves ont manifesté leur satisfaction devant cette organisation, plus lisible. Ils sont attirés par les catégories policier/thriller et fantastique/fantasy . Ils imaginent aussi des possibles par la découverte des autres catégories. Les conseils en direct sont facilités. Il est plus aisé d’aider un élève cherchant un roman sur la Seconde Guerre mondiale, un roman amusant ou une histoire qui fait peur. Et les liens entre les différentes catégories sont possibles : l’histoire qui fait peur peut se trouver en fantastique/fantasy mais aussi en policier/thriller . Chaque choix est l’occasion d’un échange. Et en classe ? Dans le cadre des séances d’EMI, les élèves de 6 e se familiarisent avec cette organisation et s’approprient les catégories définies par la professeure documentaliste. Le travail est ensuite repris avec le professeur de lettres. Une sélection de 10 romans est ainsi proposée à une classe de 6 e . Chaque titre est disponible en plusieurs exemplaires. Lors d’une première séance, les élèves découvrent la sélection. En s’aidant du titre, de la 1 re et de la 4 e de couverture, ils doivent rattacher chaque roman à la catégorie correspondante. Une mise en commun permet ensuite de valider leurs hypothèses. Puis chaque élève choisit un titre à lire intégralement. À l’issue de la période de lecture, les élèves, regroupés en fonction du roman lu, complètent une fiche-enquête qui les aidera à réaliser un bandeau permettant la mise en valeur des romans dans les rayonnages. NOTION INFO-DOCUMENTAIRE : CLASSEMENT Un classement désigne l'ensemble des opérations de mise en ordre qui permettent de situer physiquement les documents d'un fonds dans un espace. Il désigne le rangement matériel des documents sur un rayonnage. Un classement donne généralement lieu à la constitution d'une cote apposée au dos d'un livre et à une signalétique explicite pour l'usager. À consulter ici BIBLIOGRAPHIE Tom Lévêque / Nathan Lévêque. La Carte des 100 incontournables de la littérature ado . Grand Peut-être, 2022 Sélection proposée en 6 e Timothée de Fombelle et Isabelle Arsenault, Capitaine Rosalie , Gallimard Jeunesse, 2018. Historique Kate Klise et Sarah Mary Klise, 43, rue du Vieux- Cimetière. 1, Trépassez votre chemin , Albin Michel-Jeunesse, 2012. Fantastique/fantasy Agnès Laroche, Better world , Magnard jeunesse, 2019. Science-fiction/dystopie Hervé Mestron, Mystérieux voisins , Oskar éditeur, 2016. Policier/thriller Fabrice Nicolino et Catherine Meurisse, Ma tata Thérèse , éd. Sarbacane, 2012. Comédie Cassandra O'Donnell, La nouvelle , Flammarion-Jeunesse, 2019. Vraie vie Xavier-Laurent Petit, Mission mammouth : histoires naturelles , École des loisirs, 2020. Aventure/voyage Isabelle Renaud, Baby-sittor , Thierry Magnier, 2016. Vraie vie Éric Senabre, Megumi et le fantôme , Didier Jeunesse, 2017. Fantastique/fantasy Nathalie Somers, L'herboriste de Hoteforais , Didier Jeunesse, 2020. Fantastique/fantasy

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La science-fiction jeunesse : des écrivains qui rêvent et qui osent - Entretien
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La science-fiction jeunesse : des écrivains qui rêvent et qui osent - Entretien

Paroles recueillies par Natacha Vas-Deyres Pierre Bordage, Christian Grenier, Danielle Martinigol et Joëlle Wintrebert, tous quatre romanciers, nous livrent quelques secrets de fabrication d’une science-fiction destinée à un jeune lectorat. Pourquoi, en tant qu’écrivain de science-fiction – entre autres –, avez-vous choisi d’écrire pour un jeune public ? Christian Grenier : Si j’ai choisi, en 1968, d’écrire de la science-fiction, Barjavel et les missions Apollo y étaient pour beaucoup. Depuis l’adolescence et le lancement du premier Spoutnik (1957), j’étais passionné par l’astronomie et je suivais les progrès de la conquête spatiale. À la suite du chagrin de mon épouse qui venait d’achever, en pleurs, la lecture de La Nuit des temps, j’ai décidé d’écrire spécialement pour elle « un roman de science-fiction qui se terminerait bien » . Seule destinataire de ce récit, elle m’a encouragé à le publier. C’est Tatiana Rageot, qui avait alors 70 ans, qui l’a édité, et à ma grande surprise, je suis devenu un « écrivain de science-fiction » pour les garçons de 14-15 ans. Danielle Martinigol : L’écriture est un processus d’imitation. On lit, on aime, on imite, on écrit. Je parle là d’enthousiasme, d’admiration, d’amour pour un genre et des auteurs qui génèrent l’envie d’en faire autant. J’ai découvert la