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La faim dans le monde ne recule plus

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La faim dans le monde ne recule plus

2,3 millards de personnes souffrent de la faim dans le monde. Cette vidéo fait le point sur cette situation et les moyens d'y remédier.

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L'insécurité alimentaire

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L'insécurité alimentaire

Dans certaines régions du monde, l'insécurité alimentaire s'est accrue en 2022. Cette vidéo vous explique pourquoi.

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La gastronomie, une arme diplomatique

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Des grands banquets de chefs d'État à la diffusion mondiale de la cuisine thaïe, la gastronomie est une alliée …

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Le cycle infernal de la sécheresse en Afrique

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Une sécheresse dévastatrice, des populations affamées, et des mesures inadaptées à l'urgence de la situation.

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Conseil lecture : « Nourrir sans dévaster »

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Aimer le pain mais mépriser les céréaliers... Enquête au cœur des contradictions alimentaires des Français.

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Et si on parlait du Grand oral ?
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Et si on parlait du Grand oral ?

Vos élèves de Terminale seront les premiers à passer le Grand oral en 2021. Comment les aider à préparer l'épreuve ?

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Maritimisation de l’économie et développement

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La désorganisation du transport maritime menace le développement des pays pauvres. 

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Mayotte face à la crise de l'eau

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Mayotte connaît une situation hydrique très tendue qui aggrave la situation de mal-développement actuelle.

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L'électricité, facteur de développement en Afrique

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En Afrique, l'accès à l'électricité stimule le développement économique des bourgs ruraux.

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New Delhi face à la pénurie d'eau

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Alors que la canicule sévit à New Delhi, l’accès à l’eau est devenu très difficile...

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La baguette fait partie du patrimoine français

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La baguette fait partie du patrimoine français

La baguette française entre au  patrimoine immatériel de l’humanité. Une distinction symbolique, mais pas anodine.

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L’e-sport, un nouvel outil d’influence des États

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L’e-sport, un nouvel outil d’influence des États

L’e-sport pourrait devenir une nouvelle discipline olympique et la compétition entre les États est lancée.

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Les vertus de la pratique des puzzles

Les vertus de la pratique des puzzles

La prévention des troubles neurocognitifs est actuellement l’un des plus grands défis médicaux non résolus. Dans une tribune publiée dans le Monde en janvier 2019, des scientifiques mettent en lien la surexposition aux écrans (télévisions et ordinateurs) et la forte augmentation du nombre de jeunes ayant des problèmes cognitifs (1) . Pourtant les solutions pour entretenir son cerveau existent. Selon une étude clinique de l’université d’Ulm (Allemagne), faite en collaboration indépendante avec la société éditrice de puzzles Ravensburger, faire un puzzle mobilise de nombreuses capacités cognitives et peut contribuer à les conserver jusqu’à un âge avancé (2) . La perte de mémoire, un phénomène qui touche tous les âges Alors que des professionnels de santé dénoncent « l’effet délétère » et l’explosion du nombre d’enfants entre 2 et 11 ans souffrant de troubles intellectuels et cognitifs (en progression de 24% depuis 2010) (3) , de nombreuses analyses montrent l’importance de pratiquer des activités intellectuelles pour préserver la mémoire. La communauté scientifique a déjà obtenu des résultats probants en testant les jeux de cartes sur table, les cours d’informatique, le théâtre ou la photographie. Mais certaines de ces activités comportent des contraintes ou des freins à leur utilisation : coûts financiers élevés, activités peu motivantes, utilisation d’appareils numériques, etc. Pourtant peu cher, facile à mettre en place, faisable seul ou à plusieurs, le puzzle et ses effets sur les fonctions cognitives n’avaient pas encore été étudiés. L’étude de l’Université d’Ulm (Allemagne), dirigée par Patrick Fissler, visait à combler ce fossé entre le manque d’études scientifiques sur le sujet et la grande popularité de cette activité dans le but d’examiner les effets sur les fonctions cognitives utilisées (4) . Tester les effets du puzzle de manière scientifique L’étude a consisté à tester la pratique du puzzle sur un nombre de participants suffisamment important, à savoir 100 adultes de 50 ans et plus (63 ans de moyenne d’âge) en bonne santé physique et mentale et ayant une faible pratique des puzzles au cours des 5 dernières années. Le puzzle a des effets probants sur les fonctions cognitives A partir de tests de performance sur les différentes capacités cognitives, l’étude a permis d’évaluer les différences significatives entre les deux groupes d’individus. Ainsi, il a été constaté que la résolution de puzzles permet de faire travailler les huit fonctions visuo-spatiales : la perception, les praxies constructives (5) , la rotation mentale, la flexibilité, la mémoire de travail, la rapidité, le raisonnement et la mémoire épisodique, et de voir des améliorations à court terme. Patrick Fissler, doctorant en psychologie et auteur de l’étude, déclare : « L’étude que nous avons menée confirme que la pratique du puzzle améliore significativement la mémoire à court et à long terme, mais aussi la flexibilité cognitive, la rotation mentale et la perception visuo-spatiale. » Ainsi après 5 semaines à résoudre des puzzles, les participants avaient grandement amélioré cette faculté très importante pour le cerveau et l’intelligence (5) .  Sur le long terme, les personnes faisant beaucoup de puzzles tout au long de leur vie sont en meilleure forme cognitive que les autres.  De plus, les participants qui déclaraient avoir eu une pratique de la résolution de puzzle tout au long de leur vie avaient de meilleures capacités cognitives que les autres. (6) « Cela peut représenter un facteur de protection contre l’altération des fonctions mentales à un âge mûr, surtout si on fait des puzzles durablement et régulièrement, et pas seulement de temps à autre. » rajoute Patrick Fissler. Sur ce point Iris-Kolassa (cosignatrice de cette étude), directrice du département de Psychologie et de biologie de l’Université d’Ulm assure : « Nous pouvons assurément faire quelque chose pour nos facultés intellectuelles à tout âge. Cependant mieux vaut commencer la pratique à un jeune âge. Certes, nos capacités cognitives sont plus particulièrement menacées à un âge avancé, mais tous les dommages au niveau neuronal sont difficilement réversibles. Se détendre et stimuler régulièrement son esprit – en faisant un puzzle parexemple – contribuent sans doute à conserver nos facultés intellectuelles. Cet effet est encore renforcé par une alimentation équilibrée et une activité physique. Toutefois, la règle est la même que pour toutes les habitudes liées au mode de vie : plus tôt on s’y met, mieux c’est . » (6)   Le puzzle possède des vertus apaisantes Si la pratique du puzzle permet de lutter contre les pertes de mémoire et de faire exercer ses capacités cognitives, il permet également de se relaxer, ce qui est fondamental. Des états de stress persistants peuvent ainsi avoir un impact négatif sur le vieillissement cognitif et la démence à long terme. En effet, en se fondant sur les résultats de cette étude Iris Kolassa affirme : « Faire un puzzle semble être pour beaucoup de personnes, une stratégie de ‘’déconnexion’’ leur permettant de se détendre. » En concentrant leur attention sur le puzzle, beaucoup de personnes arrivent à bien déconnecter. Couplé à une vie saine, une alimentation équilibrée, une activité physique suffisante et des instants de détente réguliers, la résolution de puzzles permet de diminuer le stress. Florent Leroux, Président de la FJP (Fédération Jouet Puériculture) et Directeur Général de Ravensburger, confirme : « Les divertissements et les casse-têtes sont des activités ludiques peu coûteuses et qui retrouvent un regain d’intérêt notamment chez les jeunes adultes. Sensibilisés aux effets des appareils numériques et autres activités sur nos fonctions cognitives, nous disposons enfin d’un fondement scientifique pour prouver à tous que le puzzle est une activité qui permet d’entraîner quotidiennement les fonctions cognitives de notre cerveau. » Stimuler la mémoire à chaque âge !  Pour qu'à chaque âge, le plaisir de jouer s'allie parfaitement à celui de réfléchir et d'apprendre, Ravensburger et Nathan proposent une grande variété de puzzles pour enfants, adolescents et adultes,  En savoir plus   Références : (1) Exposition aux écrans : « Qui défend-on, les enfants ou l’industrie du numérique ? » Tribune publiée dans le Monde, par le collectif CoSE, le 16 janvier 2019 (2) Fissler P, Küster OC, Laptinskaya D, Loy LS, von Arnim CAF and Kolassa I-T (2018) Jigsaw Puzzling Taps Multiple Cognitive Abilities and Is a Potential Protective Factor for Cognitive Aging. Front. Aging Neurosci. 10:299. doi:10.3389/fnagi.2018.00299 (3) Statistiques de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance de 2018 (4) Fissler P., Küster O. C., Loy L. S., Laptinskaya D., Rosenfelder M. J., Von Arnim C. A. F., et al. (2017). Jigsaw Puzzles As Cognitive Enrichment (PACE) - The effect of solving jigsaw puzzles on global visuospatial cognition in adults 50 years of age and older: study protocol for a randomized controlled trial. Trials (5) Ensemble de fonctions qui permettent de reconstituer un tout à partir d’éléments séparés qui ont des relations spatiales entre eux (puzzles, construction en cubes, reproduction d’un dessin) (6) Ces résultats confirment deux études observationnelles, une sur les enfants (Levin et al.,2012) et une sur les adultes plus âgés (Friedland et al., 2001), qui ont révélé un lien entre la pratique d’activités composites (qui incluaient la résolution de puzzles) et des bénéfices cognitifs

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Mutations et enjeux de l'agriculture en Corse

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Mutations et enjeux de l'agriculture en Corse

La Corse est la seule région de France où progresse encore l’agriculture. Comment se traduit ce dynamisme ?

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Enseigner sereinement, épisode 1 : l’art de ne pas se laisser déborder
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Enseigner sereinement, épisode 1 : l’art de ne pas se laisser déborder

