Résultat de recherche pour "Fleurs du Mal"

Filtrer
Vous avez vu 25 résultats sur 340
Filtrer
Voir l'article
Les neurosciences : apprendre en résistant
Logo de la revue d'appartenance NRP

Les neurosciences : apprendre en résistant

Par Violaine Carry Jean Piaget proclamait que l’apprentissage procédait linéairement, par stades, comme un escalier. Olivier Houdé, en examinant les théories piagétiennes à la lumière des sciences cognitives, en remet à présent en cause la pertinence : l’apprentissage serait une question d’inhibition… Deux systèmes de pensée… L’inhibition a mauvaise réputation dans le langage courant : une personne inhibée inspirera davantage la pitié que l’envie… Mais en neurosciences, l’inhibition est au contraire une compétence à la fois complexe et essentielle au développement de l’intelligence humaine. Tout commence quand Daniel Kahneman, Nobel en économie, popularise aux yeux du grand public l’idée que le cerveau fonctionne en empruntant deux systèmes. Le premier, qu’Houdé rebaptisera d’« heuristique », a l’énorme avantage d’être automatique, extrêmement rapide, et de ne consommer que très peu d’énergie. Il fait l’objet d’un précâblage, c'est-à-dire qu’il est inné. Il est aussi fermement lié à la mémoire procédurale, dont nous avons parlé dans un article précédent . C’est ce mode-là que le cerveau privilégie pour la lecture, ou pour écrire un texte. C’est également lui qui nous permet d’accorder le verbe à son sujet automatiquement… et qui est la cause d’horreurs qui font saigner nos yeux de professeurs de français, comme « je les mangent » ! Car ce formidable produit de l’évolution est notre système par défaut, et prend le dessus dès que la fatigue ou l’inattention se fait sentir. Il est par ailleurs perclus de biais, se laisse influencer par nos émotions outre mesure, et manque cruellement de fiabilité dès que le problème à résoudre se complexifie d’un iota.  À l’inverse, le second système, dit « algorithmique », est très sûr. C’est lui que les élèves mobilisent quand on les incite à réfléchir, à se concentrer. Grâce à lui, nous résolvons les problématiques les plus complexes. Mais il nécessite la conscience : il est donc beaucoup plus lent, beaucoup plus  énergivore, et donc très dépendant de notre niveau de fatigue. Et un arbitre ! Mais qui est l’arbitre ? Qui décide de basculer d’un système à l’autre, et comment ? C’est la question que s’est posée Olivier Houdé. Il a fini par identifier un troisième système, qui joue ce rôle d’arbitre : le système inhibiteur. Celui-ci bloque l’expression du système 1, et enclenche celle du système 2. Pour se rendre compte de ce que cela signifie, faisons un petit exercice, traditionnellement appelé « test de Stroop » : à haute voix, indiquez le plus vite possible la couleur dans laquelle est écrit chaque mot dans l’image ci-dessous. Sauf à vous être entraîné, cela a dû vous sembler difficile ; et pour cause ! Vous avez dû inhiber le réflexe de lecture, automatisé depuis de nombreuses années, pour réaliser une autre tâche qui entrait en concurrence. Bref ! Vous avez lutté contre vous-même. C’est d’autant plus couteux en énergie que, comme l’a montré Steve Masson, chercheur en neurosciences, les deux procédures coexistent : le système inhibiteur ne fait en réalité que donner l’avantage au systeme 2. En effet, on ne peut pas s’empêcher de lire, mais on s’interdit de prononcer les mots déchiffrés à voix haute, en réorientant sans cesse notre attention sur un autre aspect, ici la couleur du mot. Activer le système 2 Si, dans le test de Stroop, le système inhibiteur est directement activé par la consigne, c’est loin d’être toujours le cas dans toutes les situations de classe où on demande en fait aux élèves d’inhiber un biais ou une pré-représentation. Pour se rendre compte du problème, observons ce joli petit syllogisme, proposé par