science-fiction à onze ans avec les romans de la collection « Anticipation » que lisait mon grand-père. Devenue professeur de lettres, j’ai cherché des romans adaptés pour faire découvrir le genre à mes élèves. J’en ai trouvé d’excellents, mais peu. Le besoin d’imitation s’est alors installé, lentement… J’ai mis cinq ans pour écrire L’Or bleu . Pierre Bordage : Je ne l’ai pas vraiment choisi. Alain Grousset, directeur de la collection « Ukronie » chez Flammarion, me l’a proposé. Résultat, j’ai écrit trois romans : Ceux qui sauront, Ceux qui rêvent et Ceux qui osent. Auparavant, j’avais adapté le fi lm d’animation Kaena, la prophétie , pour lequel j’avais été scénariste au tout début. Joëlle Wintrebert : Je n’ai pas non plus vraiment choisi d’écrire pour un jeune public, j’étais même plutôt réticente. Casterman, l’éditeur de la collection « L’Ami de poche », m’a sollicitée avec insistance en m’assurant que l’écriture à destination d’adolescents n’était pas différente de l’écriture pour adultes, à l’exclusion du sexe et de la violence. Ainsi est né Nunatak , devenu Les Gladiateurs de Thulé chez Flammarion. Écrit-on différemment pour les jeunes et pour les adultes ? Christian Grenier : Disons, pour simplifier, que le jeune public est plus sensible au suspense ; il faut que le récit avance, qu’il y ait une dynamique, un élan. Du côté des thèmes, la plupart des ouvrages jeunesse parlent du monde contemporain et des passions des jeunes : le cinéma, la musique, l’informatique, les nouvelles technologies… Mais rien n’est figé. Destiné à l’origine aux adultes, Niourk de Stefan Wul n’a connu un vrai et durable succès qu’en « Folio SF ». Michel Tournier, mais peut-être par coquetterie, a longtemps affirmé que son Vendredi ou la vie sauvage était meilleur que l’original, Vendredi ou les limbes du Pacifique. Danielle Martinigol : Je me sens à l’aise en m’adressant au public que j’ai côtoyé pendant ma carrière professionnelle. Je sais ce qu’ils attendent d’un livre : ne pas être trop long ni trop difficile et les faire rêver. J’aime distiller dans mes récits de l’action, des rebondissements, des dialogues et des descriptions : « Aventure, Amour, Ailleurs », c’est ma règle des Trois A. L’écriture pour adultes fait la part belle à la psychologie des personnages, aux fondements sociaux, ceci en cinq cents pages minimum. J’avoue avoir du mal avec ça, mais j’ai des textes pour adultes dans mes ordinateurs. Pierre Bordage : Pour moi, la manière est identique. Ça n’infléchit pas l’écriture, mais me contraint à être un peu moins explicite pour certaines scènes – sexe et violence principalement. Il y a comme une ligne à ne pas franchir. Je garde à l’esprit qu’à l’autre bout de mes mots, le lectorat est âgé de 12 à 17 ans – et plus : je me suis Rendu compte qu’un bon nombre d’adultes lisaient mes livres publiés en jeunesse. Joëlle Wintrebert : Mes livres pour la jeunesse sont presque toujours plus optimistes que mes livres pour les adultes. Et, dans l’ensemble, leur construction est moins complexe. Il faut réussir à trouver le rythme, la poésie, un contenu ambitieux avec une construction et des mots plus simples. Pourquoi, d’après vous, la science-fiction se prête-t-elle bien au format de la littérature jeunesse ? Joëlle Wintrebert : Développer une grande idée de science-fiction pour les plus jeunes n’a rien de facile, mais la littérature jeunesse permet d’aborder tous les genres. Pourtant, j’ai cessé d’en écrire il y a une quinzaine d’années parce que les éditeurs confrontaient de plus en plus les auteurs à un formatage insupportable, dans les maisons les plus réputées. C’est plus simple quand on écrit pour les adolescents ou pour la catégorie « young adults ». Christian Grenier : La science-fiction touche le jeune public – cette conviction, j’essayais déjà de la faire partager dans mon premier essai, Jeunesse et science-fiction, en 1971 ! Une fois l’hypothèse de départ posée, les univers doivent être sinon vraisemblables, du moins cohérents, ce qui n’est pas le cas des deux autres genres des littératures de l’imaginaire : le merveilleux et le fantastique. Et puis la science-fiction se projette souvent dans l’avenir – et les jeunes, de gré ou de force, sont concernés ! – elle propose aussi une réflexion sur le rôle de l’homme face aux machines qu’il crée, aux lois qu’il change, aux êtres qu’il rencontre, aux univers qu’il visite. Danielle Martinigol : Je me sers de la science-fiction comme d’une loupe. Je grossis des problèmes d’aujourd’hui en les projetant