Résultat de recherche pour "Haute mer"

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La Méditerranée : une mer en danger

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La Méditerranée : une mer en danger

Artificialisation du littoral, tourisme, trafic maritime ont des conséquences graves sur l'environnement méditerranéen.

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Les Outre-mer, une chance pour la France

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Les Outre-mer, une chance pour la France

La France doit développer sa politique de la mer et placer les Outre-mer au cœur de sa stratégie maritime.

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Chine : la mer, la puissance et le (non) droit

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Chine : la mer, la puissance et le (non) droit

Brandissant ses propres cartes, Pékin bafoue le droit international de la mer pour étendre sa souveraineté en mer de Chine.

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Exploitation de l’océan : on touche le fond ?

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Exploitation de l’océan : on touche le fond ?

4 minutes pour comprendre les enjeux de l’exploitation des gisements métalliques dans les fonds océaniques.

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Atlas des espaces maritimes de la France

Atlas des espaces maritimes de la France

Un atlas pour comprendre l'espace maritime français, deuxième mondial !

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La Turquie et la Syrie face au séisme

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La Turquie et la Syrie face au séisme

Cet article explique la vulnérabilité des populations turques et syriennes face au séisme du 6 février 2023.

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La France, une puissance maritime mondiale

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La France, une puissance maritime mondiale

La France possède le deuxième espace maritime mondial et les capacités d’une grande puissance.

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La Martinique, une région en déclin démographique

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La Martinique, une région en déclin démographique

Face au vieillissement de sa population, la Martinique met en œuvre des mesures pour freiner son déclin démographique. 

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NATHAN TV en Côte d’Ivoire

NATHAN TV en Côte d’Ivoire

Lors de cette séance de travail ont été présentés Nathan TV ainsi que la collection d’ouvrages parascolaires  32 Semaines . Madame Patricia Sylvie YAO, Directrice du cabinet de la Première Dame de Côte d’Ivoire, Madame Nadine SANGARE, Directrice générale de la fondation Children of Africa, Monsieur Brahima COULIBALY, Directeur de la communication de la fondation Children of Africa et Madame Aïssatou CISSE, Responsable éducation à la fondation Children of Africa étaient également présents.  Le jeudi 02 décembre la cérémonie inaugurale officielle et la conférence de presse de Nathan TV organisées sous le haut patronage Madame Dominique OUATTARA, Première Dame de Côte d’Ivoire et Présidente de la fondation Children of Africa, ont eu lieu en présence de Madame Mariatou KONE, Ministre de l’éducation et de l’alphabétisation en Côte d’Ivoire, de hauts fonctionnaires du ministère de l’Education nationale, d’enseignants et de nombreux autres éminents invités.  Les enfants et enseignants de Nathan TV ont également participé à l’évènement. A cette occasion, Madame Mariatou KONE, Ministre de l’éducation et de l’alphabétisation en Côte d’Ivoire a chaleureusement remercié les éditions NATHAN, représentées par Mesdames Catherine LUCET et Ghada TOUILI, pour la qualité des cours dispensés sur la chaîne. Consulter les articles de presse relayant l’inauguration de Nathan TV en Côte d’Ivoire Koaci Ivoire Soir RTI Presse Côte d'Ivoire L'avenir Planète School Magazine L'infodrome Voir l’interview de Madame Ghada Touili, Directrice de NATHAN international  à propos de NATHAN TV     En savoir plus sur NATHAN TV Lire le communiqué de presse du lancement de la chaîne NATHAN TV

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Écrire son prénom
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Écrire son prénom