Par Violaine Carry, professeure de Lettres Chaque année scolaire est une course pour boucler le programme, concevoir ses cours, corriger les copies, rentrer les notes, recevoir les parents, assurer le suivi des élèves à besoins particuliers, organiser des sorties culturelles… Face à toutes ces sollicitations, comment rester serein ? La mécanique du stress Quand la pression du temps devient insupportable, c’est que le corps a été soumis à un stress qui a fini par épuiser toutes ses ressources. À l'origine, le stress est notre meilleur allié pour surmonter l'adversité. Notre cerveau sonne l’alarme pour mettre le corps en état d’alerte. L’hypothalamus, véritable gare de triage, détecte une menace potentielle et active immédiatement l’amygdale, cette machine à teinter les souvenirs d’une valence émotionnelle « agréable » ou « désagréable ». S’ensuit une réaction en chaîne dans diverses zones de l’organisme qui implique la libération d’hormones, dont l’adrénaline et surtout le cortisol, « l'hormone du stress ». La première nous envoie immédiatement un shoot d’énergie pour nous préparer à fuir ou à combattre. Le taux de glucose dans le sang augmente, car cet aliment préféré du cerveau optimisera notre mémoire et notre attention, la pression sanguine, donc l’oxygénation du cerveau, s’accroît, et nos muscles déjà tendus sont prêts à agir. L’adrénaline fait de nous une véritable machine de guerre. Seulement voilà : elle ne dure que très peu de temps, quelques minutes généralement. Le cortisol entre en scène pour maintenir cet état. En parallèle, l’hypothalamus a envoyé ses informations à une autre zone de notre cerveau, dédiée au raisonnement et à l’analyse, le cortex préfrontal. Celui-ci passe au crible les informations, puis valide la réalité de la menace. Si l’adversité est confirmée, le cortisol poursuit son travail, et continue à augmenter. Et voilà comment les sportifs battent les records, comment un étudiant fait le meilleur oral de sa vie. Se dépasser, c’est être stressé. Toutefois, le cortisol n’a pas mauvaise presse pour rien : il fait baisser le taux de sérotonine, l’hormone dite « du bonheur » et le taux de dopamine, hormone « du plaisir ». Si cet état persiste, la santé mentale se détériore peu à peu, avec des troubles du sommeil, de l’attention et de la mémoire, et un risque réel de dépression. Le système immunitaire devient vulnérable, des troubles cardio-vasculaires et digestifs apparaissent, le manque de sommeil nous empêchant de restaurer nos forces. Pour corser le tout, nous ne sommes pas égaux face au stress. Notre histoire personnelle et notre héritage génétique nous rendent enclins plutôt à l’optimisme ou au pessimisme. Ainsi, certains s’épanouissent à l’approche d’échéances, tandis que d’autres s’y noient d’anxiété. Trier, hiérarchiser Il s’agit d’abord de repérer si les symptômes de stress agissent comme des boosters, ou, au contraire, s’ils entravent nos actions et nos performances. Quand on ressent un écœurement face aux multiples obligations et sollicitations, il faut réagir. Une première stratégie consiste à lister les obligations non négociables, les tâches qui ne le sont pas réellement, et les loisirs. Il s’agira ensuite de faire des choix. Posez sur un planning mensuel tout ce qui figure dans votre colonne « obligations non-négociables », tant dans la vie professionnelle que la vie privée. Vient ensuite un travail de hiérarchisation et de négociation avec vous-même. Voyez dans quelle mesure vous pouvez soit déléguer, soit différer une tâche. La clé pour tout cela, c’est de ne pas se culpabiliser. Même quand on vous propose une opportunité qui vous tient à cœur, laissez le temps à votre cortex préfrontal d’anticiper la charge, d’évaluer l’intérêt de la proposition. Il a besoin de temps pour prendre de la distance par rapport à nos émotions immédiates, sans pour autant les négliger. Si l’offre le mérite, la règle tacite est d’abandonner une activité moins « rentable » en termes de bénéfices-plaisir. Cette règle de substitution, parfois douloureuse au premier abord, devient plus naturelle et plus facile au fil du temps. On respecte ainsi davantage notre corps et nos limites. Par extension, on gagne en fiabilité aux yeux des autres. Ne pas tout contrôler À mes débuts, il m’est arrivé de concevoir des séances à la minute près… C'était oublier que l’enseignement n’est pas une science exacte. La clé est d’accepter de se permettre quelques excursions « hors-piste », en accueillant, comme en improvisation théâtrale, les réactions de la classe, même quand l’échange dévie un peu de l’objectif initial. C’est aussi accepter que pour la même séance, on prenne une heure avec une classe, et deux avec une autre. Certes, le contrôle est important pour amener les élèves à un objectif défini, mais il faut parfois accepter de lâcher prise sur certaines choses, avec, en tête, que finalement, tous les chemins mènent à Rome. Soyez indulgent envers vous-même ! On nous martèle que nous devons changer le statut de l’erreur, nous éloigner de la notion de sanction pour en faire un outil d’amélioration aux yeux de nos élèves ; commençons par nous l’appliquer à nous-mêmes.

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Pas facile d’être une femme libre !  Calamity Jane - Lire au CDI
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Pas facile d’être une femme libre ! Calamity Jane - Lire au CDI

Par Cécile Chabassier, professeure documentaliste dans l’académie de Limoges, membre de l’A.P.D.E.N Les élèves d’une classe de sixième vont rencontrer Claire Gaudriot, illustratrice du très bel album Calamity Jane l’indomptable , publié aux éditions À pas de loups en 2019, et dont les textes ont été écrits par Anne Loyer. Pour préparer la rencontre, la professeure documentaliste et la professeure de français décident d’étudier avec les élèves la figure de Calamity Jane : qui était-elle ? Quelle part de mystère demeure malgré ce que l’on sait d’elle aujourd’hui ? Surtout : qu’est-ce qu’être une femme à l’époque de la conquête de l’Ouest ? Un personnage dans son époque En préambule, deux séances de recherches d’informations sont organisées pour faire découvrir aux élèves le personnage de Calamity Jane et l’époque à laquelle elle a vécu. Deux articles issus du périodique Histoire Junior sont mis à leur disposition : « Calamity Jane : la légende de l’Ouest » (n°62, avril 2017) et « À la conquête de l’Ouest » (n°73, avril 2018). Ils doivent repérer et extraire les informations pertinentes pour compléter  une  carte  mentale  concernant  la  conquête de l’Ouest et un portrait de Calamity Jane. Chaque élève dispose également d’un lot de photographies (issues de l’encyclopédie Wikipedia) à associer aux différents éléments de la carte mentale. Des fictions pour découvrir une personnalité. Les  élèves  doivent  lire  individuellement  l’album de Claire Gaudriot et Anne Loyer, dont plusieurs exemplaires sont à disposition, au CDI et en classe. Il est à noter que cet ouvrage étant assez court, il circulera rapidement. Deux autres ouvrages de fiction autour du personnage de Calamity Jane sont proposés aux élèves : l’album de la série Lucky Lucke (Dupuis, 2021) et le premier tome d’une bande dessinée d’Adeline Avril (Delcourt, 2021). Une vie entourée de mystères La  professeure  de  français  commence  sa  séquence sur l’aventure, construite autour des Lettres à sa fille (Rivages poche, 2014). Ce recueil est composé de vingt-cinq lettres que Calamity Jane aurait écrites à sa fille. Devenue adulte, cette dernière les a fait publier. Il existe aujourd’hui un doute sur l’authenticité des lettres, et sur l’identité de la prétendue fille de Calamity Jane, mais ce recueil contribue à alimenter la légende ! La professeure de français sélectionne deux lettres en lien avec le thème de l’aventure et les étudie avec les élèves (celle du 28 septembre 1877 et celle de 1889). Elle consacre également une séance au vocabulaire, avec une activité sur l’étymologie et le sens de mots en lien avec le Far West. En fin de séquence, les points communs entre le contenu des lettres et celui de l’album sont dégagés. L’album : le lien texte-images En cours d’EMI, la professeure documentaliste propose aux élèves une analyse de certaines pages de l’album, à travers le questionnement suivant : était-il facile pour Calamity Jane d’être une femme libre et rebelle ? Après avoir montré une Calamity Jane conquérante et libre, petit à petit, les autrices dévoilent ses souffrances. L’étude  de  la  relation  texte-images  s’avère  particulièrement intéressante, car les sentiments repérés révèlent très souvent une dichotomie entre le sens du texte et celui de l’image correspondant. Parfois les illustrations la montrent riant à gorge déployée, ou défiant du regard les femmes qui la méprisent, tandis que le texte souligne sa solitude et ses errances. Au fur et à mesure de l’étude de l’album, nous revenons avec les élèves sur les recherches d’informations faites en début de projet. Une réflexion se met en place sur les conditions de vie des femmes à l’époque, et sur la question de leur émancipation. Bibliographie Claire Gaudriot, Anne Loyer, Calamity Jane, l’indomptable , À pas de loups, 2019 Calamity Jane, Lettres à sa fille , Rivages poche, 2014 Adeline Avril, Calamity Jane, 1 . La fièvre, Delcourt, 2021 Morris, René Goscinny, Lucky Luke 30, Calamity Jane , Dupuis, 1986 « À la conquête de l'Ouest », Histoire junior n°73, avril 2018, p.14-23 « Calamity Jane : la légende de l'Ouest », Histoire junior n°62 , avril 2017, p.14-19 « Calamity Jane : la ruée vers la liberté », séquence NRP collège n°661 , janvier 2019       Notion info-documentaire : exploitation de l’information L'exploitation de l'information comprend différentes actions de traitement (sélection, prise de notes, évaluation et référencement de l'information pertinente) permettant de comprendre, d'organiser et d'utiliser l'information pour répondre à ses besoins. Voir le site

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La création graphique des manuels scolaires chez Nathan

La création graphique des manuels scolaires chez Nathan

Les graphistes et iconographes sont indispensables dans les maisons d’édition. Ils donnent envie d’apprendre aux élèves grâce à des maquettes sur mesure et enrichissent les manuels de visuels attractifs ! Commençons par les iconographes ! Comment interviennent les iconographes dans la création des manuels scolaires ? En collaboration étroite avec les éditeurs et les auteurs, les iconographes cherchent et sélectionnent des images (photographies, dessins, œuvres d’art…) pour illustrer de façon pertinente les textes ou les concepts des manuels. Ils font également un gros travail de recherche de documents pour alimenter et compléter les cours dans les manuels. Quels sont leurs critères de choix pour sélectionner des documents ?   Ce qui est recherché avant tout par un iconographe, ce sont des images qui ont du sens. Celles-ci doivent avoir une signification et être en lien logique avec le contenu du chapitre. L’iconographe doit « avoir l’œil », s’adapter à la demande, au support et au budget. En effet, avant de pouvoir les intégrer dans un manuel, il faut acquérir les droits des images. L’iconographe essaie de proposer des documents originaux, tout en restant vigilant sur les aspects juridiques et sur la qualité technique. Qu’est-ce qui est le plus intéressant dans le quotidien des iconographes ? Pour Gaëlle, iconographe , « c’est la recherche, la découverte de nouveaux concepts à illustrer. Je m’impose comme défi de réussir à trouver la bonne photo, et quelle joie quand on voit que l’image fonctionne ! ». Quelles sont les qualités requises d’un iconographe ? Selon Gaëlle, un iconographe doit être curieux, passionné, rigoureux. Il doit aussi faire preuve de patience car une image ne se trouve pas du premier coup ! Avoir une bonne mémoire et une connaissance des sources d’images est également très important pour être rapide dans les recherches. Une anecdote ou une devise à partager ? « Au cours de nos recherches, nous avons fait des rencontres magnifiques avec des personnages lumineux comme Serge Klarsfeld, plein d’humour et de talent  tel Gérard Fromanger (artiste peintre) . Nous avons également rencontré Alyssa Carlson, la future astronaute qui partira en mission sur Mars en 2033 … Nous avons également fait des découvertes étonnantes de collectionneurs fous, de savants déjantés, de sources d’images inédites… Dans ce métier il faut toujours rester en éveil ! », Gaëlle. Plongeons-nous maintenant dans l’univers des graphistes ! Comment interviennent les graphistes dans la création des manuels scolaires ? Les graphistes sont en charge de créer les maquettes des manuels scolaires de A à Z. Leur travail se fait en deux temps. Il y a une première étape qui est celle de la création du concept graphique, puis une deuxième étape qui est celle de l’exécution ou mise en page. Dans un premier temps, les graphistes créent le concept graphique du manuel. Ils jouent sur la typographie, sur la disposition des blocs, et apportent une ambiance colorée et agréable. La création des maquettes est une étape longue mais incontournable. En effet, elle nécessite de nombreux échanges et allers-retours entre les maquettistes et les éditeurs afin de cerner leur demande et mettre en valeur les éléments clés de la façon la plus claire possible. L’objectif est de créer une maquette claire et attrayante. Les maquettistes passent ensuite à l’exécution : ils déclinent le concept graphique sur tous les chapitres et toutes les pages du manuel. Quels sont les critères pour réaliser une maquette de manuel scolaire ? Un graphiste cherche avant tout à être le plus efficace possible. Il doit faire preuve de cohérence et rendre la lecture immédiate pour faciliter la compréhension. Il faut donc qu’il ait en amont une vision claire et précise des objectifs pédagogiques avant de créer la maquette. Qu’est-ce qui est le plus intéressant dans le quotidien de nos artistes ? Pour Julie, responsable artistique « c’est clairement la création ! J’aime rendre les informations claires, donner envie aux élèves. J’aime pouvoir transformer un contenu pédagogique en quelque chose de ludique ». Pierre-Yves, graphiste également, aime tout simplement le fait de pouvoir participer à un projet important comme celui de l’éducation.  « C’est l’aboutissement de quelque chose. J’ai conscience que mon travail va être utilisé par les élèves et que certains vont s’en rappeler. J’ai une grosse responsabilité car c’est en lien avec l’éducation ». Quelles sont les qualités requises d’un graphiste ? Pour Julie et Pierre-Yves, la qualité essentielle est la créativité. C’est un véritable challenge d’exprimer son art notamment dans l’éducation. Le graphiste doit constamment être en veille et être curieux de tout pour faire parler son imagination. Ses sources d’inspiration sont variées et proviennent de tout ce qu’il voit dans le monde culturel, dans la mode, dans les peintures, les livres jeunesses, les souvenirs, etc. Pour terminer, une anecdote ou une devise à partager avec nos lecteurs ? « Continuer d’être curieux pour être créatif », Julie « Vers l’avenir et au-delà ! »  car il faut toujours penser à ce qu’on fait plus tard dans le monde scolaire. L’avenir est un enjeu de la maison d’édition », Pierre-Yves

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Formation: comment répondre aux nouvelles attentes du marché du travail ?