dans le futur. La littérature jeunesse se prête bien à cet exercice. Bien délimiter son objectif et l’atteindre sans se perdre en longueurs est garant de succès. Pierre Bordage : Par son pouvoir de dépaysement et de réflexion, la science-fiction est une littérature idéale pour un jeune public. Elle est d’ailleurs idéale pour tout public dans un monde où la science progresse à une allure vertigineuse alors que la conscience, à mon avis, ne suit pas le rythme. J’ajoute que la littérature des marges a une vigueur réjouissante, et je ne suis pas pressé qu’elle soit récupérée par la culture académique. Il y souffle un vent de fraîcheur très agréable, là où, dans la littérature adulte, on respire parfois les exhalaisons poussiéreuses des gardiens des temples. La science-fiction fait-elle réfléchir les jeunes lecteurs aux choix qu’ils devront faire pour le futur, en termes d’écologie par exemple ? Christian Grenier : Gérard Klein affirme que l’important, dans un roman de science-fiction, c’est son hypothèse philosophique. Hélas ! la science-fiction privilégie presque toujours les impasses : les dystopies évoquent les voies qu’il faut éviter, les catastrophes qui attendent l’humanité si elle persiste dans des choix désastreux... L’important, ce ne sont pas les réponses que la science-fiction pourrait apporter mais les questions qu’elle livre aux lecteurs. Souvent, je conclus mes conférences sur la science-fiction par le poème de Peter Handke qui sert de leitmotiv au film de Wim Wenders, Les Ailes du désir : « Quand l’enfant était un enfant, c’est l’époque où il se posait les questions suivantes : / Pourquoi suis-je moi ; et pourquoi pas toi ? / Pourquoi suis-je ici, et pourquoi pas là-bas ? » Danielle Martinigol : Le dépaysement des futurs qu’off re la science-fiction, même dans ses aspects les plus dystopiques, renvoie l’adolescent à son présent, mais aussi à son avenir de citoyen. Mes romans traitent de la gestion de l’eau, des déchets, de la déforestation, du pouvoir des médias… dit comme cela, ce n’est guère distractif ! Et pourtant, ça marche. Car la science-fiction est foncièrement optimiste. Elle tire des sonnettes d’alarme en étant convaincue qu’en réagissant à temps, nous éviterons des catastrophes. Le futur se construit sur le présent. Et aussi le passé… En jouant avec le voyage dans le temps dans ma série « Aventures à Guédelon », je souhaite faire prendre conscience à mes jeunes lecteurs que chacun d’eux est un maillon indispensable dans l’Histoire. Pierre Bordage : La science-fiction marie dépaysement et réflexion en y ajoutant une dimension philosophique et mythologique. Par le procédé du saut dans l’espace-temps, elle propose un espace de réflexion là où la science, otage des intérêts économiques, ne prend pas le temps d’examiner les conséquences possibles de ses découvertes. Joëlle Wintrebert : Même divertissante, comme la série des Star Wars, la science-fiction oblige son lecteur ou son spectateur à se représenter et à penser le monde. Un grand nombre des œuvres majeures de la science-fiction sont conçues comme des apologues. On ne peut d’ailleurs s’empêcher d’imaginer que, si Voltaire avait vécu au XX e ou au XXI e siècle, il aurait exploré les voies de la science-fiction. Il est certain, en tout cas, qu’en acceptant d’écrire pour la jeunesse, j’avais une intention : changer l’image des femmes dans l’esprit des jeunes lecteurs en les montrant actrices de leur destin et non ballottées mollement dans un univers géré par le masculin. Cette volonté apparaît de façon évidente depuis mon premier roman jeunesse jusqu’à Pollen. LES AUTEURS • Pierre Bordage rencontre le succès avec sa trilogie Les Guerriers du silence . Il vient de publier Résonances (éditions J’ai lu Nouveaux Millénaires) et Les Dames blanches (L’Atalante). • Christian Grenier reçoit en 1973 le prix de l’ORTF pour La Machination (Livre de Poche). Il écrit ensuite des romans jeunesse pour d’autres éditeurs (G. P., Nathan, Rageot). Son dernier ouvrage, 2115 Terre en péril (Tertium éditions), est un roman apocalyptique. • Danielle Martinigol, auteur d’une quarantaine de romans dont les Abîmes d’Autremer, L’Or bleu, L’Enfant-mémoire (Livre de Poche Jeunesse), vient de publier Les Pierres qui pleurent , premier tome de la série « Aventures à Guédelon » aux éditions Actusf. • Joëlle Wintrebert, auteur de nouvelles et de romans, est aussi traductrice (elle traduit Black-out de Connie Willis en 2011). Son roman Pollen (2003) sera prochainement réédité au Diable Vauvert.