Daniel Kahneman à ses étudiants : Toutes les roses sont des fleurs. Or , certaines fleurs fanent vite. Donc , certaines roses fanent vite. La plupart des étudiants ne voient pas le syllogisme avant que Kahneman ne leur signale que c’en est un. La raison en est simple : tout d'abord, les trois items du syllogisme, considérés indépendamment, sont vrais, y compris et surtout la conclusion ; ensuite, on est trompé par les connecteurs logiques, qui donnent une illusion de raisonnement rigoureux. On en oublie alors que les fleurs sont un hypéronyme des roses et que le deuxième item n’indique donc en rien que les roses – ou du moins certaines roses – fassent partie de ces fleurs qui fanent vite. Or, tant qu’il n’y a pas de dissonance entre d’une part nos biais et pré-représentations, et d’autre part ce à quoi on est confronté, le cerveau restera en mode automatique, c'est-à-dire en système 1. C’est cette dissonance, sorte de message d’alerte, qui active le système inhibiteur, et par répercussion le système 2. Des pré-représentations tenaces Au lycée, en français, la difficulté de certains élèves vient justement d’un manque d’inhibition, car ils ne perçoivent pas le décalage entre ce qu’ils produisent et ce qu’on leur avait demandé. C’est particulièrement perceptible en expression écrite. Structurer ses idées et faire un plan est loin d’être naturel, et nombre d’élèves se laissent souvent entraîner par leur plume et leurs pensées, dérivant du plan qu’ils avaient eux-mêmes annoncé, parfois dès le début du développement. De même, en commentaire, certains élèves doivent résister à la tentation de la paraphrase, d’autres à émettre des opinions personnelles, parce que cela correspondrait davantage à leur idée d’un commentaire. Cela est entre autres dû à la polysémie des termes employés : « commentaire » n’a pas tout à fait le même sens dans le langage courant qu’en littérature. Il en va de même pour la « dissertation », ou l’« essai » ; et si on ne prend pas garde à désamorcer tout malentendu dès le départ, la pré-représentation de l’élève l’emportera toujours, et ce dernier ne comprendra pas ses erreurs. On observe la même ambiguïté dans la désignation de certains mouvements, comme le « romantisme » : le terme est tellement employé dans le langage courant que la lutte pour faire émerger le sens en littérature demande de réels efforts, que certains élèves renoncent finalement à fournir. Le « naturalisme » ou le « surréalisme » posent le même problème, et on le voit bien quand on a une discussion sur le sujet avec des élèves qui n’ont pas pris la peine d’apprendre leurs cours : ceux-ci s’appuient sur le sens courant de « nature », de « réalisme » et de « sur » (dans le sens d’« encore plus »), sans doute parce que les définitions littéraires n’étaient pas assez porteuses de significations pour eux, ou du moins pas assez ancrées en mémoire. Et même quand la définition est sue, on remarque parfois les mises en application ubuesques sur les textes, signe que le sens n’a pas été réellement assimilé. Aussi ne faut-il pas négliger le travail sur les mots eux-mêmes, surtout ceux qui désignent des réalités littéraires précises et qui peuvent être confus pour les élèves, dans la mesure où ils désignent autre chose dans la vie courante. La grammaire : champ idéal d’inhibition La grammaire n’échappe pas aux erreurs d’inhibition. Au contraire, c’est un vrai champ de mines, en la matière… Et comme elle fait son grand retour au lycée, on ne peut pas l’ignorer. Outre les problèmes de polysémie, qui interfèrent parfois avec la bonne intégration de certains termes techniques, l’apprentissage de la grammaire doit composer avec les habitudes prises les années précédentes. Or, si elles pouvaient être adaptées à un niveau, elles ne le sont plus forcément dans les niveaux supérieurs. Ainsi, certains élèves n’arrivent pas