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L’emploi des temps dans un récit au passé : Manon Lescaut

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Fiche élève

L’emploi des temps dans un récit au passé : Manon Lescaut

Des exercices et des analyses sur l'emploi des temps sont proposés pour lire et commenter des extraits de Manon Lescaut .

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L’effritement social de l’Europe

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Article de presse

L’effritement social de l’Europe

L’Union européenne face à une croissance en berne et une pauvreté en hausse. Un modèle social menacé ?

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Écrire un récit court au passé

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Séquence pédagogique

Écrire un récit court au passé

Une série de fiches qui permet de réviser les conjugaisons et l’emploi des temps du passé. À la fin, des fiches d’autocorrection sont disponibles pour les élèves.

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L’innovation numérique au service de l’employabilité.

L’innovation numérique au service de l’employabilité.

Performantes et complètes, nos solutions couvrent la préparation à la certification, ainsi qu’un entraînement en amont du dispositif. Qu’est-ce que la certification CléA ®  ? CléA® ou le « Socle de connaissances et de compétences professionnelles » se définit comme étant l’ensemble des connaissances et compétences qu’une personne, quel que soit son métier ou son secteur professionnel, doit maîtriser totalement, afin de favoriser son employabilité et son accès à la formation professionnelle. CléA® est la première certification interprofessionnelle élaborée de façon paritaire. Elle a une portée nationale et est reconnue dans tous les secteurs et par tous les acteurs. C’est un outil au service de la formation, de l’emploi, de l’évolution professionnelle et de la compétitivité. Certifiée et créée par le COPANEF (Comité Paritaire Interprofessionnel National pour l’Emploi et la Formation), elle s’adresse à tous les salariés ou demandeurs d’emploi souhaitant faire reconnaître leurs compétences, consolider leurs connaissances et favoriser leur évolution professionnelle. Les 7 domaines de connaissances et de compétences à maîtriser définis par décret sont les suivants : Communiquer en français, Utiliser les règles de base de calcul et du raisonnement mathématique, Utiliser les techniques usuelles de l’information et de la communication numérique, Travailler dans le cadre de règles définies d’un travail en équipe, Travailler en autonomie et réaliser un objectif individuel, Apprendre à apprendre tout au long de la vie, Maîtriser les gestes et postures, et respecter des règles d’hygiène, de sécurité et environnementales élémentaires. Eligible au Compte Personnel de Formation (CPF), la certification CléA® a pour objectif de développer la mobilité et l’employabilité des salariés et des demandeurs d’emploi, de valoriser leurs acquis et leur expérience, dans une démarche de responsabilité sociale. Dans ce cadre, Nathan propose les solutions suivantes : Tremplin CléA Nathan Tremplin CléA Nathan est la solution numérique destinée aux entreprises et à leurs salariés, qui permet de s’entraîner et de renforcer les savoirs fondamentaux à maîtriser dans un environnement professionnel. Cet entraînement s’appuie sur les 7 domaines du Socle de Connaissances et de Compétences Professionnelles. Les activités proposées respectent une progressivité permettant de valoriser les connaissances de chacun et de ne pas mettre les salariés en échec. Tremplin CléA Nathan peut permettre d’aller plus loin, et d’impulser une démarche aboutissant à la certification CléA®​ Évaluations et Formation CléA Nathan Évaluations CléA Nathan , est une solution numérique pour évaluer, domaine par domaine, les acquis des stagiaires au regard des 108 critères d’évaluation du référentiel. Cette solution propose des contenus de qualité élaborés par des auteurs Nathan, spécialistes de la formation continue, et de l’enseignement professionnel, ainsi que des typologies d’exercices variés faisant référence à des situations de la vie courante et professionnelle. Formation CléA Nathan est une solution numérique au service du formateur et de sa pédagogie. Elle offre aux formateurs et aux stagiaires, une solution clé en main, performante et complète permettant : - l’optimisation de  la performance des formations grâce à des outils innovants et des parcours personnalisés. - l’individualisation des parcours et la gestion des groupe hétérogènes (20 à 110 heures selon les besoins de chacun). - la personnalisation et la contextualisation des activités : ajout de commentaires, de liens web, de documents ou de liens vers d’autres activités. - l’enrichissement des modalités formatives, alternance de temps de présence en salle de formation et d’un suivi tutoré, maintien de la relation formateur-stagiaire entre deux sessions en présentiel. Pour plus d’information et pour nous contacter : cliquez ici

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Nathan Compétences Professionnelles est certifié Qualiopi

Nathan Compétences Professionnelles est certifié Qualiopi

La certification Qualiopi est une  marque d’État , reconnue par le Ministère du Travail et de l’Emploi,  valable pendant 3 ans . Elle vise à attester de la  qualité du processus  mis en œuvre par les prestataires d’actions concourant au  développement des compétences , dans le respect des exigences du Référentiel National Qualité, et à permettre  une plus grande lisibilité de l’offre de formation  auprès des entreprises et des usagers. La certification Qualiopi est  obligatoire pour tous les prestataires d’actions concourant au développement des compétences  (formation professionnelle, VAE, bilan de compétences et apprentissage) qui souhaitent accéder aux fonds publics et mutualisés,  depuis le 1er janvier 2022 . Sans cette certification, impossible de solliciter les financements de la formation professionnelle, tels que Pôle emploi, OPCO ou Agefiph. La certification QUALIOPI , c’est donc la certitude d’avoir affaire à un organisme de formation qui : Informe clairement et correctement  sur son offre et ses programmes Met à disposition les avis des apprenants  sur toutes les formations Conçoit ses formations en ayant pour objectif d’ amener le plus grand nombre au niveau de la compétence recherchée Réalise ses formations avec une seule idée en tête :  engager tout le monde jusqu’au bout Maitrise son environnement légal et   professionnel Met en œuvre les meilleures innovations  pédagogique et techniques Offre un réseau de formateurs  aussi  engagés  que lui dans cette recherche de qualité S’améliore au quotidien  et à tous les niveaux grâce aux retours de ce qui vivent nos formations Les principaux objectifs de la certification sont :  Attester de la conformité des formations  aux différentes exigences de qualité Harmoniser la qualité de l’offre  de la formation professionnelle  Assurer une plus grande lisibilité  de l’offre de formation auprès des entreprises et des bénéficiaires Être reconnu auprès des organismes financeurs En tant qu’organisme de formation, Nathan Compétences Professionnelles forme les étudiants, salariés et demandeurs d’emplois aux compétences clés et aux langues étrangères. Découvrez nos formations QUALIOPI pour atteindre rapidement vos objectifs professionnels !    

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Outils pour le confinement : élèves aux besoins éducatifs particuliers
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Outils pour le confinement : élèves aux besoins éducatifs particuliers

Enseigner à distance est déjà un défi. Enseigner à des élèves aux besoins éducatifs particuliers peut sembler d'autant plus difficile. Heureusement les enseignants dans ce domaine utilisent déjà avec leurs élèves de nombreux outils qui peuvent s'avérer utiles pendant le confinement. En faisant le tour des sites académiques, nous avons trouvé plusieurs pistes différentes : L'équipe de l'Ecole inclusive de l'académie de Nancy Metz a mis en ligne un document spécifique avec des conseils pou r assurer la continuité pédagogique pour des élèves aux BEP . Il contient des liens vers des padlets avec des suggestions pour les enseignants d'EBEP en général, et un autre spécifiquement pour les enseignants d'élèves autistes, des conseils spécifiques pour aider les élèves avec peu ou pas d'accès aux outils numériques et le cas concret du blog d'une classe avec son emploi du temps d'une journée. Renaud Taillard nous a déjà présenté l'utilisation des TICE au service des langues dans des dispositifs ULIS. Pendant le confinement, ces outils deviennent les supports principaux de la continuité pédagogique. Chaque semaine, ou épisode, a un programme de matières variées , dont l'anglais, grâce aux C@psulis, petites vidéos avec des avatars animés préparées par les enseignants et les élèves.

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Mission prof': L'expression orale au collège
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Mission prof': L'expression orale au collège

Notre nouvelle collection de guides pratiques Mission Prof' accueillit son deuxième livre : Stimuler l'expression orale.Une mine d'idées pour aider vos élèves à s’exprimer au collège !

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Un distanciel à visage humain : promouvoir la réciprocité des échanges par un blogue de classe
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Un distanciel à visage humain : promouvoir la réciprocité des échanges par un blogue de classe

Par Anthony Soron Quand le confinement a été établi en mars 2020, certains élèves ont ressenti comme une déferlante tomber sur eux. Force est de constater que la conscience professionnelle des professeurs les a conduits, malgré eux, à tendre jusqu’à la rupture le principe de la continuité pédagogique. Or, à rebours de cette transmission de savoirs et d’exercices, un manque s’est rapidement fait sentir sur lequel la communauté éducative continue de réfléchir. La qualité de cette continuité pédagogique ne dépend-elle pas fondamentalement de la mise en place d’un espace numérique ergonomique propice à l’instauration d’une réciprocité des échanges ? Le blogue* de la classe ou l’œuvre collective ouverte On comprendra dès lors que bon nombre de professeurs ont pris l’initiative de créer des blogues de classe en privilégiant des « blogues académiques » à partir de leur adresse professionnelle, d’abord pour déposer des éléments de cours, proposer des liens internet d’approfondissement (extraits de documentaires audiovisuels, articles en ligne, etc.) voire pour engager des activités ludiques. Pour autant, il est apparu à quelques-uns que cette transmission à sens unique avait ses limites. Le blogue ne pouvant être réellement celui d’une classe qu’à la condition que les élèves y jouent un rôle actif, non pas simplement en tant que récepteurs mais aussi comme dépositaires. Un professeur stagiaire (2019-2020 : donc confiné en mars) nous a d’ailleurs fait part de ce qui l’a conduit à concevoir un blogue pour chacune de ses deux classes. Tout a commencé par son questionnement sur l’intérêt qu’un élève puisse, par le biais de l’Espace Numérique de Travail, « mettre à jour son humeur ». Cette action instinctive ne lui semblait pas inintéressante, mais finalement assez peu productive d’un point de vue pédagogique. D’où sa démarche, en classe virtuelle, de demander aux élèves de commenter et d’expliciter leurs changements d’humeur. La réponse de l’élève lui indiquant que son « smiley » était lié au visionnage d’un film comique qui l’avait beaucoup fait rire, a constitué un déclic, d’autant plus vibrant que d’autres élèves se sont pris au jeu, et se sont mis à raconter ce qu’ils percevaient pour expliquer ce qu’ils ressentaient. Et si la conception d’un blogue permettait, du point de vue du professeur, une meilleure connaissance de la culture de ses élèves, et du point de vue de ces derniers, la reconnaissance des goûts de chacun par ses pairs ? C’est à partir de cette problématique que ce professeur s’est pris au jeu, devenant, pour ainsi dire, un « blogueur », ou plus rigoureusement, un directeur de publication du blogue de classe. Le travail de conception l’a conduit ensuite à une réflexion pédagogique afin que le blogue de classe lié à sa discipline ne perde pas toute cohérence et reste corrélé aux apprentissages scolaires qu’il souhaite mettre en pratique. Quoi de neuf docteur ? La structuration d’un blogue de classe reste évidemment très libre et dépend des objectifs qu’on lui confère. Une « norme » semble toutefois s’installer, celle de le concevoir comme un journal de bord partagé. Ainsi, parmi les expériences concrètes mises en œuvre depuis le mois de mars, certains professeurs ont retenu une pratique existant déjà depuis longtemps en présentiel à l’école primaire. Le vendredi au plus tard, les élèves s’inscrivent à un « Quoi de neuf ? » qui donnera lieu le lundi matin à une chronique, si besoin en classe virtuelle, au cours de laquelle chacun évoque dans un temps court un sujet qui lui tient à cœur ou ayant marqué sa semaine. Il peut s’agir d’un livre dont l’élève a envie de parler, ou d’une chanson qu’il ou elle a découverte ou a eu plaisir à réentendre, d’un film ou d’un épisode d’une série. Cela peut aussi impliquer une situation vécue, une rencontre, un imprévu qui mérite d’être raconté. Pendant la période de confinement, cette modalité d’échanges a connu un franc succès. Pour éviter que cela ne dévie vers un forum fourre-tout, il faut en définir les règles. Soit, d’abord, évoquer un sujet susceptible d’intéresser les autres et d’éveiller la curiosité de tous ; ensuite, opter pour une présentation à la fois courte et explicite : le format d’un « tweet » de 120 caractères pouvant être privilégié pour la proposition, et une durée de 4 minutes pour la chronique elle-même. Il est indispensable de passer du temps à la fois pour décider quels sujets peuvent faire l’objet d’une chronique, et pour donner un cadre formel aux interventions tant écrites qu’orales (sur le niveau de langage à employer, ainsi que le ton approprié et la correction indispensable de la langue). En fonction de ces critères établis et par le biais de commentaires, les autres élèves de la classe doivent donc déterminer l’intérêt et la pertinence de chaque proposition, le blogue devenant un support de communication à questionner, et le cas échéant à critiquer, afin d’en optimiser la fonction et la forme. Il est conseillé aux élèves d’écrire leur chronique avant de la dire, un peu comme cela se ferait à la radio. Ces « brèves de quotidien », recueillies de façon hebdomadaire, peuvent être regroupées dans un recueil annuel. Le(s) mot(s) de la semaine Le blogue peut également servir de support à des exercices ritualisés, par exemple pour des observations et une étude du lexique. La période que nous traversons appelle beaucoup d’interrogations chez les élèves. Comme les adultes, ils se trouvent contraints de vivre une situation pour le moins anxiogène. Depuis le mois de mars, nous sommes confrontés à une quantité non négligeable d’expressions et de mots nouveaux, qui, au fur et à mesure de leur emploi et de leur répétition dans les médias deviennent les marqueurs lexicaux d’une situation de crise durable. « Crise sanitaire », « distanciation sociale », « gestes barrière », sans parler des dérivés du verbe « confiner », sont devenus de véritables signes du temps. Tous ces mots nouveaux ou remis au goût du jour pour nommer la situation actuelle ne renvoient pas qu’à la crise du Covid-19. Le néologisme « trumpisme » est ainsi employé en référence à l’idéologie singulière de l’ex-président étatsunien. En tout état de cause, la façon individuelle avec laquelle les élèves s’emparent du sens des mots a pu aboutir à des interprétations intéressantes : « la distanciation sociale, c’est la mise à distance des gens », « la distanciation sociale ? Elle était là avant le Covid, non ? » ou encore « La distanciation sociale, seul un SDF peut en parler ! ». Les blogues de classe rendent possible une segmentation à la fois hebdomadaire et thématique avec des rubriques régulières comme « Le mot de la semaine », « Le livre de la semaine », « L’anecdote de la semaine » ou encore « Le film » ou « Le fait d’actualité » de la semaine. Ils peuvent constituer des espaces interactifs d’échanges impliquant activement les élèves. Depuis les premières heures du premier confinement, ils se sont multipliés et ont progressivement muté du point de vue de leurs enjeux et de leurs finalités. Désormais, beaucoup sont devenus tout autre chose qu’un simple espace de travail valorisant le contenu des cours et proposant des prolongements à ces derniers. Le blogue « nouvelle génération », ou si l’on préfère « post confinement », permet de rendre compte de la relation que les élèves entretiennent avec le monde qui les entoure et avec leur propre culture. Dans un environnement virtuel un peu glacial, on se réjouit de trouver des espaces où chacun peut laisser une trace et faire entendre sa voix. ADOPTONS L’ORTHOGRAPHE QUÉBÉCOISE ! Le terme « blogue* » correspond à une francisation proposée par l’Office québécois de la langue française en 2000, visant à remplacer l’anglicisme « blog » (« journal personnel sur internet »). CRÉER UN BLOGUE EN TOUTE SÉCURITÉ La création d’un blogue impliquant différentes contraintes notamment en termes de droit, il est vivement conseillé d’en saisir les enjeux d’utilisation. Pour répondre à la majorité des questions, voici trois liens utile. - Un support de réflexion sur le site de l’académie de Paris - Des réponses aux questions d’ordre juridique - Un mode d’emploi pour démontrer, si c’était nécessaire, que la création d’un blogue demeure un jeu d’enfants même pour un « non-millénial »  NRP- mars 2021 Lire d'autres articles sur l'enseignement à distance