Formation: comment répondre aux nouvelles attentes du marché du travail ?

Le 6 avril dernier, Muriel Penicaud présentait dans le détail ce que prévoit la future loi sur « l'avenir professionnel ». Le texte visant à réformer la formation, l'apprentissage et l'assurance chômage sera présenté en Conseil des ministres le 27 avril. Concernant la formation, le projet du gouvernement est de simplifier l'offre pour une meilleure lisibilité (1). Les principales mesures annoncées sont le passage à un compte personnel de formation alimenté en euros et non plus en heures, la création d'une agence de régulation de la formation professionnelle et de l'alternance, nommée « France Compétences », et un nouveau mode de financement. Le compte personnel de formation (CPF) sera crédité de 500 euros par an, avec un plafond à 5000 euros, ou de 800 euros par an avec un plafond à 8000 euros pour les personnes peu qualifiées. Les organismes paritaires collecteurs agréés sont aussi voués à être remplacés par des « opérateurs de compétences ». Mais une mesure qui peut sembler anodine sera aussi lourde de conséquences pour la formation : l'inscription, le paiement et la notation des formations s'effectueront sur une plateforme en ligne, directement par le salarié (2). LA CLÉ DE LA RÉUSSITE : SE MODERNISER L'accès direct à l'achat de formations induit un profond changement pour les organismes. Pour répondre aux besoins des salariés rendus plus autonomes, les offres doivent devenir plus claires et individualisées. Les formations ne se comptant plus en heures, il est important pour les organismes d'en justifier les coûts en proposant par exemple des cursus professionnalisants et reconnus, qui peuvent délivrer une certification. D'où un glissement probable vers des cours en modules ou au forfait. Certains anticipent déjà ces changements et proposent un accès aux formations via des applications, pour laisser aux utilisateurs formés une plus grande liberté d'action dans leur apprentissage et une boîte à outils personnalisée et accessible (2). De plus, chaque formation sera notée par les apprenants, formant un système de score pour les organismes. Le classement sera déterminant pour la visibilité des apprentissages. France Compétences sera en charge de réguler les tarifs et la qualité des formations, avec une évolution possible vers un système de certification unique destiné à filtrer les offres de formations. Les organismes de formation doivent dès à présent réfléchir à leurs futures offres, afin de s'adapter aux contraintes de la réforme, pour proposer un apprentissage plus clair, plus personnalisé et plus exigeant. LES ATTENTES DES SALARIÉS Pour les organismes de formation, s'adapter et  se moderniser  veut dire répondre plus efficacement aux attentes en besoin d'apprentissage. Selon le baromètre CEGOS 2017 (3), l'ensemble des salariés se sent concerné par la formation professionnelle tout au long de sa carrière, mais l'envie d'un renouvellement dans la manière d'être formé se fait ressentir. Les modes de formation les plus appréciés et les mieux notés aujourd'hui sont les formations individuelles, ainsi que les formations en  blended learning  (qui associent le présentiel aux cours numériques).  Les solutions numériques  sont de ce fait très prisées, car elles mêlent un suivi personnalisé et accessible, tout en complétant les cours en présentiel avec de nombreuses ressources. Interrogés sur la digitalisation de la formation, les salariés recherchent en priorité à remplacer les supports papier par des supports disponibles en ligne, à utiliser des équipements numériques et/ou des applications en ligne pendant les formations en salle et à accéder à des ressources pédagogiques supplémentaires sur une plateforme en ligne. Les organismes de formation doivent donc poursuivre leurs efforts vers une offre mixte, toujours plus personnalisée, pour se mettre en avant dans un secteur qui tend à devenir de plus en plus concurrentiel. NATHAN accompagne les organnismes de formation, les apprenants et les salariés dans la certification et la valorisation des compétences avec CLEA Nathan. DIGITALISEZ VOS FORMATIONS QUE VOUS PROPOSEZ.  Grâce à ces solutions numériques, offrez aux apprenants des approches plus variées et motivantes qui leur permettent également de travailler en autonomie sur la plateforme numérique. En savoir PLUS — RÉFÉRENCES 1-  Article Sud Ouest sur les mesures principales de la réforme, 5 mars 2015. 2-  Article de Actualité de la formation, La réforme s'annonce structurante pour les organismes de formation, 3 avril 2018. 3-  Baromètre CEGOS 2017. — POUR ALLER PLUS LOIN -  Article de Actualité de la formation, Les questions en suspens autour de la nouvelle agence France Compétences, 16 avril 2018. -  Chiffres de Actualité de la formation sur la réforme, 26 mars 2018. -  Résultats du sondage BVA sur la réforme de la formation. -  Article du Journal du Net, Réforme de la formation professionnelle : vers un big bang, 11 avril 2018. -  Article Les Echos, Formation professionnelle : ce que la réforme va changer, 9 avril 2018.    

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Mieux connaître l’histoire de l’esclavage : le travail de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage

Par Gaspard Jolly et Armand Kadivar L’esclavage a été aboli en France en 1848 et, en 2001, la justice française a fait de la traite négrière un crime contre l’humanité. Une telle action politique, inédite alors, s’est accompagnée de diverses mesures mémorielles visant à perpétuer le souvenir de cette Histoire. La Fondation pour la mémoire de l’esclavage s’inscrit dans ce sillage en organisant chaque année un concours national pour les classes du CM1 à la Terminale. Un nouveau régime mémoriel Dès les années 1960, un mouvement populaire se développe dans les Outre-mer pour faire reconnaître la mémoire des esclaves et de leurs descendants. Porté par les artistes et les intellectuels, soutenu par les collectivités locales et relayé par des initiatives internationales, ce mouvement a pris une ampleur nationale. Ainsi, la loi du 30 juin 1983 fait du 10 et du 23 mai des journées nationales en mémoire de l’esclavage et de ses victimes. Elle fixe également des jours fériés célébrant l'abolition dans les territoires français qui ont connu l'esclavage : le 27 avril à Mayotte, le 22 mai en Martinique, le 27 mai en Guadeloupe, le 28 mai à Saint-Martin, le 10 juin en Guyane, le 9 octobre à Saint Barthélemy, et le 20 décembre à La Réunion. Le 10 mai 2001 est votée la proposition de loi de Christiane Taubira par laquelle la France reconnaît la traite et l’esclavage coloniaux comme crimes contre l’humanité : c’est le premier pays à effectuer une telle déclaration, signe d’un changement de paradigme mémoriel, d’un récit national plus juste et plus ouvert. Cette loi, dite « loi Taubira », inscrit également le sujet de l’esclavage dans les différents programmes scolaires. Extrait du discours de Christiane Taubira (alors députée de la Guyane), le 18 février 1999, lors de la proposition de loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité : « Cette inscription dans la loi, cette parole forte, sans ambiguïté, cette parole officielle et durable constitue une réparation symbolique, la première et sans doute la plus puissante de toutes. Mais elle induit une réparation politique en prenant en considération les fondements inégalitaires des sociétés d’Outre-mer liées à l’esclavage, notamment aux indemnisations en faveur des colons qui ont suivi l’abolition. Elle suppose également une réparation morale qui propulse en pleine lumière la chaîne de refus qui a été tissée par ceux qui ont résisté en Afrique, par les marrons qui ont conduit les formes de résistance dans toutes les colonies, par les villageois et les ouvriers français, par le combat politique et l’action des philosophes et des abolitionnistes. Elle suppose que cette réparation conjugue les efforts accomplis pour déraciner le racisme, pour dégager les racines des affrontements ethniques, pour affronter les injustices fabriquées. Elle suppose une réparation culturelle, notamment par la réhabilitation des lieux de mémoire. » La Fondation pour la mémoire de l’esclavage Le 13 novembre 2019 naît la Fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME) , appelée de ses vœux par François Hollande et mise en place sous la présidence d’Emmanuel Macron. Que ce soit à travers des expositions, des conférences, des soirées, ou des publications sur les réseaux sociaux (Instagram, TikTok ou YouTube), la FME a pour mission de raconter, de décrire, de dénoncer, de dialoguer, de discuter et de débattre autour de l’histoire de l’esclavage, principalement en francophonie. La Fondation permet à tous de comprendre les enjeux liés à l’esclavage à travers des films, des ouvrages, des portraits et des collections. L’organisme propose également un dossier fourni sur Napoléon, figure historique controversée, à l’origine du rétablissement de l’esclavage en 1802, après son abolition le 4 février 1794 par la Convention nationale sous la Première République. En outre, dans le souci de promouvoir une recherche française pionnière et pluridisciplinaire d'excellence sur les esclavages et leurs héritages, la FME a lancé, avec le soutien du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) et du CNRS, la préparation d’un livre blanc sur les thématiques de l’esclavage. « La Fondation pour la mémoire de l'esclavage est une institution pour la France d'aujourd'hui. Parce que la connaissance du passé nous aide à comprendre le présent. Parce que les cultures issues de cette histoire sont des richesses. Parce que, pour lutter contre les discriminations, le racisme et toutes les formes d’atteintes à la dignité humaine, il faut savoir d’où elles viennent. » scande Jean Marc Ayrault, président de la Fondation.   La Flamme de l’égalité Les ministères chargés de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, de la Citoyenneté, des Outre-mer, de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) et la Fondation pour la mémoire de l’esclavage s’associent chaque année dans le cadre d’un concours permettant aux élèves du primaire et du secondaire d’élaborer un projet de classe sur un thème donné autour de l’histoire de l’esclavage. Ce concours national distingue trois catégories différentes : l’école élémentaire, le collège et le lycée. Les élèves présentent après plusieurs mois de travail un rendu sur le thème annuel, celui pour l’année 2023-2024 ayant été « Résister à l’esclavage : survivre, s’opposer, se révolter ». La mise en forme du projet est libre : récit, documentaire audiovisuel, projet artistique, physique ou numérique… Une présélection est opérée au niveau des académies et, pour la finale, un jury national désigne au mois d’avril, dans chacune des trois catégories, un lauréat ainsi que d’éventuelles mentions spéciales. Par exemple, les élèves de 4 e du collège Alfred de Vigny à Courbevoie, lauréats en 2023, ont produit un livre numérique proposant de suivre les parcours de vie de trois personnages fictifs mis en esclavage : Baolo, l'homme, Aïsha, la femme, et Malik, l'enfant. À partir de leurs captures, les choix du lecteur amènent à différents destins. Le projet, pluridisciplinaire, fait appel à un riche travail historique, des connaissances géographiques, des compétences linguistiques et une création artistique originale. Quant aux élèves de 1 re du lycée Raynouard, également lauréats, ils ont réalisé une carte interactive de l'habitation Cassagniard, située sur l’île de Saint-Domingue. À partir du document découvert aux Archives nationales d'outre-mer, la classe a donné vie au plan de l'habitation en proposant divers documents originaux (chants, dialogues, recettes, schémas explicatifs, données de production, lettres, etc.) afin d'appréhender les différents espaces de vie et de travail d'une plantation sucrière. À travers ce concours, les différents organisateurs s’attendent à ce que les élèves fournissent un travail d’étude, d’analyse et d’interprétation des faits historiques, des acteurs et des archives pour alimenter au mieux leur projet. Les compétences développées et acquises dans le cadre de la Flamme de l’égalité sont précieuses sur le plan scolaire et extrascolaire. En effet, les élèves approfondissent leurs connaissances et leur compréhension de l’esclavage et de ses effets pour prendre conscience, in fine, de l’importance qu’il y a à préserver la dignité humaine et, pour cela, à agir en citoyens libres et égaux. Site de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage Site du concours Concours « La Flamme de l'égalité »

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Actu formation - Les enjeux de la réforme