toujours à identifier le sujet d’un verbe car ils ont intégré que « le sujet, c’est celui qui fait l’action », ce qui n’est pas vrai à la voix passive… On verra aussi des erreurs comme : « Et dans le petit vallon s’épanouissait de belles fleurs des prés. » car l’ordre canonique des mots étant « sujet-verbe-complément », l’élève n’a pas perçu que le cas était un peu différent. Ce type d’erreurs, dues à l’habitude, ressort dès que la vigilance n’est pas optimale. On le voit dans certaines copies, où les fautes se multiplient au fil de l’écriture : l’élève, happé par le fond, relègue la correction de la langue au second plan et n’y consacre que peu d’énergie, et des défauts d’inhibition sont d’autant plus fréquents que la fatigue commence à se faire sentir. La méthode, pour résoudre cette question et éviter aux élèves de se décrédibiliser par une orthographe trop défaillante, est de les engager à se relire régulièrement. Ça peut être automatisé par des procédures relativement aisées : par exemple, lors d’un travail de production écrite en classe, la relecture peut être imposée par un bip toutes les dix minutes. Le problème est que chacun écrit à son rythme donc on n’est pas sûr d’interrompre l’élève à la fin d’un paragraphe, mais ça peut être, avec quelques adaptations, un moyen de leur rappeler de se relire. L’inhibition va également être très utile lors de la question de grammaire à l’oral des EAF. Si on demande à des élèves d’analyser la phrase : « Alice est porte de la Chapelle. », on risque d’obtenir des réponses témoignant d’un défaut d’inhibition. Certains passeront par la technique de la question : « Alice est où ? Porte de la Chapelle. Donc « porte de la Chapelle » est CC de lieu. », alors qu’on ne peut supprimer ce groupe de mots sans changer le sens de la phrase. D’autres vont observer que « porte de la Chapelle » est introduit par le verbe être , donc un verbe d’état, et donner à « porte de la Chapelle » la fonction d’attribut du sujet pour cette raison, le verbe être introduisant automatiquement un attribut dans leur esprit. Seuls ceux qui auront fait appel a leurs capacités de raisonnement et ne se reposeront pas sur leurs habitudes parviendront à trouver que « porte de la Chapelle » est un complément essentiel de lieu. Apprendre à inhiber Qu’on s’entende : avoir des réflexes et des habitudes n’est pas un mal, au contraire ! On en a besoin régulièrement, pour traiter des questions simples. Mais notre fonction d’enseignants signifie aussi apprendre à nos élèves quand ils peuvent s’appuyer sur le système 1 et quand ils doivent activer leur système 2. Et la bonne nouvelle, c’est qu’il ne s’agit que de s’entraîner ! S’entraîner à percevoir les signes qu’il est temps de mobiliser son système 2, à assimiler de nouvelles méthodes qui l’emportent sur les précédentes… et l’enseignant joue un rôle de premier plan ici. D’abord pour expliciter les moments où il est important pour l’élève de se concentrer car le cas étudié est différent de l’habitude, ensuite pour aider l’élève à repérer les situations où il doit solliciter son système 2 et celles où il peut se reposer sur le système 1, enfin pour lui faire acquérir de nouvelles habitudes par la répétition de procédures plus adaptée à son niveau. BIBLIOGRAPHIE O. Houdé, Le Raisonnement , éd. PUF, coll. Que sais-je ?, 2018. O. Houdé, Apprendre, c’est résister , éd. Le Pommier, coll. Manifestes, 2017. O. Houdé et G. Leroux, Psychologie et développement cognitif , éd. PUF, coll. Quadrige manuels, 2015. D. Kahneman, Système 1, système 2, les deux vitesses de la pensée , éd. Flammarion, coll. Essais, 2012. Consultez d'autres articles sur les neurosciences Les émotions au service des apprentissages Le silence est d’or : apprendre… par défaut ! Être attentif… ça s’apprend Des mémoires pour mieux apprendre L’éclairage des neurosciences en grammaire