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Un distanciel à visage humain : promouvoir la réciprocité des échanges par un blogue de classe
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Un distanciel à visage humain : promouvoir la réciprocité des échanges par un blogue de classe

Par Antony Soron Quand le confinement a été établi en mars 2020, certains élèves ont ressenti comme une déferlante tomber sur eux. Force est de constater que la conscience professionnelle des professeurs les a conduits, malgré eux, à tendre jusqu’à la rupture le principe de la continuité pédagogique. Or, à rebours de cette transmission de savoirs et d’exercices, un manque s’est rapidement fait sentir sur lequel la communauté éducative continue de réfléchir. La qualité de cette continuité pédagogique ne dépend-elle pas fondamentalement de la mise en place d’un espace numérique ergonomique propice à l’instauration d’une réciprocité des échanges ? Le blogue* de la classe ou l’œuvre collective ouverte On comprendra dès lors que bon nombre de professeurs ont pris l’initiative de créer des blogues de classe en privilégiant des « blogues académiques » à partir de leur adresse professionnelle, d’abord pour déposer des éléments de cours, proposer des liens internet d’approfondissement (extraits de documentaires audiovisuels, articles en ligne, etc.) voire pour engager des activités ludiques. Pour autant, il est apparu à quelques-uns que cette transmission à sens unique avait ses limites. Le blogue ne pouvant être réellement celui d’une classe qu’à la condition que les élèves y jouent un rôle actif, non pas simplement en tant que récepteurs mais aussi comme dépositaires. Un professeur stagiaire (2019-2020 : donc confiné en mars) nous a d’ailleurs fait part de ce qui l’a conduit à concevoir un blogue pour chacune de ses deux classes. Tout a commencé par son questionnement sur l’intérêt qu’un élève puisse, par le biais de l’Espace Numérique de Travail, « mettre à jour son humeur ». Cette action instinctive ne lui semblait pas inintéressante, mais finalement assez peu productive d’un point de vue pédagogique. D’où sa démarche, en classe virtuelle, de demander aux élèves de commenter et d’expliciter leurs changements d’humeur. La réponse de l’élève lui indiquant que son « smiley » était lié au visionnage d’un film comique qui l’avait beaucoup fait rire, a constitué un déclic, d’autant plus vibrant que d’autres élèves se sont pris au jeu, et se sont mis à raconter ce qu’ils percevaient pour expliquer ce qu’ils ressentaient. Et si la conception d’un blogue permettait, du point de vue du professeur, une meilleure connaissance de la culture de ses élèves, et du point de vue de ces derniers, la reconnaissance des goûts de chacun par ses pairs ? C’est à partir de cette problématique que ce professeur s’est pris au jeu, devenant, pour ainsi dire, un « blogueur », ou plus rigoureusement, un directeur de publication du blogue de classe. Le travail de conception l’a conduit ensuite à une réflexion pédagogique afin que le blogue de classe lié à sa discipline ne perde pas toute cohérence et reste corrélé aux apprentissages scolaires qu’il souhaite mettre en pratique. Quoi de neuf docteur ? La structuration d’un blogue de classe reste évidemment très libre et dépend des objectifs qu’on lui confère. Une « norme » semble toutefois s’installer, celle de le concevoir comme un journal de bord partagé. Ainsi, parmi les expériences concrètes mises en œuvre depuis le mois de mars, certains professeurs ont retenu une pratique existant déjà depuis longtemps en présentiel à l’école primaire. Le vendredi au plus tard, les élèves s’inscrivent à un « Quoi de neuf ? » qui donnera lieu le lundi matin à une chronique, si besoin en classe virtuelle, au cours de laquelle chacun évoque dans un temps court un sujet qui lui tient à cœur ou ayant marqué sa semaine. Il peut s’agir d’un livre dont l’élève a envie de parler, ou d’une chanson qu’il ou elle a découverte ou a eu plaisir à réentendre, d’un film ou d’un épisode d’une série. Cela peut aussi impliquer une situation vécue, une rencontre, un imprévu qui mérite d’être raconté. Pendant la période de confinement, cette modalité d’échanges a connu un franc succès. Pour éviter que cela ne dévie vers un forum fourre-tout, il faut en définir les règles. Soit, d’abord, évoquer un sujet susceptible d’intéresser les autres et d’éveiller la curiosité de tous ; ensuite, opter pour une présentation à la fois courte et explicite : le format d’un « tweet » de 120 caractères pouvant être privilégié pour la proposition, et une durée de 4 minutes pour la chronique elle-même. Il est indispensable de passer du temps à la fois pour décider quels sujets peuvent faire l’objet d’une chronique, et pour donner un cadre formel aux interventions tant écrites qu’orales (sur le niveau de langage à employer, ainsi que le ton approprié et la correction indispensable de la langue). En fonction de ces critères établis et par le biais de commentaires, les autres élèves de la classe doivent donc déterminer l’intérêt et la pertinence de chaque proposition, le blogue devenant un support de communication à questionner, et le cas échéant à critiquer, afin d’en optimiser la fonction et la forme. Il est conseillé aux élèves d’écrire leur chronique avant de la dire, un peu comme cela se ferait à la radio. Ces « brèves de quotidien », recueillies de façon hebdomadaire, peuvent être regroupées dans un recueil annuel. Le(s) mot(s) de la semaine Le blogue peut également servir de support à des exercices ritualisés, par exemple pour des observations et une étude du lexique. La période que nous traversons appelle beaucoup d’interrogations chez les élèves. Comme les adultes, ils se trouvent contraints de vivre une situation pour le moins anxiogène. Depuis le mois de mars, nous sommes confrontés à une quantité non négligeable d’expressions et de mots nouveaux, qui, au fur et à mesure de leur emploi et de leur répétition dans les médias deviennent les marqueurs lexicaux d’une situation de crise durable. « Crise sanitaire », « distanciation sociale », « gestes barrière », sans parler des dérivés du verbe « confiner », sont devenus de véritables signes du temps. Tous ces mots nouveaux ou remis au goût du jour pour nommer la situation actuelle ne renvoient pas qu’à la crise du Covid-19. Le néologisme « trumpisme » est ainsi employé en référence à l’idéologie singulière de l’ex-président étatsunien. En tout état de cause, la façon individuelle avec laquelle les élèves s’emparent du sens des mots a pu aboutir à des interprétations intéressantes : « la distanciation sociale, c’est la mise à distance des gens », « la distanciation sociale ? Elle était là avant le Covid, non ? » ou encore « La distanciation sociale, seul un SDF peut en parler ! ». Les blogues de classe rendent possible une segmentation à la fois hebdomadaire et thématique avec des rubriques régulières comme « Le mot de la semaine », « Le livre de la semaine », « L’anecdote de la semaine » ou encore « Le film » ou « Le fait d’actualité » de la semaine. Ils peuvent constituer des espaces interactifs d’échanges impliquant activement les élèves. Depuis les premières heures du premier confinement, ils se sont multipliés et ont progressivement muté du point de vue de leurs enjeux et de leurs finalités. Désormais, beaucoup sont devenus tout autre chose qu’un simple espace de travail valorisant le contenu des cours et proposant des prolongements à ces derniers. Le blogue « nouvelle génération », ou si l’on préfère « post confinement », permet de rendre compte de la relation que les élèves entretiennent avec le monde qui les entoure et avec leur propre culture. Dans un environnement virtuel un peu glacial, on se réjouit de trouver des espaces où chacun peut laisser une trace et faire entendre sa voix. Adoptons l'orthographe québéquoise !  Le terme « blogue* » correspond à une francisation proposée par l’Office québécois de la langue française en 2000, visant à remplacer l’anglicisme « blog » (« journal personnel sur internet »). Créer un blogue en toute sécurité La création d’un blogue impliquant différentes contraintes notamment en termes de droit, il est vivement conseillé d’en saisir les enjeux d’utilisation. Pour répondre à la majorité des questions, voici trois liens utile. - Un support de réflexion sur le site de l’académie de Paris - Des réponses aux questions d’ordre juridique - Un mode d’emploi pour démontrer, si c’était nécessaire, que la création d’un blogue demeure un jeu d’enfants même pour un « non-millénial »  Consulter d'autres articles sur l'enseignement à distance Vers une redécouverte des QCM en français Développer l'écriture collaborative : un mur pour partager ses écrits Éloge paradoxal de la classe virtuelle : quand le distanciel interroge le présentiel Apprendre à distance Un collectif de professeurs « Corps enseignant – Corps apprenant », a mis au point une série de 5 fiches alliant humour et pédagogie pour aider les élèves à travailler à distance. Chaque fiche est accompagnée de conseils et exercices pour se détendre, se motiver, se déconnecter, etc. Et à y regarder de plus près, nous pouvons tous y trouver de l’inspiration… même en présentiel. NRP- mars 2021

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La francophonie à l’honneur
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La francophonie à l’honneur

Par Armand Kadivar Le mois d'octobre 2024 fut placé sous le signe de la francophonie. Les 4 et 5 octobre, a eu lieu le 19 e Sommet de la Francophonie à Villers-Cotterêts, événement qui regroupe les chefs d'État et de gouvernement des 93 pays de l'Organisation internationale de la francophonie. En parallèle, un Festival de la Francophonie s'est tenu à la Gaîté Lyrique, à Paris, du 2 au 6 octobre, pour célébrer la langue française sous toutes ses formes. Le sommet Né en 1986, le Sommet de la Francophonie est un événement biennal qui s'était tenu en France pour la dernière fois en 1991. Le choix de Villers-Cotterêts, commune située dans le département de l'Aisne, n'est pas anodin : c'est là que François I er a signé, en 1539, l'ordonnance du même nom qui impose la rédaction des actes officiels en langue française et non plus en latin. C'est là également qu'a été inaugurée par le président Emmanuel Macron, le 30 octobre 2023, la Cité internationale de la langue française, située au sein du château de Villers-Cotterêts. Ce lieu, ouvert à tous, dispose d'un parcours de visite permanent qui invite à un voyage à travers la langue française et la francophonie, auquel s'ajoute une programmation pluridisciplinaire d'expositions et de spectacles. Deux enjeux majeurs ont marqué ce sommet dont le thème était « Créer, innover, entreprendre en français ». Le premier, en lien direct avec celui-ci, concerne la jeunesse francophone et l'emploi, puisque cette question fut au centre des discussions, avec la volonté de créer des solutions concrètes tant au sein de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) que dans les États membres pour offrir aux jeunes gens d'aujourd'hui des opportunités d'insertion professionnelle en langue française. Le second point clé s'inscrivait dans le contexte géopolitique actuel et touche à la valeur ajoutée de l'OIF dans la gestion des crises qui frappent l'espace francophone. D'où, notamment, la prononciation d'une déclaration de solidarité avec le Liban. Le festival Pour accompagner le sommet, un Festival de la francophonie s'est déployé à la Gaîté Lyrique, dans le troisième arrondissement de Paris, du 2 au 6 octobre. Intitulée « Refaire le monde », cette manifestation gratuite et ouverte à tous entremêlait exposition, concerts, conférences, débats, spectacles, humour, rencontres littéraires, projections de films et ateliers. Au rang des intervenants, citons pêle-mêle des personnalités aussi diverses que l'humoriste Paul Taylor, le dramaturge Alexis Michalik et la chanteuse Ronisia : signe d'une programmation éclectique et ouverte sur les potentialités de la langue ainsi que sur ses multiples actualisations. De fait, ce festival se voulait une invitation à découvrir les cultures et les sociétés francophones ainsi que les personnalités qui inventent et bâtissent la francophonie d'aujourd'hui et de demain. En plus des différentes propositions mises en place à la Gaîté Lyrique, le festival s'est étendu hors les murs avec diverses initiatives. Ainsi, la Cité internationale de la langue française a accueilli un concert de Zaho de Zagazan, et l'Institut de France a convié le public à rejoindre les académiciens sous la Coupole pour découvrir comment, autour des thèmes « écrire, traduire et interpréter », la littérature, la science, la danse, la musique ou encore les arts graphiques travaillent, parlent et se savourent en français et dans bien d'autres langues. DES CHIFFRES ET DES LETTRES - Le français est la 5 e langue mondiale et la 4 e sur internet - On dénombre 321 millions de francophones dans le monde - Il y a 144 millions d'apprenants du et en français Source : Organisation internationale de la francophonie REFAIRE LE MONDE Entre l'injonction de Marx à « transformer le monde » et celle de Rimbaud à « changer la vie », le Festival de la francophonie invitait, par son titre, à «  refaire le monde  ». Valérie Senghor, commissaire du festival et petite-nièce de Léopold Sédar Senghor, un des pères fondateurs de la francophonie, interprète en ces termes l'intitulé de l'événement : «  "Refaire le monde" : c'est à cette exhortation, à cet appel à rêver, penser et agir, que le Festival de la francophonie convie artistes, penseurs, chercheurs, entrepreneurs issus des cinq continents. Dans un monde fracturé, menacé par les défis climatiques, géopolitiques, technologiques et économiques, ces inventeurs et ces bâtisseurs révèlent le pouvoir de la langue française en partage, quand elle se fait matière pour la création, l'invention et l'émotion, outil pour la pensée et le dialogue, vecteur de coopération et de solidarité. Que la diversité des initiatives nées de ce mouvement, que la puissance d'inspiration des personnalités rassemblées pendant ce Festival, nous éclairent et nous donnent à tous la force d'agir, individuellement et collectivement, pour réparer, réinventer et réenchanter le monde.  »

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Le Groupe IGS, en partenariat avec Nathan, réinvente le BTS en alternance

