La filière du cacao : organisation et défis

En 2022, 5,9 millions de tonnes de fèves de cacao ont été récoltées dans 58 pays, tous situés entre les deux Tropiques. En tête, la Côte d’Ivoire (38 % de la production), suivie par le Ghana (19 %) et l’Indonésie (11 %). Quatre autres États – l’Équateur, le Cameroun, Le Nigeria et le Brésil – pèsent environ 5 %. Tous ensemble, ils produisent près de neuf fèves sur dix. La culture cacaoyère ivoirienne, qui compte pour environ 15 % du PIB national, mobilise un million d’agriculteurs. Premier maillon de la chaîne de valeur, ils sont aussi le plus faible et le moins bien rémunéré : on estime que 7 % du prix d’une tablette de chocolat leur revient. Quatre multinationales dominent le négoce et la transformation des fèves, utilisant les deux tiers de la production mondiale : la singapourienne OFI, l’américaine Cargill, les suisses Barry Callebaut et ECOM. Idem pour la fabrication de produits chocolatés, avec six acteurs qui représentent la majeure partie du marché (les américains Mondelez, Mars et Hershey’s, les suisses Nestlé et Lindt & Sprüngli, l’italien Ferrero). […] La production décline sur un marché soumis à la loi de l’offre et de la demande. […] Face aux craintes de pénurie, les cours du cacao se sont envolés. Ils ont presque triplé durant les trois premiers mois de 2024, passant de 4 358 dollars la tonne le 7 janvier à 11 722 le 14 avril. […] Le marché subit des pressions sans précédent. Et cela pourrait ne pas évoluer favorablement, tandis que la demande s’accroît et que des pressions sociales et environnementales pèsent sur la production. Du côté de la demande, l’Europe est la première région consommatrice, devant l’Amérique du Nord […]. La consommation de chocolat augmente rapidement en Asie, notamment en Chine et en Inde, à la faveur d’un changement des habitudes de consommation et de la hausse de revenu disponible chez les classes moyennes. […] Le marché mondial pourrait croître de 5 % jusqu’à la fin de la décennie.

Du côté de la production, un premier défi est celui des mauvaises conditions de travail de quelque 5 millions de cacaoculteurs, qui ne profitent pas de l’envolée des cours : 90 % possèdent de petites parcelles et la plupart vivent en dessous du seuil d’extrême pauvreté. Ils se tournent vers d’autres types de productions, plus rémunératrices et moins risquées. […] Un important défi est celui du changement climatique, car la culture exigeante du cacaoyer sera mise à mal par la hausse des températures. La saison sèche s’allonge en Afrique de l’Ouest et les pluies manquent, les maladies se multiplient.