Voir l'article
Les neurosciences : apprendre en résistant
Logo de la revue d'appartenance NRP

Les neurosciences : apprendre en résistant

Par Violaine Carry Jean Piaget proclamait que l’apprentissage procédait linéairement, par stades, comme un escalier. Olivier Houdé, en examinant les théories piagétiennes à la lumière des sciences cognitives, en remet à présent en cause la pertinence : l’apprentissage serait une question d’inhibition… Deux systèmes de pensée… L’inhibition a mauvaise réputation dans le langage courant : une personne inhibée inspirera davantage la pitié que l’envie… Mais en neurosciences, l’inhibition est au contraire une compétence à la fois complexe et essentielle au développement de l’intelligence humaine. Tout commence quand Daniel Kahneman, Nobel en économie, popularise aux yeux du grand public l’idée que le cerveau fonctionne en empruntant deux systèmes. Le premier, qu’Houdé rebaptisera d’« heuristique », a l’énorme avantage d’être automatique, extrêmement rapide, et de ne consommer que très peu d’énergie. Il fait l’objet d’un précâblage, c'est-à-dire qu’il est inné. Il est aussi fermement lié à la mémoire procédurale, dont nous avons parlé dans un article précédent . C’est ce mode-là que le cerveau privilégie pour la lecture, ou pour écrire un texte. C’est également lui qui nous permet d’accorder le verbe à son sujet automatiquement… et qui est la cause d’horreurs qui font saigner nos yeux de professeurs de français, comme « je les mangent » ! Car ce formidable produit de l’évolution est notre système par défaut, et prend le dessus dès que la fatigue ou l’inattention se fait sentir. Il est par ailleurs perclus de biais, se laisse influencer par nos émotions outre mesure, et manque cruellement de fiabilité dès que le problème à résoudre se complexifie d’un iota.  À l’inverse, le second système, dit « algorithmique », est très sûr. C’est lui que les élèves mobilisent quand on les incite à réfléchir, à se concentrer. Grâce à lui, nous résolvons les problématiques les plus complexes. Mais il nécessite la conscience : il est donc beaucoup plus lent, beaucoup plus  énergivore, et donc très dépendant de notre niveau de fatigue. Et un arbitre ! Mais qui est l’arbitre ? Qui décide de basculer d’un système à l’autre, et comment ? C’est la question que s’est posée Olivier Houdé. Il a fini par identifier un troisième système, qui joue ce rôle d’arbitre : le système inhibiteur. Celui-ci bloque l’expression du système 1, et enclenche celle du système 2. Pour se rendre compte de ce que cela signifie, faisons un petit exercice, traditionnellement appelé « test de Stroop » : à haute voix, indiquez le plus vite possible la couleur dans laquelle est écrit chaque mot dans l’image ci-dessous. Sauf à vous être entraîné, cela a dû vous sembler difficile ; et pour cause ! Vous avez dû inhiber le réflexe de lecture, automatisé depuis de nombreuses années, pour réaliser une autre tâche qui entrait en concurrence. Bref ! Vous avez lutté contre vous-même. C’est d’autant plus couteux en énergie que, comme l’a montré Steve Masson, chercheur en neurosciences, les deux procédures coexistent : le système inhibiteur ne fait en réalité que donner l’avantage au systeme 2. En effet, on ne peut pas s’empêcher de lire, mais on s’interdit de prononcer les mots déchiffrés à voix haute, en réorientant sans cesse notre attention sur un autre aspect, ici la couleur du mot. Activer le système 2 Si, dans le test de Stroop, le système inhibiteur est directement activé par la consigne, c’est loin d’être toujours le cas dans toutes les situations de classe où on demande en fait aux élèves d’inhiber un biais ou une pré-représentation. Pour se rendre compte du problème, observons ce joli petit syllogisme, proposé par Daniel Kahneman à ses étudiants : Toutes les roses sont des fleurs. Or , certaines fleurs fanent vite. Donc , certaines roses fanent vite. La plupart des étudiants ne voient pas le syllogisme avant que Kahneman ne leur signale que c’en est un. La raison en est simple : tout d'abord, les trois items du syllogisme, considérés indépendamment, sont vrais, y compris et surtout la conclusion ; ensuite, on est trompé par les connecteurs logiques, qui donnent une illusion de raisonnement rigoureux. On en oublie alors que les fleurs sont un hypéronyme des roses et que le deuxième item n’indique donc en rien que les roses – ou du moins certaines roses – fassent partie de ces fleurs qui fanent vite. Or, tant qu’il n’y a pas de dissonance entre d’une part nos biais et pré-représentations, et d’autre part ce à quoi on est confronté, le cerveau restera en mode automatique, c'est-à-dire en système 1. C’est cette dissonance, sorte de message d’alerte, qui active le système inhibiteur, et par répercussion le système 2. Des pré-représentations tenaces Au lycée, en français, la difficulté de certains élèves vient justement d’un manque d’inhibition, car ils ne perçoivent pas le décalage entre ce qu’ils produisent et ce qu’on leur avait demandé. C’est particulièrement perceptible en expression écrite. Structurer ses idées et faire un plan est loin d’être naturel, et nombre d’élèves se laissent souvent entraîner par leur plume et leurs pensées, dérivant du plan qu’ils avaient eux-mêmes annoncé, parfois dès le début du développement. De même, en commentaire, certains élèves doivent résister à la tentation de la paraphrase, d’autres à émettre des opinions personnelles, parce que cela correspondrait davantage à leur idée d’un commentaire. Cela est entre autres dû à la polysémie des termes employés : « commentaire » n’a pas tout à fait le même sens dans le langage courant qu’en littérature. Il en va de même pour la « dissertation », ou l’« essai » ; et si on ne prend pas