Actu formation - Les enjeux de la réforme

Récemment présenté par le gouvernement, le projet de réforme de la formation professionnelle apportera de nombreux changements. Pour les entreprises et les salariés, cette nouvelle loi devrait simplifier les démarches et accorder à chacun plus d'autonomie. Porté par la ministre du Travail, le texte de loi sur « l'avenir professionnel » sera bientôt soumis au Conseil des ministres. Destiné à modifier en profondeur le système de formation actuel, le projet veut avant tout permettre aux salariés d'accéder plus simplement à l'apprentissage (1). La future loi prévoit ainsi la création de « France Compétences », une agence nationale de régulation de la formation professionnelle et de l'alternance, un nouveau mode de financement, mais aussi la transition vers un compte personnel de formation (CPF) alimenté en euros. Celui-ci sera crédité de 500 euros par an, avec un plafond à 5000 euros, ou de 800 euros par an avec un plafond à 8000 euros pour les personnes peu qualifiées. Les organismes paritaires collecteurs agréés laisseront aussi place à des « opérateurs de compétences », et la gestion de la formation individuelle sera assignée aux salariés par le biais d'un service en ligne. Les apprenants pourront choisir, payer et noter leurs formations depuis cette plateforme, sans intermédiaire (2). UNE SIMPLIFICATION PEU COMPRISE La réforme à venir désire avant tout changer l'opinion des salariés sur la formation. Un sondage de l'institut BVA pour le journal La Tribune (3) révèle que plus de 70 % des personnes interrogées considèrent que le système de formation actuel est inefficace, difficile d'accès et peu compréhensible. Pour remédier à cela, la nouvelle loi propose l'ouverture d'un service numérique où le salarié sera accompagné pour choisir et payer la formation de son choix, sans passer par un intermédiaire. Grâce à son CPF désormais crédité en euros, il pourra « faire ses achats » comme bon lui semble et choisir les formations qu'il souhaite sans devoir se justifier auprès de son employeur. Une mesure qui devrait encourager la reconversion professionnelle et le développement de compétences multiples, notamment grâce aux organismes qui proposent des certifications reconnues. Chacun devient plus autonome et peut se former « à la carte » avec une gestion personnalisée de son budget formation. Pourtant, même si le but de la réforme est de simplifier l'accès à la formation et sa compréhension, sur les 72 % de Français qui ont entendu parler de la réforme, plus de la moitié ne comprennent pas vraiment ses enjeux (4). Un défi de taille pour les organismes de formation qui devront évoluer pour devenir plus attrayants mais surtout pour les entreprises qui devront guider leurs salariés dans leurs différents projets de formation. LES RESPONSABLES DE FORMATION CHANGENT DE RÔLE En accordant plus d'autonomie aux salariés, cette nouvelle loi devrait aussi changer le travail des responsables de formation. Désormais, leur rôle d'orientation sera nettement renforcé. Ils devront proposer un suivi plus personnalisé pour répondre aux attentes des salariés actifs tout en gardant la vision globale de leur projet d'entreprise. Par ailleurs, leur profession devrait aussi devenir plus numérique afin d'évoluer avec les pratiques qui deviennent moins coûteuses, plus modernes et plus efficaces. QUELS NOUVEAUX ENJEUX POUR L'ENTREPRISE ? Avec un taux de cotisation toujours identique pour les entreprises, le financement de la formation ne pèsera pas plus lourd dans le budget des professionnels. Il représente 1,23 % de la masse salariale pour les entreprises jusqu'à 10 salariés et 1,68 % pour les autres (5). Mais la redistribution de ce budget devrait changer. La somme dégagée pourra être orientée vers Pôle Emploi, les salariés eux-mêmes ou bien les TPE. C'est donc aux entreprises de décider si elles souhaitent investir ou non dans la formation de leurs salariés. La formation en présentiel demandant un investissement financier important, les professionnels devraient se tourner de plus en plus vers les plateformes numériques et le blended learning, soit l'association de cours en présentiel et de cours en ligne. Cette solution, en plus d'être économique, permet aux employés d'adapter leur formation à leurs propres horaires et ainsi de bénéficier d'un apprentissage accessible et moins contraignant. Pour les entreprises, ces outils permettent de former efficacement, mais aussi de jouir de l'image d'une entreprise moderne qui œuvre pour ses salariés. NATHAN accompagne les entreprises et les salariés dans la certification et la valorisation des compétences avec CLEA Nathan. DIGITALISEZ VOS FORMATIONS ET MOTIVEZ VOS SALARIÉS.  Grâce à ces solutions numériques, offrez à vos salariés des approches plus variées et motivantes qui leur permettent également de travailler en autonomie sur la plateforme numérique. En savoir PLUS   — RÉFÉRENCES 1-  La formation professionnelle : une opportunité encadrée par la loi 2-  Article de Actualité de la formation, La réforme s’annonce structurante pour les organismes de formation, 3 avril 2018 3-  Résultats du sondage BVA sur la réforme de la formation 4-  Chiffres de Actualité de la formation sur la réforme, 26 mars 2018 5-  Article de l’Entreprise, Formation professionnelle : le grand chambardement arrive, 5 mars 2018 — POUR ALLER PLUS LOIN -  Article de Actualité de la formation, Les questions en suspens autour de la nouvelle agence France Compétences, 16 avril 2018 -  Article du Journal du Net, Réforme de la formation professionnelle : vers un big bang, 11 avril 2018 -  Article Les Echos, Formation professionnelle : ce que la réforme va changer, 9 avril 2018

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Nathan, Lea.fr et Klassroom, partenaires

Nathan, Lea.fr et Klassroom, partenaires

La période de confinement de 2020 a profondément modifié les relations entre les familles et l’école. Nombre de parents et enseignants ont dialogué, se sont redécouverts et parfois même mieux compris.  Pour certains parents et enseignants, la "continuité pédagogique" s’est installée facilement. Pour d’autres, elle s’est avérée plus complexe à mettre en oeuvre.  Les conséquences du confinement se ressentent aujourd’hui dans de nombreuses classes où certains enfants sont en situation de décrochage. Cette situation, à laquelle s’ajoute la récente fermeture des établissements scolaires, nécessite plus que jamais que le lien école-famille et la coopération parents-enseignants soient facilités.  Renforcer le partage d’expériences pédagogiques entre enseignants et le lien famille-école Aujourd’hui, l’importance du lien de confiance entre parents et enseignants est capitale. Sans ce lien, il n’y a pas d’école de demain. L’avenir ne peut exister que dans une logique de coopération entre parents et enseignants avec, au centre, l’épanouissement de l’enfant. Dès lors, comment accompagner chacun et contribuer à cette dynamique profitable à tous ? Le partage d’expériences pédagogiques entre enseignants est un aspect essentiel de la réussite des enfants. Véritable lab’ pédagogique destiné aux enseignants de maternelle, d’élémentaire et du collège, le portail Lea.fr leur permet de tester des méthodes innovantes, d’échanger sur les retours d’expériences effectuées en classe et de participer à des projets stimulants aux côtés des élèves, qui, une fois de retour à la maison partagent avec plaisir le fruit de leurs travaux et créations en famille. En dehors de l’école, l’enfant poursuit ses apprentissages et se questionne en permanence face au monde qui l’entoure. Le site Grandir avec Nathan propose gratuitement aux parents des activités à partager avec leurs enfants, des conseils et informations pour construire leurs apprentissages à leur rythme et des repères pour mieux appréhender le fonctionnement de l’école. Les parents ont également leur espace, « la bulle des parents », où tous peuvent partager leurs expériences et leurs questions. « Chez Nathan, notre mission est d’accompagner parents et enseignants en leur proposant des outils et ressources qui aideront les enfants à grandir et s’épanouir pour devenir les citoyens de demain. Créer des passerelles entre Grandir avec Nathan et Lea.fr était pour nous une évidence. Cela a pris d’autant plus de sens depuis le confinement de mars-avril 2020, période à partir de laquelle nous avons mis en place nombre d’initiatives visant à renforcer le lien entre parents et enseignants pour le bien-être des enfants » déclarent Pascaline Citron, Directrice de Nathan Pédagogie et Lea.fr et Valérie Rio Directrice éditoriale chez Nathan Univers Jeunesse. Impliquer toutes les familles dans la vie de la classe Parce que ce lien entre l’école et la famille est essentiel pour l’épanouissement des enfants, Klassroom développe les meilleurs outils de communication pour rapprocher l’école et les familles.   #Klassly, l’application de communication parents-professeurs qui implique toutes les familles dans la vie de la classe. L’application compte aujourd’hui 1,2 millions d’utilisateurs et a littéralement changé la vie de centaines de milliers de parents et de professeurs. Au-delà des avantages pratiques (instantanéité, simplification des échanges, accessibilité, etc.), Klassly a un véritable impact social dans les classes. L’application permet d’inclure toutes les familles, notamment grâce à une fonction de traduction instantanée dans plus de 100 langues pour les parents allophones. Elle permet également la valorisation du travail des professeurs. #Klassboard, le tableau de bord pour les directrices et directeurs d’école afin de piloter la vie de l’école et les communications avec les familles. «  Klassly et Klassboard renforcent considérablement le lien entre l’école et les familles . De nombreux contextes peuvent rendre ce lien difficile : parents divorcés, parents allophones, parents très peu disponibles, etc. Il est temps aujourd’hui d’utiliser aussi la technologie pour ce qu’elle peut apporter de positif dans nos vies. La popularité de Klassly chez les parents et les professeurs n’est pas un hasard. L’application change tout dans la vie de la classe. Depuis le premier confinement et ses conséquences, puis maintenant avec cette nouvelle fermeture des écoles, Klassly est devenue une application de première nécessité. » explique Frank-David Cohen, CEO de Klassroom. Nathan, Lea.fr et Klassroom associent leurs savoir-faire technologiques, éditoriaux et pédagogiques. L’objectif du partenariat est d’aller plus loin dans la simplification des échanges et le partage d’expériences entre enseignants et entre parents et enseignants, renforçant ainsi le lien famille-école. A propos Klassroom développe les meilleurs outils de communication pour rapprocher les écoles et les familles. #Klassly, l’application de communication parents-professeurs qui implique les parents dans la vie de la classe et #Klassboard , le tableau de bord des directrices et directeurs d’école pour piloter la vie de l’école et les communications avec les familles. Avec maintenant plus d’1,2 million d’utilisateurs dont 92% sont actifs chaque semaine, Klassly a révolutionné la relation parents-professeurs dans le premier degré. Tous les parents sont impliqués dans la vie scolaire de leur enfant, le travail des professeurs est valorisé et le lien entre parents et professeurs est considérablement renforcé. Klassly change la vie des classes.  https://klassroom.fr/ Nathan , maison du Groupe Editis, est un acteur reconnu de l’édition scolaire et un spécialiste de la petite enfance et du jeu éducatif. Référence dans le domaine du livre pour enfants et de littérature jeunesse, Nathan conjugue les talents d’auteurs, d’autrices, d’illustrateurs et d’illustratrices de renom et le savoir-faire d’éditeurs et d’éditrices animés par l’exigence de la qualité, l’innovation et la passion de transmettre. L’ambition de Nathan est de cultiver chez tous les enfants et les adolescents le plaisir de lire, d’apprendre et de jouer et de leur proposer le meilleur de la création pour qu’ils grandissent et s’épanouissent. https://editions.nathan.fr/ Lea.fr : le portail Lea.fr est le 1 er réseau social pédagogique et collaboratif de l'école primaire qui permet aux enseignants d'innover au quotidien et de partager leurs expériences pédagogiques. Activités pédagogiques, actualités, forum, groupes de travail collaboratif, conseils d'experts, Lea.fr réunit plus de 140 000 inscrits. Véritable réseau professionnel, il s’adresse aux enseignants de maternelle, d’élémentaire et du collège, aux conseillers pédagogiques ainsi qu’à tous les professionnels des 1 er et 2 nd degrés.   https://lea.fr/ Grandir avec Nathan accompagne les parents en leur proposant des activités ludiques, éducatives et créatives à partager avec leurs enfants. Riche de plus de 1 200 articles et d’activités à télécharger, accessible sur toutes les plateformes, en phase avec les questionnements des familles de 2021, et toujours entièrement gratuit, Grandir avec Nathan propose des informations et des repères sur la parentalité, l’éveil du bébé, les stades de développement de l’enfant, l’apport des neurosciences, les mises en pratique des pédagogies alternatives, la parentalité positive ainsi que des repères clairs sur la scolarité des enfants ou des outils pour faciliter la vie de famille au quotidien et aider les enfants à gagner en autonomie et en estime de soi. Les parents ont leur espace, « la bulle des parents », où les parents peuvent partager leurs expériences et leurs questions : l’alimentation, sommeil, mais aussi les écrans, la gestion des émotions, les sorties... https://grandiravec.nathan.fr/ CONTACTS PRESSE NATHAN : Xavier Comte  xcomte@nathan.fr  01 45 87 52 32  - KLASSROOM : com@klassroom.fr

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Les neurosciences : Le silence est d’or : apprendre… par défaut !
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Les neurosciences : Le silence est d’or : apprendre… par défaut !