Par Marie-Françoise Roger Deux romans récents, à l’écriture alerte, abordent le thème du prénom ou des prénoms qu’on nous donne à la naissance. Pour les deux narratrices, leur(s) prénom(s) est un problème. Ce questionnement sur le nom qui nous est imposé sera l’occasion d’exercices d’écriture. Questionnement identitaire Pauline Delabroy-Allard se découvre, à l’occasion d’une démarche pour se faire faire une carte d’identité, quatre prénoms : Pauline, Jeanne, Jérôme, Ysé. Pourquoi un nom de garçon ? Pourquoi une héroïne de Claudel ? Qui était cette Jeanne dont on ne parlait pas ? Qui sait 1 , dit le titre sans point d’interrogation, comme convaincu que les réponses aux questions sont à trouver à l’intérieur de soi. Et le mystère s’éclaircit un peu au fil du récit. Des liens se font, des réminiscences, des échos, des abîmes se creusent… Polina Panassenko se pose aussi des questions sur son identité. Pourquoi ne peut elle garder son nom d’origine, et pourquoi veut-on absolument franciser son prénom ? « Ce que je veux moi, c'est porter le prénom que j'ai reçu à la naissance. Sans le cacher, sans le maquiller, sans le modifier. Sans en avoir peur. » écrit-elle dans Tenir sa langue 2 . Le prénom qu’on lui a imposé à son arrivée en France, Pauline, au lieu de Polina, dit la violence de l’exil et des institutions. Polina, c’était aussi le prénom attribué à sa grand-mère juive, Pessah, victime des pogroms et condamnée à cacher sa judéité sous un prénom russe. La narratrice, en revendiquant son prénom d’origine auprès d’un tribunal, comme dans ce premier roman, veut affirmer son passé, sa langue et son histoire. On peut donner à lire le début de ces deux autofictions qui figurent sur les sites des éditeurs.   Variations sur un nom On peut aussi évoquer les variations de Michel Leiris sur son prénom : M.I.C.H.E.L. dans un extrait de son texte Le Forçat vertigineux (1925). « Il y avait un temps où je dormais à l’ombre de ces caractères. Le vent les faisait se balancer gravement et je les croyais très hauts : M, comme la mer qui s’étend jusqu’aux montagnes marmoréennes de la mort, de minuit à midi ; I, comme les idées, itinéraire d’Icare, l’irréel qui s’imite ; I, comme les Ides de Mars fatales à l’imperator ; I, I, I, I, I, comme un rire en forme de chiffre 1, figure primordiale tirée de l’abîme de M. Quant à C, c’est le cadastre, le plan que fera respecter la douce hache qui précède l’aile, le CHEL qui sonne comme la période préhistorique chelléenne, le CHEL mou (contraction de cheptel), qui commence comme la chute – ou le chut qui impose silence – après la mie qui est le cœur du pain pour parachever le mot MICHEL. Qui, si je lui tranche l’L, devient le nom maintenant trivial de ces petits pains en forme de sexe féminin, qui figuraient autrefois dans les cérémonies de certains cultes érotiques. Et je trouve ce premier mot grotesque, MICHEL, C’est un nom d’homme gras, aux joues lourdes. C’est le nom d’un buveur de bière qui tient sur ses genoux et tripote à pleines mains de grosses commères de kermesses flamandes. C’est un nom de capon, un nom mou, sans consonne dure, sans rien qui roule ou qui se déclenche comme une volée de pierres. MICHEL » 3 Littérature n°79, octobre 1990. Proposition pour un atelier Chacun partira du ou des prénoms qu’il ou elle porte. Qu’est-ce qu’ils me disent ? Comment ont-ils été choisis ? Qu’est-ce qu’on m’a dit de ce choix ? Est-ce que l’on aime ou pas ce ou ces prénom(s) ? Que dit-il ou que disent-ils de ce que l’on est ? Autre proposition : vous pouvez jouer avec les sonorités de votre prénom à la manière de Michel Leiris. Ou évoquer les façons dont il a pu être déformé ou raccourci.   Notes 1 Pauline Delabroy-Allard, Qui sait , Gallimard 2022 2 Polina Panassenko, Tenir sa langue , L’Olivier 2022 3 On trouve ce texte en ligne ici

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Controverses de Descartes 2023

Controverses de Descartes 2023

Afin d’accompagner et de solliciter la réflexion sur les grands sujets qui préoccupent le monde de l’Éducation, les Éditions Nathan, Le Centre International de Formation et d’Outils à Destination des Maîtres (CI-FODEM) et le Rectorat de Paris invitent autour de la table les chercheurs et praticiens de terrain pour confronter leurs avis au cours de débats contradictoires. Dédiée aux professionnels de l’Éducation (enseignants, chercheurs, formateurs, éducateurs…) et placée sous le haut patronage de Gabriel ATTAL, Ministre de l’Éducation nationale, cette  nouvelle édition des Controverses de Descartes, aura pour thème, cette  nouvelle édition des Controverses de Descartes, aura pour thème :  « Attiser le désir d’apprendre » En savoir plus Vous pouvez participer aux Controverses de Descartes 2023 en présentiel, à la Sorbonne Je m'inscris en ligne Je m'inscris  Vous pouvez à tout moment modifier votre choix "en présentiel" ou "en ligne".   Le programme De 14h00 à 14h15 : introduction des Controverses de Descartes Christophe KERRERO, Recteur de l’académie de Paris Présidence des débats : Alain BENTOLILA, Professeur de linguistique à l’université Paris-Descartes De 14h15 à 15h45 - « Savoir ou Apprendre ? » : quel sens donner à l’évaluation pour adapter et différencier sa pédagogie ? Combler le désir de savoir ou attiser le désir d’apprendre ? Philippe MEIRIEU , Professeur des universités honoraire en Sciences de l’éducation Apprendre à comprendre, c’est susciter des interprétations singulières et faire respecter le texte et l’auteur Bruno GERMAIN , Linguiste - Responsable d’enseignements - Université Paris Cité - Attaché à l’équipe de recherche CIFODEM   De 15h45 à 17h15  - Le rôle de l’intelligence artificielle (IA) dans l’innovation : IA et pédagogie différenciée, des alliés objectifs ? Quelles aides peuvent apporter les différentes formes d’intelligence artificielle à la recherche en éducation ? Vanda LUENGO , Professeure d’informatique à Sorbonne Université Une intelligence ou des intelligences? Comment la pédagogie différenciée attise le désir d’apprendre ? André TRICOT , Professeur de psychologie cognitive à l’université Paul Valéry de Montpellier De 17h15 à 17h30 : échanges avec le public   De 17h30 à 18h00 : conclusion des Controverses de Descartes Gabriel Attal , Ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse (sous réserve)   En partenariat avec :   Retrouvez également les Controverses de Descartes sur :   

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Les agriculteurs face aux politiques de l'UE

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Les agriculteurs face aux politiques de l'UE

Inégalités, concurrence, enjeux de compétitivité : les agriculteurs en colère face à l'UE.