Le Groupe IGS, en partenariat avec Nathan, réinvente le BTS en alternance

My e-BTS développe une expérience inédite qui s’appuie sur la combinaison de différents modes d’apprentissage : un cross-apprentissage avec des classes virtuelles, des manuels interactifs, des entraînements en ligne, des regroupements en présentiel, un coaching personnalisé et renforcé.  La   pédagogie multi-modale/blended learning correspond à un jour dédié au e-learning (à distance) avec un accès, espace en ligne 24h/24h. «  My e-BTS correspond à une volonté commune, avec Nathan, de trouver une solution adaptée pour des jeunes qui se trouvent à distance des centres de formation » souligne Jean-Philippe Leroy, Directeur Général Adjoint en charge de l’alternance et de l’apprentissage du Groupe IGS. Le Groupe IGS collabore aujourd’hui avec plus de 9 000 entreprises. Plus de 89% de celles-ci sont prêtes à recruter un apprenant du Groupe IGS. «  Nous sommes fiers du lancement de "My e-BTS" qui concrétise l'aboutissement d'un projet pour lequel les équipes du Groupe IGS et Nathan ont œuvré de concert pendant plusieurs mois.  Cette nouvelle offre s'inscrit parfaitement dans l'esprit des réformes en cours, et nous sommes convaincus que "My e-BTS" saura séduire aussi bien les étudiants que les entreprises à la recherche d'un modèle d'apprentissage différent et novateur. "My e-BTS" est aussi l'occasion pour Nathan d'aller plus loin encore dans l’accompagnement et la digitalisation des enseignements dispensés, tout en s’appuyant sur des contenus de qualité qui ont déjà fait de notre maison d'édition la référence leader en BTS »  explique Sylvain Fayol, Directeur de Nathan Technique Supérieur Formation Adultes. « Nathan apporte toutes les ressources dont il dispose pour l’enseignement des BTS à distance en phase avec la dernière réforme de la formation professionnelle, et nous, notre connaissance du dispositif de l’alternance. Ce travail mené en commun nous a permis de donner à nos enseignants des cours de référence adaptés à la réforme des BTS et de se servir de cet enseignement en ligne pour aider aussi nos apprenants présents sur nos campus à avoir un support disponible à tout moment. Nous nous engageons par ce dispositif à maximiser leur réussite aux examens » précise Jean-Philippe Leroy, Directeur général adjoint en charge de l’apprentissage et de l’alternance. Catherine Lapouge, directrice du CIEFA du Groupe IGS renchérit : «  Ce dispositif fonctionne car on investit beaucoup en suivi et en coaching des apprenants qui inclut une pédagogie de classe inversée avec la mise en place de la plateforme distancielle EMA (Environnement Médiatisé d’Apprentissage), sous système LMS moodle. On gagne un temps précieux qui est réinvesti dans une approche individualisée centrée sur l’efficacité et l’évaluation permanente des acquis plutôt que sur la transmission. En entreprise, ce dispositif ouvre la porte aux développements de la formation dans des territoires négligés parce qu’isolés.  » Pour plus d’informations et candidater : www.ciefa.com Contact presse Groupe IGS : Axelle Guilmault Mob. :  + 33 (0)6 86 90 84 12. aguilmault@groupe-igs.fr Contact  presse Nathan :  Xavier Comte Tél. : +33 (0)1 45 87 52 32. xcomte@nathan.fr   A propos du Groupe IGS  : Fondé en 1975, le Groupe IGS est une fédération d’associations indépendantes à but non lucratif (loi 1901) qui a pour vocation la formation initiale et continue, l’alternance, l’apprentissage et l’insertion professionnelle dans 8 filières de compétences et d’expertise métiers. Cet acteur majeur de la formation de l’emploi et du développement des savoir-faire et savoir-être bénéficie d’une triple implantation en France – Paris, Lyon, Toulouse – et à l’international – Dublin, Shanghai, Casablanca. Le Groupe IGS forme chaque jour et par an 14 200 personnes dont 7 200 apprentis et contrats en alternance. 3 000 diplômés rejoignent chaque année un réseau d’alumni (67 000 en 2018) et 9 000 entreprises partenaires. En savoir plus : www.groupe-igs.fr

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À Elbeuf, la lecture au cœur du projet pédagogique
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À Elbeuf, la lecture au cœur du projet pédagogique

Par Claire Beilin-Bourgeois, avec Véronique Vieux, professeure de Lettres modernes, organisatrice du salon Plumes en Seine Lovée dans un méandre de La Seine, Elbeuf est une ancienne cité drapière dont le nom affleure dans les récits de Maupassant et de Flaubert. La ville abrite le collège-lycée Fénelon, qui organise depuis 2019 un projet audacieux autour de la lecture. Chaque année à l’automne, il se concrétise par un événement original : le salon Plumes en Seine, le seul de ce type, organisé entièrement en milieu scolaire. Les classes Évasion-lecture La classe lecture se déroule sur un cycle de 2 ans (6 e /5 e ) que l’élève s’engage avec ses parents à suivre jusqu’au bout. Elle implique deux heures par semaine en plus de l’emploi du temps habituel. Chaque cours de Français débute par 5 minutes de lecture à haute voix. Les collègues des autres disciplines s’associent au projet en faisant alternativement des lectures en lien avec leur matière. Grâce à cette sensibilisation au plaisir que donne la lecture, le bonus de temps est consacré aux activités dans le cadre des heures « Évasion Lecture ». Verbatim « J’aime que les profs lisent au début ou à la fin du cours car cela nous fait découvrir d’autres livres » (Jalaé, 6 e ) « La classe lecture m’a apporté beaucoup de choses, j’étais très timide et là je ne le suis plus, je n’aimais pas lire et maintenant j’adore. Je ne peux pas ne pas lire de la journée. » (Imany, 6 e ) « Ce que je préfère ce sont les 5 minutes de lecture avant de commencer le cours. » (Axel, 6 e ) « En 6 e , je ne voulais pas aller en classe lecture car on avait 2 heures en plus, mais en réalité c’est bien. Ça fait un an et demi que je suis là, je ne le regrette pas. » (Renan, 5 e ) « Quand notre professeur commence le cours, la première chose que l’on fait c’est la lecture d’un livre, du coup quand on commence, on est tous, comment dire, apaisés et surtout intéressés. » (Imane, 5 e ) Lire et faire Le projet est organisé autour d’une gamme d’activités que les professeurs veulent la plus étendue possible. L’activité première est … la lecture. Ainsi, une bibliothèque de classe permet aux élèves d’emprunter les ouvrages pour les lire, autant qu’ils le souhaitent. Suivent les activités autour des lectures. Certaines entrent dans un cadre rigoureusement scolaire, comme des exposés et des ateliers d’expression orale. Par ailleurs, les élèves participent à des rencontres et des échanges avec les écrivains. La liste des activités proposées s’allonge chaque année. Elle s’étend de la création de jeux de société et de calendriers sur un livre ou un thème à l’organisation d’un running culturel autour d’Elbeuf. Verbatim « J’aime les livres et je me suis dit " cette classe est faite pour moi " Et je ne le regrette pas ! Ce que j’aime dans cette classe lecture c’est qu’il y a 2 heures d’évasion lecture par semaine, on présente des livres, on peut en emprunter, on fait des exposés sur différents thèmes et on fait des sorties scolaires. » (Tom, 6 e ) « J’adore travailler à plusieurs pour faire nos jeux et aussi travailler l’oral. » (Nina, 6 e ) « J’aime la classe lecture car c’est une classe où l’on fait toujours quelque chose, un projet est toujours en cours. » (Amina, 5 e ) « Trois auteurs cette année qui sont intervenus dans notre classe pour nous parler de leur métier. » (Célia, 5 e ) Le salon Plumes en Seine Le salon du livre Plumes en Seine se déroule en novembre au sein de l’établissement. Les enseignants à l’origine du projet, Marie-Laure Ankersmit, Pascal Lozay et Véronique Vieux, ont installé un véritable continuum entre les activités de la classe et le salon. Les élèves de la classe lecture œuvrent à sa préparation, et les auteurs qui participent au salon sont invités à intervenir dans les classes. À l’instar de tous les salons du livre, celui d’Elbeuf reçoit des écrivains, des libraires, des éditeurs, de Normandie et d’ailleurs. C’est d’ailleurs un normand, Michel Bussi, ancien élève de l’école, qui a parrainé la première édition, suivi en 2021 par Anny Duperey et en 2022 par Philippe Torreton. Verbatim « Le salon du livre nous a permis de découvrir 50 auteurs dont 1 invité d’honneur. Il y a aussi des auteurs qui interviennent dans notre classe pour nous expliquer leur métier et comment écrire un livre. » (Alban, 5 e ) « La préparation du salon du livre, s’occuper des invités : mener ce projet du début à la fin du haut de leurs 12 ans représentait une grosse responsabilité. » (Parents de Julian, 5 e ) Des enjeux au-delà de la lecture ? Au détour d’une phrase, nombreux sont les élèves qui disent que le bénéfice qu’ils retirent du projet dépasse l’accès à la lecture. Peu à peu, les échanges réguliers permettent de vaincre sa timidité, de commencer l’heure de cours plus détendus, d’acquérir une certaine aisance à l’oral. Une manière, donc, d’entretenir des relations simples entre pairs, de laisser un peu plus de place à l’imaginaire et au jeu dans la classe, ce qui n’a rien d’anecdotique. « Le projet Évasion lecture », analyse un parent d’élève, « c'est, à l'école, l'accompagnement de nos enfants dans l'exploitation de leur monde intérieur, par-delà des notions d’apprentissage pur. C’est une ouverture aux mondes, réel, imaginaire et artistique, et aux autres, car il porte en lui de nombreux échanges et interactions entre les enfants et avec les adultes. C’est presque un maintien d’un lien de parentalité… de la petite histoire du soir. »

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À Elbeuf, la lecture au cœur du projet pédagogique

Par Claire Beilin-Bourgeois, avec Véronique Vieux, professeure de Lettres modernes, organisatrice du salon Plumes en Seine Lovée dans un méandre de La Seine, Elbeuf est une ancienne cité drapière dont le nom affleure dans les récits de Maupassant et de Flaubert. La ville abrite le collège-lycée Fénelon, qui organise depuis 2019 un projet audacieux autour de la lecture. Chaque année à l’automne, il se concrétise par un événement original : le salon Plumes en Seine, le seul de ce type, organisé entièrement en milieu scolaire. Les classes Évasion-lecture La classe lecture se déroule sur un cycle de 2 ans (6 e /5 e ) que l’élève s’engage avec ses parents à suivre jusqu’au bout. Elle implique deux heures par semaine en plus de l’emploi du temps habituel. Chaque cours de Français débute par 5 minutes de lecture à haute voix. Les collègues des autres disciplines s’associent au projet en faisant alternativement des lectures en lien avec leur matière. Grâce à cette sensibilisation au plaisir que donne la lecture, le bonus de temps est consacré aux activités dans le cadre des heures « Évasion Lecture ». Verbatim « J’aime que les profs lisent au début ou à la fin du cours car cela nous fait découvrir d’autres livres » (Jalaé, 6 e ) « La classe lecture m’a apporté beaucoup de choses, j’étais très timide et là je ne le suis plus, je n’aimais pas lire et maintenant j’adore. Je ne peux pas ne pas lire de la journée. » (Imany, 6 e ) « Ce que je préfère ce sont les 5 minutes de lecture avant de commencer le cours. » (Axel, 6 e ) « En 6 e , je ne voulais pas aller en classe lecture car on avait 2 heures en plus, mais en réalité c’est bien. Ça fait un an et demi que je suis là, je ne le regrette pas. » (Renan, 5 e ) « Quand notre professeur commence le cours, la première chose que l’on fait c’est la lecture d’un livre, du coup quand on commence, on est tous, comment dire, apaisés et surtout intéressés. » (Imane, 5 e ) Lire et faire Le projet est organisé autour d’une gamme d’activités que les professeurs veulent la plus étendue possible. L’activité première est … la lecture. Ainsi, une bibliothèque de classe permet aux élèves d’emprunter les ouvrages pour les lire, autant qu’ils le souhaitent. Suivent les activités autour des lectures. Certaines entrent dans un cadre rigoureusement scolaire, comme des exposés et des ateliers d’expression orale. Par ailleurs, les élèves participent à des rencontres et des échanges avec les écrivains. La liste des activités proposées s’allonge chaque année. Elle s’étend de la création de jeux de société et de calendriers sur un livre ou un thème à l’organisation d’un running culturel autour d’Elbeuf. Verbatim « J’aime les livres et je me suis dit " cette classe est faite pour moi " Et je ne le regrette pas ! Ce que j’aime dans cette classe lecture c’est qu’il y a 2 heures d’évasion lecture par semaine, on présente des livres, on peut en emprunter, on fait des exposés sur différents thèmes et on fait des sorties scolaires. » (Tom, 6 e ) « J’adore travailler à plusieurs pour faire nos jeux et aussi travailler l’oral. » (Nina, 6 e ) « J’aime la classe lecture car c’est une classe où l’on fait toujours quelque chose, un projet est toujours en cours. » (Amina, 5 e ) « Trois auteurs cette année qui sont intervenus dans notre classe pour nous parler de leur métier. » (Célia, 5 e ) Le salon Plumes en Seine Le salon du livre Plumes en Seine se déroule en novembre au sein de l’établissement. Les enseignants à l’origine du projet, Marie-Laure Ankersmit, Pascal Lozay et Véronique Vieux, ont installé un véritable continuum entre les activités de la classe et le salon. Les élèves de la classe lecture œuvrent à sa préparation, et les auteurs qui participent au salon sont invités à intervenir dans les classes. À l’instar de tous les salons du livre, celui d’Elbeuf reçoit des écrivains, des libraires, des éditeurs, de Normandie et d’ailleurs. C’est d’ailleurs un normand, Michel Bussi, ancien élève de l’école, qui a parrainé la première édition, suivi en 2021 par Anny Duperey et en 2022 par Philippe Torreton. Verbatim « Le salon du livre nous a permis de découvrir 50 auteurs dont 1 invité d’honneur. Il y a aussi des auteurs qui interviennent dans notre classe pour nous expliquer leur métier et comment écrire un livre. » (Alban, 5 e ) « La préparation du salon du livre, s’occuper des invités : mener ce projet du début à la fin du haut de leurs 12 ans représentait une grosse responsabilité. » (Parents de Julian, 5 e ) Des enjeux au-delà de la lecture ? Au détour d’une phrase, nombreux sont les élèves qui disent que le bénéfice qu’ils retirent du projet dépasse l’accès à la lecture. Peu à peu, les échanges réguliers permettent de vaincre sa timidité, de commencer l’heure de cours plus détendus, d’acquérir une certaine aisance à l’oral. Une manière, donc, d’entretenir des relations simples entre pairs, de laisser un peu plus de place à l’imaginaire et au jeu dans la classe, ce qui n’a rien d’anecdotique. « Le projet Évasion lecture », analyse un parent d’élève, « c'est, à l'école, l'accompagnement de nos enfants dans l'exploitation de leur monde intérieur, par-delà des notions d’apprentissage pur. C’est une ouverture aux mondes, réel, imaginaire et artistique, et aux autres, car il porte en lui de nombreux échanges et interactions entre les enfants et avec les adultes. C’est presque un maintien d’un lien de parentalité… de la petite histoire du soir. »

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Quelles sont les attentes des nouveaux talents en entreprise ?

Quelles sont les attentes des nouveaux talents en entreprise ?