Par Violaine Carry Des élèves engagés dans les apprentissages : voilà le leitmotiv de notre temps, qui promeut pédagogie de projet, travaux de groupes et autres stratégies pour capter l’attention des élèves et les maintenir actifs. Constamment actifs… Et si, pour bien apprendre, ils avaient aussi besoin de… ne rien faire ? « Mademoiselle Martin, pouvez-vous répéter ce que je viens de dire ? »… et voila Lucie Martin qui panique, car elle vient d’être rappelée à la réalité par son professeur, et n’a aucune idée de ce qui s’est passé au cours de la dernière minute. Lucie ne s’était même pas rendu compte que son esprit s’était mis à vagabonder. Cette situation – notre esprit qui part en roue libre –, nous l’avons tous vécue, et pourtant, elle est souvent associée à un jugement négatif. Et la culpabilité est d’autant plus grande qu’en général, nous sommes replongés dans la réalité en pensant à ce que nous devrions être en train de faire… ou par un tiers qui nous le rappelle, avec plus ou moins de bienveillance… Ne rien faire, c’est vital ! L’ironie est que cet état, ou concrètement nous ne faisons rien, en tous cas rien de constructif à nos yeux, est un mode cérébral dans lequel notre cerveau fourmille d’activités, au point d’être plus gourmand en énergie que quand il est focalisé sur une tâche complexe. Ce paradoxe a été découvert en 2001 par le neurologue Marcus Raichle, de l’université de Saint-Louis (USA). Il a baptisé cet état du cerveau « mode par défaut » , et le réseau des neurones impliqués « réseau par défaut » . Or, nous passerions entre un tiers et la moitié de notre temps d’éveil en mode par défaut, sans compter que ce réseau s’active également pendant notre sommeil. Il n’en a pas fallu plus aux chercheurs pour en conclure que la fonction de ce temps de « vagabondage » devait être beaucoup plus importante que ce qui paraissait. Et pour cause ! Les chercheurs ont depuis découvert que ce réseau était impliqué dans des fonctions non négligeables. Confirmée par plusieurs recherches depuis 2013, une corrélation a été établie entre le réseau par défaut d’une part, et la créativité et la pensée divergente d’autre part. En effet, les personnes dont les liens sont les plus denses entre les zones cérébrales impliquées dans le réseau par défaut sont celles qui trouvent le plus d’usages décalés pour un objet du quotidien, comme une chaussure ou une canette vide, par exemple. De même, une séance de brainstorming est d’autant plus riche qu’elle a été précédée d’un moment ou les participants pouvaient laisser vagabonder leur esprit. Mieux que ça : le mode par défaut est aussi le moment ou le cerveau en profite pour faire le tri et renforcer certaines informations, ainsi que pour éliminer les « métabolites », déchets produits pendant les temps de concentration, et même pour générer de nouvelles cellules, dont de nouveaux neurones. Ainsi, le mode par défaut assure certaines des fonctions fondamentales du sommeil, alors que nous sommes en état de veille. Il nous permet d’éviter la saturation de données et de fluidifier l’assimilation de celles-ci ; c’est donc paradoxalement dans ces moments où on ne fait rien qu’on mémorise réellement les informations, qu’on régule nos capacités d’attention et de concentration et qu’on optimise nos facultés d’innovation. De l’intérêt du mode par défaut en français En lisant cela, mon cerveau de professeure de lycée s’est retrouvé sur le coup un brin frustré : tout cela est bien joli, mais que puis-je en faire avec les élèves, concrètement ? Nous sommes tiraillés entre des programmes plus qu’ambitieux, la préparation aux nouvelles EAF, plus tard au grand oral, mais aussi le désir de faire vivre aux élèves des expériences de lecteurs et de scripteurs à la fois riches et utiles. Bref, à première vue, nous avons d’autres chats à fouetter que de nous occuper du réseau par défaut des élèves. Et si cela nous était bénéfique ? Nous avons déjà mentionné l’intérêt du mode par défaut pour la mémorisation (et pour les notions de grammaire, qui sont désormais évaluées à l’oral du bac, ce qui n’est pas du luxe) mais en français, favoriser la créativité et la pensée divergente de nos élèves peut également avoir un impact non négligeable sur leurs performances. En effet, nous déplorons souvent en commentaire que les élèves ne fassent pas les liens entre les œuvres, qu’ils ne perçoivent pas l’inspiration d’un mouvement chez un auteur, ou encore qu’ils n’adaptent pas leur plan a une autre problématique, a une autre vision du texte. Or, le mode par défaut, en faisant la part belle aux associations d’idées, en activant les zones qui développent l’empathie, c'est-à-dire la capacité à adopter le point de vue et le ressenti d’autrui, est une solution toute trouvée à ces défaillances. De même, quand les élèves bloquent, lors d’une dissertation, pour passer à la synthèse, qui demande tout de même un déplacement de point de vue parfois difficile à réaliser, le réseau par défaut peut aussi aider. Autre application du mode par défaut : l’appropriation des lectures. Certains (généralement des lecteurs qui ont déjà cette pratique) exploiteront naturellement le mode par défaut pour se mettre dans la peau d’un personnage et assimiler ses expériences – et par extension la lecture. D’autres, en revanche, auront besoin d’être davantage guidés par des exercices plus cadrés, mais qui mobiliseront indirectement cette faculté à déplacer son point de vue, d’où l’intérêt dans tous les cas de développer le réseau par défaut. Des temps de vagabondage mental pendant le cours ? J.-P. Lachaux ne cesse de le répéter d’un écrit à l’autre : il est impossible (et malsain !) d’être concentré(e) en permanence, d’où son idée de « bulles » d’attention de durée prédéfinie. Que nous le voulions ou non, nos élèves ont besoin de décrocher régulièrement, et cela dépend de leurs ressources attentionnelles propres, du moment de la journée et de leur hygiène de vie (alimentation, sport, interactions sociales) : la durée de concentration chez l’adulte est de 20 minutes maximum ; elle diminue a 15, voire à 10, chez les enfants et les adolescents, sans parler des personnes atteintes de TDAH… Or, nous avons tendance a toujours vouloir maintenir les élèves en activité, à mettre leur cerveau à ébullition, en oubliant que cela ne sera efficace que si ces moments sont entourés de temps de « récupération », un peu comme lors d’un effort physique. Seulement, nous ne maîtrisons pas toutes les données. Tout d'abord, il y a fort à parier que nos collègues cherchent eux aussi à optimiser leur temps de cours au maximum, de sorte que nous ne pouvons pas anticiper comment et en quelle proportion les élèves décrocheront en mode par défaut dans notre cours, avant ou après. Ensuite, notre société fabrique de plus en plus des individus qui fuient l’ennui comme la peste : en témoigne cette étude du psychologue T. Wilson qui, en 2014, n’a laissé qu’un appareil a électrochocs à des volontaires enfermés dans une salle d’attente et dépossédés de tout outil de distraction (téléphones, tablettes, livres…). Quinze minutes plus tard, deux tiers des hommes et un tiers des femmes s’étaient eux-mêmes infligés des électrochocs, tant le fait de patienter leur paraissait insupportable. La synthèse de Michel Desmurget sur l’impact des écrans sur les fonctions cognitives, dans son ouvrage délibérément provocateur, nous rappelle par ailleurs combien l’attention de nos enfants est capturée au quotidien par les réseaux sociaux, plateformes vidéos, etc. Ce temps consacré aux écrans, outre qu’il n’est pas investi dans d’autres activités plus constructives comme les interactions sociales, ne l’est pas non plus dans du temps de vagabondage mental, soit du mode par défaut… et cela éclaire tout de suite beaucoup mieux l’extension dramatique des troubles attentionnels dans notre société. En clair : on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Si nous voulons que nos élèves assimilent bien notre cours, il faut leur en donner les moyens au sein du cours. Comment exploiter le mode par défaut sans perdre de temps en cours ? Deux contraintes s’ajoutent en pratique. La première est que les élèves ont chacun des rythmes et des intérêts pour les matières variés, de sorte qu’ils « vagabondent » naturellement a des moments différents. La seconde est que pour ce qui est de la créativité, l’effet positif du mode par défaut est accru si la personne se rend elle-même compte du décrochage, ce qui est le principe de base de la méditation de pleine conscience. Dans ce deuxième cas, la personne travaille en effet sa métacognition, une faculté qui est par ailleurs fondamentale pour la compréhension des erreurs et leur remédiation. Exploiter le mode par défaut au fil de la séance Pour renforcer la mémorisation, et harmoniser au mieux les temps de cerveaux en mode par défaut, je propose (car ce n’est pas une recette miracle pour tous les élèves) la structure suivante : L’idéal serait tout d’abord de ménager un temps court (5-10 min) d’acclimatation, donc une activité peu couteuse en énergie, pour que les élèves qui « sont » encore dans le cours précédent par un vagabondage mental, aient le temps de raccrocher à la thématique et à la problématique du cours. Ensuite serait bienvenu un temps plus couteux en terme d’attention (réflexion sur un cas-limite, une situation-problème, et/ou un apport théorique avec prise de note autonome). Ce temps, pour être mieux marqué comme important par le cerveau de l’élève, doit inclure un intérêt (plaisir direct du mode d’enseignement, indirect par projection modérée dans un avenir proche) et ne pas excéder 15 minutes. Dans l’idéal toujours, ce temps pourrait être suivi d’un moment d’appropriation. Une solution très simple est la « dictée » de la leçon (soit avec un brin de temps en plus que nécessaire pour qu’ils aient le temps de « décrocher », soit avec des reformulations variées) : les élèves mobilisent des facultés mécaniques et ont le temps de la fixer en mémoire. Peut-être plus couteuse en temps, l’autre solution est de proposer aux élèves un moment de méditation autour de la leçon. Le principe est simple : ils peuvent être dans la position qu’ils souhaitent à condition que celle-ci soit confortable et qu’elle les isole des autres, au moins visuellement ; l’enseignant répète en boucle les notions principales du cours pendant 4 à 5 minutes d’une voix monocorde. Notez que la fixation des informations ne sera effective que si les élèves se sont réellement engagés dans l’activité précédente. Ce temps ne doit pas être trop long, au risque de réellement perdre les élèves. Enfin, une série d’exercices pourra à la fois permettre à ceux qui en ont besoin, de poursuivre leur vagabondage mental (surtout si les exercices en question sont mécaniques), et aux autres, de mettre en application ce qu’ils auront assimilé pendant le temps d’appropriation. Travailler régulièrement sur la métacognition et le réseau par défaut Vous pouvez au quotidien demander à des élèves que vous surprenez dans la lune ce à quoi ils sont en train de penser. Vous pouvez demander aux élèves de marquer d’une barre les moments où ils décrochent de votre cours, sans que ce soit un facteur de sanction. Ils mentionnent à l’écrit ou à l’oral la pensée qui les a détournés de votre enseignement. De façon générale :  Attention aux travaux de groupe ! Ils sont très populaires, et a raison, parce qu’ils permettent aux élèves de se confronter à d'autres points de vue et d’apprendre ainsi les uns des autres, mais ce dispositif provoque des mises en mode par défaut malvenues parce que certains ne supportent pas le chaos sonore qui en résulte et préfèrent décrocher. Et de fait, une pollution sonore empoisonne la réflexion de tous nos élèves, même s’ils savent la filtrer. Attention aux dictées ! Celles-ci ne sont réellement efficaces que pour les élèves qui maîtrisent l’orthographe, la syntaxe et la grammaire ; elles ne deviennent utiles en mode par défaut que si le professeur prend la peine de reformuler. La parole est d’argent, le silence est d’or… Mais il est difficile, voire courageux, selon les inspecteurs, de l’accepter. Mon souhait est évident : je ne le formule pas. BIBLIOGRAPHIE M. Desmurget, La Fabrique du crétin digital , Seuil, 2019. B. Baird, J. Smallwood, M. D. Mrazek, Inspired by distraction : mind wanderind facilities creative incubation , Psychological Science, vol 23, pp. 1117-1122, 2012. Josie Glausiusz, « Esprit vagabond, esprit fécond », Cerveau et psycho n° 46. Josie Glausiusz, « Éclairages », Cerveau et psycho n°119. Consultez d'autres articles sur les neurosciences Les émotions au service des apprentissages Apprendre en résistant Être attentif… ça s’apprend Des mémoires pour mieux apprendre L’éclairage des neurosciences en grammaire