garde à désamorcer tout malentendu dès le départ, la pré-représentation de l’élève l’emportera toujours, et ce dernier ne comprendra pas ses erreurs. On observe la même ambiguïté dans la désignation de certains mouvements, comme le « romantisme » : le terme est tellement employé dans le langage courant que la lutte pour faire émerger le sens en littérature demande de réels efforts, que certains élèves renoncent finalement à fournir. Le « naturalisme » ou le « surréalisme » posent le même problème, et on le voit bien quand on a une discussion sur le sujet avec des élèves qui n’ont pas pris la peine d’apprendre leurs cours : ceux-ci s’appuient sur le sens courant de « nature », de « réalisme » et de « sur » (dans le sens d’« encore plus »), sans doute parce que les définitions littéraires n’étaient pas assez porteuses de significations pour eux, ou du moins pas assez ancrées en mémoire. Et même quand la définition est sue, on remarque parfois les mises en application ubuesques sur les textes, signe que le sens n’a pas été réellement assimilé. Aussi ne faut-il pas négliger le travail sur les mots eux-mêmes, surtout ceux qui désignent des réalités littéraires précises et qui peuvent être confus pour les élèves, dans la mesure où ils désignent autre chose dans la vie courante. La grammaire : champ idéal d’inhibition La grammaire n’échappe pas aux erreurs d’inhibition. Au contraire, c’est un vrai champ de mines, en la matière… Et comme elle fait son grand retour au lycée, on ne peut pas l’ignorer. Outre les problèmes de polysémie, qui interfèrent parfois avec la bonne intégration de certains termes techniques, l’apprentissage de la grammaire doit composer avec les habitudes prises les années précédentes. Or, si elles pouvaient être adaptées à un niveau, elles ne le sont plus forcément dans les niveaux supérieurs. Ainsi, certains élèves n’arrivent pas toujours à identifier le sujet d’un verbe car ils ont intégré que « le sujet, c’est celui qui fait l’action », ce qui n’est pas vrai à la voix passive… On verra aussi des erreurs comme : « Et dans le petit vallon s’épanouissait de belles fleurs des prés. » car l’ordre canonique des mots étant « sujet-verbe-complément », l’élève n’a pas perçu que le cas était un peu différent. Ce type d’erreurs, dues à l’habitude, ressort dès que la vigilance n’est pas optimale. On le voit dans certaines copies, où les fautes se multiplient au fil de l’écriture : l’élève, happé par le fond, relègue la correction de la langue au second plan et n’y consacre que peu d’énergie, et des défauts d’inhibition sont d’autant plus fréquents que la fatigue commence à se faire sentir. La méthode, pour résoudre cette question et éviter aux élèves de se décrédibiliser par une orthographe trop défaillante, est de les engager à se relire régulièrement. Ça peut être automatisé par des procédures relativement aisées : par exemple, lors d’un travail de production écrite en classe, la relecture peut être imposée par un bip toutes les dix minutes. Le problème est que chacun écrit à son rythme donc on n’est pas sûr d’interrompre l’élève à la fin d’un paragraphe, mais ça peut être, avec quelques adaptations, un moyen de leur rappeler de se relire. L’inhibition va également être très utile lors de la question de grammaire à l’oral des EAF. Si on demande à des élèves d’analyser la phrase : « Alice est porte de la Chapelle. », on risque d’obtenir des réponses témoignant d’un défaut d’inhibition. Certains passeront par la technique de la question : « Alice est où ? Porte de la Chapelle. Donc « porte de la Chapelle » est CC de lieu. », alors qu’on ne peut supprimer ce groupe de mots sans changer le sens de la phrase. D’autres vont observer que « porte de la Chapelle » est introduit par le verbe être , donc un verbe d’état, et donner à « porte de la Chapelle » la fonction d’attribut du sujet pour cette raison, le verbe être introduisant automatiquement un attribut dans leur esprit. Seuls ceux qui auront fait appel a leurs capacités de raisonnement et ne se reposeront pas sur leurs habitudes parviendront à trouver que « porte de la Chapelle » est un complément essentiel de lieu. Apprendre à inhiber Qu’on s’entende : avoir des réflexes et des habitudes n’est pas un mal, au contraire ! On en a besoin régulièrement, pour traiter des questions simples. Mais notre fonction d’enseignants signifie aussi apprendre à nos élèves quand ils peuvent s’appuyer sur le système 1 et quand ils doivent activer leur système 2. Et la bonne nouvelle, c’est qu’il ne s’agit que de s’entraîner ! S’entraîner à percevoir les signes qu’il est temps de mobiliser son système 2, à assimiler de nouvelles méthodes qui l’emportent sur les précédentes… et l’enseignant joue un rôle de premier plan ici. D’abord pour expliciter les moments où il est important pour l’élève de se concentrer car le cas étudié est différent de l’habitude, ensuite pour aider l’élève à repérer les situations où il doit solliciter son système 2 et celles où il peut se reposer sur le système 1, enfin pour lui faire acquérir de nouvelles habitudes par la répétition de procédures plus adaptée à son niveau. BIBLIOGRAPHIE O. Houdé, Le Raisonnement , éd. PUF, coll. Que sais-je ?, 2018. O. Houdé, Apprendre, c’est résister , éd. Le Pommier, coll. Manifestes, 2017. O. Houdé et G. Leroux, Psychologie et développement cognitif , éd. PUF, coll. Quadrige manuels, 2015. D. Kahneman, Système 1, système 2, les deux vitesses de la pensée , éd. Flammarion, coll. Essais, 2012. Consultez d'autres articles sur les neurosciences Les émotions au service des apprentissages Le silence est d’or : apprendre… par défaut ! Être attentif… ça s’apprend Des mémoires pour mieux apprendre L’éclairage des neurosciences en grammaire