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La classe virtuelle a-t-elle des vertus ?

La classe virtuelle a-t-elle des vertus ?

Mars 2020 : un tournant dans l’histoire de la pédagogie À la veille de la réforme des lycées, alors que rien n’empêchait les humains de se rapprocher les uns des autres et même de se réunir dans un lieu clos, 5 régions sur 13, soit plus du tiers, ont fait le choix de manuels et d’outils numériques. Une révolution comme le montre le rapport du Cnesco datant d’octobre 2020. Ce n’était rien cependant comparé à ce qui nous attendait. Avec l’arrivée en fanfare d’un Coronavirus plus méchant que les autres, il a fallu d’un coup tout dématérialiser : les livres, les outils, les professeurs, les élèves. En quelques heures, on a cherché et créé des classes virtuelles, imaginé des cours et des exercices, inventé de nouveaux mots comme « présentiel » et « distanciel ».  Et puis mai est arrivé, on s’est retrouvés, et on est repartis dans le tourbillon de la vie, comme si tout était fini. C’était sans compter sur un certain entêtement du virus, qui a contraint à un second confinement, et à nouveau des menaces sur le fameux « présentiel » qui s’est transformé au lycée en « hybride ». Même pour ceux qui ont retrouvé le chemin de l’école ou du collège « en vrai », l’idée d’avoir à devenir le professeur d’une classe virtuelle n’est désormais jamais très loin. Une créativité qu’il faut saluer Au début du premier confinement, face à la saturation et aux dysfonctionnements des plateformes officielles, chacun a recherché l’outil qui lui convenait le mieux. Certains ont préféré aller là où les lycéens se trouvaient déjà, comme le réseau de jeux Discord, ou des applications certes assez peu protégées mais qui avaient une grande souplesse d’utilisation. D’autres ont fait le choix de réaliser des vidéos qu’ils envoyaient dès potron minet à leurs élèves, ou de déposer des exercices dans des documents partagés. Sans sous-estimer la frustration d’avoir perdu l’expérience physique du cours, loin de considérer l’enseignement à distance comme une panacée, il serait toutefois dommage de revenir à la case départ en faisant l’impasse sur cette expérience inédite. Des enseignants témoignent de leur vécu de cette expérience inédite, révélant à quel point il a fallu redoublé de créativité et d'adaptabilité pour garder le lien avec leurs élèves. Retour sur investissement On ne peut pas raisonnablement reprocher à l’institution son impréparation. Même avec beaucoup d’imagination, personne n’aurait pu concevoir à l’avance une situation comme celle du confinement, qui relève davantage de la dystopie que du cours normal du temps. Mais notons qu’à la faveur de la crise sanitaire, le ministère s’est enfin doté d’un média audiovisuel digne de ce nom, Lumni, un petit siècle après l’invention de la télévision.  Marie-Astrid Clair, professeure agrégée de lettres modernes et enseignante au collège, nous a d’ailleurs raconté la genèse de Lumni. Pour le reste, en l’absence de cadre, chacun a tissé sa toile un peu comme il l’entendait. La plupart des professeurs que nous avons rencontrés ont tenté des tas de choses. Aucun n’en a été pleinement satisfait, mais tous en retirent des enseignements. Ce peut être une réflexion sur l’usage des QCM, qui seraient bien loin de leur réputation accablante d’exercices pour les nuls. La NRP a consacré un article à la redécouverte des QCM en lettres. Ou encore une analyse très intéressante, « Quand le distanciel interroge le présentiel » faite par de jeunes professeurs de ce que leur a apporté la préparation des cours en visioconférence : beaucoup plus de soin dans le choix des documents, des utilisations inattendues du chat … quand l’écran qui se transforme en miroir révèle ce qu’on ne voit pas toujours, parce que la classe et les interactions multiples qui s’y jouent font écran, justement.