Paresseux, égocentriques, impatients… Les clichés sont nombreux au sujet des moins de 30 ans sur le marché du travail. Mais les travailleurs de la génération Y (nés entre 1984 et 1995 environ) occupent déjà une part importante des actifs et la génération Z (apparue ensuite avec l'avènement d'internet) fait ses premiers pas dans la vie professionnelle. Il est alors capital pour les entreprises d'évoluer, pour pouvoir accueillir une population porteuse de nouvelles attentes, de nouvelles compétences et d'idées neuves. Survient alors un renversement du rapport de force : l'entreprise doit s'adapter aux travailleurs et non plus l'inverse. Une étude de François Pichault et Mathieu Pleyers (1) suggère que ces changements ne sont pas le fait d'une culture générationnelle, mais bien d'un profond glissement de notre rapport au travail et à l'entreprise. Les parcours et les formations sont de plus en plus diversifiés et les reconversions deviennent courantes. Il est plus rare de rester toute sa vie dans une même entreprise. C'est pourquoi les employeurs doivent fidéliser leurs salariés, en répondant à des attentes qui sont loin de concerner exclusivement la rémunération. Les attentes des nouveaux salariés Aujourd'hui, 65 % des salariés de la génération Y considèrent ainsi les opportunités de développement personnel comme le critère majeur pour choisir une entreprise (2). Les notions de satisfaction et d'épanouissement deviennent centrales pour ces salariés, pour qui le travail n'est pas qu'un moyen d'enrichissement. 92 % des salariés de la génération Y écartent d'ailleurs l'idée selon laquelle le profit serait l'unique mesure de performance. Le besoin de reconnaissance est aussi très fort parmi ces travailleurs. Les jeunes salariés aspirent à évoluer au sein de l'entreprise et à voir leurs efforts valorisés. Cette envie vient du besoin d'un travail concret et immédiat, qui porte directement ses fruits. C'est la culture de la gratification portée par ces nouvelles générations. Mais le cadre dans lequel le salarié accomplira sa tâche est aussi capital. En plus de rechercher un poste épanouissant, les nouveaux salariés veulent aussi un lieu de travail sympathique, attirant, où l'ambiance de travail est centrale. Enfin, les générations Y et Z accordent de l'importance à la polyvalence et la souplesse. Varier les missions, être flexible sur les horaires, permettre la mobilité, valoriser la formation et la diversification des compétences sont les nouveaux leviers de motivation en entreprise. Les salariés de moins de 30 ans préfèrent travailler selon leurs propres codes, dans un environnement propice à la création et au développement des compétences. Ce qu'ils recherchent, c'est avant tout des valeurs dans lesquelles ils peuvent se reconnaître, qui accordent de l'importance au développement personnel, à l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée et aux individualités. Un nouveau modèle d'entreprise Nouvelle figure emblématique de cette génération de travailleurs, la jeune start-up dynamique continue de séduire. Avec l'image d'une boîte créative et amicale, la petite entreprise a un côté rassurant et attirant pour des jeunes travailleurs qui ne souhaitent pas « entrer dans le moule ». Mais les entreprises de plus grande taille ont aussi réussi à s'inspirer des méthodes utilisées dans l'univers des start-ups à succès, et voient encore leur nombre de candidatures exploser. Certaines font ainsi le choix de bannir les horaires de travail et accordent leur confiance à leurs salariés en imposant seulement la réalisation d'objectifs prédéfinis, une manière d'accorder plus d'autonomie aux travailleurs. D'autres employeurs ont préféré gommer les relations hiérarchiques directes entre salariés et placent l'équipe aux multiples compétences au centre de leur organisation. D'autres encore optent simplement pour un cadre de travail sympathique, qui invite à une ambiance studieuse, mais décontractée. Mais ce n'est pas tout. Afin d'attirer les nouvelles générations, les entreprises ont compris qu'il fallait surtout mettre en avant le respect des valeurs de leurs collaborateurs : avant d'être des travailleurs, ceux-ci sont des femmes et des hommes avec leurs goûts, leurs envies, leurs passés, leurs aspirations, etc. Les dirigeants font la différence en reconnaissant leur singularité en tant qu'être humain, et notamment en tant que parents. Dans cette dynamique, les entreprises mettent en place des solutions, telles que des conférences pour comprendre le monde qui nous entoure mais aussi celui de leurs enfants, des groupes collaboratifs d'entre-aide ou encore des plateformes d'accompagnement vers la réussite éducative et l'épanouissement culturel à destination des familles. L'objectif premier étant de mettre à la disposition de ses salariés actuels et potentiels tous les outils nécessaires pour qu'ils se sentent à la fois reconnus et sereins et ainsi fournir le meilleur travail possible dans un environnement humain qui leur parle. Quelle solution pour booster l'engagement des salariés en les accompagnant dans leur rôle de parents ? Pour répondre à cet enjeu, Nathan, expert en pédagogie et en parentalité positive, s'est associé à Bordas, Le Robert, et Syros, afin de proposer une offre unique pour la famille. La solution Campus Parentalité, regroupe les meilleurs contenus pédagogiques pour les parents et les enfants, sur une plateforme digitale pratique et accessible à tous. DECOUVRIR —— Références 1- Article scientifique sur la génération Y en entreprise. 2- Article de Challenges de 2016 sur les rapports entre les RH et les nouvelles générations. ©Shutterstock / Baranq   —— Pour aller plus loin - Article du Journal du Net de 2016 sur la génération Y et sa vision de l'entreprise. - Article de la CCI de Paris sur les explications de la génération Y. - Article des Échos sur le malheur au travail des jeunes salariés. - Article de Chef d'entreprise après la publication d'une étude d'Universum sur les attentes au travail des nouvelles générations. - Article de Challenges à la suite d'une de leur conférence sur l'entreprise et les millenials

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Actu formation - Les enjeux de la réforme

Actu formation - Les enjeux de la réforme

Récemment présenté par le gouvernement, le projet de réforme de la formation professionnelle apportera de nombreux changements. Pour les entreprises et les salariés, cette nouvelle loi devrait simplifier les démarches et accorder à chacun plus d'autonomie. Porté par la ministre du Travail, le texte de loi sur « l'avenir professionnel » sera bientôt soumis au Conseil des ministres. Destiné à modifier en profondeur le système de formation actuel, le projet veut avant tout permettre aux salariés d'accéder plus simplement à l'apprentissage (1). La future loi prévoit ainsi la création de « France Compétences », une agence nationale de régulation de la formation professionnelle et de l'alternance, un nouveau mode de financement, mais aussi la transition vers un compte personnel de formation (CPF) alimenté en euros. Celui-ci sera crédité de 500 euros par an, avec un plafond à 5000 euros, ou de 800 euros par an avec un plafond à 8000 euros pour les personnes peu qualifiées. Les organismes paritaires collecteurs agréés laisseront aussi place à des « opérateurs de compétences », et la gestion de la formation individuelle sera assignée aux salariés par le biais d'un service en ligne. Les apprenants pourront choisir, payer et noter leurs formations depuis cette plateforme, sans intermédiaire (2). UNE SIMPLIFICATION PEU COMPRISE La réforme à venir désire avant tout changer l'opinion des salariés sur la formation. Un sondage de l'institut BVA pour le journal La Tribune (3) révèle que plus de 70 % des personnes interrogées considèrent que le système de formation actuel est inefficace, difficile d'accès et peu compréhensible. Pour remédier à cela, la nouvelle loi propose l'ouverture d'un service numérique où le salarié sera accompagné pour choisir et payer la formation de son choix, sans passer par un intermédiaire. Grâce à son CPF désormais crédité en euros, il pourra « faire ses achats » comme bon lui semble et choisir les formations qu'il souhaite sans devoir se justifier auprès de son employeur. Une mesure qui devrait encourager la reconversion professionnelle et le développement de compétences multiples, notamment grâce aux organismes qui proposent des certifications reconnues. Chacun devient plus autonome et peut se former « à la carte » avec une gestion personnalisée de son budget formation. Pourtant, même si le but de la réforme est de simplifier l'accès à la formation et sa compréhension, sur les 72 % de Français qui ont entendu parler de la réforme, plus de la moitié ne comprennent pas vraiment ses enjeux (4). Un défi de taille pour les organismes de formation qui devront évoluer pour devenir plus attrayants mais surtout pour les entreprises qui devront guider leurs salariés dans leurs différents projets de formation. LES RESPONSABLES DE FORMATION CHANGENT DE RÔLE En accordant plus d'autonomie aux salariés, cette nouvelle loi devrait aussi changer le travail des responsables de formation. Désormais, leur rôle d'orientation sera nettement renforcé. Ils devront proposer un suivi plus personnalisé pour répondre aux attentes des salariés actifs tout en gardant la vision globale de leur projet d'entreprise. Par ailleurs, leur profession devrait aussi devenir plus numérique afin d'évoluer avec les pratiques qui deviennent moins coûteuses, plus modernes et plus efficaces. QUELS NOUVEAUX ENJEUX POUR L'ENTREPRISE ? Avec un taux de cotisation toujours identique pour les entreprises, le financement de la formation ne pèsera pas plus lourd dans le budget des professionnels. Il représente 1,23 % de la masse salariale pour les entreprises jusqu'à 10 salariés et 1,68 % pour les autres (5). Mais la redistribution de ce budget devrait changer. La somme dégagée pourra être orientée vers Pôle Emploi, les salariés eux-mêmes ou bien les TPE. C'est donc aux entreprises de décider si elles souhaitent investir ou non dans la formation de leurs salariés. La formation en présentiel demandant un investissement financier important, les professionnels devraient se tourner de plus en plus vers les plateformes numériques et le blended learning, soit l'association de cours en présentiel et de cours en ligne. Cette solution, en plus d'être économique, permet aux employés d'adapter leur formation à leurs propres horaires et ainsi de bénéficier d'un apprentissage accessible et moins contraignant. Pour les entreprises, ces outils permettent de former efficacement, mais aussi de jouir de l'image d'une entreprise moderne qui œuvre pour ses salariés. NATHAN accompagne les entreprises et les salariés dans la certification et la valorisation des compétences avec CLEA Nathan. DIGITALISEZ VOS FORMATIONS ET MOTIVEZ VOS SALARIÉS.  Grâce à ces solutions numériques, offrez à vos salariés des approches plus variées et motivantes qui leur permettent également de travailler en autonomie sur la plateforme numérique. En savoir PLUS   — RÉFÉRENCES 1-  La formation professionnelle : une opportunité encadrée par la loi 2-  Article de Actualité de la formation, La réforme s’annonce structurante pour les organismes de formation, 3 avril 2018 3-  Résultats du sondage BVA sur la réforme de la formation 4-  Chiffres de Actualité de la formation sur la réforme, 26 mars 2018 5-  Article de l’Entreprise, Formation professionnelle : le grand chambardement arrive, 5 mars 2018 — POUR ALLER PLUS LOIN -  Article de Actualité de la formation, Les questions en suspens autour de la nouvelle agence France Compétences, 16 avril 2018 -  Article du Journal du Net, Réforme de la formation professionnelle : vers un big bang, 11 avril 2018 -  Article Les Echos, Formation professionnelle : ce que la réforme va changer, 9 avril 2018

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Élèves enchantés lors de l’entrée de Joséphine au Panthéon
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Élèves enchantés lors de l’entrée de Joséphine au Panthéon

L’entrée au Panthéon de Joséphine Baker était accompagnée, comme pour Simone et Antoine Veil, de chants magnifiquement interprétés par les jeunes de la Maîtrise populaire de l’Opéra-Comique. Mais qui sait que cette formation musicale a pour origine un projet scolaire, fruit de la volonté conjointe d’une jeune musicienne et d’une principale de collège ? Avant d’être nommée directrice de la Maîtrise populaire de l’Opéra-Comique, Sarah Koné a d’abord recruté des chanteurs parmi les élèves du collège François Couperin (Paris, 4e arrondissement), et a créé avec la principale Dominique Gory la Compagnie Sans père, qui s’enrichissait chaque année de nouveaux arrivants.  La Compagnie se fait rapidement connaître pour la qualité de son travail, et en 2016, elle est rattachée à l’Opéra-Comique. Désormais, les élèves effectuent leur scolarité au collège Couperin, mais la campagne de recrutement est étendue à des établissements proches de Paris, et particulièrement aux enfants issus de l’enseignement prioritaire. Sarah Koné poursuit ainsi les mêmes objectifs artistique, éducatif et social : rassembler des jeunes de tous horizons pour les conduire à l’excellence artistique. Un engagement qui l’inscrit dans le sillage d’une certaine Joséphine Baker. Comment le projet est-il né ? Sarah Koné : Ce projet a pris forme en plusieurs étapes. En 2007, j’étais surveillante au collège Pierre Mendes-France, dans le 20e arrondissement de Paris. J’ai commencé à donner des cours de chant. L’idée me plaisait, mais les conditions n’étaient pas réunies pour un projet ambitieux. L’année suivante, j’ai décidé de changer d’établissement, et j’ai proposé un atelier chant au collège François Couperin. En septembre 2009, tout a changé avec l’arrivée d’une nouvelle principale, Dominique Gory. Elle venait du lycée Racine (Paris, 8e), un établissement à horaires aménagés. Elle a eu une oreille attentive. Nous avons monté un atelier classique, mais les conditions étaient optimales. J’ai eu le droit de recruter autant d’élèves que je voulais avec une séance par semaine, le midi, et nous avons réussi à produire une première comédie musicale, Starmania . Dominique Gory : De 2009 à aujourd’hui, nous sommes parvenus, par sauts successifs, à un niveau qu’on peut qualifier de professionnel. Sarah Koné : L’atelier du midi a évolué, grandi avec moi ; j’ai créé la Compagnie Sans Père,  qui encadre les Classes chantantes. La Grande Troupe, celle du collège, a donné naissance à la Petite Troupe qui regroupe quelques élèves qui jouent dans des conditions vraiment professionnelles : on les engage, ils sont rémunérés... Il existe encore une troisième structure, Chœur de scène, issue aussi de la grande, pour ceux qui n’ont pas envie de se professionnaliser mais qui, devenus de jeunes adultes, cherchent à se perfectionner. Sur quels critères les élèves sont-ils choisis ? Sarah Koné : Chaque année, le rituel est le même. J’auditionne des dizaines d’élèves de 6 e volontaires ; j’en choisis une douzaine qui intégreront la troupe formée depuis 2009. Aujourd’hui, ils sont plus de quatre-vingts collégiens et ex-collégiens de Couperin, âgés de 11 à 20 ans. Certains élèves arrivent de classes Cham (Classes à horaires aménagés en musique) ou ont une formation au conservatoire, d’autres n’ont jamais vu un instrument. Leur culture musicale n’est pas un critère de sélection. Je suis issue des populations qui ont reçu un enseignement artistique élitiste, de ceux qui croisent l’information et pour lesquels les parents ont des ambitions. J’ai grandi dans un opéra à l’âge de 10 ans. J’y ai appris l’endurance et l’exigence. Mais parallèlement, je suis une enfant de l’école de la République, et j’ai toujours eu ses valeurs en tête. Adulte, j’ai voulu m’adresser à un autre public, sans dévaluer la discipline. On travaille donc pour produire un spectacle de qualité, pour voir le fruit de nos efforts. Cette année, ce sera Alice au pays des merveilles . Dominique Gory : On ne recrute pas que de bons élèves. Cela fait partie de l’éthique du projet. Comment organiser un projet d’une telle ampleur ? Dominique Gory : Le programme est intense : 2 heures de répétition hebdomadaire pour chaque niveau, 1 heure de « tutti » (tous ensemble, dans le langage des musiciens) le mercredi après les cours, et un week-end entier de répétition par mois. Sarah a aussi aménagé un créneau d’une heure, un soir par semaine, pour les ex-collégiens. Un tel projet implique des moyens, et une organisation sans faille : les emplois du temps sont alignés pour que tout élève ait la possibilité d’intégrer la compagnie, et un préau est réservé aux répétitions. L’établissement tient à ce que les chanteurs soient répartis dans toutes les classes de manière aléatoire pour éviter toute politique de regroupement, ou tout effet de filière. Dans quelles conditions matérielles le projet s’inscrit-t-il ? Dominique Gory : Pour une grande part, et aussi surprenant que cela puisse paraître, le projet repose sur des bénévoles. Seules les heures des week-ends de Sarah Koné sont rémunérées, grâce à un soutien financier du département (Ville de Paris) qui n’est pas négligeable. Pour le reste, il faut se débrouiller. Du côté du rectorat, le projet est labellisé « Innovation et Expérimentation » par la CARDIE (Cellule académique Recherche et Développement en Innovation et en Expérimentation). Sarah, qui n’est pas enseignante, ne reçoit pour ses cours aucune rémunération. Sarah Koné : Je ne m’en alarme pas. Peu à peu, les projets prennent de l’ampleur, les institutions soutiennent leur rayonnement, et la compagnie fonctionne désormais comme une troupe professionnelle. Nous faisons donc appel à des fondations et des financements privés. Dominique Gory : Nous avons aussi un partenariat régulier avec le Monfort Théâtre qui offre chaque année à la troupe une résidence. Le théâtre accueille les spectacles du collège, mais il reçoit aussi, pour des périodes variables, les élèves qui souhaitent découvrir les métiers du spectacle. Sarah Koné : Les directeurs de ce théâtre viennent du monde du cirque ; ils accueillent toutes les formes de théâtre. Le lien se tisse tout au long de l’année avec un parcours culturel « Éducation du spectateur » soutenu par la DASCO (Direction des affaires scolaires de la ville de Paris). Tous les chanteurs vont au théâtre au moins deux fois, et cette année les élèves les plus grands de la classe d’accueil se joindront à eux. Le spectacle de fin d’année a lieu au mois de juin sur le vaste plateau du Monfort Théâtre. C’est une chance énorme. Comment construire un projet aussi ambitieux avec des élèves non musiciens ? Sarah Koné : Je mets tous les élèves à égalité. Tout est transmis oralement : je chante une mélodie, ils la retiennent. D’année en année, les progrès sont considérables. En 3e, ils arrivent à apprendre une chanson en une séance. Mais je me suis rendu compte qu’au bout d’un certain temps, lorsque je leur mets une partition entre les mains, sans avoir fait de solfège, ils suivent. Je ne leur parle jamais en langue de vulgarisation ; j’utilise toujours les termes musicaux appropriés. Je dirige avec une technique orchestrale. Quand je leur propose de me remplacer, ils reprennent ce langage très technique. J’ai grandi en Savoie près de la Suisse, où est utilisée une méthode très dynamique d’apprentissage de la musique, la méthode Dalcroz, dont je m’inspire beaucoup. Ce qui m’aide aussi pour transmettre le goût de la musique, ce sont mes origines : comme beaucoup de mes élèves, mon père africain ne comprenait rien aux techniques qu’on m’enseignait quand je chantais Carmen . Enfin, ce qui fait beaucoup, c’est la loi de la troupe : les grands s’occupent des petits. Cette structure installe une grande discipline dans le travail. Ils savent que je les choisis mais qu’ils choisissent aussi, et ils sont engagés, dans tous les sens du terme. En quoi l’existence de la compagnie change-t-elle la vie du collège ? Dominique Gory : Ce sont des choses difficiles à mesurer, mais je pense que c’est un projet qui a des implications à tous les niveaux. Les élèves de la troupe sont répartis dans toutes les classes. Les enseignants connaissent Sarah, et reconnaissent la qualité du projet. D’ailleurs, la plupart des professeurs viennent voir les spectacles de la Grande Troupe, et beaucoup suivent leurs élèves en allant voir ceux de la Petite Troupe. Le personnel de service reçoit des invitations. Sarah Koné : Les hommes et les femmes qui s’occupent de l’entretien sont les seuls à avoir le droit d’entrer dans la salle sans que j’interrompe la répétition. Ils suivent donc l’évolution du spectacle. Une année, l’une d’elles s’arrêtait toujours un moment et s’asseyait pendant que nous répétions une chanson qu’elle aimait particulièrement. Dominique Gory : Ce projet est fédérateur, c’est une vraie bannière. C’est unique parce que Sarah est unique. On ne réussit que si on avance ensemble, et je suis attachée à ce qu’on soit heureux dans notre travail. Le projet participe à cet état d’esprit. La formation existe parce que notre détermination est sans faille. Nous savons qu’il faut du temps pour convaincre, mais j’aspire à ce que la compagnie ait une reconnaissance plus large encore et que ce projet continue de faire rayonner notre collège. Je pense que ça apporte une belle sérénité à l’établissement. Interview publiée dans le numéro novembre 2015 de la NRP collège. Crédit photo : Photo d’archives AFP