Voir l'article
Literature Festival in Lyon
Logo de la revue d'appartenance Speakeasy

Sélection culturelle

Literature Festival in Lyon

The Littérature Live Festival will take place in Lyon and the surrounding region, as well as online, from 25 to 30 May 2021. It's the successor of the annual Assises internationales du Roman and this year features 40 different contemporary authors, quite a few of whom write in English. As well as events at the Villa Gillet , there will be readings and talks all over the city as well as in Vienne, Villeurbanne, Saint-Flour, Grenoble, Chambéry... Most of the non-French-based authors will take part over video links from Dublin, Leipzig, London, New York, Beirut, Milan or Rio. Some events will centre on translators. Here are some Anglophone highlights: Wednesday 26 May 5-6 p.m . La scène littéraire internationale 2/3 Meena Kandasamy is a novelist from Chennai, India.  She tackles difficult subjects in her novels. Her first, The Gypsy Goddess , was about the murder of a group of low-caste striking Tamil labourers. When I Hit You: Or, A Portrait of the Writer as a Young Wife tackles domestic abuse from her own experience of a brief, abusive marriage. Aanchal Malhotra is a oral historian from New Delhi. Her 2017 Remnants of a Separation: 21 Objects of a Continent Divided is a social history of the Partition of India, the greatest mass migration in history, through the objects individuals saved from their previous lives. She purses this vast project with the digital depository The Museum of Material Memory . Thursday 27 May 7-8 p.m.  La scène littéraire internationale 3/3 Prize-winning Nigerian  short-story writer Abubakar Adam Ibrahim 's first novel Seasons of Crimson Blossom  is an unconventional love story between a young man and an older widow. It has been published in French by Folio . The heroine of Odafe Atogun's most recent novel Wake Me When I'm Gone is also a widow embroiled in the traditional expectations in Nigerian society. Thursday 27 May 7-8 p.m . Conversation croisée Lyon-Dublin Includes Sinéad Gleeson , whose essay collection Constellations: Reflections from Life has been translated into French as  Constellations. Éclats de vie   Saturday 29 May, 8-9 p.m. Regards féminins South-African-born British novelist and memoirist Deborah Levy has been writing a "living autobiography". The fourth volume Cost of Living won the Prix Femina étranger 2020. It tells the chapter of Levy's life where she decided to leave her marriage behind and start over at 50. The eagerly awaited fifth volume, Real Estate, has just been published. Saturday 29 May, 8-9 p.m.  Grand entretien : Will Self The English novelist and columnist needs no introduction, or rather his most recent book, Will , is an introduction of sorts: to his younger self, addicted to heroin. Sunday 30 May, 5-6 p.m. Les trois écritures : littérature, cinéma et traduction Another English novelist needs little introduction: Jonathan Coe . His latest offering is Mr Wilder and Me: a portrait of the film director Billy Wilder once his star is on the wane, through the eyes of a young Greek woman working on the set of one of his films. The translation is published by Gallimard . Sunday 30 May, 7-8 p.m. Exils et frontières Another Irish writer Colum McCann will be part of a discussion on Exiles and Borders on 30 May. His most recent novel Apeirogon is the entwined story of two men, one Palestinian, the other Israeli. It's also available in French  and indeed won le prix du Meilleur Livre étranger 2020. At the same time: Sunday 30 May, 7-8 p.m. Identités et origines American author Thomas Chatterton Williams will be discussing identity, which is very much the topic of his book  Self-Portrait in Black and White Family, Fatherhood, and Rethinking Race, published in French as Autoportrait en noir et blanc . Désapprendre l’idée de race You can find the full programme here . (It starts with the furthest date and moves down to the closest.) We just serendipitously stumbled upon some podcasts on the bookshop Shakespeare & Co's website featuring several of these authors. Jonathan Coe talking about a book he was writing, which is Mr Wilder and I . Deborah Levy on The Man Who Saw Everything ,  Sinéad Gleeson on Constellations, and Meena Kandasamy on When I Hit You. 