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Partenariat avec le ZooParc de Beauval

Partenariat avec le ZooParc de Beauval

Deux marques unies par la passion Notre objectif commun est de créer une série d’ouvrages dont le cadre se situe au ZooParc de Beauval. Tous les livres sont réalisés en étroite collaboration avec les soigneurs du ZooParc, afin de proposer des intrigues et des informations destinées au jeune public au plus juste de la réalité.  Quatre vagues de parutions sont prévues pour 2020. Deux livres d'éveil animés de la collection Kididoc sont d’ores et déjà disponibles en librairie : « Bonne nuit bébé koala ! » et « Bonne nuit bébé gorille ! ». Avec des volets à soulever, des tirettes à actionner et d'autres surprises au fil des pages, chaque ouvrage plonge l’enfant au cœur de deux histoires tendres et réalistes.   A venir également dès le mois d’avril, une série de romans pour les enfants de 8-10 ans : « Soigneurs Juniors ». Des histoires, à hauteur d’enfant, inspirées du quotidien des soigneurs du ZooParc.     « La collaboration avec le ZooParc de Beauval et ses équipes nous apporte une expertise précieuse sur les animaux menacés et les enjeux de leur préservation pour les années à venir qui nous permet des livres instructifs, drôles et inspirants pour nos jeunes lecteurs. Nous sommes fiers de participer à l’éveil et à la sensibilisation à la sauvegarde de la faune sauvage de notre jeune public par un programme éditorial de création original et ambitieux » , Marianne DURAND, directrice générale de Nathan Univers Jeunesse. « C’est une belle collaboration qui nous permet d’écrire ensemble des livres pour la jeunesse, d’imaginer des histoires presque réelles, d’emmener nos visiteurs encore plus loin et de faire découvrir l’univers de Beauval à des lecteurs de toute la France. Par ailleurs, les émotions de la lecture sont un merveilleux canal pour sensibiliser les enfants à la sauvegarde de la biodiversité et de la faune. Quand on connaît mieux les animaux, on a davantage envie de les protéger. » , Delphine DELORD, directrice communication et éducation vice-présidente association Beauval Nature. A propos du Zoo de Beauval :  sur 40 hectares, le ZooParc et le dôme équatorial abritent 800 espèces dont certaines uniques en France comme les pandas géants, les koalas, les diables de Tasmanie ou les dragons de Bornéo. Depuis 4 décennies, la famille Delord écrit l’histoire du ZooParc de Beauval, un zoo hors norme avec pour missions la conservation et la protection des espèces animales. Et en ce 40e anniversaire, Beauval voit les choses en grand, avec la réalisation la plus folle à ce jour du parc : le dôme équatorial ! Une serre géante de 38 mètres de hauteur et proposant sur un hectare une promenade au cœur d’une végétation luxuriante et 200 espèces. Une nouveauté exceptionnelle unique au monde qui vous emportera autour de l’équateur.

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Measure for Measure
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Measure for Measure

Comment deux matières comme les mathématiques et l’anglais peuvent-elles se rencontrer ? Hamid Belhadia et Cécile Clavilier, professeurs en 3ème section européenne en ZEP, témoignent de leur expérience. Nous avons mené ce travail commun sur l’année de troisième, en anglais et en mathématiques, la DNL (Discipline Non-Linguistique) pour cette classe. “From Measures to Bridges” s’ancrait sur les notions de mesures pour aboutir aux ponts. Un voyage linguistique et thématique concluait l’année en illustrant notre projet in situ. Rapprochements Un pont est une structure architecturale qui a ses dimensions et caractéristiques propres (longueur, largeur, hauteur, volume, forme) et répond à des lois physiques et mathématiques. Ainsi la notion de mesure lui est intrinsèquement liée. Défini singulièrement par sa location, le pont est également le produit de son époque. A ce titre, son édification s’inspire de l’ingénierie et de l’architecture du moment, ce qui nous permet de le situer dans le temps. Tout en étant concrète, la notion de pont a une portée métaphorique, symbolisant un rapprochement entre deux rives qui, a priori, n’ont pas de raison d’être reliées. Celles-ci peuvent aussi bien représenter les mathématiques et l’anglais que les peuples français et anglais (histoire, culture et civilisation), donc un travail commun et une ouverture vers l’autre. Au-delà, le pont dépasse l’idée de frontière, puisque lorsque vous êtes sur celui-ci, vous n’êtes ni d’un côté, ni de l’autre de la rive. Ainsi, vous n’êtes plus cloisonné dans un seul lieu, mais, plus poétiquement, en un entre-deux, qui rend tout possible en s’émancipant des appellations. De fait, un travail interdisciplinaire est un pont entre plusieurs matières. Il n’est pas circonscrit à l’une d’elles : ce ‘‘no man’s land’’ ouvre de nouvelles perspectives d’approche des connaissances. Séances de travail Après avoir choisi en commun les thèmes que nous allions traiter et l’approche qui nous conduirait des mesures aux ponts, la répartition du travail s’est faite entre les professeurs de mathématiques et d’anglais. Mesures françaises et anglaises – histoire de la mesure Le mètre, « invention » française liée aux bouleversements consécutifs à la Révolution Française, porte en lui les valeurs d’égalité. Il fut défini par le 1/10 000 000 du quart du méridien terrestre ; les astronomes Delambre et Méchain se servirent de la triangulation pour calculer la longueur du méridien. Cette valeur du mètre a été rapidement reconnue à travers l’Europe et, depuis, internationalement – sauf par l’Empire Britannique et certaines de ses anciennes colonies, qui ont conservé les mesures impériales. Gravitation – rappel de ces lois physiques et un historique sur Newton. Des activités pédagogiques propres à ces notions ont suivi sur plusieurs séances. (Utilisation de supports vidéo authentiques – BBC – en mathématiques). Thèmes abordés par le professeur d’anglais The History of Measurement The Greenwich Meridian Cambridge and the Mathematical Bridge Newton The Channel Tunnel Tower Bridge and the Millennium Bridge Activités du professeur de mathématiques Conversions: imperial and metric units (video activities), exercises about proportionality Exercises about triangulation: trigonometry, sine rule Laws of gravity: (video activities), exercises on masses and weights; functions and straight lines Meridian: sphere, latitude and longitude Le voyage, illustration du projet Le séjour s’est organisé autour du projet scientifique en liaison avec le programme d’histoire de troisième : la Deuxième Guerre mondiale ; en anglais, section européenne, Londres, le Blitz et Churchill. Sur place : Visite de la cathédrale St Paul ; Christopher Wren utilisa la géométrie et les mesures pour la construction du dôme de la Cathédrale et de son escalier géométrique. On aborde les bombardements de la Cathédrale sous le Blitz et funérailles de Churchill. Visite du "Churchill’s Britain at War Experience" pas très loin du Millenium Bridge. Une journée à Greenwich : l’observatoire, le méridien et le planétarium. Une journée à Cambridge : Le "Mathematical Bridge" construit, selon la légende, par Newton ; visite guidée des "Colleges" ; Newton a étudié à Trinity College, ses recherches sur la gravitation y sont conservées à la bibliothèque. London Science Museum  : le département mathématiques, riche de nombreuses expositions, à exploiter avec le collègue de mathématiques. Les "Hands-on Galleries" : ateliers thématiques permettant de mener une expérience, par exemple : "How to build a bridge". Churchill War Rooms : le Quartier Général (souterrain) du premier ministre pendant la guerre, et un musée qui retrace sa vie. Pendant le séjour et les visites, les élèves devaient remplir un carnet de voyage (questions, interviews, énigmes) à remettre au retour. Bilan Ce voyage a largement dépassé nos attentes en termes scientifiques et culturels. Nous-mêmes avons appris beaucoup. Les élèves ont à plusieurs reprises cherché à prolonger ce qui avait été abordé en cours en posant des questions inattendues aux guides qui nous encadraient. Ce voyage fut aussi un révélateur sur le plan humain. Un soir, des footballeurs ont invité nos élèves, qui les regardaient en attendant leurs familles, à les rejoindre pour une partie improvisée. Il a bien fallu parler anglais ! Ce projet a permis de relier des enseignements à une réalité linguistique, scientifique et historique. Il a su légitimer la nécessité d’un savoir peu visible pour les élèves et permis de dresser des passerelles entre différentes disciplines.