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L’IA et la littérature
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L’IA et la littérature

Par Claire Rouveron , professeure documentaliste, membre de l’APDEN Avec le développement de l’agent conversationnel ChatGPT en 2022, l’intelligence artificielle (IA) s’est invitée au premier plan des débats dans le monde de la culture. On peut citer, par exemple, l’utilisation de ChatGPT par les éditions du Net pour aider les auteurs à corriger leurs manuscrits et les conséquences sur les métiers de correcteur, traducteur et auteur lui même. Quelle place pour l’IA dans le secteur du livre aujourd’hui ? Quelles avancées peut-on saluer et adopter ? Sur quels usages doit-on se montrer vigilant ? Voilà les questions soulevées lors d’une séance menée par le professeur de français et le professeur documentaliste avec une classe de 2 de . Un robot écrivain ? La séance s’appuie sur la lecture du roman Ada d’Antoine Bello dans lequel on suit Franck Logan, policier dans la Silicon Valley, à la poursuite d’Ada, une IA conçue pour écrire des romans à l’eau de rose. Programmée pour produire des romans « commerciaux » avec des objectifs de vente élevés, Ada échappe à ses concepteurs, s’émancipe et découvre la « vraie » littérature dont elle va s’inspirer. Quelle aide une machine peut-elle apporter aux auteurs dans leur processus de recherche et d’écriture ? Est-elle susceptible de remplacer l’écrivain ? Quelle place reste-t-il pour les textes originaux ? Quels intérêts commerciaux pour les éditeurs ? Autant d’interrogations posées par le roman sur lesquelles les élèves sont invités à réfléchir. Un corpus de ressources documentaires écrites et audiovisuelles (voir la bibliographie) est proposé aux élèves afin de compléter et approfondir les questionnements sur les défis de l’art face à l’intelligence artificielle : le projet du « Next Rembrandt » développé en 2016, le « Théâtre d’opéra spatial » créé par Jason Allen en 2022 à l’aide du logiciel Midjourney ou encore une série de podcasts réalisés par France culture sur les domaines d’application de l’intelligence artificielle au cinéma, dans la musique, la peinture, la photographie et la littérature. Le lien est également fait avec l’actualité et la protestation sociale qui a agité Hollywood à l’été 2023 lors duquel les acteurs ont rejoint les scénaristes dans un mouvement de grève d’une ampleur inédite. Outre des revendications salariales et financières, des inquiétudes sur l’émergence de l’IA dans les industries créatives ont émaillé les discussions entre auteurs et producteurs cinématographiques. Les élèves consultent un corpus d’articles issus du journal Courrier International retraçant les différentes étapes de la grève et développant les arguments des acteurs du monde du cinéma. Émergent, entre autres, des questionnements autour des droits d’auteur et de la reproduction du style, de la « voix » d’un auteur. Margaret Atwood, romancière américaine, mondialement connue pour son ouvrage La Servante écarlate , s’en inquiète dans un autre article de Courrier International du 8 septembre 2023, « Margaret Atwood : l’intelligence artificielle m’a tuée… ou presque ». L’autrice y dénonce l’utilisation de versions piratées de 33 de ses romans pour nourrir des IA dites « génératives », auxquelles on donnera ensuite la consigne « Écris un roman de Margaret Atwood ». Réalité ou dystopie d’un monde dans lequel le robot remplacerait l’auteur ? En vue de l’organisation d’un débat sur ces questions, les élèves sont invités à compléter un document listant les avantages et les limites de l’intelligence artificielle dans le processus de création artistique et littéraire. Dis-moi qui tu es, je te dirai ce que tu lis Le professeur documentaliste aborde ensuite une autre facette du rôle de l’IA dans les domaines de la lecture et de la littérature : le processus de recommandation d’ouvrages après l’analyse des lectures des internautes. Pour ce faire, le professeur documentaliste va analyser avec les élèves les algorithmes de profilage en ligne. Pour amorcer ce travail, les élèves effectuent une recherche sur le livre Ada sur la plateforme numérique littéraire Babelio. Ils doivent ensuite étudier les propositions de lectures émises par le site dans la rubrique « Que lire après Ada ». Ils entreprennent la même