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Les neurosciences : être attentif...ça s'apprend
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Les neurosciences : être attentif...ça s'apprend

par Violaine Carry « Concentrez-vous… Soyez attentifs… Attention ! c’est important… » : autant de rappels à l’ordre, autant de sollicitations que nous répétons à longueur de séance sans plus y faire… attention. Or, certains élèves sont devenus experts dans l’art de paraître attentifs tout en rêvassant, tandis que d’autres semblent distraits, occupés à crayonner par exemple, alors qu’ils ne perdent pas une miette du cours. Bref : l’attention est une posture mentale que l’enseignant doit capter et garder en éliminant les distracteurs. Il s’agit surtout d’apprendre aux élèves à moduler leur attention, à la focaliser sur la bonne cible, avec les bons filtres. Pourquoi faut-il être attentif ? C’est d’abord parce qu’on se focalise consciemment sur certains éléments que le cerveau les encode et les mémorise ; la consolidation en mémoire à long terme, elle, est déterminée par la répétition de ce coup de projecteur sur l’information, suivant des angles divers. L’attention sert à récupérer l’information pertinente, celle dont on a besoin en fonction du contexte, sous peine d’être hors sujet. Cibler la cible… L’attention est gouvernée par l’intention sur le moment, autrement dit « la cible ». Les élèves ne « cherchent » pas les mêmes informations selon qu’on leur demande de se relire pour corriger leurs erreurs de syntaxe ou d’analyser les figures d’insistance dans un texte. Expliciter l’objectif permet une attention de meilleure qualité. Celui-ci peut être à court terme, ou bien nécessiter plusieurs étapes intermédiaires   : c’est le cas d’une problématique lors d’une étude de texte. Elle donne une cible, une orientation, mais pour l’atteindre, l’élève doit diviser l’objectif en sous-objectifs, plus concrets et plus élémentaires. À défaut, le risque est que l’élève ne s’engage pas dans la tâche, parce qu’il ne saura pas comment s’y prendre. Filtrer les informations, une affaire d’experts Une fois la cible déterminée, le cerveau va appliquer un filtre aux entrées sensorielles, de sorte que les données pertinentes ressortent, soient plus saillantes, et au contraire que les données inutiles soient inhibées. On parle alors de « carte de saillances   » . Seulement, si on naît avec une panoplie de filtres de base (qui nous permettent de survivre !), la grande majorité des filtres utiles en classe sont de l’ordre de l’acquis. Ainsi, on apprend à chercher les marques de la première personne, l’expression des sentiments, etc. quand on nous demande de montrer que tel poème est lyrique. Et plus on a de l’expérience en la matière, plus le filtre est subtil et plus la carte de saillance est facile à « lire ». Affiner progressivement Forger un filtre attentionnel prend du temps : il ne suffit pas de connaître les caractéristiques d’un genre, d’un courant ou d’un mouvement littéraire. Il s’agit de les reconnaître. En cela, le choix de textes représentatifs, voire caricaturaux, pour aborder la notion est préférable. C’est à ce moment-là qu’il ne faut pas hésiter à mettre systématiquement les caractéristiques en valeur, même si ça nous paraît grossier. Petit à petit, on pourra présenter des textes dont les effets sont plus subtils, tout en soulignant, à chaque fois, les éléments pertinents : cela permettra d’affiner le filtre. Plus le nombre de textes traités de cette manière sera important, plus la notion (genre, courant, etc.) sera claire et plus le filtre sera précis et efficace. Et plus le filtre sera subtil, meilleurs seront les commentaires et les dissertations… La concurrence des distracteurs En réalité, on est presque toujours attentif à quelque chose. Aussi, quand un enseignant dit à un élève qu’il n’est pas attentif, c’est que ce dernier ne focalise pas ses ressources attentionnelles sur la « bonne » cible, celle désignée par le professeur. Ces cibles « parasites » appelées distracteurs se partagent entre distracteurs externes (règle qui tombe, neige à travers la fenêtre, etc.) et distracteurs internes (faim, soif, froid, fatigue etc.). Certains distracteurs captent l’attention de façon très passagère – quand on cherche à identifier la source d’un bruit inattendu par exemple - d’autres en revanche « capturent » l’attention, car le cerveau considère que revenir à la tâche initiale est trop coûteux en énergie pour le bénéfice évalué. Se concentrer sur une cible On ne peut évidemment pas éliminer tous les distracteurs. Toutefois, on peut en limiter un certain nombre. Même si cela peut paraître un peu triste, l’attention sera moins distraite si les affichages sont peu nombreux dans les salles de classe. On peut également éviter de parasiter ses propres consignes orales en retardant la distribution de photocopies par exemple. On peut sensibiliser les élèves aux mécanismes attentionnels et leur faire prendre conscience que certains tics ou comportements (faire cliquer son stylo, se balancer sur sa chaise, bavarder, etc.) sont autant de distracteurs à inhiber pour ceux qui souhaitent suivre. On peut également leur montrer qu’ils ne sont pas tous gênés par les mêmes choses, ce qui permet, au passage, de travailler l’empathie. Ainsi, quand on les reprend ensuite en classe, on pourra leur demander, non pas d’arrêter de parler, mais plutôt d’arrêter de créer des distracteurs pour les autres. Les distracteurs internes sont plus délicats à maîtriser, car ils sont souvent invisibles et ne dépendent généralement pas de nous. En revanche, rappeler aux élèves (et à leurs parents lors des rendez-vous) que les besoins physiques, s’ils sont mal régulés (manque de sommeil, alimentation insuffisante, habits non adaptés aux températures, etc.), gênent l’attention et plus largement les apprentissages, est toujours possibles. Par ailleurs, si on repère chez un élève une expression soucieuse, ou une émotion qui risque d’être facteur de dispersion, on peut essayer de désamorcer cela en le prenant à part pour lui permettre d’évacuer pendant qu’on a lancé une activité. Une fonction énergivore Quand on sollicite l’attention de quelqu’un, on précise rarement le degré de mobilisation que l’on attend de lui. Or, certaines activités réclament une attention plus soutenues que d’autres. Par exemple, quand un élève écrit sous la dictée du professeur, sa concentration est moindre que quand il cherche à comprendre une nouvelle notion. De surcroît, l’effort d’attention pour la même tâche ne sera pas le même selon les personnes : il dépendra par exemple de l’enjeu que l’élève attribuera à ladite tâche (évaluée ou non ? notée ou non ? importante ou non ? intéressante ou non ?), mais aussi de son assurance dans le domaine. Ainsi, un élève à l’aise en syntaxe aura besoin de moins d’énergie pour rester concentré pendant l’exercice qu’un élève qui maîtrise mal la terminologie grammaticale. Bref, l’expertise et/ou la confiance en soi rend l’attention plus facile. De même, l’enjeu de la tâche peut être facteur de stress (le coût en énergie sera alors plus élevé) ou au contraire de motivation (faible coût). La durée de la tâche est aussi un facteur à prendre en compte pour évaluer l’effort à fournir et réguler son attention au mieux. Notons qu’en moyenne, un adulte ne peut soutenir un effort d’attention important que pendant 20 minutes d’affilée. Les adolescents sont plus proches de 15 minutes, et notre société, qui incite au zapping, tend à réduire encore cette fenêtre. Par ailleurs, il est bon de garder à l’esprit que notre courbe de vigilance décroît au fil de la journée, et subit un creux conséquent entre 11h et 15h (besoin de se nourrir, puis effort de digestion). Conjuguer les efforts de l’élève et du professeur Il est difficile d’adapter son cours aux capacités de chacun. En revanche, on peut aider les élèves à mieux gérer leurs ressources attentionnelles. Cela passe d’abord par un travail sur la posture réflexive : si les élèves prennent conscience de leurs points forts de leurs axes d’amélioration. On explique à l’élève qui se sait plus à l’aise en mathématique que l’effort qu’il devra fournir pour rester attentif dans cette discipline sera moins important que dans les celles où il rencontre plus de difficultés. En ayant pris conscience de ce fait, il sera plus à même de moduler son attention, d’évaluer l’effort en fonction du type d’exercices ou de thématique. Pour gérer ses ressources, il faut savoir où on a besoin de les mettre. Pour les plus jeunes enfants on utilise l’image la poutre : sa hauteur représente le niveau de l’enjeu, la largeur, la difficulté de l’exercice, et la longueur le temps qu’il faudra tenir. Autre levier : la confiance en soi. Là encore, c’est l’élève qui a les cartes en main pour se réguler. Du côté enseignant, on veillera à encourager, à rassurer, à démontrer dans sa posture que l’erreur peut être constructive. On a davantage de marge de manœuvre sur le rythme de notre séance : en variant les supports et les activités régulièrement, en construisant notre séance en étapes qui n’excèdent pas 15 minutes (sauf exceptionnellement), on évite que l’énergie ne se disperse trop. Captatio benevolentiae : un effort constant Comme évoqué précédemment, la motivation, c’est-à-dire l’intérêt pour la tâche, l’envie de la réaliser, rend l’effort d’attention moins coûteux. Il s’agit donc pour le professeur de capter la bonne volonté des élèves pour l’orienter vers la cible voulue. Or, l’attention aime la nouveauté, alors que la consolidation des notions et l’acquisition de certaines procédures (réaliser un commentaire, une dissertation, etc.) exige une certaine répétition. Autre problème, la note (et l’évaluation en général) peut être à la fois facteur d’engagement (notamment chez les élèves qui pensent réussir) que de désinvestissement (chez ceux qui ont une piètre estime de leurs capacités ou qui sont « habitués » à l’échec). Surprendre On peut évidemment varier les modes d’approche de la même notion : c’est un classique. On évite ainsi la routine, et on consolide la notion. Une autre technique, complémentaire, est de jouer la comédie : en simulant une incompréhension, une confusion, une incapacité à résoudre un problème et en sollicitant alors l’aide des élèves. Cela fonctionne très bien en début de séquence. Par exemple, après avoir fait émerger les représentations des élèves sur le romantisme, on peut froncer les sourcils et annoncer que du coup on a un problème, car dans tel texte pourtant reconnu comme représentatif du « romantisme », c’est différent ; et on lance l’activité d’analyse. Motiver La mise en projet peut également être un facteur de motivation et faire accepter aux élèves une grosse dépense en termes de ressources attentionnelles car la tâche en vaut la peine. L’exemple type est celui de la mise en scène de théâtre, qui impose une analyse précise du texte. Notons que ce type d’activités est à privilégier quand les élèves ont déjà encodé, compris les notions en jeu. Le travail coopératif en général, où chaque élève est responsable d’une partie de la production finale, est souvent un bon levier pour générer de la motivation. On commence à le voir, il est difficile de parler de l’attention sans évoquer aussi la mémoire. C’est que les fonctions exécutives mobilisées en classe sont intimement imbriquées. L’expérience dite du « Gorille invisible » Cette expérience imaginée par Daniel Simons permet de mesurer l’influence d’un élément distractif. Deux équipes jouent au ballon. Pendant que le spectateur est invité à compter le nombre de passes que font les joueurs d’une des deux équipes, un gorille traverse la scène. Nombreux sont ceux qui ne le remarquent pas. https://www.youtube.com/user/profsimons BIBLIOGRAPHIE Jean-Philippe Lachaux, Les Petites Bulles de l’attention. Se concentrer dans un monde de distractions , éd. Odile Jacob, collection Science illustrée, Paris, 2016. Jean-Philippe Lachaux, Le Cerveau attentif. Contrôle, maîtrise et lâcher-prise , éd. Odile Jacob, collection Sciences poches, Paris, 2013. Site du projet ATOLE (« ATtentifs à l’écOLE ») : https://project.crnl.fr/atole/ Cerveau & Psycho , « Au travail, à l’école… Apprendre à se concentrer », n°75 de mars 2016 Consultez d'autres articles sur les neurosciences Les émotions au service des apprentissages Apprendre en résistant Le silence est d’or : apprendre… par défaut ! Des mémoires pour mieux apprendre L’éclairage des neurosciences en grammaire

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Les neurosciences : le silence est d’or : apprendre… par défaut !
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Les neurosciences : le silence est d’or : apprendre… par défaut !