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Théâtres au féminin :  autrices, actrices, spectatrices, même combat
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Théâtres au féminin : autrices, actrices, spectatrices, même combat

Par Martial Poirson C’est par et pour les hommes qu’a été inventé le théâtre, espace médiatique par excellence offrant un accès privilégié à la parole publique. À ce titre, il était interdit aux femmes, cantonnées à la sphère privée, incompatible avec les assignations de genre et les stéréotypes sexistes qui empesaient la représentation du féminin. Si les actrices ont fini par percer au cours du XVII e siècle (jusqu’alors les rôles de femmes étaient interprétés par des acteurs travestis), les autrices ont été réduites à s’exprimer dans des genres perçus comme mineurs. Quant aux spectatrices, longtemps placées dans des espaces séparés au sein des salles de spectacle, elles ont été maintenues dans une position subalterne. Or, les changements récents dans l’historiographie théâtrale conduisent à observer ces pièces, plus nombreuses qu’il y paraît, écrites par des autrices, ces rôles, moins rares qu’on pourrait le penser, interprétés par des actrices, et ces spectacles dont la réception a été notablement influencée par des spectatrices. Un changement de focale en somme, qui reconsidère des pans entiers du répertoire dramatique. Des autrices contestées On peine aujourd’hui encore à prendre la mesure de la contribution des autrices au répertoire dramatique, bien que l’une des premières pièces du théâtre médiéval européen soit née sous la plume de Hrotsvita de Gandersheim, une abbesse germanique du X e siècle qui composa des drames chrétiens librement inspirés de Térence. Si les noms d’écrivaines contemporaines telles que Marguerite Duras, Hélène Cixous ou Yasmina Reza nous sont familiers, on a davantage de mal à associer au théâtre des figures telles que Marguerite de Navarre, première dramaturge, madame de Villedieu, plus connue pour ses contes, poésies et romans, Marie-Anne Barbier, qui s’est pourtant illustrée dans un genre réservé aux écrivains, la tragédie néoclassique, madame de Genlis, autrice prolixe d’un théâtre d’éducation à l’usage des élites de son temps, madame de Staël-Holstein, qui s’inspira de la réforme dramatique des Lumières, Olympe de Gouges, dont le théâtre est pourtant le prolongement direct de ses engagements politiques féministes et anticoloniaux, ou encore George Sand, qui s’est illustré dans pas moins de 31 pièces, dont 25 jouées de son vivant, et a voué au théâtre une vive passion. Un métier d’homme De rares entreprises éditoriales ont tenté, par le passé, de rendre justice à ces autrices, comme le Théâtre des femmes de Louis-Edmé Billardon de Sauvigny, vaste anthologie en quatre volumes parue en 1777. Sur les deux volumes consacrés aux «  femmes françaises qui ont fait des pièces de théâtre  » et à «  l’analyse de leurs meilleurs tragédies, comédies, etc . », seul le premier vit le jour. Les raisons d’un tel déni sont nombreuses. La première tient au fait que les femmes ont été sciemment maintenues à l’écart des lieux de savoir et de pouvoir, suscitant rarement l’intérêt de puissants protecteurs ou de mécènes issus des cercles de l’État ou des municipalités, principales sources de financement d’un art dispendieux. La seconde raison relève de l’hostilité de l’idéologie patriarcale à l’égard de la présence des femmes au sein d’un espace public qui leur était dans une large mesure interdit. Voltaire résume ce préjugé dans une lettre du 5 octobre 1749 adressée au Comte d’Argental, affirmant à propos du théâtre, qu’il considère comme le premier des arts, que « c’est le dernier des métiers pour un homme, et le comble de l’avilissement pour une femme  ». La femme n’a pas droit de cité dans ce qui est perçu comme une source prédominante de reconnaissance littéraire, mais aussi d’expression politique. Il faut attendre 1650 pour qu’une première femme, Madame de Saint-Baslemont, publie une tragédie, Les Jumeaux martyrs . Françoise Pascal, considérée comme la première dramaturge jouée par une troupe professionnelle, prend soin d’accompagner la publication de sa tragédie, Agathonphile martyr , en 1655, d’une excuse au public qui ne manque pas d’ironie : «  Mon cher Lecteur, […] Mon sexe, le peu d’expérience que j’ai dans cet art et la bassesse de mon esprit ne me permettent pas d’avoir des pensées si hautes et si relevées que ces Apollons […] . Je ferai voir, du moins, que je n’ai rien dérobé de leur gloire, et que ma seule veine en a tous produits les vers . » Soucieuse de rivaliser avec ceux qu’elle appelle «  ces grands auteurs que leur mérite à rendu les rois du théâtre  », Madame de Villedieu s’excuse de sa «  témérité  », dans une dédicace adressée à la cousine de Louis XIV dans Manlius , sa première tragi-comédie, première pièce écrite par une femme représentée à l’Hôtel de Bourgogne en mai 1662. Ces femmes de théâtre commencent à accéder à la scène et à l’édition à partir du milieu du XVI e siècle, mais sous le règne de Louis XIV, elles représentent à peine 4% des écrivains de théâtre. En outre, au sein du répertoire théâtral, elles se plient souvent au partage sexuel des genres ou des sujets, consentant à une sorte de division sexuée du travail. Elles renoncent généralement au genre noble qu’est la tragédie. Ainsi, Madame Deshoulières, qui a acquis une solide réputation pour ses poésies, choisit l’anonymat pour la première édition de sa tragédie Genseric , représentée à la Comédie-Française en 1680. Elle fait les frais du lieu commun déniant à la femme tout capacité d’écrire du théâtre : «  Elle avait le style et l’expression propres pour l’idylle, l’églogue, la chanson ; mais trop faible lorsqu’elle voulait sortir du genre auquel la nature l’avait pour ainsi dire condamnée, Madame Deshoulières a voulu forcer son talent et essayer de s’exercer dans la tragédie », tranche le critique Joseph de La Porte en 1769. Le terme « autrice » est présent pour désigner leur rétribution dans les registres de la Comédie-Française jusqu’en 1690, avec la mention « part d’autrice », mais disparaît au XVII e siècle au profit de périphrases telles que «  femme auteur dramatique ». Les dictionnaires, anthologies et histoires du théâtre s’attachent à invisibiliser ces autrices au cours des siècles suivants, en dépit de leur augmentation significative, notamment au XIX e siècle.   Bibliographie Christiane Bard, « Théâtre », Dictionnaire des féministes France, XVIII e -XXI e siècle , Paris, Presses universitaires de France, 2017. Christiane Bard, Parisiennes citoyennes ! Engagements pour la cause des femmes , catalogue d’exposition, Musée Carnavalet, Paris, 2022, « Sur le devant de la Scène ». Fabien Cavaillé, Véronique Lochert, Jeanne-Marie. Hostiou, Marie Bouhaik-Girones, Céline Candiard et Mélanie Traversier (dir.), Spectatrices ! De l’Antiquité à nous jours , Paris, CNRS éditions, 2022. Collectif, Héroïnes romantiques , catalogue d’exposition, Paris, Musée de la vie romantique, 2022. Aurore Evain, L'Apparition des actrices professionnelles en Europe , Paris, L'Harmattan, 2001. Aurore Évain, Perry Gethner et Henriette Goldwyn (dir.), Théâtre de femmes de l'Ancien Régime, vol. 1 à 5, Saint-Etienne, Publications de l'Université de Saint-Etienne; rééd. Paris, Classiques Garnier, 2006-2020. Florence Filippi, Sara Harvey, Sophie Marchand , Le Sacre de l’acteur. Émergence du vedettariat théâtral de Molière à Sarah Bernhardt , Paris, Armand Colin, 2017. Martine Reid (dir.), Femmes et littérature. Une histoire culturelle , Paris, Gallimard, Folio essais, 2020, 2 volumes.

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Le programme Baudelaire : les étudiants en parlent
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Le programme Baudelaire : les étudiants en parlent