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Les neurosciences : des mémoires pour mieux apprendre
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Les neurosciences : des mémoires pour mieux apprendre

par Violaine Carry Depuis que Stanislas Dehaene a été nommé à la tête du Conseil scientifique de l’Éducation nationale, on entend parler de neurosciences éducatives à tous les coins de rues. Mais que sont-elles exactement ? Que peuvent-elles apporter aux enseignants de lycée et à leurs élèves ? C’est ce champ que nous allons explorer dans cet article et ceux qui suivront cette année. Dans un premier temps, nous ferons le point sur ce que les neurosciences nous apprennent du fonctionnement de la mémoire et sur les conséquences qu’on pourra en tirer. La mémoire, comment ça marche ? Étape 1 : L’encodage correspond à l’acquisition d’une nouvelle information. Étape 2 : La consolidation est la phase de mémorisation proprement dite. L’information est alors stockée dans la mémoire à long terme. Étape 3 : La récupération est la phase de restitution des informations stockées. La mémoire de travail, essentielle au raisonnement De quoi s’agit-il précisément ? On entend souvent parler de mémoire « à court » ou « à long » terme. La première est appelée « mémoire de travail » par les cognitivistes. Elle a une capacité limitée (7 items en simultané, plus ou moins 2) et son temps de rétention est faible (jusqu’à 2 minutes). Néanmoins, elle est essentielle. C’est en effet la mémoire de travail qui nous permet de lire sans oublier la phrase précédente. Sans elle, le texte perdrait toute sa cohérence, nous ne lirions que des phrases sans lien les unes avec les autres. C’est également grâce à elle que nous pouvons faire un commentaire à l’oral ou écrire une dissertation, tout en gardant notre plan et notre problématique en tête. Bref, c’est elle qui nous permet de manipuler les informations, et donc de travailler. Elle est d’autant plus efficace qu’elle prend appui sur les mémoires à long terme, et notamment la mémoire sémantique et la mémoire épisodique . Ainsi, si j’ai déjà stocké en mémoire sémantique la définition du romantisme, je n’ai pas à retenir en mémoire de travail tous les items qui composent le romantisme, mais simplement le mot, donc un seul item : je n’aurai qu’à y revenir en détail quand j’en aurai besoin. Qu’en faire en classe ? La mémoire de travail et sa qualité dépendent en grande partie de la gestion que l’on a de l’attention, et des informations stockées en mémoires à long terme. Or, nos élèves ne sont pas tous égaux dans ces domaines. En classe, il sera donc judicieux de s’assurer des pré-acquis des élèves avant de définir une nouvelle notion, par exemple, et de veiller à ne pas proposer à l’oral de liste dépassant 5 items (étapes de procédures méthodologiques, auteurs, etc.). Les mémoires à long terme Pour retenir des informations à long terme, nous utilisons différents types de mémoires : deux sont dites « déclaratives ». Il s’agit de la mémoire épisodique , qui correspond à la mémoire des événements dans leur contexte, et la mémoire sémantique , qui est la mémoire des mots (avec leur sens) et des concepts généraux sur le monde. Toutes deux s’appuient sur la mémoire perceptive , qui est dite « non déclarative », et qui stocke nos sensations (le goût d’une fraise, l’odeur du lilas, la voix d’une personne, etc.). Si la mémoire sémantique se met en place dès les premiers mois, il faut 4 à 5 ans pour que la mémoire épisodique devienne mature. De fait, les souvenirs retenus en mémoire épisodique le sont grâce à un phénomène de binding (association) opéré par la mémoire sémantique : elle donne au souvenir son sens, sa cohérence, et permet son stockage. Quand des épisodes similaires se répètent (par exemple, la fête de Noël), le cerveau opère une synthèse et abstrait les traits sémantiques spécifiques à tel ou tel concept. C’est le phénomène de sémantisation , c’est-à-dire que le contexte d’acquisition s’estompe : on peut alors parler de la fête de Noël de manière générale, sans évoquer en mémoire un Noël particulier ni se souvenir de notre premier Noël. C’est ainsi que je sais ce qu’est le romantisme sans me souvenir comment j’ai acquis cette connaissance. La sémantisation, meilleure amie de l’enseignant Pour permettre les exercices du commentaire ou de la dissertation, il est crucial que les notions d’analyse (figures de style, focalisations, types de discours, etc.) ou d’histoire littéraire (connaissances sur les mouvements, courants, genres, etc.) soient ancrées en mémoire sémantique pour en faciliter l’accès et la manipulation sans surcharger la mémoire de travail. Si les premières ont théoriquement été acquises au collège, la réalité révèle souvent de grosses défaillances, de sorte qu’il faut régulièrement revoir le processus de mémorisation de ces outils et s’assurer de leur consolidation. Pour cela, il faut privilégier un contact multi-épisodique avec la notion à apprendre , c’est-à-dire réactiver la notion plusieurs fois, et surtout dans des contextes variés, avec des modes de présentation différents. Notons à cet égard que quand un élève répète la question d’un de ses camarades, c’est moins parce qu’il n’a pas entendu que pour s’approprier la connaissance : cela prend du temps, mais favorise la mémorisation. Ainsi, par exemple, une fois que le cours sur les valeurs des temps a été dispensé, on pourra demander aux élèves de se l’approprier en le convertissant sous forme de carte mentale pour le cours suivant, puis on leur proposera de les mettre en scène, et systématiquement, face à un texte, on leur posera une ou deux questions sur l’emploi des temps. Dans le cas particulier où la terminologie grammaticale entre en concurrence avec le langage courant – valeur, vérité, etc. –, on veillera à faire émerger en début de leçon des représentations sémantiques des élèves sur ces termes pour éviter tout phénomène d’interférence et donc de confusion. De même, l’apprentissage par cœur de fragments de textes ou de citations aide à la structuration de la mémoire sémantique. Exploiter la mémoire épisodique À première vue, on pourrait se dire que seule la mémoire sémantique intéresse l’enseignant. Or, pour qu’une nouvelle notion soit fixée en mémoire sémantique, il faut multiplier les occurrences et varier les contextes d’activation , ce qui coûte beaucoup en temps et en énergie. Pour favoriser et accélérer le processus, il peut être pertinent de recourir à la mémoire épisodique des élèves. En effet, cette dernière est extrêmement sensible aux émotions et concerne directement l’identité de l’élève. Connecter une nouvelle information avec le vécu des élèves est un moyen, non seulement de susciter leur intérêt et donc de générer un engagement plus actif de leur part, mais aussi d’optimiser la rétention de la nouvelle information car elle sera associée à un souvenir déjà ancré en mémoire à long terme. On peut imaginer, face à un texte, de demander aux élèves s’ils comprennent le comportement des personnages, s’ils ont déjà vécu telle ou telle situation ou s’ils auraient réagi de la même manière. En effet, pour se projeter, même s’ils n’ont pas vécu d’événement similaire, les élèves utiliseront leurs souvenirs pour fabriquer une situation fictive qui leur permettra de répondre. Par ailleurs, si les élèves se représentent bien la situation, ils éprouveront également des émotions, ce qui leur permettra de mieux retenir l’expérience, et donc le texte. D’ailleurs, les chercheurs ont découvert que lorsque l’on lit un livre, qui plus est à la première personne, le cerveau s’active comme s’il vivait vraiment les événements : ainsi la lecture multiplie, d’une certaine manière, les expériences de vie. Une autre manière d’utiliser la mémoire épisodique en classe est tout simplement, en début de cours, de demander aux élèves de se rappeler le cours précédent. On peut même leur donner quelques indices. Cela a l’avantage de mettre en exergue la progression de la séquence et de susciter facilement une récupération. Pour faire émerger les émotions et assurer un ancrage en mémoire épisodique solide, une autre solution est de solliciter un engagement plus marqué de l’élève, soit en lui proposant de mettre en voix ou en espace un texte, soit en faisant appel à la pédagogie de projet, car celle-ci à l’avantage de réclamer une démarche personnalisée de l’élève. C’est d’ailleurs sans doute pour cela qu’elle est mise à l’honneur par l’épreuve du grand oral ! Automatiser pour gagner du temps et de l’énergie L’autre mémoire « non déclarative » est la mémoire procédurale . Comme son nom l’indique, elle garde trace de toutes les procédures automatisées, qu’elles soient motrices (marcher, par exemple) ou cognitives (lire, par exemple). Elle a l’avantage d’être très peu coûteuse en énergie et d’être très rapide. C’est notamment grâce à elle que nous pouvons parler de manière fluide, sans penser à chaque accord, ou à chaque mot : notre mémoire procédurale a en effet enregistré des séquences de mots entières, qu’il ne nous reste plus qu’à dérouler. Au lycée, cette mémoire peut notamment être développée pour les travaux de rédaction et d’exposé. Travailler le par cœur est un bon moyen de développer la mémoire procédurale des élèves et peut s’avérer intéressant à condition de s’assurer au préalable que le texte à réciter est compris. Outre l’acquisition d’une banque de séquences de mots qui pourront être réinvesties telles quelles (lors d’un exposé par exemple), le par cœur permet aussi l’assimilation de structures syntaxiques correctes et l’enrichissement du lexique de l’élève (en mémoire sémantique). Une lecture régulière pourra avoir un effet similaire. On pourra mettre en évidence ces formulations qui reviennent régulièrement, et qui constituent de véritables « béquilles », tant pour l’oral que pour l’écrit. On les déclinera aussi souvent que possible, la répétition étant la seule clé pour parvenir à introduire un automatisme . Pour l’oral, un travail régulier sur la gestuelle permettra finalement à l’élève de gagner en congruence dans son discours. Notons que chaque élève n’est pas obligé de passer à l’oral : la vue d’un autre active les mêmes zones du cerveau que si on faisait le geste soi-même ! Cet article n’est évidemment qu’une initiation aux neurosciences éducatives. Le fonctionnement de la mémoire et les facteurs qui influent plus ou moins directement sur le processus de mémorisation est à la fois subtil et complexe. Ainsi, il faudra également parler de l’attention, de l’inhibition ou encore des émotions. Pour aller plus loin, lire l'article Sciences cognitives et pédagogie, une association fertile par Pascal Champain .