Par Violaine Carry Des élèves engagés dans les apprentissages : voilà le leitmotiv de notre temps, qui promeut pédagogie de projet, travaux de groupes et autres stratégies pour capter l’attention des élèves et les maintenir actifs. Constamment actifs… Et si, pour bien apprendre, ils avaient aussi besoin de… ne rien faire ? « Mademoiselle Martin, pouvez-vous répéter ce que je viens de dire ? »… et voila Lucie Martin qui panique, car elle vient d’être rappelée à la réalité par son professeur, et n’a aucune idée de ce qui s’est passé au cours de la dernière minute. Lucie ne s’était même pas rendu compte que son esprit s’était mis à vagabonder. Cette situation – notre esprit qui part en roue libre –, nous l’avons tous vécue, et pourtant, elle est souvent associée à un jugement négatif. Et la culpabilité est d’autant plus grande qu’en général, nous sommes replongés dans la réalité en pensant à ce que nous devrions être en train de faire… ou par un tiers qui nous le rappelle, avec plus ou moins de bienveillance… Ne rien faire, c’est vital ! L’ironie est que cet état, ou concrètement nous ne faisons rien, en tous cas rien de constructif à nos yeux, est un mode cérébral dans lequel notre cerveau fourmille d’activités, au point d’être plus gourmand en énergie que quand il est focalisé sur une tâche complexe. Ce paradoxe a été découvert en 2001 par le neurologue Marcus Raichle, de l’université de Saint-Louis (USA). Il a baptisé cet état du cerveau « mode par défaut » , et le réseau des neurones impliqués « réseau par défaut » . Or, nous passerions entre un tiers et la moitié de notre temps d’éveil en mode par défaut, sans compter que ce réseau s’active également pendant notre sommeil. Il n’en a pas fallu plus aux chercheurs pour en conclure que la fonction de ce temps de « vagabondage » devait être beaucoup plus importante que ce qui paraissait. Et pour cause ! Les chercheurs ont depuis découvert que ce réseau était impliqué dans des fonctions non négligeables. Confirmée par plusieurs recherches depuis 2013, une corrélation a été établie entre le réseau par défaut d’une part, et la créativité et la pensée divergente d’autre part. En effet, les personnes dont les liens sont les plus denses entre les zones cérébrales impliquées dans le réseau par défaut sont celles qui trouvent le plus d’usages décalés pour un objet du quotidien, comme une chaussure ou une canette vide, par exemple. De même, une séance de brainstorming est d’autant plus riche qu’elle a été précédée d’un moment ou les participants pouvaient laisser vagabonder leur esprit. Mieux que ça : le mode par défaut est aussi le moment ou le cerveau en profite pour faire le tri et renforcer certaines informations, ainsi que pour éliminer les « métabolites », déchets produits pendant les temps de concentration, et même pour générer de nouvelles cellules, dont de nouveaux neurones. Ainsi, le mode par défaut assure certaines des fonctions fondamentales du sommeil, alors que nous sommes en état de veille. Il nous permet d’éviter la saturation de données et de fluidifier l’assimilation de celles-ci ; c’est donc paradoxalement dans ces moments où on ne fait rien qu’on mémorise réellement les informations, qu’on régule nos capacités d’attention et de concentration et qu’on optimise nos facultés d’innovation. De l’intérêt du mode par défaut en français En lisant cela, mon cerveau de professeure de lycée s’est retrouvé sur le coup un brin frustré : tout cela est bien joli, mais que puis-je en faire avec les élèves, concrètement ? Nous sommes tiraillés entre des programmes plus qu’ambitieux, la préparation aux nouvelles EAF, plus tard au grand oral, mais aussi le désir de faire vivre aux élèves des expériences de lecteurs et de scripteurs à la fois riches et utiles. Bref, à première vue, nous avons d’autres chats à fouetter que de nous occuper du réseau par défaut des élèves. Et si cela nous était bénéfique ? Nous avons déjà mentionné l’intérêt du mode par défaut pour la mémorisation (et pour les notions de grammaire, qui sont désormais évaluées à l’oral du bac, ce qui n’est pas du luxe) mais en français, favoriser la créativité et la pensée divergente de nos élèves peut également avoir un impact non négligeable sur leurs performances. En effet, nous déplorons souvent en commentaire que les élèves ne fassent pas les liens entre les œuvres, qu’ils ne perçoivent pas l’inspiration d’un mouvement chez un auteur, ou encore qu’ils n’adaptent pas leur plan a une autre problématique, a une autre vision du texte. Or, le mode par défaut, en faisant la part belle aux associations d’idées, en activant les zones qui développent l’empathie, c'est-à-dire la capacité à adopter le point de vue et le ressenti d’autrui, est une solution toute trouvée à ces défaillances. De même, quand les élèves bloquent, lors d’une dissertation, pour passer à la synthèse, qui demande tout de même un déplacement de point de vue parfois difficile à réaliser, le réseau par défaut peut aussi aider. Autre application du mode par défaut : l’appropriation des lectures. Certains (généralement des lecteurs qui ont déjà cette pratique) exploiteront naturellement le mode par défaut pour se mettre dans la peau d’un personnage et assimiler ses expériences – et par extension la lecture. D’autres, en revanche, auront besoin d’être davantage guidés par des exercices plus cadrés, mais qui mobiliseront indirectement cette faculté à déplacer son point de vue, d’où l’intérêt dans tous les cas de développer le réseau par défaut. Des temps de vagabondage mental pendant le cours ? J.-P. Lachaux ne cesse de le répéter d’un écrit à l’autre : il est impossible (et malsain !) d’être concentré(e) en permanence, d’où son idée de « bulles » d’attention de durée prédéfinie. Que nous le voulions ou non, nos élèves ont besoin de décrocher régulièrement, et cela dépend de leurs ressources attentionnelles propres, du moment de la journée et de leur hygiène de vie (alimentation, sport, interactions sociales) : la durée de concentration chez l’adulte est de 20 minutes maximum ; elle diminue a 15, voire à 10, chez les enfants et les adolescents, sans parler des personnes atteintes de TDAH… Or, nous avons tendance a toujours vouloir maintenir les élèves en activité, à mettre leur cerveau à ébullition, en oubliant que cela ne sera efficace que si ces moments sont entourés de temps de « récupération », un peu comme lors d’un effort physique. Seulement, nous ne maîtrisons pas toutes les données. Tout d'abord, il y a fort à parier que nos collègues cherchent eux aussi à optimiser leur temps de cours au maximum, de sorte que nous ne pouvons pas anticiper comment et en quelle proportion les élèves décrocheront en mode par défaut dans notre cours, avant ou après. Ensuite, notre société fabrique de plus en plus des individus qui fuient l’ennui comme la peste : en témoigne cette étude du psychologue T. Wilson qui, en 2014, n’a laissé qu’un appareil a électrochocs à des volontaires enfermés dans une salle d’attente et dépossédés de tout outil de distraction (téléphones, tablettes, livres…). Quinze minutes plus tard, deux tiers des hommes et un tiers des femmes s’étaient eux-mêmes infligés des électrochocs, tant le fait de patienter leur paraissait insupportable. La synthèse de Michel Desmurget sur l’impact des écrans sur les fonctions cognitives, dans son ouvrage délibérément provocateur, nous rappelle par ailleurs combien l’attention de nos enfants est capturée au quotidien par les réseaux sociaux, plateformes vidéos, etc. Ce temps consacré aux écrans, outre qu’il n’est pas investi dans d’autres activités plus constructives comme les interactions sociales, ne l’est pas non plus dans du temps de vagabondage mental, soit du mode par défaut… et cela éclaire tout de suite beaucoup mieux l’extension dramatique des troubles attentionnels dans notre société. En clair : on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Si nous voulons que nos élèves assimilent bien notre cours, il faut leur en donner les moyens au sein du cours. Comment exploiter le mode par défaut sans perdre de temps en cours ? Deux contraintes s’ajoutent en pratique. La première est que les élèves ont chacun des rythmes et des intérêts pour les matières variés, de sorte qu’ils « vagabondent » naturellement a des moments différents. La seconde est que pour ce qui est de la créativité, l’effet positif du mode par défaut est accru si la personne se rend elle-même compte du décrochage, ce qui est le principe de base de la méditation de pleine conscience. Dans ce deuxième cas, la personne travaille en effet sa métacognition, une faculté qui est par ailleurs fondamentale pour la compréhension des erreurs et leur remédiation. Exploiter le mode par défaut au fil de la séance Pour renforcer la mémorisation, et harmoniser au mieux les temps de cerveaux en mode par défaut, je propose (car ce n’est pas une recette miracle pour tous les élèves) la structure suivante : L’idéal serait tout d’abord de ménager un temps court (5-10 min) d’acclimatation, donc une activité peu couteuse en énergie, pour que les élèves qui « sont » encore dans le cours précédent par un vagabondage mental, aient le temps de raccrocher à la thématique et à la problématique du cours. Ensuite serait bienvenu un temps plus couteux en terme d’attention (réflexion sur un cas-limite, une situation-problème, et/ou un apport théorique avec prise de note autonome). Ce temps, pour être mieux marqué comme important par le cerveau de l’élève, doit inclure un intérêt (plaisir direct du mode d’enseignement, indirect par projection modérée dans un avenir proche) et ne pas excéder 15 minutes. Dans l’idéal toujours, ce temps pourrait être suivi d’un moment d’appropriation. Une solution très simple est la « dictée » de la leçon (soit avec un brin de temps en plus que nécessaire pour qu’ils aient le temps de « décrocher », soit avec des reformulations variées) : les élèves mobilisent des facultés mécaniques et ont le temps de la fixer en mémoire. Peut-être plus couteuse en temps, l’autre solution est de proposer aux élèves un moment de méditation autour de la leçon. Le principe est simple : ils peuvent être dans la position qu’ils souhaitent à condition que celle-ci soit confortable et qu’elle les isole des autres, au moins visuellement ; l’enseignant répète en boucle les notions principales du cours pendant 4 à 5 minutes d’une voix monocorde. Notez que la fixation des informations ne sera effective que si les élèves se sont réellement engagés dans l’activité précédente. Ce temps ne doit pas être trop long, au risque de réellement perdre les élèves. Enfin, une série d’exercices pourra à la fois permettre à ceux qui en ont besoin, de poursuivre leur vagabondage mental (surtout si les exercices en question sont mécaniques), et aux autres, de mettre en application ce qu’ils auront assimilé pendant le temps d’appropriation. Travailler régulièrement sur la métacognition et le réseau par défaut Vous pouvez au quotidien demander à des élèves que vous surprenez dans la lune ce à quoi ils sont en train de penser. Vous pouvez demander aux élèves de marquer d’une barre les moments où ils décrochent de votre cours, sans que ce soit un facteur de sanction. Ils mentionnent à l’écrit ou à l’oral la pensée qui les a détournés de votre enseignement. De façon générale :  Attention aux travaux de groupe ! Ils sont très populaires, et a raison, parce qu’ils permettent aux élèves de se confronter à d'autres points de vue et d’apprendre ainsi les uns des autres, mais ce dispositif provoque des mises en mode par défaut malvenues parce que certains ne supportent pas le chaos sonore qui en résulte et préfèrent décrocher. Et de fait, une pollution sonore empoisonne la réflexion de tous nos élèves, même s’ils savent la filtrer. Attention aux dictées ! Celles-ci ne sont réellement efficaces que pour les élèves qui maîtrisent l’orthographe, la syntaxe et la grammaire ; elles ne deviennent utiles en mode par défaut que si le professeur prend la peine de reformuler. La parole est d’argent, le silence est d’or… Mais il est difficile, voire courageux, selon les inspecteurs, de l’accepter. Mon souhait est évident : je ne le formule pas. BIBLIOGRAPHIE M. Desmurget, La Fabrique du crétin digital , Seuil, 2019. B. Baird, J. Smallwood, M. D. Mrazek, Inspired by distraction : mind wanderind facilities creative incubation , Psychological Science, vol 23, pp. 1117-1122, 2012. Josie Glausiusz, « Esprit vagabond, esprit fécond », Cerveau et psycho n° 46. Josie Glausiusz, « Éclairages », Cerveau et psycho n°119. Consultez d'autres articles sur les neurosciences Les émotions au service des apprentissages Apprendre en résistant Être attentif… ça s’apprend Des mémoires pour mieux apprendre L’éclairage des neurosciences en grammaire