Mis en place par la fondation Robert de Sorbon, le programme Baudelaire vise à promouvoir la culture française et l’égalité des chances. Il met à disposition de vingt jeunes par an une formation interdisciplinaire et expérimentale. Des étudiants bénéficiaires du programme ont pris la plume pour en dire plus… La culture et l’amour Imaginez un arbre au loin, en haut d’une colline. Il est beau, il est celui qui vous attire. Vous ne voulez que lui – au départ. Il vous semble personnel et personnalisé. Que ce soit un hêtre, un chêne ou un merisier : c’est le vôtre. Aussi, dans un certain sens, pourrions-nous appeler cet arbre « musique de Debussy », « rap urbain », « impressionnisme », ou « sculpture de Rodin ». Cet arbre représente notre marotte, ce qui nous fait vibrer. Il est notre appétence naturelle et profonde. Et des arbres comme cela, il en existe de disponibles pour chacun. La passion fait qu’on s’en approche. On remarque alors leur complexité : branches, ramifications. Puis viennent les racines qui dérivent vers une immensité, elle-même formée d’autres arbres encore bien cachés. Cette vaste forêt est le monde de la culture. Tout y est lié de ramures, d’évolutions, d’interconnexions élémentaires ou élaborées. Le début de cette exploration est une action tout sauf anodine : il s’agit du début d’un cheminement, inconscient ou pas, vers un nouveau monde. Dès lors, happés par notre curiosité, on ne peut plus faire demi-tour. Nous voulons naturellement connaître la suite. C’est de cette manière que la culture nous a piqués, nous, les étudiants du programme Baudelaire. Cette année, nous avons pu constater les liens racinaires, rhizomiques, entre ignominie de la Shoah et Histoire, Dessin, Écriture, Musique, Poésie, Théâtre ou Littérature. Ainsi, ce programme éminemment culturel semble aboutir au constat d’un lien indissociable entre amour et culture. L’amour étant la dynamique qui guide la culture. L’amour est un sentiment universel reliant les hommes, quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent. La culture est, quant à elle, un appel du pied aux curieux qui cherchent des réponses, en même temps qu’un rassemblement collectif à l’aune de ce que l’on aime communément. La culture étant créée par des personnes qui veulent partager une émanation de leur esprit, elle est entretenue par ceux qui aiment cette émanation. Ces derniers la font vivre en la réinterprétant et/ou en la réinventant. Elle vient également d’autres individus qui la partagent car ils en aiment aussi certains aspects. Ces passionnés dévoués tentent de nous montrer ce qui leur semble être digne d’être partagé, et ils nous signifient que ce qu’ils partagent peut nous rassembler. Sur fond d’amour de l’autre et d’amour de la création, ils en sont les messagers. Cet amour de l’autre est donc particulièrement remarquable dans le programme Baudelaire. On a voulu y rassembler des étudiants passionnés avant tout, sans considération sociale (alors que la culture a tendance malheureusement à favoriser les ségrégations entre ceux qui veulent la détenir, la freiner, l’arrêter, ou encore la garder pour eux). La culture doit être le lot de tous. Le Programme Baudelaire, par amour des autres, nous pousse ainsi à trouver et/ou explorer nos marottes, puis à les exploiter. Il incarne, à mon sens, l’esprit universaliste de la culture, empli de l’amour de l’autre et de celui de la création, en l’offrant à chacun. Lucien Mornat Retranscrire, incarner sans s’approprier « Je retourne ma peau, je traque l’inconnu. Je découvre un monde. » (Jean Cocteau) Dans le cours de littérature du programme Baudelaire, un projet touchant et ambitieux nous a été confié : retranscrire l’histoire de Monique Valcke Strauss, qui a grandi dans le monde chaotique de la Seconde Guerre mondiale. Elle a déposé sur des pages vierges ses souvenirs, essayant d’être la plus précise et honnête possible. Son regard sur le passé étant aujourd’hui empreint d’une interprétation adulte et réfléchie concernant chaque fait, elle nous livre un dialogue sincère entre l’enfant qu’elle fut et la femme qu’elle est devenue. Notre travail d’écriture convoque la précision et la retouche. Il s’agit de recoudre les mailles du récit qui se délient parfois, de combler les creux de la mémoire et de développer certaines relations qui le méritent, car le