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La méthode Boclet, un outil au pays des soft skills
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La méthode Boclet, un outil au pays des soft skills

Par Antony Soron , Maître de conférences HDR, formateur agrégé de lettres, INSPE Paris Sorbonne-Université. Deux ouvrages de Mohamed Boclet, champion du monde de lecture rapide, paraissent à la rentrée : une édition poche de Connaissance illimitée (Pocket), et un guide plus pratique, sorte de mise en application du précédent, La méthode Boclet – Le programme de 4 semaines pour passer à l’action (Robert Laffont). Dans quelle mesure ces livres de développement personnel peuvent-ils être utiles aux enseignants qui souhaiteraient rétablir la confiance en berne de leurs élèves ? Ils présentent en tout cas l’avantage de mettre en lumière des compétences dites « comportementales », ce « savoir-être » qui entre avec peine dans les cursus scolaires.       Origine et présentation Quelques lignes liminaires suffisent à poser l’ethos de celui qui s’exprime ici. Quelques lignes essentielles pour mesurer l’authenticité et les enjeux du propos développé ensuite : « Je n’en reviens toujours pas. Moi, petit garçon dyslexique et diabétique à qui on prédisait l’échec, voilà que je deviens vice-champion du monde de lecture rapide en 2021, renouvelle mon titre en 2023, publie un best-seller la même année et m’épanouis au quotidien en animant des formations auprès d’un public de plus en plus large. Chaque jour, je me demande comment le rêve a pu devenir réalité. Comment le jeune Mohamed que j’étais a pu céder sa place à l’homme que je suis devenu. » (La Méthode Boclet) Défendant d’emblée le terme de « connaissance », socle de son propre développement personnel et de sa réussite, l’auteur propose à ses lecteurs une méthode dont la visée programmatique consiste rien de moins qu’à tout bouleverser dans son propre rapport à soi même en juste vingt-huit jours ! La « méthode » s’inscrit ainsi dans la continuité du précédent ouvrage de Mohamed Boclet à la veine autobiographique, Connaissance illimitée , publié en 2023, disponible aux éditions Pocket en septembre 2024. Ce petit livre clair, narratif, tresse trois fils : un récit autobiographique, des données empruntées à la recherche, et des conseils pratiques pour une mise en application rapide. La méthode Boclet : fondée et intuitive La plupart des philosophies comportementales disent peu ou prou la même chose. Il s’agit, pour se sentir mieux, de se raccorder à soi-même, autrement dit, pour reprendre le terme retenu par l’auteur, de devenir quelqu’un de « congruent ». Il ne s’agit pas d’ailleurs d’un concept inédit, comme le confirme un article en ligne daté de 2013 . Le bon sens de la méthode repose sur l’idée, il est vrai trop oubliée, que les paroles s’envolent alors que les écrits restent, autrement dit, que ce n’est pas tout de se donner des objectifs, les noter noir sur blanc dans un carnet de bord renforce l’autodétermination. Un peu plus loin, apparaît l’expression « croyances limitantes ». Elle consiste à rappeler que chacun est freiné voire empêché par le fait même qu’il se pense « limité » dans son action et son développement, comme le souligne déjà un article de psychologie du comportement daté de 2022 : « La mise au jour de vos croyances limitantes est une étape incontournable sur la voie du développement personnel. D’une certaine manière, les pensées d’un individu sont son premier ennemi, et s’affranchir de ses obstacles internes est un moyen de retrouver une liberté d’action qui peut décupler son potentiel. Les croyances limitantes sont souvent inconscientes. Leur mise au jour se justifie d’autant plus que vous vous êtes fixé un objectif que vous ne parvenez pas à atteindre. Il peut bien sûr y avoir un problème de compétence (vous ne savez pas faire) mais aussi de manière plus sournoise votre “petite voix” qui vous bride. 1 ». La « méthode Boclet » pourrait ainsi être caractérisée comme une succession d’injonctions à agir, à repousser ses limites, du type « Placez-vous au centre de votre vie » ou « Forcez-vous », « Changez », mais elle présente l’intérêt considérable de fournir des outils pour y parvenir. Dans les deux ouvrages, on trouve un véritable programme dont on ne peut s’empêcher de penser qu’il pourrait aider des lycéens à progresser, et mieux encore à lutter contre la passivité et le découragement. Et en classe ? Se connaître, reconnaître « son » intelligence Si on peut regretter que la théorie des « intelligences » ne soit pas rattachée à des articles pionniers sur le sujet (Howard Gardner a pensé les « intelligences multiples » dès 1983), on conviendra, à titre d’exemple, que les développements, dans les deux volumes, demeurent d’un grand intérêt synthétique pour des enseignants qui souhaitent véritablement adopter une logique de différenciation avec leurs élèves. Il nous semble même que travailler avec des élèves à définir leur « intelligence » spécifique leur serait très profitable en vue d’une meilleure prise de conscience d’eux-mêmes. Aussi, en début d’année, une situation expérimentale autour des « 9 intelligences » viendrait à propos pour aider les élèves à trouver leur meilleure manière de travailler. En classe, l’enseignant pourra mettre en place des activités s’appuyant sur l’intelligence interpersonnelle : « Elle fait appel à l’interaction et s’exprime chez les personnes qui apprennent plus aisément avec les autres, dans l’échange. Elle se développe auprès des autres, via le travail en équipe. ». Des exercices pratiques À côté de quelques évidences, certes toujours bonnes à rappeler, boire, bouger etc., les ouvrages offrent une véritable valeur ajoutée en assumant pleinement leur fonction de vulgarisation. Ce qui est le cas notamment quand l’auteur fait référence à tout ce qui concerne sa spécialité, « la lecture rapide ». Ce chapitre, dans les deux livres, est le dernier : il y a une raison à cela, puisque améliorer son rythme de lecture suppose une familiarité avec un grand nombre de compétences et de techniques vues dans les pages qui précèdent. Ici, on entre vraiment dans une expérience pratique et guidée, donc facilement reproductible avec des élèves. L’auteur fournit en outre une mine d’idées très opérationnelles. L’insistance sur la prélecture de l’ouvrage que l’on s’apprête à lire apparaît ainsi comme une évidence à réinvestir. Dans le même esprit, la méthode dite « Pomodoro » reste exemplaire : « La méthode Pomodoro est une technique de gestion du temps, que l’on doit à l’entrepreneur Francesco Cirillo. Elle se nomme Pomodoro (“tomate”, en italien) en référence au célèbre minuteur de cuisine en forme de tomate. Mise en lumière à la fin des années 1980, elle consiste à travailler par sessions de 25 minutes. » Au lieu de se focaliser sur la quantité ou la qualité de ce qui est appris ou fait, la « réussite » vient du temps qu’on a su passer sur une tâche donnée, en respectant toutes les étapes. Force est de reconnaître à la méthode Boclet d’être accessible au plus grand nombre et de proposer des approches synthétiques susceptibles sans aucun doute d’améliorer les performances scolaires : la concentration, la mémorisation, la prise de parole, et bien sûr la lecture rapide. Pour un professeur souhaitant réinvestir la question des conditions de l’apprentissage, elle a le grand mérite d’aller à l’essentiel en donnant des pistes opérationnelles de façon synthétique et concrète. On lui tiendra tout juste à grief de ne pas toujours être assez explicite sur ses sources d’inspiration, sachant que, du point de vue même de la philosophie comportementale, et même de son éthique, revenir aux sources reste la plus sûre garantie d’épanouissement personnel ! A contrario , on saura gré à la méthode éponyme d’avoir su susciter notre curiosité, en nous faisant notamment découvrir, par le biais de recherches complémentaires, Evelyn Nielsen Wood (1909-1995), éducatrice et femme d’affaires étatsunienne, célèbre (et aussi controversée) pour avoir popularisé la lecture rapide dont Mohamed Boclet est devenu le champion. Apprendre à travailler   Connaissance illimitée peut servir de point d’appui pour des enseignants désireux d’aider davantage leurs élèves à trouver des solutions face à des apprentissages qui s’intensifient au lycée. Pour les élèves, ce peut être aussi une aide pour gagner en efficacité et en autonomie, dans la perspective de suivre des études supérieures. En suivant les différents chapitres du livre, l’enseignant.e peut envisager des moments en classe, réguliers et courts (si on applique bien les conseils donnés !), chacun centré sur un des aspects de la méthode : un jour l’utilisation des rythmes circadiens, un autre la concentration, un troisième les techniques de mémorisation, un quatrième les cartes mentales, chaque fois en associant des connaissances théoriques et une application pratique, en nombre dans le livre. Un QR code, par exemple, guide vers des exercices pour stimuler la mémoire. Autre exemple : pour ce qui concerne la question du meilleur moment pour apprendre, Mohamed Boclet ne s’en tient pas à l’intuition qu’il est souhaitable d’apprendre avant de s’endormir. Il se fonde sur la biologie, pour finalement prodiguer des conseils qui vont bien au-delà du simple fait de réviser ses leçons avant de se coucher : il est aussi question de faire des pauses régulières, et, plus étonnant, de travailler sa « cohérence cardiaque », une méthode d’autoapaisement . La méthode Boclet, elle, a clairement des vertus pratiques, s’intéressant aux plannings, évoquant les raisons du stress, apprenant à repenser l’idée de « deadline »… Elle s’applique à poser des éléments structurants en termes méthodologiques. Il s’agit par conséquent d’un ouvrage à mettre dans toutes les mains. Il pourrait être notamment exploité par les lycéens avec d’autant plus de facilité que le texte est clair, non-jargonnant, prêt à l’emploi et stimulant. On peut proposer des formules, sous la forme d’encadrés, comme celui qui suit, pouvant permettre d’engager avec des élèves une corrélation compréhension/application. Moins directement explicatif que l’ouvrage précédent, sa présentation permet de suivre un programme pour installer une hygiène de vie et devenir plus efficace. L’objectif est d’aménager des plages de temps pour accroitre son accès à la connaissance, puisque c’est de cela qu’il s’agit. «“Que l’on me donne 6 heures pour couper un arbre, j’en passerai 4 à préparer ma hache.” Cette citation d’Abraham Lincoln a été un déclic pour moi. Apprenez-la, notez-la, ne l’oubliez pas, elle vous aidera à intégrer la notion d’investissement dans la perte. » Les deux ouvrages, chacun à leur manière, apparaissent très intéressant dans la mesure où ils pointent l’attention du lecteur/professeur sur, sinon un angle mort de sa pratique pédagogique, au moins un point de vigilance accrue, à savoir la nécessité d’apprendre à apprendre, autrement dit sur les conditions de l’apprentissage et ses déclinaisons, jusqu’à la proposition de nouvelles façons de prendre des notes. 1. Laurent Lagarde (dir.), « Outil 34. Les croyances limitantes (PNL) », dans : La boîte à outils du développement personnel, Paris, Dunod, « BàO La Boîte à Outils », 2022, p. 90-91.

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L'éclairage des neurosciences en grammaire
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L'éclairage des neurosciences en grammaire

par Violaine Carry L’illusion d’une grammaire « au service de » Depuis les années 1970 et jusqu’à aujourd’hui, les pédagogies réduisent la grammaire à un outil au seul service de la lecture et de l’écriture. On pourrait se dire que ce décloisonnement est plutôt bienvenu ; il réintroduit du sens dans une étude de la langue qui était vidée de sa substance, embourbée dans son héritage bourgeois et napoléonien. D’où un scénario pédagogique qui reste la référence de nos jours : un temps d’observation de phrases issues de la littérature ou du langage courant, qui débouche, par phénomène de généralisation, sur un temps de cours, puis d’appropriation des règles par des exercices, qui doivent à leur tour aboutir à l’élaboration d’un texte qui exploite ce fait de langue et justifie le cours de grammaire, celui-ci ayant forcément amélioré les compétences rédactionnelles des élèves. Voilà qui est formidable de cohérence pédagogique… mais ne résiste pas à une analyse plus poussée. Tout d’abord, cela suppose une relation de causalité entre métagognition (dans la phase d’observation des faits de langue) et amélioration du geste d’écriture. Il y en a une, bien sûr, mais extrêmement ténue : nombre d’élèves n’attendent pas d’avoir un cours sur la forme emphatique ou la focalisation interne pour les employer dans leurs écrits ; et inversement, comprendre le fonctionnement de la gradation ou de la phrase complexe ne prémunit pas contre les maladresses de construction. En clair, en termes d’efficacité, la métacognition est battue à plate couture par l’usage. Comment l’expliquer ? Procédural vs analytique La lecture et l’écriture ne mobilisent pas tout à fait le même système de pensée que l’étude de la langue. Elles relèvent en effet en grande partie d’un apprentissage procédural, c’est-à dire de l’automatisation d’un certain nombre d’opérations, de procédures. La lecture ne se résume pas au déchiffrement de séquences de lettres, ni l’écriture au geste graphique. Pour lire ou écrire, il faut aussi maîtriser le code qui régit la langue, sa grammaire. Seulement, ce code, on ne l’acquiert pas à l’école ; sans quoi aucun enfant ne pourrait s’exprimer autrement que par de simples mots avant ses premiers cours de grammaire française. La langue, avec son système lexical et grammatical, se transmet d’abord par la parole et l’expérience qu’on en a, et ce depuis notre existence intra-utérine. Les parents et les proches apportent donc les premiers à l’enfant la matière langagière qui lui servira à bâtir sa grammaire. Car le bébé possède un cerveau incroyablement puissant et flexible, qui passe son temps à calculer les statistiques à partir de ses multiples expériences : chaque nouveau contact avec la langue est intégré et comparé avec les précédents, et sert de base à l’élaboration de définitions et de règles, qui seront confirmées ou modulées par les contacts ultérieurs. Ainsi, à force d’entendre le mot « chaise » associé à toute sorte d’objet, le bébé finit par en dégager les traits communs et sémantiser le concept « chaise » ; de la même manière, par superposition d’épisodes (c’est-à-dire d’expériences contextualisées), il comprend que certains mots (par exemple, les verbes transitifs) sont toujours suivis d’autres (les compléments) et acquiert alors, par mimétisme et habitude, les rudiments de la syntaxe de sa langue. Ainsi, pour l’enfant, c’est bien l’usage qui est le maître et plus exactement l’usage auquel il est confronté – plutôt que l’usage « du plus grand nombre » de personnes. Ce fonctionnement, qui est par ailleurs valable chez l’adulte, est résumé sous l’expression « cerveau bayésien » ou « cerveau statisticien » ; Alain Lieury, neuroscientifique spécialiste de l’éducation, évoque, lui, un apprentissage multi-épisodique. Ce phénomène explique les disparités énormes en termes de développement du langage à l’entrée en maternelle : tout dépend du milieu, plus socio professionnel qu’économique d’ailleurs, dans lequel chaque enfant est élevé. Cette grammaire personnelle et plus ou moins riche n’est pas conscientisée ; elle est enregistrée au niveau de la mémoire dite procédurale cognitive, qui permet d’automatiser des figures de pensée, et ainsi les tours syntaxiques propres à une langue. On la voit se manifester quand un élève justifie son emploi de l’imparfait plutôt que du passé simple par un « parce que ça sonne mieux », ou quand, sans identifier une erreur de syntaxe, on a tout de suite perçu que « ça ne se disait pas ». Attention : cette maîtrise de la grammaire est loin d’être intuitive ; elle est le fruit d’une expertise qui nécessite d’engranger des millions et des millions de rencontres avec la langue, à l’oral comme à l’écrit. Ce n’est qu’en entrant à l’école que l’enfant va devoir harmoniser sa grammaire avec la grammaire du français. C’est une manière de s’assurer que les individus font société, à travers le partage d’une même langue. Selon l’environnement extra-scolaire, cette harmonisation sera plus ou moins facile, demandera plus ou moins d’efforts. Et c’est sans compter les situations où l’écart est tellement important que l’élève se trouve tiraillé entre deux usus parfois inconciliables. Que sont alors quelques séances de grammaire face à des milliers d’heures d’immersion dans la langue ? Bien peu de chose. Si le but est d’améliorer les compétences langagières des élèves, mieux vaut les faire lire le plus possible, puis écrire et échanger avec eux en veillant à respecter un niveau de langue courant voire soutenu. Le cours d’étude de la langue, lui, développe d’autres compétences. De l’utilité du cours de grammaire au XXI e siècle Le cours de grammaire a pour objet la langue elle-même. Cette posture métalinguistique est cognitivement très exigeante puisqu’elle demande à l’observateur une flexibilité mentale qui lui permette de faire des allers-retours incessants entre le signifié et le signifiant et ce, à différents niveaux (traditionnellement le mot, la proposition, la phrase complexe, le texte). Cette démarche requiert une méthode rigoureuse et de la patience, comme toute approche scientifique, mais aussi de la créativité pour inventer des outils d’analyse et des concepts, et même une pensée divergente afin de s’affranchir des classements et principes précédents pour en proposer de nouveaux. Extrêmement coûteuse en énergie, cette pensée analytique apporte également de nombreux bénéfices à celui ou celle qui la pratique régulièrement. Tout d’abord, elle permet à l’élève de s’exercer à la métacognition. Même la syntaxe la plus basique, la plus « neutre », révèle un tour de pensée, un réseau de relations particulières entre les éléments de la phrase, ne serait-ce qu’imposée par la grammaire de la langue. Il en résulte qu’étudier le fonctionnement de la langue revient à observer sa propre pensée. Aussi est-il crucial que les élèves n’apprennent pas simplement à reconnaître un COD, mais qu’ils comprennent ce qu’est un COD et quelle relation il entretient avec le verbe et le sujet et ce que cela révèle : ainsi seront-ils peut-être plus sensibles à la vision du monde que traduisent ces situations littéraires, où tel personnage féminin n’apparaît jamais qu’en fonction d’objet, direct ou indirect… Aussi le cours de grammaire me semble-t-il particulièrement pertinent quand il s’appuie sur la comparaison ; comparaisons de tours anciens et modernes, de constructions populaires et soutenues, d’idiomes français et étrangers. Pourquoi s’exprime-t- on ainsi ? Pourquoi l’usage privilégie-t-il telle ou telle formulation ? Qu’est-ce que cela révèle de notre état d’esprit ? de celui de nos voisins ? Et quel effet cela produit-il si on adopte telle construction plutôt que telle autre ? si on bouleverse l’ordre canonique des mots ? Éveiller les élèves sur les possibles de la langue, les leur faire toucher du doigt et s’amuser de ses contraintes, mais aussi leur faire réaliser que la langue est vivante, qu’elle évolue et se renouvelle sans cesse, par son passage dans les campagnes autant que les banlieues et les centre-ville, ses métissages avec d’autres langues plus ou moins lointaines : voilà ce qui pourrait être au cœur du cours de langue. Enfin, cette pratique métacognitive est une école de la rigueur. Des observations émergent des hypothèses qu’il s’agit ensuite d’éprouver – par les textes bien sûr, mais aussi les expériences personnelles des élèves avec le langage. Il faut d’abord s’assurer que les catégories qui permettent de penser la grammaire sont bien assimilés au moyen d’exemples et d’exercices. Mais on ne doit pas éluder les cas-limites, ces situations-problèmes qui donnent l’occasion aux élèves de développer leurs capacités analytiques et critiques. Comme en sciences, un des objectifs est de s’approprier les choses, pour être moins passif face au langage, moins naïf aussi, moins manipulable à ses effets de manche, plus lucide à tous les biais cognitifs qu’il charrie. Un exemple très simple et d’actualité pourrait être, à l’occasion d’un cours sur les accords, de lancer le débat sur l’orthographe inclusive : d’où vient cette demande ? Pourquoi ? La prééminence du masculin sur le féminin vous semble-t-elle un réel instrument de domination masculine ? Qu’en était-il avant ? etc. Plus récemment, on pourrait interroger les élèves sur cet étrange phénomène du changement de genre du – pardon de la – covid… Pour un enseignement de la grammaire comme une matière à part entière On le voit, donc, la grammaire est moins un outil au service de la lecture et de l’écriture – ou bien il brille par son inefficacité – qu’une discipline qui forme les esprits à la raison et à la critique. Aussi, un décloisonnement trop systématique risque de s’avérer contre-productif, car il repose sur une illusion. En revanche, exposer clairement la fonction de la grammaire, la réhabiliter comme matière à part entière, introduction à la métacognition et à la philosophie, pourrait en dépoussiérer l’image figée et réengager les élèves dans sa pratique. Il est urgent de (re)former les professeurs à cette pratique, finalement idéologique (au sens de Condillac), de la grammaire, en premier lieu via l’enseignement de l’histoire de la grammaire, et pas seulement de la grammaire historique. Cela pose également la question de la nomenclature qui doit être justifiée auprès des élèves. On le constate lors des ajustements dans la terminologie. Par exemple, cet été 2020, l’« exclamative » a été exclue des types de phrase, désormais classée dans les « formes » de phrases, au côté des formes affirmative et négative. Cela peut se justifier, puisque le types de phrases s’excluent mutuellement (une phrase ne peut être interrogative et déclarative en même temps) alors que l’exclamation peut se conjuguer à plusieurs types de phrases. Déconstruire des représentations antérieures, comme celle qui faisait de l’exclamation un type de phrase, impose un travail explicatif assez complexe. Il est un signe que la grammaire, en soi, revient sur le devant de la scène : la question de langue à l’oral du bac de français. Si il évolue vers l’expression d’une véritable réflexion sur la langue et non un catalogue stérile des différentes formes de subordonnées ou autres, l’enseignement de la grammaire au lycée, et par répercussion au collège, devrait retrouver tout son sens. NRP - Novembre 2020 Consultez d'autres articles sur les neurosciences Les émotions au service des apprentissages Apprendre en résistant Le silence est d’or : apprendre… par défaut ! Être attentif… ça s’apprend Des mémoires pour mieux apprendre

