Marc-Olivier Bherer, « Géopolitique de la puissance américaine : les États-Unis, redoutables et fragiles à la fois », Le Monde, 3 octobre 2024. Crédit d'illustration : © lucamedei / Adobe Stocl

Que reste-t-il de la puissance américaine ? […] La politiste Laurence Nardon […] dresse, dans Géopolitique de la puissance américaine (PUF, 2024), un bilan de santé de l’Oncle Sam, qui, sans être alarmiste, invite à la vigilance.
Un premier constat, plutôt rassurant, s’impose néanmoins d’emblée. Dans un monde désormais multipolaire, où l’Occident doit composer avec une Chine ascendante, une Russie revancharde, et un Sud global en embuscade, aucun pays ne parvient encore à faire de l’ombre aux États-Unis. « Quel que soit le domaine étudié (économie, militaire, financier, etc.), la puissance américaine apparaît toujours comme dominante. »
Le budget de l’armée américaine est toujours de loin le plus élevé : 842 milliards de dollars en 2024, loin devant les 292 milliards que la Chine allouait à sa défense en 2022. Sur le plan économique, près d’un quart du PIB mondial provient des États-Unis, un succès qui doit beaucoup au rang de leader que le pays occupe dans des secteurs-clés comme ceux de la finance et de l’innovation technologique. Le soft power, l’attractivité de l’Amérique, se maintient. […]
Ce tableau serait cependant incomplet si le malaise dont souffre le plus proche allié de l’Europe n’était pas pris en compte. Le prestige de son armée pâtit toujours du terrible bilan laissé par les guerres en Irak et en Afghanistan – une impression renforcée par la débâcle que fut le retrait de ce second pays en 2021. En outre, l’isolationnisme s’est répandu au sein d’une grande partie de l’opinion américaine, particulièrement à droite.
[…] La Chine apparaît désormais comme un peer competitor, selon le jargon des spécialistes des relations internationales, soit un pays concurrent de force comparable. Sa montée en puissance, qui se fait particulièrement sentir en mer de Chine, menace Taïwan.
L’économie américaine toussote également. Les emplois industriels disparaissent, affaiblissant la classe moyenne, tandis que la jeunesse souffre des inégalités croissantes qui affligent le pays. Enfin, le réchauffement climatique est synonyme d’un accroissement des cyclones tropicaux qui s’abattent sur la côte et le golfe du Mexique.
Questions :
1. Pourquoi peut-on parler d’un monde multipolaire ?
2. À partir du texte, définissez la notion de puissance.
3. Quels éléments fondent la puissance des États-Unis ?
4. Expliquez les signes de fragilités des États-Unis.
5. Quel pays est désormais le concurrent des États-Unis ?
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Chapitre 8 (« Enjeux et conflits dans le monde après 1989 »)
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