texte de Monique est une formidable mine de détails et de souvenirs qu’elle n’a pas toujours osé développer en raison de sa modestie. Souvent, lors de nos échanges, nous l’avons poussée dans ses retranchements, afin qu’elle nous précise les choses. Ainsi, nous devions creuser l’histoire et éclairer le texte à l’aide de détails qui renforceraient certains souvenirs confus. Mais ma grande appétence pour l’écriture m’a emportée : par inadvertance, je me suis approprié le texte. Sans m’en rendre compte, mon travail de réécriture devenait trop personnel, trop intime. On pouvait deviner ma patte dans certaines tournures de phrases, certainement trop romanesques, alors que Monique souhaitait un texte très épuré. Ce travail nous a donc demandé une grande rigueur et une forme d’honnêteté intellectuelle. Pour que l’oeuvre vive, chacun a dû respecter le ton, le goût, la couleur de l’écriture propres à Monique Valcke Strauss. En voulant reformuler certaines phrases, je me suis heurtée aux écueils de cet exercice particulier, et j’en ai découvert la principale règle : devoir fondamentalement s’oublier, en apprenant à incarner jusqu’au bout l’être que l’on anime. J’aime me sentir contrainte par cette règle, car j’ai le sentiment de m’aventurer sur un sol insoupçonné, digne et fertile. Il s’agit aussi d’un devoir, semblable à celui du comédien envers son personnage. Il se doit de le trouver en lui. Alors, toujours aussi curieuse, je compte bien persévérer, en travaillant plus subtilement encore le texte de Monique Valcke Strauss, cette matière si précieuse. Félicité Guerbet Importance de la pratique D’ordinaire, à l’université, la théorie prime sur la pratique. Or, au programme Baudelaire, on découvre une pratique qui prend davantage de place que la théorie. À travers cette pratique artistique, on éprouve une certaine liberté, le droit de s’exprimer, d’écrire et de dessiner. Loin du cadre scolaire classique, ce sont des artistes avant d’être des professeurs qui nous accompagnent. On est entourés par des écrivains, un plasticien, un passionné d’Histoire, un dramaturge. Nous, les étudiants, nous sommes les acteurs de chaque projet et non de simples observateurs. Nos œuvres, nos mots sont une part de nous-mêmes, déposée dans ce programme encore jeune. Une singularité ressort de chacun de nous car nous ne sommes pas des élèves, mais des personnes avec une capacité de créativité et d’imagination. La pratique entraîne une liberté qu’on ne retrouve pas dans le cadre d’une scolarité académique. Pour la plupart, c’est une découverte permanente : un amour pour l’écriture, un goût pour l’art abstrait et des anecdotes inconnues découvertes dans les manuels d’Histoire. Enfin, les pratiques sont diverses et permettent une totale implication de notre part car tous nos sens se retrouvent stimulés. Natacha Da Silva-Baudry et Kadiatou Konaté Un jeu Le programme Baudelaire est une chance. Nous y suivons des cours pluridisciplinaires enseignés par des artistes. Le cours qui me touche tout particulièrement est la classe de poésie dirigée par Florient Azoulay. Avec lui, nous travaillons sur la poésie de Walt Whitman en vue d’un spectacle à la Maison de la Poésie. Nous y constatons la puissance qu’un mot peut receler. Avec lui, nous pouvons passer une heure à parler d’un mot unique, parfois de deux... Pour évoquer toute la puissance d’un mot et celle de son message, nous prenons des heures. Le temps est suspendu. Les poèmes, les rimes, les mots m’ont toujours fasciné. Lorsque j’étais enfant, je devinais que se cachait un réel pouvoir derrière les mots. Je devinais que le langage était magique. Et je n’avais qu’un désir : tout savoir. Mais pour cela, il me fallait lire, afin de déchiffrer les messages cachés. Cependant, je croyais que la littérature n’était pas pour moi, qu’elle me restait inatteignable du fait de ma dyslexie. Mais Madame Ladjali, ma professeure de français, m’a ouvert une porte. En cours, j’ai découvert la puissance de la littérature et peu à peu les mots me faisaient moins peur. J’apprenais à les dompter. Après le Bac, que paradoxalement j’ai eu grâce à mes résultats de français, ma professeure m’a proposé d’intégrer le programme Baudelaire, où j’ai pu vérifier et mettre en pratique toutes mes intuitions. C’est alors que le jeu a vraiment pu commencer. Jean Palomo Del Rio