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L'éclairage des neurosciences en grammaire
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L'éclairage des neurosciences en grammaire

par Violaine Carry L’illusion d’une grammaire « au service de » Depuis les années 1970 et jusqu’à aujourd’hui, les pédagogies réduisent la grammaire à un outil au seul service de la lecture et de l’écriture. On pourrait se dire que ce décloisonnement est plutôt bienvenu ; il réintroduit du sens dans une étude de la langue qui était vidée de sa substance, embourbée dans son héritage bourgeois et napoléonien. D’où un scénario pédagogique qui reste la référence de nos jours : un temps d’observation de phrases issues de la littérature ou du langage courant, qui débouche, par phénomène de généralisation, sur un temps de cours, puis d’appropriation des règles par des exercices, qui doivent à leur tour aboutir à l’élaboration d’un texte qui exploite ce fait de langue et justifie le cours de grammaire, celui-ci ayant forcément amélioré les compétences rédactionnelles des élèves. Voilà qui est formidable de cohérence pédagogique… mais ne résiste pas à une analyse plus poussée. Tout d’abord, cela suppose une relation de causalité entre métagognition (dans la phase d’observation des faits de langue) et amélioration du geste d’écriture. Il y en a une, bien sûr, mais extrêmement ténue : nombre d’élèves n’attendent pas d’avoir un cours sur la forme emphatique ou la focalisation interne pour les employer dans leurs écrits ; et inversement, comprendre le fonctionnement de la gradation ou de la phrase complexe ne prémunit pas contre les maladresses de construction. En clair, en termes d’efficacité, la métacognition est battue à plate couture par l’usage. Comment l’expliquer ? Procédural vs analytique La lecture et l’écriture ne mobilisent pas tout à fait le même système de pensée que l’étude de la langue. Elles relèvent en effet en grande partie d’un apprentissage procédural, c’est-à dire de l’automatisation d’un certain nombre d’opérations, de procédures. La lecture ne se résume pas au déchiffrement de séquences de lettres, ni l’écriture au geste graphique. Pour lire ou écrire, il faut aussi maîtriser le code qui régit la langue, sa grammaire. Seulement, ce code, on ne l’acquiert pas à l’école ; sans quoi aucun enfant ne pourrait s’exprimer autrement que par de simples mots avant ses premiers cours de grammaire française. La langue, avec son système lexical et grammatical, se transmet d’abord par la parole et l’expérience qu’on en a, et ce depuis notre existence intra-utérine. Les parents et les proches apportent donc les premiers à l’enfant la matière langagière qui lui servira à bâtir sa grammaire. Car le bébé possède un cerveau incroyablement puissant et flexible, qui passe son temps à calculer les statistiques à partir de ses multiples expériences : chaque nouveau contact avec la langue est intégré et comparé avec les précédents, et sert de base à l’élaboration de définitions et de règles, qui seront confirmées ou modulées par les contacts ultérieurs. Ainsi, à force d’entendre le mot « chaise » associé à toute sorte d’objet, le bébé finit par en dégager les traits communs et sémantiser le concept « chaise » ; de la même manière, par superposition d’épisodes (c’est-à-dire d’expériences contextualisées), il comprend que certains mots (par exemple, les verbes transitifs) sont toujours suivis d’autres (les compléments) et acquiert alors, par mimétisme et habitude, les rudiments de la syntaxe de sa langue. Ainsi, pour l’enfant, c’est bien l’usage qui est le maître et plus exactement l’usage auquel il est confronté – plutôt que l’usage « du plus grand nombre » de personnes. Ce fonctionnement, qui est par ailleurs valable chez l’adulte, est résumé sous l’expression « cerveau bayésien » ou « cerveau statisticien » ; Alain Lieury, neuroscientifique spécialiste de l’éducation, évoque, lui, un apprentissage multi-épisodique. Ce phénomène explique les disparités énormes en termes de développement du langage à l’entrée en maternelle : tout dépend du milieu, plus socio professionnel qu’économique d’ailleurs, dans lequel chaque enfant est élevé. Cette grammaire personnelle et plus ou moins riche n’est pas conscientisée ; elle est enregistrée au niveau de la mémoire dite procédurale cognitive, qui permet d’automatiser des figures de pensée, et ainsi les tours syntaxiques propres à une langue. On la voit se manifester quand un élève justifie son emploi de l’imparfait plutôt que du passé simple par un « parce que ça sonne mieux », ou quand, sans identifier une erreur de syntaxe, on a tout de suite perçu que « ça ne se disait pas ». Attention : cette maîtrise de la grammaire est loin d’être intuitive ; elle est le fruit d’une expertise qui nécessite d’engranger des millions et des millions de rencontres avec la langue, à l’oral comme à l’écrit. Ce n’est qu’en entrant à l’école que l’enfant va devoir harmoniser sa grammaire avec la grammaire du français. C’est une manière de s’assurer que les individus font société, à travers le partage d’une même langue. Selon l’environnement extra-scolaire, cette harmonisation sera plus ou moins facile, demandera plus ou moins d’efforts. Et c’est sans compter les situations où l’écart est tellement important que l’élève se trouve tiraillé entre deux usus parfois inconciliables. Que sont alors quelques séances de grammaire face à des milliers d’heures d’immersion dans la langue ? Bien peu de chose. Si le but est d’améliorer les compétences langagières des élèves, mieux vaut les faire lire le plus possible, puis écrire et échanger avec eux en veillant à respecter un niveau de langue courant voire soutenu. Le cours d’étude de la langue, lui, développe d’autres compétences. De l’utilité du cours de grammaire au XXI e siècle Le cours de grammaire a pour objet la langue elle-même. Cette posture métalinguistique est cognitivement très exigeante puisqu’elle demande à l’observateur une flexibilité mentale qui lui permette de faire des allers-retours incessants entre le signifié et le signifiant et ce, à différents niveaux (traditionnellement le mot, la proposition, la phrase complexe, le texte). Cette démarche requiert une méthode rigoureuse et de la patience, comme toute approche scientifique, mais aussi de la créativité pour inventer des outils d’analyse et des concepts, et même une pensée divergente afin de s’affranchir des classements et principes précédents pour en proposer de nouveaux. Extrêmement coûteuse en énergie, cette pensée analytique apporte également de nombreux bénéfices à celui ou celle qui la pratique régulièrement. Tout d’abord, elle permet à l’élève de s’exercer à la métacognition. Même la syntaxe la plus basique, la plus « neutre », révèle un tour de pensée, un réseau de relations particulières entre les éléments de la phrase, ne serait-ce qu’imposée par la grammaire de la langue. Il en résulte qu’étudier le fonctionnement de la langue revient à observer sa propre pensée. Aussi est-il crucial que les élèves n’apprennent pas simplement à reconnaître un COD, mais qu’ils comprennent ce qu’est un COD et quelle relation il entretient avec le verbe et le sujet et ce que cela révèle : ainsi seront-ils peut-être plus sensibles à la vision du monde que traduisent ces situations littéraires, où tel personnage féminin n’apparaît jamais qu’en fonction d’objet, direct ou indirect… Aussi le cours de grammaire me semble-t-il particulièrement pertinent quand il s’appuie sur la comparaison ; comparaisons de tours anciens et modernes, de constructions populaires et soutenues, d’idiomes français et étrangers. Pourquoi s’exprime-t- on ainsi ? Pourquoi l’usage privilégie-t-il telle ou telle formulation ? Qu’est-ce que cela révèle de notre état d’esprit ? de celui de nos voisins ? Et quel effet cela produit-il si on adopte telle construction plutôt que telle autre ? si on bouleverse l’ordre canonique des mots ? Éveiller les élèves sur les possibles de la langue, les leur faire toucher du doigt et s’amuser de ses contraintes, mais aussi leur faire réaliser que la langue est vivante, qu’elle évolue et se renouvelle sans cesse, par son passage dans les campagnes autant que les banlieues et les centre-ville, ses métissages avec d’autres langues plus ou moins lointaines : voilà ce qui pourrait être au cœur du cours de langue. Enfin, cette pratique métacognitive est une école de la rigueur. Des observations émergent des hypothèses qu’il s’agit ensuite d’éprouver – par les textes bien sûr, mais aussi les expériences personnelles des élèves avec le langage. Il faut d’abord s’assurer que les catégories qui permettent de penser la grammaire sont bien assimilés au moyen d’exemples et d’exercices. Mais on ne doit pas éluder les cas-limites, ces situations-problèmes qui donnent l’occasion aux élèves de développer leurs capacités analytiques et critiques. Comme en sciences, un des objectifs est de s’approprier les choses, pour être moins passif face au langage, moins naïf aussi, moins manipulable à ses effets de manche, plus lucide à tous les biais cognitifs qu’il charrie. Un exemple très simple et d’actualité pourrait être, à l’occasion d’un cours sur les accords, de lancer le débat sur l’orthographe inclusive : d’où vient cette demande ? Pourquoi ? La prééminence du masculin sur le féminin vous semble-t-elle un réel instrument de domination masculine ? Qu’en était-il avant ? etc. Plus récemment, on pourrait interroger les élèves sur cet étrange phénomène du changement de genre du – pardon de la – covid… Pour un enseignement de la grammaire comme une matière à part entière On le voit, donc, la grammaire est moins un outil au service de la lecture et de l’écriture – ou bien il brille par son inefficacité – qu’une discipline qui forme les esprits à la raison et à la critique. Aussi, un décloisonnement trop systématique risque de s’avérer contre-productif, car il repose sur une illusion. En revanche, exposer clairement la fonction de la grammaire, la réhabiliter comme matière à part entière, introduction à la métacognition et à la philosophie, pourrait en dépoussiérer l’image figée et réengager les élèves dans sa pratique. Il est urgent de (re)former les professeurs à cette pratique, finalement idéologique (au sens de Condillac), de la grammaire, en premier lieu via l’enseignement de l’histoire de la grammaire, et pas seulement de la grammaire historique. Cela pose également la question de la nomenclature qui doit être justifiée auprès des élèves. On le constate lors des ajustements dans la terminologie. Par exemple, cet été 2020, l’« exclamative » a été exclue des types de phrase, désormais classée dans les « formes » de phrases, au côté des formes affirmative et négative. Cela peut se justifier, puisque le types de phrases s’excluent mutuellement (une phrase ne peut être interrogative et déclarative en même temps) alors que l’exclamation peut se conjuguer à plusieurs types de phrases. Déconstruire des représentations antérieures, comme celle qui faisait de l’exclamation un type de phrase, impose un travail explicatif assez complexe. Il est un signe que la grammaire, en soi, revient sur le devant de la scène : la question de langue à l’oral du bac de français. Si il évolue vers l’expression d’une véritable réflexion sur la langue et non un catalogue stérile des différentes formes de subordonnées ou autres, l’enseignement de la grammaire au lycée, et par répercussion au collège, devrait retrouver tout son sens. NRP - Novembre 2020 Consultez d'autres articles sur les neurosciences Les émotions au service des apprentissages Apprendre en résistant Le silence est d’or : apprendre… par défaut ! Être attentif… ça s’apprend Des mémoires pour mieux apprendre