Voir l'article
La figure féminine dans Les Fleurs du mal de Baudelaire

5

Ressources
complémentaires

Logo de la revue d'appartenance NRP

Séquence pédagogique

La figure féminine dans Les Fleurs du mal de Baudelaire

La séquence traverse le recueil de Charles Baudelaire à travers le thème de la figure féminine, topos de la poésie.

Voir l'article
Dilemme de l’invisibilité - Le mal et le bien

1

Ressources
complémentaires

Ressources

Dilemme de l’invisibilité - Le mal et le bien

Découvrez l'interview de Yan Marchand, auteur du livre "Des dilemmes éthiques pour développer l'empathie des élèves" et téléchargez gratuitement l'un des neuf thèmes : le mal/le bien.

Voir l'article
Baudelaire, « Tableaux parisiens »

5

Ressources
complémentaires

Logo de la revue d'appartenance NRP

Séquence pédagogique

Baudelaire, « Tableaux parisiens »

Le Hors-série est consacré à la section « Tableaux parisiens » des Fleurs du Mal , qui regroupe des poèmes inspirés à Charles Baudelaire par ses déambulations dans les rue de la ville.

Voir l'article

1

Ressources
complémentaires

Tableaux parisiens - Charles Baudelaire

Téléchargez gratuitement le livret pédagogique pour accompagner vos élèves dans l’étude de cette œuvre majeure de la poésie.

Voir l'article
Vénéneuses

7

Ressources
complémentaires

Logo de la revue d'appartenance NRP

Corpus et textes

Vénéneuses

Les fleurs constituent un motif essentiel de la poésie. Au sein de la modernité poétique, les fleurs vénéneuses occupent une place de choix dans des poèmes de Guillaume Apollinaire et Francis Jammes.

Voir l'article
Apollinaire, Alcools

6

Ressources
complémentaires

Logo de la revue d'appartenance NRP

Apollinaire, Alcools

Parmi les poèmes du recueil de Guillaume Apollinaire Alcools , les « Rhénanes » peuvent constituer une sous-section, occasion d'un parcours poétique autant que géographique et culturel.

Voir l'article
Les sandales blanches de Malika

Les sandales blanches de Malika

« Les sandales blanches », le téléfilm inspiré de la vie de la cantatrice Malika Bellaribi-Le Moal, auteur du coffret « Le chant pour mieux apprendre », est diffusé le 25 janvier à 21h05 sur France 2 . Elle est interprétée à l’écran par la chanteuse Amel Bent. L’équipe de Lea.fr était allé en septembre dernier sur le tournage, où les deux artistes avaient discuté en toute complicité d’éducation et de transmission. En savoir plus sur Lea.fr Synopsis du film Début des années 1960, dans le bidonville algérien de Nanterre. Malika a cinq ans. Sa mère vient de lui acheter une paire de sandales neuves. Des sandales si blanches que la fillette ne les quitte pas des yeux et ne voit pas le camion qui recule. C’est le début d’années d’hôpital, d’opérations à répétition, de souffrance et de lutte. Des années loin des siens durant lesquels la petite musulmane, aux mains de bonnes sœurs et d’infirmières catholiques, va, à la messe, découvrir la musique et le chant. Dès lors, affrontant le racisme d’une société française qui peine à se remettre de la Guerre d’Algérie, mais butant aussi contre les aprioris tenaces de sa propre communauté, Malika va suivre son rêve et déplacer des montagnes pour devenir celle que toutes et tous appelleront un jour " la Diva des banlieues ". En savoir plus © Rémy Grandroques - FTV - ELOA PROD Retour sur le parcours de Malika "J’ai été renversée par un camion à l’âge de trois ans, ce qui a nécessité plusieurs années de soins intensifs. J’ai passé beaucoup de temps sur un lit d’hôpital, en maison de repos… sans pouvoir bouger. Neuf années de ma vie ont été mises entre parenthèses, j’étais isolée. Ma scolarité mise en attente, je n’ai repris l’école qu’à l’âge de douze ans. J’avais accumulé un retard considérable, j’étais la dernière de la classe et j’en souffrais énormément. J’ai réussi à surmonter ces épreuves grâce à : ma volonté et ma persévérance, qui m’ont appris très jeune à me battre pour vivre, pour marcher, pour apprendre ; grâce aussi au travail sur la respiration qui m’a permis de gérer la douleur, de m’apaiser, d’entrer en contact avec mes sensations et à contrôler mes émotions ; et grâce, enfin, à l’aide, précieuse, d’institutrices bienveillantes qui se sont révélées de formidables pédagogues et ont perçu ma soif d’apprendre. Elles ont certainement joué un rôle crucial dans mon envie de transmission des savoirs. Vers 22 ans, je me suis découvert une passion pour le chant lyrique. Retour aux sources avec la respiration qui est l’instrument essentiel des chanteurs. Cet univers m’invitait à un nouveau langage, la musique devenait ma seconde langue, pleine d’harmonie, d’histoire, de théâtre, d’imagination… et enfin, la possibilité de m’exprimer. C’est donc tout naturellement, qu’à travers le chant, j’ai élaboré mes ateliers pédagogiques, une méthode d’enseignement différente s’appuyant sur mon expérience, la rigueur, les codes et les valeurs de la musique classique (technique, répétition, ténacité, posture, respiration, discipline, persévérance et endurance), et les bienfaits de l’art-thérapie(1), pour aider les autres à trouver leur « voix ». La pédagogie que je pratique et que j’ai développée durant ces vingt dernières années a été la clé de ma réussite personnelle et professionnelle. Elle fait appel à l’intelligence du corps et plus particulièrement à l’intelligence émotionnelle. Elle permet de transmettre et d’expliquer ma vision de l’apprentissage par les sens, que j’ai acquis pour surmonter les traumatismes à répétition que j’ai subis suite à mon accident. Il me tient à cœur de montrer à ceux qui pensent qu’apprendre pour certains enfants est difficile, qu’une pédagogie de l’écoute permet d’obtenir des résultats. Chacun de nous rencontre des freins à l’apprentissage, des difficultés pour avoir confiance en soi et envers les autres. Nous ressentons tous le besoin de sécurité pour avancer. Je me suis investie de la mission d’aider les autres à s’apaiser, se détendre, prendre conscience du corps, apprendre à gérer les sensations, les émotions et changer profondément d’état d’esprit." Malika (1) art-thérapie : création artistique pour prendre contact avec sa vie intérieure, l’exprimer et se transformer A propos du coffret du coffret « Le chant pour mieux apprendre - cycles 2 & 3 » Le chant pour mieux apprendre, un dispositif de Malika Bellaribi Le-Moal, propose aux enseignants de revêtir le costume de chef d’orchestre et de transformer leurs élèves en instruments de musique pour leur apprendre à gérer leurs émotions, à maitriser leur corps, à les sensibiliser à la musique et à travailler sur la cohésion de groupe. En savoir plus  