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Dire les petites et les grandes violences - Entretien avec Jerôme Ferrari
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Dire les petites et les grandes violences - Entretien avec Jerôme Ferrari

Propos recueillis par Claire Belin-Bourgeois et Françoise Rio Si l’œuvre romanesque de Jérôme Ferrari a évolué depuis Le Sermon sur la chute de Rome , couronné par le prix Goncourt en 2012, on retrouve dans ses onze romans publiés chez Actes Sud un même ancrage en Corse, une écriture ardente, une douloureuse interrogation sur les violences de l’Histoire récente. Jérôme Ferrari vit en Corse et enseigne la philosophie en classe de terminale dans un lycée d’Ajaccio et en hypokhâgne à Bastia. Votre dernier roman, À son image , met en scène un prêtre qui célèbre l’office funèbre de sa filleule, jeune photographe morte dans un accident de voiture. Comment sont nés ces personnages fictifs ? Tous deux étaient présents dès l’origine du roman, centré sur la question de l’image. Je voulais traiter de la fonction de représentation des images, notamment de la photographie de presse, mais aussi du rôle de l’image dans le développement du catholicisme. Par ailleurs, la question de la théodicée m’intéresse. Néanmoins, je ne peux travailler l’écriture d’un roman à partir de données abstraites, j’ai besoin d’éléments concrets. Ainsi, pour moi qui ne suis pas croyant, il était intéressant de chercher à voir, de l’intérieur, comment un prêtre pouvait aborder ces questions ou leur apporter une solution. Peut-être étais-je aussi sous l’influence, plus ou moins consciente, des romans de Georges Bernanos. Quant au personnage de la jeune femme, il est lié au travail sur le photo-reportage que j’avais fait antérieurement. Je savais d’emblée qu’il y aurait un lien de parenté entre le prêtre et la jeune femme et que la mort de celle-ci serait connue dès le début du roman. Quelle importance a eu, dans la genèse du roman, sa composition en forme de messe funèbre ? Je ne peux commencer à écrire qu’à partir du moment où j’ai trouvé l’agencement général du roman. Pour celui-ci, ce sont les textes rituels, les moments liturgiques, qui résonnent sur l’ensemble des chapitres. Ce qui m’intéresse, c’est la fécondité que l’aspect formel peut avoir sur le fond d’un roman. Il ne s’agit pas, pour moi, d’écrire des textes que je mettrais en forme après. La composition est toujours première. Plusieurs formes de violence se manifestent dans vos romans. S’agit-il de créer des échos entre la violence spécifique à la Corse et d’autres violences, plus lointaines, telles que celles de la guerre en ex-Yougoslavie qui est évoquée dans À son image ? Il faut être précautionneux si l’on parle d’ « échos », car il ne s’agit pas de comparaison entre ces formes de violence, sinon cela génère des contresens de lecture. Ainsi, lors de la parution d’ À son image , certains journalistes m’ont dit que je présentais les nationalistes corses comme des abrutis, ce qui n’est pas du tout mon propos. Je voulais simplement montrer les choses de l’intérieur. Ce qui m’intéresse dans le personnage de la photographe, c’est son aveuglement par rapport à la violence qui l’environne. Le prêtre dit que cette jeune femme ne comprend pas que le péché ne se quantifie pas : je partage assez l’idée que le péché peut se trouver aussi bien dans les petites que dans les grandes choses, et que l’on peut rapprocher les petites et les grandes violences. Comment travaillez-vous l’écriture dans vos différents romans ? Ma manière d’écrire a beaucoup changé depuis mes deux premiers romans. Quand j’ai commencé, j’écrivais vraiment à la ligne, j’écrivais beaucoup et ensuite je reprenais. Plus le temps passe, plus j’écris avec une atroce lenteur, mais j’ai beaucoup moins de choses à modifier par la suite. La lenteur de l’écriture limite mes capacités de transformation, ou alors il faudrait que je casse absolument tout. Toutefois, cela dépend des textes. La première chose qui m’est venue pour écrire Où j’ai laissé mon âme , c’est le ton du personnage qui parle, et qui a entraîné à peu près tout le reste. Il y a certes du travail, mais, avant d’écrire, il faut une mise en condition psychologique ou musicale. Je ne sais pas retravailler un texte après-coup pour lui donner le ton que je voudrais : il faut que je sois dans le ton d’abord. Après, je peux revenir sur les détails du texte, que je