démarche sur le site marchand de la Fnac, et consultent les titres d’ouvrages mentionnés dans la partie « Les internautes ont aussi acheté ». Il est demandé aux élèves d’émettre des hypothèses sur les données exploitées par les algorithmes à l’œuvre sur les deux sites : les métadonnées du livre (auteur, thème, éditeur), les interactions avec les lecteurs (qui l’a lu et apprécié), le panier d’achat de la clientèle, etc. Apparaissent alors évidemment des spécificités en fonction de l’intérêt commercial du site ou non. Les élèves s’interrogent alors sur les avantages et sur les limites de ces recommandations pour les lecteurs et les plateformes elles-mêmes : cibler les centres d’intérêt des internautes et personnaliser les propositions, fidéliser une communauté de goûts pour les premiers ; enfermer les lecteurs dans des bulles de filtre où seuls des contenus similaires à leur historique sont proposés, empêcher de proposer des contenus originaux pour les seconds. Le concept de « bulle de filtre » mérite d’être explicité et illustré plus précisément. Le professeur documentaliste développe cette notion en travaillant avec les élèves sur le réseau social X (anciennement Twitter) à partir d’une vidéo de la série Dopamine , produite par Arte. Le fonctionnement de ce réseau social y est particulièrement bien expliqué. Les élèves sont alors dans la capacité d’enrichir leur document avant de rédiger leur argumentaire pour le débat. Ces éléments de connaissance leur seront également utiles pour le cours de SNT dont plusieurs chapitres abordent des thématiques liées à l’IA. Bibliographie et sitographie Romans • Antoine Bello, Ada , Gallimard, 2016 • Greg Egan, La cité des permutants , 1994, Le Bélial, 2022 • Georges Orwell, 1984 , 1949, Gallimard, 2020 • Carina Rozenfeld, E.V.E , Syros, 2017 • Villiers de l’Isle-Adam, L’Ève future , 1886, Gallimard, 1993 Articles • « L’intelligence artificielle au service de la lecture », Lecture jeune n°180, décembre 2021. p.4-42 • Hypolite Damien, « Une peinture de Rembrandt imprimée en 3D, 347 ans après la mort de l’artiste », Sciences et avenir , 2016. • Pascal Mougin, « Comment lire un roman écrit par une voiture ? La doxa littéraire face à l’intelligence artificielle », ActuaLitté , 27/09/2021. • Zoé Picard, « ChatGPT, un tournant majeur dans le processus créatif », ActuaLitté , 23/06/2023. • « Les scénaristes en grève à Hollywood s’inquiètent de l’IA, mais proposent des solutions », Courrier international , 17/05/2023. • « Hollywood cherche experts en intelligence artificielle », Courrier international , 02/08/2023. • Margaret Atwood, « Margaret Atwood : l’intelligence artificielle m’a tuée… ou presque », Courrier international , 08/09/2023. Émissions de radio • « Littérature : l’intelligence artificielle est le nouvel avatar du nègre ». France Culture, 05/10/2021. • « L’art au défi de l’intelligence artificielle, un écrivain fantôme dans la littérature », France Culture, 2023. • Christine Siméone, « Lorsque l’intelligence artificielle est capable de créer, qui encaisse les droits d’auteur ? », France Inter, 10/02/2018. Vidéos • Florence Dartois, Du virtuel au réel, l’intelligence artificielle s’empare de l’art, INA, 18/01/2023. • Sonia Devilliers, « Le Dessous des images L’oeuvre et l’intelligence artificielle », ARTE France Développement, 2022. • Léo Favier, Dopamine , épisode “Twitter”, Arte.tv, 2019. Notion - Info documentaire • Un algorithme est une suite d'instructions informatiques que l'on utilise pour traiter un très grand nombre de données (récolte, tri, classement, croisement...). L'algorithme produit un résultat qui influence la manière dont nous nous informons. Il peut utiliser nos données personnelles. Définition complète à consulter ici . • Une Intelligence Artificielle est un système de calculs informatiques créé par des ingénieur·es et des scientifiques. Elle a de nombreuses applications dans beaucoup de domaines (vie quotidienne, monde du travail, médias, économie, santé, science, défense, etc.) via des prédictions, recommandations, solutions technologiques, productions de contenus. Elle utilise et crée des algorithmes à partir de très grandes quantités de données, dont des données personnelles. Elle s'oppose à l'intelligence biologique. Définition complète à consulter ici .

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