Voir l'article

1

Ressources
complémentaires

Les frères corses - Alexandre Dumas

Téléchargez gratuitement   le livret pédagogique des Frères corses d' Alexandre Dumas pour accompagner vos élèves dans l’étude de ce roman captivant.

Voir l'article

1

Ressources
complémentaires

Cosette, une enfance malheureuse - Les Misérables - Hugo

Téléchargez gratuitement le livret pédagogique pour accompagner vos élèves dans l’étude de cet épisode emblématique du roman Les Misérables de Victor Hugo .

Voir l'article

1

Ressources
complémentaires

Le Malade Imaginaire - Molière

Téléchargez gratuitement le livret pédagogique du Malade Imaginaire de Molière pour accompagner vos élèves dans l’étude de cette pièce drôle et intemporelle.

Voir l'article
A Winning Duo!
Logo de la revue d'appartenance Speakeasy

A Winning Duo!

Do you have a language assistant in your school this year? Do you work in partnership with them? Then you could take part in a competition to create videos showing the collaboration between a language assistant and a class teacher.

Voir l'article

1

Ressources
complémentaires

Le médecin malgré lui - Molière

Voir l'article

1

Ressources
complémentaires

Le Comte de Monte Cristo - Alexandre Dumas

Téléchargez  gratuitement le livret pédagogique du  Comte de Monte Cristo d' Alexandre Dumas  pour accompagner vos élèves dans leur découverte de cette aventure inoubliable.

Voir l'article
Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires

7

Ressources
complémentaires

Logo de la revue d'appartenance NRP

Séquence pédagogique

Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires

Voir l'article
Travel to Dublin or Norwich for Language Training Courses
Logo de la revue d'appartenance Speakeasy

Travel to Dublin or Norwich for Language Training Courses

Every year, the Education Ministry finances 400 courses in language and culture in EU countries for language teachers in primary or secondary. Applications need to be in by 17 January 2022.

Vous avez vu 30 résultats sur 699
Vous avez vu 24 résultats sur 24
Vous avez vu 30 résultats sur 109

La Maison Nathan

En savoir plus

Découvrez les temps forts de notre histoire, nos missions et métiers ainsi que nos dernières actualités.