relis à voix haute pour en corriger uniquement les éléments rythmiques et euphoniques, ou parfois changer un mot qui ne convient pas. Après quelques romans, j’ai eu l’impression que, devenu trop à l’aise dans un certain style, je courais le risque de l’auto-parodie, comble du ridicule et du tragique. Il y a une forme d’automatisme dans laquelle on risque toujours de se laisser prendre, malgré soi. C’est pourquoi, dans Où j’ai laissé mon âme , notamment, j’ai voulu changer de manière d’écrire sans avoir pour autant l’intention d’entreprendre une révolution stylistique à la Romain Gary. J’avais seulement besoin de passer à quelque chose qui me soit un peu moins familier. J’ai aussi opéré ce genre de changement en écrivant Dans le secret , ou Un dieu, un animal , mon cinquième roman. On évoque souvent le « pessimisme » ou la « vision sombre » qui émaneraient de vos romans. Cautionnez-vous ces qualifications ? Je ne me sens pas particulièrement pessimiste. L’optimisme et le pessimisme ne sont pas des catégories qui me conviennent car je ne les trouve guère pertinentes. Je souscris volontiers à la phrase de Bernanos dans les Grands cimetières sous la lune qui voit en l’optimisme une forme de sécheresse du cœur : « L’optimisme m’est toujours apparu comme l’alibi sournois des égoïstes, soucieux de dissimuler leur chronique satisfaction d’eux-mêmes. Ils sont optimistes pour se dispenser d’avoir pitié des hommes, de leur malheur ». Aujourd’hui, l’ambiance sociale tend à valoriser l’optimisme, par exemple lors de ces séminaires d’entreprises où l’on vous explique comment surmonter ses échecs pour se renforcer soi-même. Il y a derrière cela une idéologie qui me paraît immonde, consistant à dire que chacun est responsable de ses échecs, que, si on ne va pas bien, ce serait faute d’avoir bien pris les choses … etc. Or, le monde est comme il est, cela relève du fait et non d’une orientation d’humeur. Et quand on me dit parfois que, dans mes romans, je devrais voir le bon côté des choses, cela m’énerve presque autant que les entendre qualifiés de « romans philosophiques » : réflexions triviales ou absurdes. Pourquoi tous vos romans sont-ils situés en Corse ? C’est l’endroit du monde que je connais le mieux et sur lequel je suis le moins susceptible d’écrire des bêtises. Je trouve que c’est un lieu particulièrement intéressant du point de vue littéraire, pour de multiples raisons, tenant à l’histoire, à la culture, à l’omniprésence de la violence qui marque la géographie. La Corse est en outre, comme un condensé de modernité, un pays qui ne vit que du tourisme de masse, ce qui retentit beaucoup sur la vie de ses habitants : l’alternance brutale du désert et de la frénésie ne laisse pas les gens indemnes. Je suis par ailleurs très sensible à la fantasmagorie de la construction identitaire. Je suis originaire de Fozzano, le village qui a servi de « modèle » à Mérimée pour l’écriture de Colomba , et je trouve intéressant de se réapproprier ces processus qui conduisent à des clichés. Ce qui m’intéressait, auparavant, c’était d’écrire un roman qui se passe en Corse mais qui ne soit pas lu comme un roman régional. C’était un grand problème il y a une quinzaine d’années, quand la question du regard sur la Corse était très déterminée par des représentations figées. Ainsi, je reste persuadé qu’en 2002 Le Sermon sur la chute de Rome (publié en 2012) n’aurait pu avoir le Goncourt. J’en suis sûr, parce que la première fois qu’à la télévision on a parlé d’un de mes romans, c’était sur fond de polyphonies et d’images de plages, qui n’avaient pourtant rien à voir avec le récit en question. En dehors de cet ancrage géographique, avez-vous un sentiment d’appartenance à une communauté ? J’appartiens à plein de choses. Cela ne me dérange pas de penser que mes livres appartiennent à la littérature corse autant qu’à la littérature française. J’ai par ailleurs des liens intellectuels étroits avec Marcu Biancarelli dont j’ai traduit en français les livres écrits en corse, ou avec Thierry de Peretti, le réalisateur d’ Une vie violente . On a tous à peu près le même âge, ce qui n’est pas un hasard, on a commencé en même temps, on a vécu les mêmes choses, et on y a réagi de manière esthétique de façon assez similaire, sans doute. Mais je ne vois pas ce qui pourrait faire de nous un groupe, et je nous imagine mal écrire un manifeste.

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