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par Violaine Carry « Concentrez-vous… Soyez attentifs… Attention ! c’est important… » : autant de rappels à l’ordre, autant de sollicitations que nous répétons à longueur de séance sans plus y faire… attention. Or, certains élèves sont devenus experts dans l’art de paraître attentifs tout en rêvassant, tandis que d’autres semblent distraits, occupés à crayonner par exemple, alors qu’ils ne perdent pas une miette du cours. Bref : l’attention est une posture mentale que l’enseignant doit capter et garder en éliminant les distracteurs. Il s’agit surtout d’apprendre aux élèves à moduler leur attention, à la focaliser sur la bonne cible, avec les bons filtres. Pourquoi faut-il être attentif ? C’est d’abord parce qu’on se focalise consciemment sur certains éléments que le cerveau les encode et les mémorise ; la consolidation en mémoire à long terme, elle, est déterminée par la répétition de ce coup de projecteur sur l’information, suivant des angles divers. L’attention sert à récupérer l’information pertinente, celle dont on a besoin en fonction du contexte, sous peine d’être hors sujet. Cibler la cible… L’attention est gouvernée par l’intention sur le moment, autrement dit « la cible ». Les élèves ne « cherchent » pas les mêmes informations selon qu’on leur demande de se relire pour corriger leurs erreurs de syntaxe ou d’analyser les figures d’insistance dans un texte. Expliciter l’objectif permet une attention de meilleure qualité. Celui-ci peut être à court terme, ou bien nécessiter plusieurs étapes intermédiaires   : c’est le cas d’une problématique lors d’une étude de texte. Elle donne une cible, une orientation, mais pour l’atteindre, l’élève doit diviser l’objectif en sous-objectifs, plus concrets et plus élémentaires. À défaut, le risque est que l’élève ne s’engage pas dans la tâche, parce qu’il ne saura pas comment s’y prendre. Filtrer les informations, une affaire d’experts Une fois la cible déterminée, le cerveau va appliquer un filtre aux entrées sensorielles, de sorte que les données pertinentes ressortent, soient plus saillantes, et au contraire que les données inutiles soient inhibées. On parle alors de « carte de saillances   » . Seulement, si on naît avec une panoplie de filtres de base (qui nous permettent de survivre !), la grande majorité des filtres utiles en classe sont de l’ordre de l’acquis. Ainsi, on apprend à chercher les marques de la première personne, l’expression des sentiments, etc. quand on nous demande de montrer que tel poème est lyrique. Et plus on a de l’expérience en la matière, plus le filtre est subtil et plus la carte de saillance est facile à « lire ». Affiner progressivement Forger un filtre attentionnel prend du temps : il ne suffit pas de connaître les caractéristiques d’un genre, d’un courant ou d’un mouvement littéraire. Il s’agit de les reconnaître. En cela, le choix de textes représentatifs, voire caricaturaux, pour aborder la notion est préférable. C’est à ce moment-là qu’il ne faut pas hésiter à mettre systématiquement les caractéristiques en valeur, même si ça nous paraît grossier. Petit à petit, on pourra présenter des textes dont les effets sont plus subtils, tout en soulignant, à chaque fois, les éléments pertinents : cela permettra d’affiner le filtre. Plus le nombre de textes traités de cette manière sera important, plus la notion (genre, courant, etc.) sera claire et plus le filtre sera précis et efficace. Et plus le filtre sera subtil, meilleurs seront les commentaires et les dissertations… La concurrence des distracteurs En réalité, on est presque toujours attentif à quelque chose. Aussi, quand un enseignant dit à un élève qu’il n’est pas attentif, c’est que ce dernier ne focalise pas ses ressources attentionnelles sur la « bonne » cible, celle désignée par le professeur. Ces cibles « parasites » appelées distracteurs se partagent entre distracteurs externes (règle qui tombe, neige à travers la fenêtre, etc.) et distracteurs internes (faim, soif, froid, fatigue etc.). Certains distracteurs captent l’attention de façon très passagère – quand on cherche à identifier la source d’un bruit inattendu par exemple - d’autres en revanche « capturent » l’attention, car le cerveau considère que revenir à la tâche initiale est trop coûteux en énergie pour le bénéfice évalué. Se concentrer sur une cible On ne peut évidemment pas éliminer tous les distracteurs. Toutefois, on peut en limiter un certain nombre. Même si cela peut paraître un peu triste, l’attention sera moins distraite si les affichages sont peu nombreux dans les salles de classe. On peut également éviter de parasiter ses propres consignes orales en retardant la distribution de photocopies par exemple. On peut sensibiliser les élèves aux mécanismes attentionnels et leur faire prendre conscience que certains tics ou comportements (faire cliquer son stylo, se balancer sur sa chaise, bavarder, etc.) sont autant de distracteurs à inhiber pour ceux qui souhaitent suivre. On peut également leur montrer qu’ils ne sont pas tous gênés par les mêmes choses, ce qui permet, au passage, de travailler l’empathie. Ainsi, quand on les reprend ensuite en classe, on pourra leur demander, non pas d’arrêter de parler, mais plutôt d’arrêter de créer des distracteurs pour les autres. Les distracteurs internes sont plus délicats à maîtriser, car ils sont souvent invisibles et ne dépendent généralement pas de nous. En revanche, rappeler aux élèves (et à leurs parents lors des rendez-vous) que les besoins physiques, s’ils sont mal régulés (manque de sommeil, alimentation insuffisante, habits non adaptés aux températures, etc.), gênent l’attention et plus largement les apprentissages, est toujours possibles. Par ailleurs, si on repère chez un élève une expression soucieuse, ou une émotion qui risque d’être facteur de dispersion, on peut essayer de désamorcer cela en le prenant à part pour lui permettre d’évacuer pendant qu’on a lancé une activité. Une fonction énergivore Quand on sollicite l’attention de quelqu’un, on précise rarement le degré de mobilisation que l’on attend de lui. Or, certaines activités réclament une attention plus soutenues que d’autres. Par exemple, quand un élève écrit sous la dictée du professeur, sa concentration est moindre que quand il cherche à comprendre une nouvelle notion. De surcroît, l’effort d’attention pour la même tâche ne sera pas le même selon les personnes : il dépendra par exemple de l’enjeu que l’élève attribuera à ladite tâche (évaluée ou non ? notée ou non ? importante ou non ? intéressante ou non ?), mais aussi de son assurance dans le domaine. Ainsi, un élève à l’aise en syntaxe aura besoin de moins d’énergie pour rester concentré pendant l’exercice qu’un élève qui maîtrise mal la terminologie grammaticale. Bref, l’expertise et/ou la confiance en soi rend l’attention plus facile. De même, l’enjeu de la tâche peut être facteur de stress (le coût en énergie sera alors plus élevé) ou au contraire de motivation (faible coût). La durée de la tâche est aussi un facteur à prendre en compte pour évaluer l’effort à fournir et réguler son attention au mieux. Notons qu’en moyenne, un adulte ne peut soutenir un effort d’attention important que pendant 20 minutes d’affilée. Les adolescents sont plus proches de 15 minutes, et notre société, qui incite au zapping, tend à réduire encore cette fenêtre. Par ailleurs, il est bon de garder à l’esprit que notre courbe de vigilance décroît au fil de la journée, et subit un creux conséquent entre 11h et 15h (besoin de se nourrir, puis effort de digestion). Conjuguer les efforts de l’élève et du professeur Il est difficile d’adapter son cours aux capacités de chacun. En revanche, on peut aider les élèves à mieux gérer leurs ressources attentionnelles. Cela passe d’abord par un travail sur la posture réflexive : si les élèves prennent conscience de leurs points forts de leurs axes d’amélioration. On explique à l’élève qui se sait plus à l’aise en mathématique que l’effort qu’il devra fournir pour rester attentif dans cette discipline sera moins important que dans les celles où il rencontre plus de difficultés. En ayant pris conscience de ce fait, il sera plus à même de moduler son attention, d’évaluer l’effort en fonction du type d’exercices ou de thématique. Pour gérer ses ressources, il faut savoir où on a besoin de les mettre. Pour les plus jeunes enfants on utilise l’image la poutre : sa hauteur représente le niveau de l’enjeu, la largeur, la difficulté de l’exercice, et la longueur le temps qu’il faudra tenir. Autre levier : la confiance en soi. Là encore, c’est l’élève qui a les cartes en main pour se réguler. Du côté enseignant, on veillera à encourager, à rassurer, à démontrer dans sa posture que l’erreur peut être constructive. On a davantage de marge de manœuvre sur le rythme de notre séance : en variant les supports et les activités régulièrement, en construisant notre séance en étapes qui n’excèdent pas 15 minutes (sauf exceptionnellement), on évite que l’énergie ne se disperse trop. Captatio benevolentiae : un effort constant Comme évoqué précédemment, la motivation, c’est-à-dire l’intérêt pour la tâche, l’envie de la réaliser, rend l’effort d’attention moins coûteux. Il s’agit donc pour le professeur de capter la bonne volonté des élèves pour l’orienter vers la cible voulue. Or, l’attention aime la nouveauté, alors que la consolidation des notions et l’acquisition de certaines procédures (réaliser un commentaire, une dissertation, etc.) exige une certaine répétition. Autre problème, la note (et l’évaluation en général) peut être à la fois facteur d’engagement (notamment chez les élèves qui pensent réussir) que de désinvestissement (chez ceux qui ont une piètre estime de leurs capacités ou qui sont « habitués » à l’échec). Surprendre On peut évidemment varier les modes d’approche de la même notion : c’est un classique. On évite ainsi la routine, et on consolide la notion. Une autre technique, complémentaire, est de jouer la comédie : en simulant une incompréhension, une confusion, une incapacité à résoudre un problème et en sollicitant alors l’aide des élèves. Cela fonctionne très bien en début de séquence. Par exemple, après avoir fait émerger les représentations des élèves sur le romantisme, on peut froncer les sourcils et annoncer que du coup on a un problème, car dans tel texte pourtant reconnu comme représentatif du « romantisme », c’est différent ; et on lance l’activité d’analyse. Motiver La mise en projet peut également être un facteur de motivation et faire accepter aux élèves une grosse dépense en termes de ressources attentionnelles car la tâche en vaut la peine. L’exemple type est celui de la mise en scène de théâtre, qui impose une analyse précise du texte. Notons que ce type d’activités est à privilégier quand les élèves ont déjà encodé, compris les notions en jeu. Le travail coopératif en général, où chaque élève est responsable d’une partie de la production finale, est souvent un bon levier pour générer de la motivation. On commence à le voir, il est difficile de parler de l’attention sans évoquer aussi la mémoire. C’est que les fonctions exécutives mobilisées en classe sont intimement imbriquées. L’expérience dite du « Gorille invisible » Cette expérience imaginée par Daniel Simons permet de mesurer l’influence d’un élément distractif. Deux équipes jouent au ballon. Pendant que le spectateur est invité à compter le nombre de passes que font les joueurs d’une des deux équipes, un gorille traverse la scène. Nombreux sont ceux qui ne le remarquent pas. https://www.youtube.com/user/profsimons BIBLIOGRAPHIE Jean-Philippe Lachaux, Les Petites Bulles de l’attention. Se concentrer dans un monde de distractions , éd. Odile Jacob, collection Science illustrée, Paris, 2016. Jean-Philippe Lachaux, Le Cerveau attentif. Contrôle, maîtrise et lâcher-prise , éd. Odile Jacob, collection Sciences poches, Paris, 2013. Site du projet ATOLE (« ATtentifs à l’écOLE ») : https://project.crnl.fr/atole/ Cerveau & Psycho , « Au travail, à l’école… Apprendre à se concentrer », n°75 de mars 2016 Consultez d'autres articles sur les neurosciences Les émotions au service des apprentissages Apprendre en résistant Le silence est d’or : apprendre… par défaut ! Des mémoires pour mieux apprendre L’éclairage des neurosciences en grammaire

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