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Les neurosciences : des mémoires pour mieux apprendre
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Les neurosciences : des mémoires pour mieux apprendre

par Violaine Carry Depuis que Stanislas Dehaene a été nommé à la tête du Conseil scientifique de l’Éducation nationale, on entend parler de neurosciences éducatives à tous les coins de rues. Mais que sont-elles exactement ? Que peuvent-elles apporter aux enseignants de lycée et à leurs élèves ? C’est ce champ que nous allons explorer dans cet article et ceux qui suivront cette année. Dans un premier temps, nous ferons le point sur ce que les neurosciences nous apprennent du fonctionnement de la mémoire et sur les conséquences qu’on pourra en tirer. La mémoire, comment ça marche ? Étape 1 : L’encodage correspond à l’acquisition d’une nouvelle information. Étape 2 : La consolidation est la phase de mémorisation proprement dite. L’information est alors stockée dans la mémoire à long terme. Étape 3 : La récupération est la phase de restitution des informations stockées. La mémoire de travail, essentielle au raisonnement De quoi s’agit-il précisément ? On entend souvent parler de mémoire « à court » ou « à long » terme. La première est appelée « mémoire de travail » par les cognitivistes. Elle a une capacité limitée (7 items en simultané, plus ou moins 2) et son temps de rétention est faible (jusqu’à 2 minutes). Néanmoins, elle est essentielle. C’est en effet la mémoire de travail qui nous permet de lire sans oublier la phrase précédente. Sans elle, le texte perdrait toute sa cohérence, nous ne lirions que des phrases sans lien les unes avec les autres. C’est également grâce à elle que nous pouvons faire un commentaire à l’oral ou écrire une dissertation, tout en gardant notre plan et notre problématique en tête. Bref, c’est elle qui nous permet de manipuler les informations, et donc de travailler. Elle est d’autant plus efficace qu’elle prend appui sur les mémoires à long terme, et notamment la mémoire sémantique et la mémoire épisodique . Ainsi, si j’ai déjà stocké en mémoire sémantique la définition du romantisme, je n’ai pas à retenir en mémoire de travail tous les items qui composent le romantisme, mais simplement le mot, donc un seul item : je n’aurai qu’à y revenir en détail quand j’en aurai besoin. Qu’en faire en classe ? La mémoire de travail et sa qualité dépendent en grande partie de la gestion que l’on a de l’attention, et des informations stockées en mémoires à long terme. Or, nos élèves ne sont pas tous égaux dans ces domaines. En classe, il sera donc judicieux de s’assurer des pré-acquis des élèves avant de définir une nouvelle notion, par exemple, et de veiller à ne pas proposer à l’oral de liste dépassant 5 items (étapes de procédures méthodologiques, auteurs, etc.). Les mémoires à long terme Pour retenir des informations à long terme, nous utilisons différents types de mémoires : deux sont dites « déclaratives ». Il s’agit de la mémoire épisodique , qui correspond à la mémoire des événements dans leur contexte, et la mémoire sémantique , qui est la mémoire des mots (avec leur sens) et des concepts généraux sur le monde. Toutes deux s’appuient sur la mémoire perceptive , qui est dite « non déclarative », et qui stocke nos sensations (le goût d’une fraise, l’odeur du lilas, la voix d’une personne, etc.). Si la mémoire sémantique se met en place dès les premiers mois, il faut 4 à 5 ans pour que la mémoire épisodique devienne mature. De fait, les souvenirs retenus en mémoire épisodique le sont grâce à un phénomène de binding (association) opéré par la mémoire sémantique : elle donne au souvenir son sens, sa cohérence, et permet son stockage. Quand des épisodes similaires se répètent (par exemple, la fête de Noël), le cerveau opère une synthèse et abstrait les traits sémantiques spécifiques à tel ou tel concept. C’est le phénomène de sémantisation , c’est-à-dire que le contexte d’acquisition s’estompe : on peut alors parler de la fête de Noël de manière générale, sans évoquer en mémoire un Noël particulier ni se souvenir de notre premier Noël. C’est ainsi que je sais ce qu’est le romantisme sans me souvenir comment j’ai acquis cette connaissance. La sémantisation, meilleure amie de l’enseignant Pour permettre les exercices du commentaire ou de la dissertation, il est crucial que les notions d’analyse (figures de style, focalisations, types de discours, etc.) ou d’histoire littéraire (connaissances sur les mouvements, courants, genres, etc.) soient ancrées en mémoire sémantique pour en faciliter l’accès et la manipulation sans surcharger la mémoire de travail. Si les premières ont théoriquement été acquises au collège, la réalité révèle souvent de grosses défaillances, de sorte qu’il faut régulièrement revoir le processus de mémorisation de ces outils et s’assurer de leur consolidation. Pour cela, il faut privilégier un contact multi-épisodique avec la notion à apprendre , c’est-à-dire réactiver la notion plusieurs fois, et surtout dans des contextes variés, avec des modes de présentation différents. Notons à cet égard que quand un élève répète la question d’un de ses camarades, c’est moins parce qu’il n’a pas entendu que pour s’approprier la connaissance : cela prend du temps, mais favorise la mémorisation. Ainsi, par exemple, une fois que le cours sur les valeurs des temps a été dispensé, on pourra demander aux élèves de se l’approprier en le convertissant sous forme de carte mentale pour le cours suivant, puis on leur proposera de les mettre en scène, et systématiquement, face à un texte, on leur posera une ou deux questions sur l’emploi des temps. Dans le cas particulier où la terminologie grammaticale entre en concurrence avec le langage courant – valeur, vérité, etc. –, on veillera à faire émerger en début de leçon des représentations sémantiques des élèves sur ces termes pour éviter tout phénomène d’interférence et donc de confusion. De même, l’apprentissage par cœur de fragments de textes ou de citations aide à la structuration de la mémoire sémantique. Exploiter la mémoire épisodique À première vue, on pourrait se dire que seule la mémoire sémantique intéresse l’enseignant. Or, pour qu’une nouvelle notion soit fixée en mémoire sémantique, il faut multiplier les occurrences et varier les contextes d’activation , ce qui coûte beaucoup en temps et en énergie. Pour favoriser et accélérer le processus, il peut être pertinent de recourir à la mémoire épisodique des élèves. En effet, cette dernière est extrêmement sensible aux émotions et concerne directement l’identité de l’élève. Connecter une nouvelle information avec le vécu des élèves est un moyen, non seulement de susciter leur intérêt et donc de générer un engagement plus actif de leur part, mais aussi d’optimiser la rétention de la nouvelle information car elle sera associée à un souvenir déjà ancré en mémoire à long terme. On peut imaginer, face à un texte, de demander aux élèves s’ils comprennent le comportement des personnages, s’ils ont déjà vécu telle ou telle situation ou s’ils auraient réagi de la même manière. En effet, pour se projeter, même s’ils n’ont pas vécu d’événement similaire, les élèves utiliseront leurs souvenirs pour fabriquer une situation fictive qui leur permettra de répondre. Par ailleurs, si les élèves se représentent bien la situation, ils éprouveront également des émotions, ce qui leur permettra de mieux retenir l’expérience, et donc le texte. D’ailleurs, les chercheurs ont découvert que lorsque l’on lit un livre, qui plus est à la première personne, le cerveau s’active comme s’il vivait vraiment les événements : ainsi la lecture multiplie, d’une certaine manière, les expériences de vie. Une autre manière d’utiliser la mémoire épisodique en classe est tout simplement, en début de cours, de demander aux élèves de se rappeler le cours précédent. On peut même leur donner quelques indices. Cela a l’avantage de mettre en exergue la progression de la séquence et de susciter facilement une récupération. Pour faire émerger les émotions et assurer un ancrage en mémoire épisodique solide, une autre solution est de solliciter un engagement plus marqué de l’élève, soit en lui proposant de mettre en voix ou en espace un texte, soit en faisant appel à la pédagogie de projet, car celle-ci à l’avantage de réclamer une démarche personnalisée de l’élève. C’est d’ailleurs sans doute pour cela qu’elle est mise à l’honneur par l’épreuve du grand oral ! Automatiser pour gagner du temps et de l’énergie L’autre mémoire « non déclarative » est la mémoire procédurale . Comme son nom l’indique, elle garde trace de toutes les procédures automatisées, qu’elles soient motrices (marcher, par exemple) ou cognitives (lire, par exemple). Elle a l’avantage d’être très peu coûteuse en énergie et d’être très rapide. C’est notamment grâce à elle que nous pouvons parler de manière fluide, sans penser à chaque accord, ou à chaque mot : notre mémoire procédurale a en effet enregistré des séquences de mots entières, qu’il ne nous reste plus qu’à dérouler. Au lycée, cette mémoire peut notamment être développée pour les travaux de rédaction et d’exposé. Travailler le par cœur est un bon moyen de développer la mémoire procédurale des élèves et peut s’avérer intéressant à condition de s’assurer au préalable que le texte à réciter est compris. Outre l’acquisition d’une banque de séquences de mots qui pourront être réinvesties telles quelles (lors d’un exposé par exemple), le par cœur permet aussi l’assimilation de structures syntaxiques correctes et l’enrichissement du lexique de l’élève (en mémoire sémantique). Une lecture régulière pourra avoir un effet similaire. On pourra mettre en évidence ces formulations qui reviennent régulièrement, et qui constituent de véritables « béquilles », tant pour l’oral que pour l’écrit. On les déclinera aussi souvent que possible, la répétition étant la seule clé pour parvenir à introduire un automatisme . Pour l’oral, un travail régulier sur la gestuelle permettra finalement à l’élève de gagner en congruence dans son discours. Notons que chaque élève n’est pas obligé de passer à l’oral : la vue d’un autre active les mêmes zones du cerveau que si on faisait le geste soi-même ! Cet article n’est évidemment qu’une initiation aux neurosciences éducatives. Le fonctionnement de la mémoire et les facteurs qui influent plus ou moins directement sur le processus de mémorisation est à la fois subtil et complexe. Ainsi, il faudra également parler de l’attention, de l’inhibition ou encore des émotions. Pour aller plus loin, lire l'article Sciences cognitives et pédagogie, une association fertile par Pascal Champain . Consultez d'autres articles sur les neurosciences Les émotions au service des apprentissages Apprendre en résistant Le silence est d’or : apprendre… par défaut ! Être attentif… ça s’apprend L’éclairage des neurosciences en grammaire

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La Méthode Heuristique de Mathématiques (MHM)

La Méthode Heuristique de Mathématiques (MHM)

MHM : qu’est-ce que c’est ? MHM OU « MÉTHODE HEURISTIQUE DE MATHÉMATIQUES »   a été conçue à la demande d’enseignants qui souhaitaient améliorer leurs pratiques pédagogiques en mathématiques. La méthode fait la synthèse de nombreuses pédagogies historiques (Ermel, Freinet, Montessori…), des recherches les plus récentes en mathématiques (méthode de Singapour…) et des neurosciences . Elle est pensée sur l’ensemble des cycles de l’école en assurant une continuité de la GS au CM2, et s’adapte à toutes les classes, aux simples comme aux multi-niveaux. MHM s’appuie sur un rebrassage permanent des notions qui permet aux élèves de mieux ancrer les apprentissages. Une méthode testée, approuvée et plébiscitée ! Entièrement testée en classe pendant plus de 2 ans , collaborative, la méthode est mise à jour régulièrement. Elle est fondée sur des manipulations motivantes et des jeux, et s’appuie sur une pratique de classe en ateliers. La motivation est au cœur de l’apprentissage, MHM donne aux élèves (et aux enseignants !) le plaisir de faire des maths .   Déjà plus de 15 000 enseignants conquis !         Les principes de la méthode Offrir une culture mathématique positive Répondre aux besoins des élèves Offrir un environnement adapté Connecter les mathématiques au monde Manipuler pour conceptualiser Découvrez les principes de la méthode en vidéo Progression spiralaire et évaluation linéaire des élèves Il n’y a pas de progression linéaire dans MHM mais une progression spiralaire. Les compétences sont réactivées de différentes façons et à différents moments. MHM repose sur 2 principes pour une meilleure acquisition des savoirs : Les apprentissages reviennent régulièrement et sont entrecoupés de pauses. Les apprentissages s’appuient sur des propositions pédagogiques diverses et des ressources variées. La méthode heuristique repose sur une évaluation quasi continue , principalement formative. L’acquisition des notions est évaluée lors des observations de l’enseignant. L’évaluation s’appuie sur des critères explicites et partagés avec les élèves. L’enseignant précise ce qu’il évalue (une réalisation ou la démarche utilisée). C’est le moment d’échanger, de verbaliser les réussites et les difficultés. Les évaluations ont un double objectif : permettre à l’élève de savoir où il en est, et permettre à l’enseignant d’identifier les difficultés chez les élèves et d’ajuster la mise en œuvre de son enseignement. Des outils adaptés aux enseignants et aux élèves d'écoles maternelles et élémentaires  Les guides de la méthode (maternelle et élémentaire) Outils incontournables, les guides MHM permettent de comprendre les choix pédagogiques et didactiques et précisent le fonctionnement de la méthode. En savoir plus Les outils pour l'élève Un cahier d'activités pour garder une trace écrite du travail sur la décomposition des nombres en Grande section de Maternelle. Mini-fichiers du CP au CM2 Edition enrichie De 10 à 14 mini-livrets avec des activités de difficulté progressive, à réaliser tout au long de l’année + un cahier de leçon inclus. En savoir plus Les outils pour l'enseignant Les guides des séances et des ressources de la Grande section de Maternelle au CM2.        Par niveau ou double-niveau, ces guides s’adaptent à toutes les situations de classe et aident à une mise en œuvre efficace de la méthode. En savoir plus Les fichiers à photocopier 60 fiches organisées en 30 objectifs précis, couvrant tous les domaines, à choisir en fonction des besoins des élèves. Pour la classe Les boîtes à énigmes du CP  au CM2 50 problèmes numériques illustrés à résoudre, de difficulté variée, avec les solutions des énigmes, des fiches de suivi et un livret enseignant. En savoir plus Les boîtes de jeu du CP au CM2 Les boites contiennent tout le matériel prêt à l’emploi pour jouer selon les règles établies dans la méthode MHM (en atelier de 6 élèves ou collectivement selon les jeux). En savoir plus MHM - Ma boite à décomposer   Cycle 1 Le matériel pour manipuler la décomposition des nombres au Cycle 1 ! En savoir plus   Les calepins des nombres CP et CE1 Des outils à manipuler pour travailler les centaines, les dizaines et les unités.   Les frises numériques murales MHM de 1 à 100 ! Deux frises numériques murales horizontales - ​ Bande 1 (5 m sur 7,2 cm) : nombres de 1 à 100 avec les familles de nombres (petite et grande comptine), pour enseigner la numération orale des nombres. - Bande 2 (5 m sur 9 cm) : nombres de 1 à 100 avec les représentations en base 10, pour enseigner la décomposition des nombres Une frise numérique murale verticale (2,80 m sur 8,5 cm) + 1 toise pour se mesurer ​Recto : les nombres de 1 à 100 avec les représentations en base 10. Verso : une échelle verticale pour mesurer les enfants en m, dm, cm Le site Un site spécialement dédié à l’accompagnement des enseignants dans la mise en œuvre de la méthode :   https://mhm-se-former.nathan.fr/ En savoir plus Découvrir aussi toute la collection MHM

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